[Niko06] Mes critiques en 2009

Modérateur: Dunandan

Parking - 7/10

Messagepar Niko06 » Jeu 17 Sep 2009, 15:20

Parking
de Chung Mong-Hong

Image

Ce qui est intéressant avec le cinéma asiatique, en plus de proposer un cinéma presque toujours original et qui tente de proposer du jamais vu, c'est que souvent on assiste à la naissance de nouveaux talents. On en a l'habitude à Hong-Kong ou en Corée du Sud, beaucoup moins à Taïwan, petite île chinoise où la production cinématographique est dominée par deux réalisateurs, Hou Hsiao-Hsien (Millenium Mambo) et Tsai Ming-Liang (la Saveur de la Pastèque), maintenant qu'Ang Lee, sans doute le plus connu du grand public (les deux précédents étant surtout reconnus par un public plus spécialisé, avec un cinéma beaucoup moins accessible), s'est définitivement installé aux USA. C'est donc une petite surprise de voir débarquer ce Chung Mong-Hong, qui après quelques publicités et un documentaire se retrouve avec son premier long-métrage directement sélectionné à Cannes l'an dernier dans la catégorie Un Certain Regard, le film sort presque un an plus tard chez nous dans un anonymat déprimant tant il est supérieur à nombres de bouses qui restent plusieurs semaines à l'affiche et qui héritent de campagnes de pub gigantesques...

Parking part sur un principe tout bête, un homme rentre chez lui, s'arrête pour acheter un gâteau, et quand il veut repartir, sa voiture est bloquée par quelqu'un qui s'est garé en double-file... Point de départ d'une nuit complètement folle comme on n'en avait plus vu depuis PTU de Johnnie To et qui nous rappelle l'excellent After Hours de martin Scorsese. On a un peu l'impression d'assister à une suite de sketches, tantôt drôles tantôt tragiques mais qui si au premier abord peuvent dérouter dans leur construction, construisent un ensemble d'une cohérence qu'on ne pourra jamais prendre en défaut. Et la nuit de Chen Mo, ses rencontres, vont créer non seulement une suite d'évènements tragi-comiques du plus bel effet, mais construire une réflexion lucide et intelligente sur la condition de vie urbaine.

C'est là une des grandes forces de ce petit film sans prétention, Chung Mong-Hong, également scénariste, a accouché d'un scénario d'une efficacité redoutable. En plaçant son récit le jour de la fête des mères (détail qui prendra toute son importance sur la fin), il va faire de cette succession de galères et de rencontres une sorte de chemin de croix qui va remettre Chen Mo sur la voie de sa réconciliation avec sa femme. Chaque petit détail va lui faire prendre conscience de son égoïsme et de sa situation: il a beau vivre un drame, il va se rendre compte qu'il trouvera toujours des personnes vivant de plus grands malheurs que lui. Et tout ce parcours est l'occasion de rencontrer une galerie de personnages hauts en couleurs et passionnants.

On va ainsi croiser un couple âgé qui n'a jamais vraiment fait le deuil de leur fils exécuté, une petite fille en manque de père, un barbier manchot avec un passé trouble, un tailleur criblé de dettes et recherché par la mafia locale, un proxénète violent, une prostituée triste... le tout servi par d'excellents acteurs pour la plupart parmi ce qui se fait de mieux à Taïwan. On retrouve ainsi Chang Chen (vu entre autres dans Happy Together de Wong Kar Wai ou dans les 3 Royaumes de John Woo), Jack Kao (vu dans Millenium Mambo), Leon Dai ou encore l'acteur hongkongais Chapman To ici dans un rôle bien loin de ses pitreries habituelles, il fait preuve d'un humour très naturel tout en étant attachant tellement il est pathétique...

