[Niko06] Mes critiques en 2009

Modérateur: Dunandan

Smiley Face - 6,5/10

Messagepar Niko06 » Ven 11 Sep 2009, 17:15

Smiley Face
de Gregg Araki

Image

Trois après le magnifique mais éprouvant Mysterious Skin, seul film d'Araki que j'avais vu jusqu'alors, le voici qui nous sort un truc qui se situe à l'exact opposé de son précédent film! A croire que chaque artiste, après des oeuvres d'une noirceur extrême, a besoin de se faire sa récréation pour sa bonne santé mentale... On l'a vu il y a peu dans un autre registre avec Park Chan-wook qui après sa trilogie de la vengeance a eu besoin de légèreté avec Je suis un Cyborg. Et pour le coup Araki de la légèreté il nous en propose à revendre. Son film est un pur délire, qui pourrait passer pour un teen movie banal s'il n'était pas à la barre pour en faire un excellent film. Donc c'est une véritable comédie, du genre qui part dans tous les sens... il ne pouvait pas en être autrement vu le postulat de départ: une jeune fille qui ne sait pas trop où elle en est dans sa vie passe ses journées à se défoncer en fumant du cannabis, elle accumule les dettes et en ce jour bien spécial où elle a un planning à respecter elle va manger tout un plateau de space cakes sans savoir que c'étaient des gâteaux un peu spéciaux...

On la retrouve dès l'intro du film sur une grande roue, complètement paumée, dessinant des smileys dans le ciel et en pleine discussion avec le regretté Roscoe Lee Borwn... c'est le point Z de l'histoire, qu'on va remonter depuis le point A... C'est d'ailleurs un petit jeu auquel nous invite le réalisateur car toutes les lettres de l'alphabet, dans l'ordre, sont cachées dans le film. Bon, c'est clairement un film de junkie, partiellement fait pour des junkies (ce jeu en question c'est typiquement le genre de truc sur lesquels on peut rapidement bloquer étant stone), mais pas seulement... C'est avant tout une vraie comédie franchement drôle et rafraîchissante. De plus, intelligemment, Araki ne fait ni l'apologie ni le procès du cannabis, il dresse simplement un constat de la jeunesse (américaine, mais on peut sans trop de problème l'extrapoler à la jeunesse européenne), avec un humour qui désamorce vite un sous-texte plus grave.

Alors c'est très fun, on ne sait pas trop à quoi s'attendre et on se retrouve finalement devant une sorte de road movie sous acide, on croise une galerie de personnages franchement géniaux : Danny Trejo et John Cho en livreurs de saucisses, Adam Brody en dealer rasta, Danny Masterson (That 70's Show!!!) en roomate super bizarre... des seconds rôles, voir des caméos qui font plaisir. Et puis il y a Anna Faris. En fait c'est simple, sans elle dans le rôle principal et sans Araki à la réalisation, on serait devant un film sans intérêt. Elle porte tout le film à elle seule, avec son physique de girl next door super mignonne mais gaffeuse et complètement défoncée... et elle assure, bien loin de sa piètre performance dans la série des Scary Movies, on est plus du côté du rayon de soleil qu'elle emmenait dans Lost in Translation.

Et on passe vraiment un bon moment, on rigole sans que ça soit non plus hilarant (bon y'a bien quelques scènes à pleurer de rire c'est vrai)... mais on se rend compte que ça tourne quand même un peu à vide. Et ça nous frappe encore plus quelques jours plus tard et qu'il ne nous reste pas grand chose en tête... alors que Mysterious Skin, même plusieurs année plus tard on ne l'oublie pas! C'est donc quand même décevant... C'est vrai que c'est très bien mis en scène, le montage est génial, la bande son aussi, mais il manque quelque chose pour en faire un grande comédie alors qu'il y avait là le potentiel pour une oeuvre culte. Des rebondissements il y en a à la pelle, des situations carrément loufoques aussi, on se fait gentiment balader sauf qu'il manque vraiment quelque chose, et s'il faut trouver un message il faut bien creuser...

