[Niko06] Mes critiques en 2009

Modérateur: Dunandan

Re: [Niko06] Mes critiques en 2009

Messagepar Niko06 » Jeu 13 Aoû 2009, 13:13

ben si, c'est carrément bon je trouve
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Re: [Niko06] Mes critiques en 2009

Messagepar Scalp » Jeu 13 Aoû 2009, 13:13

Oue moi aussi c'est un de mes premiers dvd coréen mais m'en rappelle plus du tout.
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Mesrine : l'ennemi public n°1 : Partie 2 - 8,5/10

Messagepar Niko06 » Jeu 13 Aoû 2009, 20:35

Mesrine: l'ennemi public n°1
de Jean-françois Richet

Image

Projet définitivement fascinant, le diptyque Mesrine commençait de la plus belle manière avec L'Instinct de Mort, mise en place passionnante du criminel français le plus emblématique et mégalomane que notre pays ait connu au XXème siècle. On pouvait se demander pourquoi en faire deux films... la réponse saute immédiatement aux yeux à la vision du second film, les deux parties sont aussi différentes qu'intimement liées, l'une ne peut finalement pas fonctionner complètement sans l'autre, le tout formant un des plus beaux portraits de gangster qu'on ait pu voir au cinéma. Si ce n'est pas le plus beau en terme de mise en scène, au niveau caractérisation du personnage et de sa personnalité hyper complexe, on a rarement vu mieux! Avec le passage dans les années 70, l'homme a changé, la France aussi... et la police également...

Dès la scène d'ouverture on voit bien qu'il n'est plus le même, que son image lui importe plus que ses convictions... son code d'honneur qu'il défendait tant semble s'être évanoui. Du coup on ressent beaucoup moins de sympathie pour lui, le seul moment où il semble humain et sincère c'est quand il va voir son père mourant... Le reste du temps c'est un loup traqué, résigné et qui décide d'aller vers une mort certaine avec le plus de panache possible, en se souciant seulement de ce que les médias diront de lui. Il faut cette scène hallucinante, une crise de jalousie quand le général Pinochet se retrouve en première page du journal, lui volant sa place... dévoilant que sous ses airs de beau parleur l'homme n'avait aucune culture et ne se souciait que de sa petite personne.

L'ennemi Public n°1 laisse de côté le spectaculaire du premier épisode qu'on retrouve surtout ici lors de deux évasions (dont celle de la Santé en 1978), la violence et l'action sont concentrées non pas dans ses actes mais dans le personnage lui-même. De plus en plus torturé, perdant de plus en plus le contrôle... c'est bien le portrait d'un homme perdu mais qui tente par tous les moyens de conserver son image publique. Vincent Cassel assure une nouvelle fois avec une prestation dans laquelle il surjoue au maximum, chose nécessaire au rôle qui lui-même surjoue en permanence. Lui qui était en Algérie sous De Gaulle se rapproche même des groupes d'extrême gauche, radicalisant ses idées quand il se rend compte que braquer des banques ne nuit finalement pas tant que ça au système... sa croisade contres les QHS prend aussi des proportions démesurées, tout comme cet enlèvement qu'il perpétue, sa victime lui ouvrant les yeux en lui lançant sèchement qu'il n'a rien d'un révolutionnaire mais qu'il est un banal gangster...

La scission qui s'opère chez lui est assez impressionnante, sa transformation physique faisant écho à une forme d'innocence qu'il perd définitivement en faisant le deuil de cette vie "normale" qu'il ne pourra jamais avoir.
Il tombe donc dans tous les excès possibles pour ce qui ressemble à une sorte de requiem, un chemin de croix qui donne tout son sens à cette affiche christique décriée lors de la sortie du film. Mesrine était une icône, il a brûlé la vie par les deux bouts et s'est fait descendre froidement par des flics qui se sont crus revenus à l'époque du far west... sous les ordres d'un autre personnage haut en couleurs, le seul qui comprenne le criminel car s'il est de l'autre côté de la barrière il lui ressemble en tout, le commissaire Broussard, chef de l'antigang français et adepte de l'arrogance médiatique.