Le propos social en filigrane est évident, avec une vision déshumanisé de Taïwan, une ville qui semble très glauque dans ce film, et qui est décrite comme le refuge pour les chinois en perdition...
A ce scénario en béton s'ajoutent une mise en scène et une photographie de grande classe, Chung Mong-Hong occupant les deux postes. Il nous fait une proposition de cinéma complètement nouvelle, ne montrant pas vraiment de référence (si ce n'est la lumière à la Wong Kar Wai) et qui ose de belles choses au niveau du montage, mélangeant réalité et onirisme de bien belle manière!
Il est vraiment dommage que ce film n'ait pas hérité d'une meilleure visibilité en salles car s'il n'est pas parfait (on sent quelques problèmes de rythme, fréquents dans toute première oeuvre), il y a à l'écran suffisamment de talent pour en remontrer à beaucoup de réalisateurs en activité. En espérant qu'il confirme rapidement sur son prochain film, on tient là un futur grand talent du cinéma venu d'Asie.


7/10
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Film: Parking
Note: 6/10
Auteur: Nulladies

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Re: [Niko06] Mes critiques en 2009

Messagepar Milkshake » Jeu 17 Sep 2009, 16:18

Je viens de découvrir tes critiques, elles sont franchement excellente :super: Mysterious Skin faut que je le vois après avoir découvert Joseph Gordon-Levitt dans le très bon Brick et Parking semble au moins visuellement intéressant.

Par contre j'ai fait un tour de tes critiques parfois je te trouve très généreux sur les notes (9.5/10 pour Crash par exemple) mais bon chacun ses gouts, un autre avec Scalp qui s'intéresse au cinéma asiatique.
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Re: [Niko06] Mes critiques en 2009

Messagepar Niko06 » Jeu 17 Sep 2009, 17:02

Merci :wink:

9.5 pour crash c'est pas généreux, c'est juste :mrgreen:

Et pour le ciné asiatique... ben oui mais pas comme scalp des fois il a mauvais goût lui :eheh:
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Re: [Niko06] Mes critiques en 2009

Messagepar Scalp » Jeu 17 Sep 2009, 17:07

Va donc regarder Largo Winch toi au lieu de dire des conneries :mrgreen:
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Re: [Niko06] Mes critiques en 2009

Messagepar Niko06 » Jeu 17 Sep 2009, 17:09

Déjà vu :eheh:
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Secret des poignards volant (Le) - 7,5/10

Messagepar Niko06 » Mar 22 Sep 2009, 14:39

Le Secret des Poignards Volants
de Zhang Yimou

Image

Qu'il semble loin le temps où Zhang Yimou était la révélation, le symbole du renouveau du cinéma chinois, avec le Sorgho Rouge (premier film et directement l'Ours d'Or à Berlin!). Aujourd'hui, il alterne petits films intimistes qui le placent comme le porte-drapeau d'un cinéma d'auteur chinois, statut qui n'est pas volé tant le bonhomme a du talent, avec des productions gigantesques. En suivant à la lettre et avec un extrémisme de chaque plan l'exemple de Tigre et Dragon, Yimou avait réalisé le Wu Xian Pian parfait pour occidentaux en mal de dépaysement. Esthétisant à outrance, politiquement douteux, il n'empêche que même si beaucoup de puristes aiment le dénigrer, Hero était un grand film, mêlant tradition et modernisme dans un chef d'oeuvre de poésie, d'une beauté plastique à couper le souffle! Avec son deuxième film de sabre, qu'il tourne peu de temps après le précédent, il baisse un peu le niveau, cherche toujours à plaire à l'occident mais cette fois sans choquer la république... Toujours aussi beau mais moins puissant.

Contrairement au produit qui nous a été vendu, le Secret des Poignards Volants n'est pas vraiment un film de sabres... Certes le contexte et les codes du genre sont ici repris, mais c'est avant tout une romance, l'histoire d'un triangle amoureux impossible et cruel. D'ailleurs le titre était à l'origine "The Lovers" ou quelque chose dans le genre, et aurait été plus judicieux. Allier romance improbable et spectacle grandiose est la grande force de ce film. Car du spectacle il y en a à revendre, et ce dès le début. Le film débute véritablement par une scène de danse qui nous dévoile le personnage de Xiao Mei (jouée par la belle Zhang Ziyi), une scène absolument superbe qui enchaîne sur un jeu pour le moins original puis sur un duel époustouflant entre la belle prostituée et le policier Leo (Andy Lau). Et Yimou peut remercier Ching Siu-Tung qui a fait un boulot de dingue sur les chorégraphies!