Car oui on y voit aussi une forme de critique d'une jeunesse perdue... mais diviser les jeunes en deux catégories, d'un côté les junkies de l'autre les geeks, c'est légèrement réducteur et pas du niveau du réalisateur. Reste qu'on passe vraiment un bon moment car c'est plein de fraîcheur, on n'a pas à trop réfléchir sauf si on tente le jeu cité plus haut, et c'est tout de même un vrai délire psychédélique sur pellicule...
Mais en fait on sent bien que si ce film existe, c'est simplement pour être le catharsis de Gragg Araki qui s'est senti submergé par la noirceur de ses films précédents et qui recherchait cette forme de simplicité et de folie douce. On pourra toujours y chercher un sous-texte, c'est avant toute chose une comédie drôle, délirante, pleine de trouvaille visuelles très fun, mais vide et vite oubliée.


6.5/10
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2 Soeurs - 7,5/10

Messagepar Niko06 » Ven 11 Sep 2009, 17:22

2 Soeurs
de Kim Ji-Woon

Image

2003, une année bénie pour le cinéma coréen! Cette année sont sortis parmi les meilleurs films jamais produits là-bas: OldBoy, Memories of Murder, Save the Green Planet. Plus des essais râtés mais passionnants dans l'animation (Wonderful Days) ou la SF (Natural City) et enfin de vraies incursions dans le cinéma d'horreur avec le bancal Into the Mirror, l'excellent The Uninvited et ce petit bijou qu'est 2 Soeurs. C'est la seule année où la production du pays a été aussi intéressante! A sa sortie le film de Kim Ji-Woon a divisé le public, d'un côté certains n'y voyaient qu'une nouvelle tentative de faire du fantôme asiatique post-Ring et trop longue, de l'autre certains en sont tombés amoureux... Et si j'ai plutôt tendance à relativiser je pencherais plus vers la seconde catégorie tant j'ai assisté là à un spectacle fascinant, loin d'être parfait, trop respectueux de certains codes, mais définitivement fascinant! En même temps, avec une affiche pareille qui vient ouvertement citer Shining, comment pouvait-il en être autrement?

Kim Ji-Woon est avant tout un esthète, son Foul King était très beau et A Bittersweet Life est un des polars les plus réussis sur le plan graphique (sur les autres plans aussi d'ailleurs!), il n'est donc pas étonnant que ce 2 Soeurs soit magnifique. Et peut-être même un peu trop tant dans de nombreuses scènes la forme prend le dessus sur le fond... Quoi qu'il en soit, ça reste une réussite. Des films de fantômes asiatiques on en a presque des nouveaux tous les jours, des filles aux cheveux gras qui hantent TVs, téléphones portables et même des perruques! C'est l'effet Ring, qui aura bouleversé le cinéma d'horreur semble-t'il à tout jamais... Donc dans 2 Soeurs, le réalisateur cède à la facilité lors des apparitions c'est vrai, il joue sur des mécanismes ultra-classiques tout en utilisant des sons inédits mais malgré tout, quand on est réceptif, et bien ça fonctionne sans problème. Mais pas autant que j'aurais voulu car il m'a vraiment fait sursauter une seule fois... alors que je m'y attendais en plus, c'est ça qui est très fort!

Donc si l'horreur "instantanée" propre à la majorité des films d'horreur actuels ne fonctionne pas toujours comme ça aurait dû être le cas, Kim Ji-Woon réussit par contre à mettre en place une ambiance extrêmement réussie, et prend son temps pour nous en imprégner. Au début on pense bien entendu, et ce sont les références que cite le réalisateur, à Pique-nique à Hanging Rock de Peter Weir, Créatures Célestes de Peter Jackson voir même Signes de M. Nigt Shyamalan. Des films qui fleurent en permanence avec le fantastique mais qui sont avant tout des drames, et pour les deux premiers, des drames exclusivement féminins. Et sur ces aspects, 2 Soeurs est très proche en se centrant sur les soeurs et la belle-mère, le père complètement dépassé par les évènements restant tout le long du film détaché et mutique, comme si sa présence n'était pas souhaitée...