On croise une fois de plus de beaux acteurs dans des rôles excellents mais écrasés par la prestance de Cassel. Ainsi on retrouve Samuel Le Bihan plein de bonhomie, Ludivine Sagnier en potiche de service (et qui pour ne pas perdre les bonnes habitudes se retrouve une fois de plus à poil), Gérard Lanvin qui force beaucoup trop son accent du sud pour être crédible et un Mathieu Almaric comme toujours impeccable. Tous finiront par le laisser tomber d'une certaine façon, car incapables de suivre ses délires mégalomanes.
Magnifique chant du cygne d'une ordure aimée du public, véritable manipulateur qui aura été très loin dans la provocation, l'ennemi public n°1 gagne en profondeur ce qu'il perd en extravagance par rapport au premier épisode. C'est toujours très beau même si moins tape à l'oeil, avec une tension dramatique efficace jusqu'à un final magnifique, porté par la belle musique nostalgique des 70's de Marco Beltrami... C'est tout de même un des essentiels du cinéma français, aucun doute là-dessus, et c'est la plus belle performance de Vincent Cassel, qui est vraiment hallucinant.


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Brave (The) - 7,5/10

Messagepar Niko06 » Jeu 13 Aoû 2009, 20:41

The Brave
de Johnny Depp

Image

Première, et malheureusement unique, réalisation de l'acteur, The Brave a tout du film déroutant. Un synopsis qui parle de snuff movies, comme l'excellent Tesis ou le très mauvais 8mm, un acteur/réalisateur qui semble s'attacher à des univers bien spécifiques, la présence de Marlon Brando au générique... de quoi susciter autant l'attention que la méfiance. Un acteur, aussi bon soit-il, qui passe derrière la caméra ça peut donner tout et n'importe quoi... D'autant plus que ce film s'est fait copieusement huer lors de sa présentation au festival de Cannes où il était en compétition, et s'est fait descendre à un tel point qu'il n'a même pas été distribué aux USA! C'est dire la réputation qu'il se trimballe... Après l'avoir vu on peut se demander si le public de ce festival aime vraiment le cinéma, car si The Brave est un film parfois maladroit (mais il ne faut surtout pas oublier que Depp n'avait aucune expérience en tant que réalisateur!!) il est aussi d'une sincérité incroyable et d'une beauté à couper le souffle. Pour moi c'est un coup de coeur...

Quand il a réalisé son film en 1997, Johnny Depp n'était pas encore l'acteur hyper bankable qu'il devenu grâce à la trilogie Pirates des Caraïbes, il était en pleine ascension, essayant de casser le plus possible son image de belle gueule issue de 21 Jump Street en enchaînant les "films d'auteurs". Ainsi on l'a vu croiser la route de réalisateurs prestigieux dont Tim Burton, Lasse Halström, Emir Kusturica, Jim Jarmush, John Waters... des grands rôles, des grands films qui l'ont beaucoup influencé pour sa première réalisation. Ces expériences lui ont également permis de pouvoir réunir une équipe de talent.

Ainsi dans The Brave on note la présence (quelques minutes) du géant Marlon Brando, de Vilco Filak à la photographie (collaborateur de longue date de Kusturica, il a éclairé le Temps des Gitans et Underground), des monteurs Pasquale Buba (Heat, le jour des morts vivants) et Hervé Schneid (tous les films de Jeunet et le diptyque Mesrine), le génie Iggy Pop à la musique... bref du beau monde!! Et la somme de tous ces talents aboutit sur un film bancal car ne sachant pas vraiment sur quel pied danser (drame, fantaisie, contemplation, lyrisme...) mais qui ne tombe jamais dans l'ennui auteurisant qu'on aurait pu craindre. Mieux, de par ses défauts il se révèle passionnant.

Depp a eu l'excellente idée de se mettre lui-même en scène. Après tout le personnage de Raphaël lui correspond parfaitement avec son image d'indien gitan, raffiné dans sa négligence. Il porte clairement le film sur ses épaules, portant son regard mélancolique sur un monde qui ne correspond pas du tout au bonheur auquel il veut destiner sa famille, c'est un looser, un alcoolique, un ex-taulard... mais sa femme et ses gosses restent son seul moteur! Le film porte en lui un thème plutôt fort, à savoir si un homme peut être suffisamment courageux pour vendre son âme au diable en échange d'une vie meilleure pour ceux qu'il aime. C'est ce qu'il fait dès le début du film, une longue introduction qui l'emmène dans l'antre glauque d'un Brando comme toujours (surtout à cette époque!) en roue libre. 10 minutes de pure contemplation pendant lesquelles aucun mot n'est prononcé... comme une marche funèbre et envoûtante...

