Ce qui est intéressant avec le cinéma asiatique, en plus de proposer un cinéma presque toujours original et qui tente de proposer du jamais vu, c'est que souvent on assiste à la naissance de nouveaux talents. On en a l'habitude à Hong-Kong ou en Corée du Sud, beaucoup moins à Taïwan, petite île chinoise où la production cinématographique est dominée par deux réalisateurs, Hou Hsiao-Hsien (Millenium Mambo) et Tsai Ming-Liang (la Saveur de la Pastèque), maintenant qu'Ang Lee, sans doute le plus connu du grand public (les deux précédents étant surtout reconnus par un public plus spécialisé, avec un cinéma beaucoup moins accessible), s'est définitivement installé aux USA. C'est donc une petite surprise de voir débarquer ce Chung Mong-Hong, qui après quelques publicités et un documentaire se retrouve avec son premier long-métrage directement sélectionné à Cannes l'an dernier dans la catégorie Un Certain Regard, le film sort presque un an plus tard chez nous dans un anonymat déprimant tant il est supérieur à nombres de bouses qui restent plusieurs semaines à l'affiche et qui héritent de campagnes de pub gigantesques...
Parking part sur un principe tout bête, un homme rentre chez lui, s'arrête pour acheter un gâteau, et quand il veut repartir, sa voiture est bloquée par quelqu'un qui s'est garé en double-file... Point de départ d'une nuit complètement folle comme on n'en avait plus vu depuis PTU de Johnnie To et qui nous rappelle l'excellent After Hours de martin Scorsese. On a un peu l'impression d'assister à une suite de sketches, tantôt drôles tantôt tragiques mais qui si au premier abord peuvent dérouter dans leur construction, construisent un ensemble d'une cohérence qu'on ne pourra jamais prendre en défaut. Et la nuit de Chen Mo, ses rencontres, vont créer non seulement une suite d'évènements tragi-comiques du plus bel effet, mais construire une réflexion lucide et intelligente sur la condition de vie urbaine.
C'est là une des grandes forces de ce petit film sans prétention, Chung Mong-Hong, également scénariste, a accouché d'un scénario d'une efficacité redoutable. En plaçant son récit le jour de la fête des mères (détail qui prendra toute son importance sur la fin), il va faire de cette succession de galères et de rencontres une sorte de chemin de croix qui va remettre Chen Mo sur la voie de sa réconciliation avec sa femme. Chaque petit détail va lui faire prendre conscience de son égoïsme et de sa situation: il a beau vivre un drame, il va se rendre compte qu'il trouvera toujours des personnes vivant de plus grands malheurs que lui. Et tout ce parcours est l'occasion de rencontrer une galerie de personnages hauts en couleurs et passionnants.
On va ainsi croiser un couple âgé qui n'a jamais vraiment fait le deuil de leur fils exécuté, une petite fille en manque de père, un barbier manchot avec un passé trouble, un tailleur criblé de dettes et recherché par la mafia locale, un proxénète violent, une prostituée triste... le tout servi par d'excellents acteurs pour la plupart parmi ce qui se fait de mieux à Taïwan. On retrouve ainsi Chang Chen (vu entre autres dans Happy Together de Wong Kar Wai ou dans les 3 Royaumes de John Woo), Jack Kao (vu dans Millenium Mambo), Leon Dai ou encore l'acteur hongkongais Chapman To ici dans un rôle bien loin de ses pitreries habituelles, il fait preuve d'un humour très naturel tout en étant attachant tellement il est pathétique...
Le propos social en filigrane est évident, avec une vision déshumanisé de Taïwan, une ville qui semble très glauque dans ce film, et qui est décrite comme le refuge pour les chinois en perdition...
A ce scénario en béton s'ajoutent une mise en scène et une photographie de grande classe, Chung Mong-Hong occupant les deux postes. Il nous fait une proposition de cinéma complètement nouvelle, ne montrant pas vraiment de référence (si ce n'est la lumière à la Wong Kar Wai) et qui ose de belles choses au niveau du montage, mélangeant réalité et onirisme de bien belle manière!