Donc s'il persiste à dire en interview qu'il a réalisé un pur film d'horreur, le fait est que 2 Soeurs et bel et bien un drame, horrifique oui, porté pendant un moment sur le fantastique aussi, mais un drame avant tout. Et il vaut mieux le voir ainsi de toute façon au risque d'être déçu par la toute dernière partie. En effet Ji-Woon verse dans une explication psychiatrique qui viendrait détruire une thèse complètement fantastique en refusant d'aller au bout. Mais si on y voit un drame, ça tient la route sans problème. Cela lui permet de faire d'un scénario ultra complexe un film qui ne soit pas un soufflé dur à avaler, toutes les pièces du puzzle viennent se mettre en place à la fin et pour une fois ça fonctionne sans qu'on pense à une solution de facilité ni qu'on remette en doute l'intégrité du réalisateur vis à vis de son public.

En un sens, Ji-Woon vient faire sa petite révolution du film de schizophrène, avec une toute nouvelle approche au niveau des comédiens. Il signe une superbe histoire qui aborde les difficiles sujets du deuil, de la culpabilité et de la maladie mentale, du gouffre dans lequel on peut tomber quand on porte en soi le fardeau d'un drame du passé. C'est traité d'une façon très intelligente, on découvre la vérité en même temps que Su-mi ce qui rend le film très immersif et développe une empathie très forte envers les personnages étant donné qu'on ressent les mêmes choses. Si on peut émettre une grosse réserve, c'est quand même sur la durée du film qui aurait bien mérité une vingtaine de minutes en moins pour gagner en efficacité car en l'état certains spectateurs sont rebutés par le manque de rythme.

Comme tout drame l'efficacité passe avant tout par les acteurs et la capacité du réalisateur à capter leurs émotions. ici c'est la jeune Lum Si-jeong qui livre une prestation hallucinante de vérité, on ressent son amour pour sa soeur, sa haine pour sa belle-mère, sa rancoeur envers son père... tout dans son jeu transpire la crédibilité. Et avec elle c'est Yum Jung-ha en belle-mère au bord de l'implosion qui fait impression aussi. A elles deux elles font vivre le film, Kim Ji-Woon n'a qu'à faire ce qu'il sait faire, de très belles images, pour réussir son coup.
Voilà un film d'horreur pas comme les autres, à la limite entre le drame et le film de fantômes, qui propose autant d'images terrifiantes que magnifiques, qui aborde des sujets importants avec une maestria... bref les jurys de tous les festivals de films fantastiques où le film a été primé (il n'y a que Sitges où il est reparti bredouille) ne s'y sont pas trompés, 2 Soeurs est un grand film fantastique.


7.5/10
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Re: [Niko06] Mes critiques en 2009

Messagepar Riton » Ven 11 Sep 2009, 17:22

Riton a écrit: +1
En plus c'est réalisé par une sous-merde d'has been

I'm kidding
Mes DVD a vendre à partir de 0.70€ 8)
helldude™ a écrit:bik et moi vivions déjà le grand amour avant l'épisode de l'éjaculation faciale

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Re: [Niko06] Mes critiques en 2009

Messagepar Solodzo » Ven 11 Sep 2009, 17:23

Smiley face, c'est quand Araki rit?
"Accroc à la Kro et à la creek, j'ai la trique..." Svinkels

Forumeur dissident.
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Re: [Niko06] Mes critiques en 2009

Messagepar Niko06 » Ven 11 Sep 2009, 17:23

:eheh: voilà
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Hitman - 5/10

Messagepar Niko06 » Ven 11 Sep 2009, 17:32

Hitman
de Xavier Gens

Image

Adapter un jeu vidéo culte n'est jamais simple... sans même parler des nanars d'Uwe Boll la plupart du temps ces adaptations sont ratées soit car elles ne respectent pas l'univers du jeu soit car ce sont tout simplement de mauvais films. Pour Hitman on pouvait avoir peur... Xavier Gens qui se retrouve sur une production US dès son deuxième film (après un Frontière(s) plutôt attachant), coproduction entre la Fox et EuropaCorp (soit deux compagnies qui ne respectent rien), un acteur principal qui était magnifique dans la série Deadwood mais qui a du mal à confirmer au cinéma, un scénariste incompétent (Opération Espadon et Wolverine c'est lui)... Bref assez d'ingrédients pour se planter bien comme il faut. Mais dès la présentation du trailer, c'est la claque! On a l'impression de voir du cinéma à la John Woo, du lyrisme, une classe folle... et les espoirs renaissent. Sauf qu'entre temps, on entend que Gens a été viré du tournage, ne sachant pas faire autre chose que des scènes violentes, que le réalisateur de seconde équipe Olivier Megaton a du tourner des plans supplémentaires... tout cela a plus ou moins été réfuté ensuite par l'équipe mais il est clair qu'Hitman a souffert d'une production chaotique...