La suite est tout aussi planante... Si ça peut être réducteur, on pourrait qualifier le film comme une tranche de vie ultime filmée sur un rythme à la Jarmush et traversé par des exubérances à la Kusturica (le plan séquence pendant la fête, avec un caméo sympa d'Iggy Pop, semble tout droit sorti d'un film du cinéaste serbe). Alors qu'il a signé son pacte et récupéré une partie de l'argent de sa future mise à mort, Raphaël tente pendant ses derniers jours de rattraper le temps perdu avec sa famille. Il devient un moment le père idéal, l'amant d'autrefois, l'homme droit qu'il n'a jamais été. Mais ses moments de bonheur fugace ne masquent jamais la fin tragique qui l'attend et qu'il a choisi. Tout le film est porté par une mélancolie effrayante, et les apparitions de l'excellent Marshall Bell viennent nous rappeler de façon ponctuelle que ce bonheur n'est qu'illusion...

Parsemé d'images inquiétante, de symboles et de personnages métaphoriques, The Brave est vraiment une expérience unique. Bercé par la musique world d'Iggy Pop (qui avait déjà fait des merveilles en collaborant avec Bregovic sur Arizona Dream) mélangée à des sons latinos et gitans, il nous montre un homme qui a choisi son destin en le sacrifiant pour les siens.
Et si le film n'évite pas de tomber dans certaines facilités, comme la séance de chamanisme un peu too much ou la scène d'amour devant un soleil couchant, magnifique mais tombant dans le plus vieux cliché cinématographique, ou encore un pathos parfois trop appuyé, il reste une réussite, un film rare, lyrique et émouvant, jusqu'à cette longue scène de fin, belle à en pleurer et qui ne tombe jamais dans le voyeurisme vulgaire.

Avec The Brave, Johnny Depp se dévoile comme il ne l'avait jamais fait en tant qu'acteur, jamais autant, et il fait preuve d'une sensibilité désarmante. Dommage que l'échec critique lui ait coupé toute envie de persévérer derrière la caméra car il possède un réel talent...


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Gojoe, le pont vers l'enfer - 9/10

Messagepar Niko06 » Ven 14 Aoû 2009, 08:43

Gojoe, le Pont vers l'Enfer
de Sogo Ishii

Image

N'étant pas vraiment familier avec le cinéma d'Ishii, j'attaque avec un de ses films sans doute les plus accessibles (avec le culte Electric Dragon 80.000 V), prenant la forme d'un chambara new age. Mais venant d'un artiste réputé comme appartenant à la mouvance punk, il est clair qu'on ne se retrouve pas face à un film de sabre japonais conventionnel. Il faut d'ailleurs éviter à tout prix la version internationale du film, réduite de près de 45 minutes, au risque de n'y voir qu'un actioner maladroit expurgé de toute scène contemplative et de passer complètement à côté de ce monument. Car c'est bien de ça qu'il s'agit... Gojoe est un très grand film, une longue fresque de presque 2h20 qui réinvente l'une des grandes légendes japonaises, ici celle de Benkei et Yoshitsune, un moine guerrier et le descendant des Genji, unis contre les Heike... une très vieille légende qui a souffert de tellement d'interprétations que la vérité est aujourd'hui oubliée. Mais Ishii vient là révolutionner complètement l'histoire!

Ce qui l'intéresse c'est leur rencontre, la petite histoire dans la grande, le chemin de deux hommes hors du commun qu'à priori tout oppose, mais qui sont comme liés par ce destin commun. Ryu Daisuke, un des acteurs principaux de Ran et Kagemusha d'Akira Kurosawa, prête ses traits à Benkei, ici un ancien guerrier et bandit sanguinaire, capable de tuer femmes et enfants mais devenu moine depuis 7 ans. Son nemesis, Yoshitsune Genji, ici encore sous le nom de Shanao, est interprété par celui devenu aujourd'hui un incontournable de la scène asiatique, Asano Tadanobu (vu entre autres dans ichi the killer, Vagues invisibles, Tabou, Zatoichi et tant d'autres merveilles...), son visage doux et presque androgyne collant à merveille à son rôle de démon.