Le maître signe des combats certes un peu trop câblés (personnellement ça ne me gêne pas du tout, je trouve ça très beau) mais d'une beauté... De plus contrairement à Hero, il varie les plaisirs en alternant combats au sabre, à main nue, au bâton ou aux dagues de lancer. Le résultat sur chaque séquence de combat est un mélange de poésie et d'urgence en particulier pendant la fuite des amants où chaque fight se passe en pleine course. Il utilise également à merveille l'environnement comme dans la scène obligatoire au milieu d'une forêt de bambous ou dans le champ. Bref sur ce point, le film ne déçoit jamais, à condition bien sur d'accepter de voir des personnages flotter dans les airs, ce qui élimine toute notion de réalisme mais qui apporte quelque chose de lyrique qui colle parfaitement au récit.

Par contre côté scénario, on peut trouver pas mal de choses à redire. La première partie nous expose la fuite mise en scène des amants, l'évolution de leurs sentiments, et se suit sans problème. C'est plutôt agréable sans être original de voir à quel point l'homme peut se faire pervertir facilement par ses sentiments même en étant sur de lui. Mais dès que le récit bascule sur le territoire de la secte des poignards, ça part un peu dans tous les sens... Yimou accumule révélations et revirements de situation dans un tout qui peut vite paraître indigeste tant certains sont tirés par les cheveux. Les personnages qui étaient tous très sombres sur leur passé et sur leurs motivations s'éclairent tout d'un coup et on n'y croit pas toujours...

Mais le talent des trois acteurs fait que la milule passe sans trop de problème. Si Andy Lau est légèrement en retrait, il livre une prestation tout à fait honorable en amoureux qui se doit de rester secret, qui doit subir une sacrée dose de cruauté (si si!!) et qui ne dévoilera ses cartes qu'à la toute fin. Zhang Ziyi est tellement jolie qu'on lui pardonnerait presque tout mais il faut avouer qu'elle s'en sort plutôt bien en pendant féminin de Zatoichi (le film lorgne plusieurs fois sur le chambara japonais). Mais une fois de plus, c'est Takeshi Kaneshiro qui excelle. Ses expériences chez Wong Kar Wai et autres en ont fait un acteur brillant, capable d'illuminer l'écran même s'il a un peu de mal pour jouer les mauvais garçon. Son rôle de séducteur qui se fait prendre à son propre jeu et qui s'y perd est parfait pour lui.

A la réalisation Zhang Yimou fait une fois de plus des merveilles (malheureusement il en fera trop sur le boursouflé La Cité Interdite), signe un film moins esthétisant que Hero même s'il garde une utilisation, qu'on pourrait qualifier d'abusive, des ralentis.
Il signe une oeuvre moins ambitieuse que la précédente, plus légère et accessible, une belle histoire d'amour tragique aux relents shakespeariens qui tient parfaitement la route jusqu'au dernier acte où il se vautre dans un ultime rebondissement invraisemblable. Le duel final est magnifique sur le plan de la chorégraphie, de la photo et de la mise en scène, mais on sent un peu trop son désir de faire un beau plan pour un beau plan, qu'il n'y a rien derrière...
On pourra lui faire tous les reproches qu'on voudra selon sa sensibilité (ou son intégrisme), il reste que le Secret des Poignards Volants est un très beau spectacle, épique et dramatique, et que si on reste très loin du cinéma de Tsui Hark ou de John Woo (on est d'ailleurs à l'exact opposé de la rage du premier), on est quand même devant du grand cinéma.