Et le résultat s'en ressent. On tient là un film bancal et surtout bourré d'incohérences, qui semble avoir été écrit en deux heures... Un film qui lorgne beaucoup plus sur la saga Jason Bourne que sur The Killer, alors que s'il fallait suivre un modèle c'était ce dernier. Un film qui n'a pas compris que respecter une franchise de jeu vidéo c'est bien plus subtil que de lui faire simplement deux ou trois clins d'oeil maladroits (l'Ave Maria tiré de l'épisode 4, les plans où on suit l'agent 47 de dos en légère plongée ou la scène des gosses qui jouent au jeu en question...). Bref du côté de l'adaptation réussie on repassera, du côté du scénario aussi... mais ça on s'en doutait un peu. Petit tour du monde qui s'attarde surtout en Russie, le film enchaîne les péripéties sans qu'on s'y intéresse vraiment et sans qu'on y croie. Dans ce genre de film, rien n'est crédible mais ça peut passer, ici l'agent 47 semble tellement irréel qu'on n'y croit pas une seule seconde.

C'est tout de même le meilleur élément d'une organisation qui compte les tueurs les plus efficaces de la planète... Donc qu'il soit plutôt balèze on le comprend. Par contre que ses ex-collègues qui se retrouvent à sa poursuite soient si mauvais c'est du grand n'importe quoi! Par exemple le sniper qui le rate à moins de 100m et qui dégomme un passant... Mais le summum reste quand même le combat entre quatre tueurs, 47 les démolit assez facilement car on croirait que les autres n'ont jamais tenu une arme... pas mal pour l'élite des tueurs! D'ailleurs cette scène est symptomatique des gros défauts d'Hitman, mal chorégraphiée, mal shootée, mal montée... une catastrophe! Et au niveau des incohérences il serait presque impossible d'en faire la liste tant il y en a. Et ce à un tel point que l'agent 47 ne semble jamais réellement en danger, donc il n'y a absolument aucune tension!!

Alors on se dit qu'il va se rattraper sur l'action... oui et non. Gens alterne de très belles scènes vraiment bien senties, avec de superbes cadrages qui viennent souligner le côté iconique de 47, avec des scènes qui semblent venir des plus mauvais nanars... c'est rageant. Alors certes on ne s'ennuie pas vraiment, on voit de belles images dépaysantes (même si on se rend compte que la gare de Moscou a été tournée en France, avec un beau flou pour masquer les panneaux... mais bon...), les gunfights envoient du lourd même s'ils reprennent des idées déjà vues ailleurs, en particulier chez John Woo donc en mieux... ça reste un divertissement relativement honorable qui se suit et qui s'oublie assez vite.

Un dernier soucis vient des acteurs... on passera rapidement sur Olga Kurylenko, certes très jolie, très sexy, pas pudique pour un sou, mais qui ne livre pas vraiment une performance d'actrice... Timothy Olyphant il a beau être beau mec, avec un rôle assez froid, on sent bien qu'il n'est pas impliqué du tout. Il est fade, ne dégage rien du tout alors que le rôle avait besoin d'un acteur avec un gros charisme! Robert Knepper reste sobre, Dougray Scott est transparent... il y a eu un vrai mauvais choix dans le casting!
On s'en doutait un peu, Hitman se casse la gueule assez vite, le film ne tient pas la route, accumule les erreurs sur tous les points... le seul à bien s'en sortir c'est finalement Xavier Gens qui a fait du mieux qu'il pouvait en bossant pour un studio broyeur de talent. Il réussit à livrer quelques très belles scènes dans un ensemble pas forcément honteux (quoique...) mais qui tient plus de l'anecdote que d'un véritable film. Déception, à voir une fois... ou pas.