Gojoe est très long, très lent, prend le temps de définir tous les personnages avec le plus grand soin, de s'attarder sur leur environnement. Sogo Ishii impose une mise en scène très posée et contemplative pour illustrer un propos flirtant avec la philosophie et la religion mais qui laisse éclater une rage incroyable lors des scènes de combat. A priori ce genre de scènes d'action n'est pas vraiment ce qu'il maîtrise le plus car les chorégraphies sont très loin de ce qu'on peut voir dans d'autres chambaras, et pour palier à ce défaut il filme le tout caméra à l'épaule, à l'énergie, y ajoute un montage ultra cut qui rend ces scènes limite illisibles...

Mais ces combats finalement obligatoires étant donné le genre qui est revisité ne sont heureusement pas l'attrait principal. Non, le propos d'Ichii est profondément révolutionnaire, masqué derrière l'apparence classique du film en costumes. En y regardant de plus près il signe un film profondément anarchique, déboulonne un après l'autre l'ensemble des codes du genre en y ajoutant des éléments fantastiques (la bataille de sorciers, les esprits...) et y colle les principes fondamentaux de la pensée punk! Quand on lance le film, qu'on s'attend à une relecture lointaine du mythe de la bête du Gévaudan (les attaques nocturnes d'une créature invisible) et qu'on se retrouve en face de ça, on comprend bien que Gojoe n'est défintivement pas un film comme les autres...

Un chambara punk... un film qui refuse catégoriquement les habitudes établies (peu de combats) et qui en son sein contient un propos plutôt virulent envers les institutions politiques et religieuses. Ainsi on n'est pas surpris de voir autant de moines assassinés, de statues de Boudha coupées en deux et souillées par le sang des religieux... Rien que le personnage central, Benkei, est un pied de nez à ces croyances! Pour le côté politique on le sent tout le long avec les manipulations mais c'est dans la révélation finale que cela prend tout son sens. Pour en saisir la puissance il faut connaitre un peu l'histoire de base mais en gros le message est que cette fameuse légende, cette révolution politique, est basée sur un énorme mensonge...

Gojoe est donc un film complexe, profond, pas forcément très accessible de part son rythme et son propos qui contient différents niveaux de lecture, qui bénéficie d'une mise en scène souvent inspirée, originale bien que faiblissant lors des combats. Mais cela n'empêche pas une dernière partie dantesque, un duel très attendu qui ne déçoit pas.
Sous ses apparences révérencieuses, c'est avant tout un majeur levé bien haut à la face des institutions, c'est l'oeuvre d'un révolutionnaire intelligent qui sait détourner les codes pour servir son propos...
Bref, un très beau film (la photo est somptueuse!), violent, stylé, avec des interprètes excellents, à ne surtout pas louper...


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Re: [Niko06] Mes critiques en 2009

Messagepar Scalp » Ven 14 Aoû 2009, 13:16

Go Joe j'ai pas du tout aimé mais alors pas du tout.
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Re: [Niko06] Mes critiques en 2009

Messagepar Niko06 » Ven 14 Aoû 2009, 13:19

Laisse moi deviner... tu t'es ennuyé?
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Re: [Niko06] Mes critiques en 2009

Messagepar Scalp » Ven 14 Aoû 2009, 13:21

Bein j'ai dormi au bout de 30 minutes et quand je me suis réveillé, ça bastonnait et c'était incompréhensible.
De plus les chambara c'est jamais bien violent, j'ai l'habitude mais celui là y m'a fait pioncer direct.
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Re: [Niko06] Mes critiques en 2009

Messagepar zack_ » Ven 14 Aoû 2009, 23:51

Dormir au boulot c'est mal :lol:
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Largo Winch - 7/10