7.5/10
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Billy Elliot - 8,5/10

Messagepar Niko06 » Mar 22 Sep 2009, 14:45

Billy Elliot
de Stephen Daldry

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Encore un film pour lequel j'étais plutôt réticent... tellement de louanges entendues à sa sortie et même longtemps après, exactement de quoi couper toute envie de se lancer dedans. Et c'est sans parler du sujet, un jeune garçon qui va apprendre la danse... et un réalisateur à qui on doit depuis le très bon The Hours mais qui a tendance à un peu trop pousser sur l'aspect mélo de ses films. Vraiment tous les ingrédients pour me tenir à l'écart! Très heureux de m'être trompé, Billy Elliot est un excellent film, de ceux qui propagent des sentiments simples et universels et qui vous mettent la banane quand ils se terminent.

D'ailleurs le scénario est bien plus profond que ce qui est écrit plus haut. Certes on parle d'un jeune garçon doué pour la danse et qui va tout faire pour réaliser son rêve, mais c'est surtout une tranche de vie, la vie d'une famille dans laquelle le père élève tout seul ses deux enfants après le décès de sa femme. Il est mineur dans un petit village anglais, pendant la grève des années 80. Avec son maigre salaire et celui du fils aîné, il essaye de faire survivre sa famille. Bourru, légèrement conservateur, la douce folie du jeune Billy qui ne semble pas intéressé par le sport familial, la boxe, l'exaspère... On va donc suivre le cheminement de Billy Elliot, son évolution de défaitiste vers un jeune homme sur de lui et de ses convictions.

Par la même occasion Daldry fait de son mieux pour faire taire ce vieux préjugé qui consiste à faire l'amalgame entre être danseur et être homosexuel... enfant ces choses-là nous dépassent.
Plus qu'un film sur la danse, c'est un film sur la sensation de liberté que l'on crée en s'adonnant à sa passion, comment cela nous permet de se créer un monde et de laisser nos drames à l'extérieur (pour lui le manque de sa mère). Et intelligemment le réalisateur ne force pas trop sur le propos social de son histoire qui aurait vite été ennuyeux, il l'utilise comme toile de fond pour faire évoluer ses personnages qui en deviennent bien plus réalistes et crédibles. Si Billy Elliot n'est pas une histoire vraie, ça aurait pu l'être sans problème.

Il ne force pas trop non plus sur l'aspect dramatique des choses, ne cherche jamais à tirer des larmes au spectateur. Tout y est très naturel et l'empathie envers chacun des personnages n'en est que plus forte. Tous, malgré leur caractère, voient leur comportement justifié. A aucun moment on ne fait le procès d'un père trop enfermé dans ses convictions ou du frère trop rebelle pour s'intéresser à son frère, ni même de cette femme qui va mettre en Billy tous ses espoirs d'un destin qu'elle n'a pas eu. De façon très habile Stephen Daldry va nous faire vivre les étapes du passage de l'enfance à l'adolescence au travers de séquences symboliques (confrontation avec le père, premier baiser loupé, prise de conscience des différences...) qui forgeront un peu plus le caractère du jeune Billy, en route pour un monde tellement éloigné de celui dans lequel il évolue depuis sa naissance...

Et si le scénario tient déjà bien la route tout seul, le film prend une toute autre ampleur grâce à son acteur principal. A l'époque inconnu (c'était son tout premier film!), Jamie Bell, qu'on a vu depuis dans King Kong ou l'Autre Rive, est la grosse révélation, qui enterre celle surévaluée de l'année précédente, Haley Joel Osment et son absence d'émotions... Bell fait preuve d'une telle énergie, d'un désir de vivre sa passion et d'un caractère bien trempé. A tel point qu'il bouffe l'écran, éclipsant tous les acteurs adultes à chaque scène. En gros, à 14 ans, il porte tout le film sur ses frêles épaules et il est carrément impressionnant!! Autour de lui les autres acteurs font profil bas mais sont tous très juste, en particulier Gary Lewis en père dur mais qui prendra conscience de ce qui compte vraiment dans sa vie...