5/10
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Re: [Niko06] Mes critiques en 2009

Messagepar zack_ » Ven 11 Sep 2009, 18:47

Un jour j'ai appuyé sur play sur ce film et fin du logo de la maison de production j'ai pas continué, j'ai eu peur! Je me le ferai quand même un jour (en plus je connais rien au jeu!)
zack_
 

Re: [Niko06] Mes critiques en 2009

Messagepar Scalp » Ven 11 Sep 2009, 18:51

Pourquoi t'as peur ? t'es un warrior pourtant, tu as deja subit Catwoman et Elektra, tu peux désormais tout voir.
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Re: [Niko06] Mes critiques en 2009

Messagepar zack_ » Ven 11 Sep 2009, 19:09

Ouai mais Hitman est beaucoup moins sexy :eheh: J'aime pas les chauve sauf Jean-michel :chut:
zack_
 

Re: [Niko06] Mes critiques en 2009

Messagepar Val » Ven 11 Sep 2009, 21:03

et John Locke. 8)
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Re: [Niko06] Mes critiques en 2009

Messagepar zack_ » Sam 12 Sep 2009, 06:12

Ah oui John Locke :love: Quoi que dans cette Saison 5 il est pas très gentil Johnny :eheh:
zack_
 

Re: [Niko06] Mes critiques en 2009

Messagepar Niko06 » Sam 12 Sep 2009, 08:59

Enfin, Olga elle est quand même super méga sexy :love:
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Re: [Niko06] Mes critiques en 2009

Messagepar Riton » Dim 13 Sep 2009, 10:39

+1111111111111
C'est le seul point positif du film d'ailleurs. :mrgreen:
Mes DVD a vendre à partir de 0.70€ 8)
helldude™ a écrit:bik et moi vivions déjà le grand amour avant l'épisode de l'éjaculation faciale

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Mysterious Skin - 9/10

Messagepar Niko06 » Jeu 17 Sep 2009, 15:00

Mysterious Skin
de Gregg Araki

Image

Comment traiter au cinéma un sujet aussi difficile que la pédophilie sans tomber dans le voyeurisme ou le didactisme ennuyeux? En adaptant la nouvelle de Scott Heim qui l'a bouleversé durablement, Araki tourne pour la première fois une histoire qu'il n'a pas inventée. Et cette histoire n'a rien d'un trip sous acide, il s'agit d'un vrai drame, d'une noirceur extrême et qui ne laisse que peu de place à l'espoir... La chronique d'une enfance/adolescence souillée, le portrait d'une jeunesse insouciante ou portée sur l'auto-destruction... un sujet qui n'aurait pas fait tâche dans la filmographie de Larry Clark qui en aurait fait un nouveau chef d'oeuvre glauque, c'est plus étonnant chez Araki, peu habitué à tant de noirceur (et qui l'exorcisera avec Smiley Face), qui en fait un film essentiel. Un de ces films qu'on n'oublie jamais, qui nous marque profondément et à vie... et accessoirement la révélation d'un comédien juste génial.

Mysterious Skin ne tombe jamais dans la facilité, ne nous montre jamais d'actes sordides avec des enfants, chose dans laquelle d'autres réalisateurs plus à la recherche du choc à tout prix que d'une intégrité artistique auraient pu tomber. Non ici Araki joue sur la suggestion à chaque instant, et il faut avouer que le sourire béat de l'entraîneur moustachu en dit bien plus que tout plan racoleur... Alors bien sur le propos est révoltant, mais le réalisateur ne se pose jamais en juge, intelligemment il nous expose les faits, nous montre les conséquences sur la vie d'enfants abusés, qu'ils soient consentants ou pas... Sur ce point le personnage de Neil enfant peut choquer. A 8 ans il est déjà conscient de son homosexualité et fantasme sur des adultes. Mais pourtant il ne se remettra jamais vraiment de ce qui s'est passé cet été là...