Il est vraiment dommage que ce film n'ait pas hérité d'une meilleure visibilité en salles car s'il n'est pas parfait (on sent quelques problèmes de rythme, fréquents dans toute première oeuvre), il y a à l'écran suffisamment de talent pour en remontrer à beaucoup de réalisateurs en activité. En espérant qu'il confirme rapidement sur son prochain film, on tient là un futur grand talent du cinéma venu d'Asie.
Parking part sur un principe tout bête, un homme rentre chez lui, s'arrête pour acheter un gâteau, et quand il veut repartir, sa voiture est bloquée par quelqu'un qui s'est garé en double-file... Point de départ d'une nuit complètement folle comme on n'en avait plus vu depuis PTU de Johnnie To et qui nous rappelle l'excellent After Hours de martin Scorsese. On a un peu l'impression d'assister à une suite de sketches, tantôt drôles tantôt tragiques mais qui si au premier abord peuvent dérouter dans leur construction, construisent un ensemble d'une cohérence qu'on ne pourra jamais prendre en défaut. Et la nuit de Chen Mo, ses rencontres, vont créer non seulement une suite d'évènements tragi-comiques du plus bel effet, mais construire une réflexion lucide et intelligente sur la condition de vie urbaine.
C'est là une des grandes forces de ce petit film sans prétention, Chung Mong-Hong, également scénariste, a accouché d'un scénario d'une efficacité redoutable. En plaçant son récit le jour de la fête des mères (détail qui prendra toute son importance sur la fin), il va faire de cette succession de galères et de rencontres une sorte de chemin de croix qui va remettre Chen Mo sur la voie de sa réconciliation avec sa femme. Chaque petit détail va lui faire prendre conscience de son égoïsme et de sa situation: il a beau vivre un drame, il va se rendre compte qu'il trouvera toujours des personnes vivant de plus grands malheurs que lui. Et tout ce parcours est l'occasion de rencontrer une galerie de personnages hauts en couleurs et passionnants.
On va ainsi croiser un couple âgé qui n'a jamais vraiment fait le deuil de leur fils exécuté, une petite fille en manque de père, un barbier manchot avec un passé trouble, un tailleur criblé de dettes et recherché par la mafia locale, un proxénète violent, une prostituée triste... le tout servi par d'excellents acteurs pour la plupart parmi ce qui se fait de mieux à Taïwan. On retrouve ainsi Chang Chen (vu entre autres dans Happy Together de Wong Kar Wai ou dans les 3 Royaumes de John Woo), Jack Kao (vu dans Millenium Mambo), Leon Dai ou encore l'acteur hongkongais Chapman To ici dans un rôle bien loin de ses pitreries habituelles, il fait preuve d'un humour très naturel tout en étant attachant tellement il est pathétique...
Le propos social en filigrane est évident, avec une vision déshumanisé de Taïwan, une ville qui semble très glauque dans ce film, et qui est décrite comme le refuge pour les chinois en perdition...
A ce scénario en béton s'ajoutent une mise en scène et une photographie de grande classe, Chung Mong-Hong occupant les deux postes. Il nous fait une proposition de cinéma complètement nouvelle, ne montrant pas vraiment de référence (si ce n'est la lumière à la Wong Kar Wai) et qui ose de belles choses au niveau du montage, mélangeant réalité et onirisme de bien belle manière!
Il est vraiment dommage que ce film n'ait pas hérité d'une meilleure visibilité en salles car s'il n'est pas parfait (on sent quelques problèmes de rythme, fréquents dans toute première oeuvre), il y a à l'écran suffisamment de talent pour en remontrer à beaucoup de réalisateurs en activité. En espérant qu'il confirme rapidement sur son prochain film, on tient là un futur grand talent du cinéma venu d'Asie.
7/10