En bon metteur en scène en provenance du théâtre, Stephen Daldry ne fait pas dans l'esbroufe visuelle. Il signe une mise en scène classique, élégante, et laisse avant tout ses acteurs s'exprimer. Ça n'empêche pas le film d'être visuellement réussi, on pense à une séquence onirique très touchante entre Billy et l'image de sa mère ou celle, majeure, où il danse devant son père dans un gymnase seulement éclairé par les rayons de Lune. De très belles scènes qui en ajoutent encore un peu à cette franche réussite.
Et c'est sans parler de choix musicaux aussi intelligents que jouissifs pour les oreilles avec The Clash, T-Rex, The Jam, Eagle Eye Cherry... bref du bon son qui colle parfaitement à cette histoire.
Voila un très beau film, une belle histoire toute simple qui réussit à émouvoir et à donner le sourire car pleine d'espoir. Ni trop classique, ni trop mélo... le mélange n'est pas loin d'être parfait, et pour un premier film c'est tout de même impressionnant de réussir ce dosage!


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Messagepar zack_ » Mar 22 Sep 2009, 19:16

Scalp attend le film avec Rouve!!!
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Re: [Niko06] Mes critiques en 2009

Messagepar Scalp » Mar 22 Sep 2009, 19:19

Oue vivement les arguments bidon pour justifier la moyenne :mrgreen:
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Re: [Niko06] Mes critiques en 2009

Messagepar Niko06 » Mar 22 Sep 2009, 19:28

Allons tu sais très bien que t'es incapable de les réfuter mes arguments 8)
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Re: [Niko06] Mes critiques en 2009

Messagepar Scalp » Mar 22 Sep 2009, 19:29

Si mais t'es toujours de mauvaise foie :mrgreen:
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Re: [Niko06] Mes critiques en 2009

Messagepar Niko06 » Mar 22 Sep 2009, 19:32

mais non :nono:
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Man on fire - 7,5/10

Messagepar Niko06 » Mar 22 Sep 2009, 19:47

Man on Fire
de Tony Scott

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Injustement décrié à sa sortie, le douzième film du cadet des frères Scott s'avère pourtant être un sommet dans sa carrière. En fait il n'avait rien fait d'aussi puissant depuis le génial True Romance qui était une sorte de parenthèse enchantée dans une carrière de simple faiseur efficace (et très rentable). Depuis la fin des années 90, début 2000, on pouvait constater chez Tony Scott comme une recherche tardive de son style à lui, plutôt habitué des productions impersonnelles. Il a entamé quelque chose d'intéressant sur Spy Game puis a trouvé ce style de clippeur fou sur son court métrage pour BMW, Beat the Devil, 10 minutes de folie furieuse avec Clive Owen, James Brown, Danny Trejo et Gary Oldman. Et bien entendu, avec l'opportunité de porter à l'écran une nouvelle adaptation de la nouvelle de A.J. Quinnell (déjà adaptée en 1987 par Elie Chouraqui avec Scott Glenn dans le rôle titre), c'est l'occasion d'utiliser ses expérimentations sur un long métrage. Une voie qu'il suivra jusqu'à l'extrême Domino, chef d'oeuvre de nawak hyper jouissif interdit aux épileptiques...

Seulement, là où le film de Chouraqui ne durait que 90 minutes, Scott en rajoute presque une heure! Broder sur 2h20 avec un scénario qui tient sur un post-it c'était plutôt risqué. Car Man on Fire n'est finalement rien d'autre qu'une histoire de vengeance, le portrait d'un tueur en pleine rédemption et qui va faire de sa dernière mission un chemin de croix violent. Le propos a de quoi choquer, ce type qui se réfugie dans l'alcool et dans la Bible, qui va reprendre les armes pour un ultime bain de sang, semant la mort dans sa propre interprétation de la justice divine. La morale est douteuse, mais pas plus que dans ce que le cinéma nous servait dans les années 70, des années bénies où le politiquement correct n'avait pas lieu d'être. Dans Man on Fire la justice officielle est corrompue jusqu'à l'os, c'est donc la justice personnelle qui prime, mieux que dans The Punisher, le film de Scott a ré-ouvert la voie à un genre qui sera un peu plus tard abordé par A Vif de Neil Jordan ou Death Sentence de James Wan.