Araki joue particulièrement sur les sens dans son film, le toucher en particulier, d'où le titre. Mysterious Skin s'ouvre sur ce plan magnifique du visage d'un enfant, à la peau encore pure, le contraste avec une scène plus tard n'en est que plus déstabilisant... car pour le réalisateur (et l'auteur) les conséquences d'un tel drame sont que pour les victimes d'actes pédophiles, non seulement l'enfance est détruite mais le traumatisme est tel qu'ils restent coincés à vie dans cette enfance... Et son propos il l'illustre à travers le cheminement de deux adolescents en pleine errance sociale. L'un a complètement occulté l'outrage à tel point qu'il pense avoir été victime d'un enlèvement extraterrestre mais son comportement asexué ne laisse jamais la place au doute.

L'autre au contraire l'a accepté à tel point qu'il en a fait son mode de vie. Non pas qu'il s'adonne à ce genre de pratique infâme avec des enfants, mais il se lance dans une spirale de sexe dangereux, un cercle qui ne semble pas avoir d'issue tant il s'y complaît, ayant occulté de sa vie tout sentiment pouvant le lier à quelqu'un... Une sorte de coquille vide incapable d'aimer, de haïr ou de pleurer. Dans sa recherche de sensations extrêmes, mué par un désir d'auto-destruction flagrant (ses rapports sexuels non protégés...), même sa rencontre avec un vieux malade du SIDA (le toujours impressionnant Billy Drago) ne le ramènera pas à la réalité... Il n'y a bien que cet accident, d'ailleurs la scène la plus ouvertement violente qui ne soit pas suggérée, qui lui remettra les pieds sur terre et après lequel il se laissera aller à ses émotions...

Mysterious Skin est un film éprouvant pour le spectateur peu habitué à ce genre d'images. Mais il l'est aussi pour les acteurs qui incarnent des personnages traités avec autant de tendresse que de cruauté. Les deux enfants sont superbes mais c'est adolescents qu'ils se révèlent. Brady Corbet en Brian est émouvant tellement il est pathétique mais celui qui impressionne vraiment c'est Joseph Gordon-Levitt! Il semble être né pour le rôle de Neil, l'image parfaite de l'insouciance et de l'auto-destruction adolescente... Il est LA révélation du film et même si autour de lui Michelle Trachtenberg ou Elisabet Shue sont magnifiques, sa performance éclipse tout le monde!

Gregg Araki réussit le pari un peu fou d'allier à un sujet aussi moche et traumatisant une image vraiment belle. Car avant tout Mysterious Skin est un beau film! A la fois réaliste et onirique, il trouve la mise en images parfaite, ne tombe jamais dans le choc facile et lui préfère le hors champ ici bien plus efficace pour souligner un propos avant tout pudique.
Mais malgré tout, Mysterious Skin est un film qui broie le spectateur, on en ressort pas vraiment indemne et ces images nous restent en tête longtemps après... d'autant plus que dans un final qui lève complètement tout mystère, un final rempli d'une émotion sincère, les paroles de Neil McCormick résonnent durablement comme le témoignage d'une vie volée, des paroles à la fois belles, pleines de sens, mais d'un pessimisme qui fait froid dans le dos.
I wanted to tell Brian it was over now and everything would be okay. But that was a lie.


9/10
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Vicky Cristina Barcelona - 6,5/10

Messagepar Niko06 » Jeu 17 Sep 2009, 15:08

Vicky Cristina Barcelona
de Woody Allen

Image

43ème film au compteur pour le New Yorkais et c'est seulement le deuxième que je vois, après l'exceptionnel Match Point... Son cinéma ne m'attire pas sauf qu'ici, plus encore que le casting (un des plus sexy qu'on ait pu voir dernièrement), c'est la ville de barcelone qui m'intrigue car je l'aime profondément, et quel regard porte Woody Allen dessus après son escapade londonienne...
Et le résultat est un film assez étrange... il fonctionne bien, se suit avec plaisir, mais on peut se demander comment il a atterri à Cannes car il n'y a vraiment rien d'exceptionnel! Pire, au lieu d'apporter un vrai regard de réalisateur sur une ville qui possède une véritable et très forte identité, on croirait assister à la vision d'un touriste américain qui ne serait pas sorti des sentiers balisés de son séjour... En gros il ne capte rien de l'ambiance de la ville, s'appuie sur tous les clichés possibles et livre un film moyen alors qu'il le considère comme majeur... étrange.

Ca commence par les deux personnages centraux, Vicky (Rebecca Hall) et Cristina (Scarlett Johansson), de purs stéréotypes de touristes américaines... La première, fiancée, vouée à une vie tranquille avec un futur mari bien placé, vient à Barcelone pour parfaire sa thèse sur "l'identité catalane" (c'est sur, c'est à Barcelone, une des villes les plus cosmopolites du monde, qu'on s'en rend le plus compte de cette identité...). La seconde la suit car c'est son amie d'enfance et qu'elle a besoin de faire le point sur sa succession d'échecs amoureux, toujours à la recherche du prince charmant qui viendra la libérer de sa vie d'éternelle adolescente... bonjour l'originalité! La fille sérieuse et l'autre plus fofolle, il doit être difficile d'écrire des personnages plus clichés que ces deux-là!

Rapidement elles rencontrent, après une exposition d'art, le beau brun ténébreux, peintre de surcroit, qui les invite à partager son lit au bout de deux minutes...
Vu la réputation du film, je ne pensais pas y trouver autant de lieux communs, de clichés éculés n'ayant plus lieux depuis longtemps... Woody filme la Sagrada Familia, le parc Güell, la Rambla... soit des lieux certes mythiques mais avant tout des lieux touristiques dans lesquels on ne ressent rien de cet esprit qui anime Barcelone!!! On est très très loin du cinéma transpirant l'Espagne d'Almodovar ou même de ce qu'avait réussi à capter Klapisch dans l'Auberge Espagnole... mais pourtant Allen va quand même réussir à nous entraîner dans ces deux histoires amoureuses qui elles non plus n'ont pas grand chose d'original mais qui peuvent passionner grâce à des interprètes magnifiques.

Ainsi comme on s'y attendait chacune va craquer, il va se former une sorte de quatuor amoureux avec l'arrivée de Pénélope Cruz, et le film va se terminer exactement là où il avait commencé, comme s'il ne s'agissait que de vacances, quelques semaines de passion avant de retourner à la réalité triste et grise de New York. C'est donc un film un peu vain, qui nous expose des personnages certes névrosés mais loin de l'extrême que véhicule Woody Allen. Le personnage le plus intéressant est celui qu'on voit le moins, Pénélope, la plus excentrique, la plus passionnée, une véritable artiste dont le binôme (Javier Bardem) ne fonctionne que sur un principe d'amour/destruction. D'ailleurs ce sont les deux acteurs espagnols qui tirent le film vers le haut, l'électrisant de leur présence magnétique.

Vicky et Cristina sont tellement stéréotypées, et donc prévisibles, que leur charme naturel ne fonctionne que rarement... Elles sont belles c'est vrai mais finalement peu intéressantes. De plus les sentiments qu'elles véhiculent c'est du déjà vu avec la passionnée qui se cherche et qui ne réfléchit pas aux conséquence de l'excitation du moment présent et l'autre qui se rend compte qu'elle ne vivra jamais heureuse avec son mari trop sérieux, une certaine dose de folie étant nécessaire pour entretenir une passion amoureuse... C'est amusant de voir le personnage de Patricia Clarkson, qui tombe aussi dans les pires clichés, mais qui n'est autre que l'image de la future Vicky, coincée dans une petite vie tranquille de bourgeoise qui ne vit de passion qu'en trompant son mari (Kevin Dunn transparent)...

Pas inintéressant mais vraiment pas abouti, Vicky Cristina Barcelona n'a rien du film majeur d'un réalisateur qui se traîne une telle légende. Tout n'y est que clichés jusque dans les comportements des personnages, il n'y a aucune subtilité dans le discours et on sent bien que ça tourne à vide.
On retiendra donc avant tout les performances de Javier Bardem et Pénélope Cruz, qui se retrouvent ensemble à l'écran plus de dix ans après En chair et en os, et leurs retrouvailles sont électriques, mais au final, même si on ne s'ennuie pas vraiment et que tout ceci se suit avec plaisir, on a quand même un peu l'impression de voir Woody Allen coller une histoire simpliste au milieu de son film de vacances, et sur ce point c'est très agaçant. Dommage car il y avait là un des plus beaux casting qu'il a jamais réuni...


6.5/10
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