Man on Fire vient donc se poser comme une alternative aux frustrés de l'adaptation (molle et édulcorée) du vigilante le plus violent issu d'un comics, le Punisher. Et c'est clair que toute la seconde partie renvoie le film de Jonathan Hensleigh au rayon des jolies histoires pour enfants. Le seul soucis c'est que Scott nous a rajouté cinquante minutes d'exposition avant... et c'est long, très long! Alors oui c'est nécessaire de créer un background au personnage de John Creasy, de lui donner une motivation valable pour la suite mais tout cela traîne en longueur alors que le générique d'intro (un modèle, comme tous ceux du réalisateur) nous promettait un rythme d'enfer d'entrée de jeu. Toute cette première partie pousse un peu trop sur les bons sentiments, si la mise en scène n'était pas aussi inspirée et énergique (ou irritante pour certains rabats-joie), ça serait d'un classicisme absolu...

D'ailleurs dans cette partie, Denzel Washington est d'une telle sobriété qu'il se fait voler la vedette sans trop de problèmes par une jeune Dakota Fanning (qui ferait mieux de retourner faire du vrai cinéma plutôt que de jouer dans les futures bouses Twilight 2 et 3... suites d'un des plus mauvais films de vampires de l'histoire du cinéma, ma critique est ici). Certes la relation entre Creasy et la petite Pita et mignonne tout plein, plutôt réaliste mais ça dégouline un peu trop... Heureusement, Fanning disparaît de l'écran au bout de cinquante minutes et on assiste enfin au film qu'on voulait voir! Après son enlèvement, Creasy semble être en vie pour une seule chose, la venger et semer la mort. Denzel Washington prend alors une toute autre allure, se révèle comme le bras armé de la justice et le film devient vraiment intéressant.

Et jusqu'à la fin on assiste médusé à une succession d'actes d'une barbarie et d'un sadisme qu'on ne soupçonnait pas. Pour résumer ce qui se passe à l'écran, rien de mieux qu'un phrase de Christopher Walken: "A man can be an artist at anything, food or whatever if you’re good enough at it. Creasy's art is death, and he's about to paint his masterpiece!"
Et c'est un peu ça. En véritable ange de la mort, Denzel Washington devient devant la caméra de Scott (les deux ont du mal à se séparer depuis) une icône de la vengeance, et ce sadisme, ce plaisir malsain à filmer des tortures et des mises à mort (ah la capsule avec la micro-bombe dans le rectum, quel plaisir!) a quelque peu dérangé le tout Hollywood et les bien-pensants... C'est pourtant un spectacle hyper jouissif comme on n'en voit que trop peu.

Revival des séries B hyper violentes made in 70's, Man on Fire hérite en plus d'un casting quatre étoiles avec autour de Washington et Fanning les seconds rôles de Christopher Walken, Mickey Rourke, Radha Mitchell, Marc Anthony et Giancarlo Giannini. Scott filme le tout comme un gigantesque clip, même si on est encore loin du délire de Domino, utilise les filtres à profusion, vient incruster ses sous-titres à même l'image, superpose des images, use d'un montage ultra cut... à partir du moment où la machine est lancée, c'est tellement dopé à l'énergie pure que le film passe à toute allure.
Dommage qu'il y ait cette première partie aussi laborieuse car sans cela Scott signait là son chef d'oeuvre. Reste que c'est une franche réussite, qui aurait certes mérité une bonne demi-heure de moins, mais qui est tellement généreuse et hard-boiled (classé R tout de même) dans sa seconde partie qu'on lui pardonne.


7.5/10
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Re: [Niko06] Mes critiques en 2009

Messagepar Scalp » Mer 23 Sep 2009, 12:54

Il a pas été décrié Man On Fire, enfin pas par les critiques qui comptent, il a eu un bon papier dans mad à l'époque.
Sinon clairement un des touts meilleur Tony Scott.
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Re: [Niko06] Mes critiques en 2009

Messagepar Niko06 » Mer 23 Sep 2009, 13:26

Ouais enfin les critiques qui comptent pour toi et moi c'est pas forcément celles qui comptent pour tout le monde :eheh:
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