Messagepar Niko06 » Mar 18 Aoû 2009, 11:06

Largo Winch
de Jérôme Salle

Image

Une nouvelle adaptation de bande dessinée en France... il fallait oser! Car les dernières tentatives se sont soldées soit par un échec public (Blueberry, un film génial et incompris) soit par un échec tout court (les innommables Astérix aux Jeux Olympiques, Michel Vaillant et les Chevaliers du Ciel)... Largo Winch c'est un peu différent, la BD est construite de façon très cinématographique, l'adapter a donc sans doute été plus facile. Fait rare, le scénariste et créateur Jean Van Hamme et son dessinateur Phillipe Francq soutiennent tous deux le résultat lors de la sortie sur grand écran! De quoi susciter une certaine curiosité, pas assez pour se déplacer en salles mais la sortie en vidéo il y a quelques semaines permet de se rattraper.
Et le résultat c'est que Largo Winch est une sacrée bonne surprise, un film ambitieux made in France aussi réussi on n'en a pas tous les jours (quoique l'année dernière simplement avec l'instinct de mort et l'ennemi public n°1 on avait déjà dépassé tous les quotas de bons films).

Pourtant c'était pas gagné... un réalisateur certes prometteur mais qui devait encore faire ses preuves (Anthony Zimmer c'était quand même moyen), un choix d'acteur principal plutôt surprenant, un budget confortable de 24 millions d'euros mais dix fois inférieur à celui du dernier James Bond, un long tournage de dix-sept semaines sur plusieurs continents... bref largement de quoi se planter! Et bien le résultat s'apprécie d'autant plus car on est là devant une franche réussite, un film à la fois ambitieux et humble, qui n'en fait jamais trop, qui ne cherche pas forcément à copier ses modèles (bien qu'ils ne soient jamais cités ouvertement, Largo Winch s'attaque aux James Bond et Bourne) en proposant un spectacle original, dépaysant et drôlement bien foutu!

L'autre objectif pas vraiment avoué mais évident est de créer une franchise. Ce premier film prend donc logiquement la forme d'une genèse, ou comment le fils adoptif de la cinquième fortune mondiale, Nerio Winch, directeur du groupe W. assassiné, devient véritablement Largo Winch. Et c'est là que le pari de donner le rôle de Largo à un acteur presque débutant (il assurait déjà pas mal dans Truands et Virgil) aurait pu aboutir à une catastrophe... car le film repose complètement sur ses épaules, de plus physiquement il ne ressemble pas du tout au personnage de la BD! Mais il l'a si bien dit en interview, le fait de ne pas correspondre à ce qu'on attendait de lui l'a beaucoup aidé pour le rôle, car c'est exactement la situation de Largo dans cette histoire.

Et franchement, Tomer Sisley est la grosse surprise car même si son jeu d'acteur est parfois limité, il réussit à imposer une véritable présence à l'écran. Pourtant il se retrouve face à des acteurs confirmés et talentueux. Ce casting est d'ailleurs un des gros points forts du film, évitant soigneusement tous les acteurs bankables et "obligatoires" dans tout gros film français. On passera sur la moins surprenante, Kristin Scott Thomas, toujours excellente malgré la perruque ridicule dont elle se retrouve affublée. Plus surprenant, la présence de Miki Manojlovic en Nerio Winch. L'acteur yougoslave, premier rôle inoubliable de Papa est en voyage d'affaires et Underground de Kusturica, est d'une justesse remarquable pour interpréter cet homme d'affaire impitoyable, ne montrant que peu de sentiments et qui fait tout pour occulter tout libre arbitre à son entourage.

On retrouve également Gilbert Melki, l'éternel second rôle qui hérite ici du personnage le plus ambigü de l'histoire, le seul dont on arrive à douter vraiment. Mélanie Thierry apporte son physique unique et livre une performance hautement plus intéressante que dans Chrysalis et Karel Roden, inquiétant dans Abandonnée, trimballe une fois de plus sa gueule de psychopathe avec talent. A noter également dans les caméos qui font plaisir la présence du génial Eddy Ko, second rôle récurrent du cinéma HK, qu'on a pu voir il y a peu dans Mad Detective. On tient là un sacré beau casting international qui donne vie aux aventure de l'héritier le plus envié et le plus aventurier de la planète.

La mise en scène de Salle fait des merveilles, alternant de très beaux plans bien iconiques à des scènes bien plus nerveuses. A vrai dire, il n'a pas à rougir face à bon nombre de réalisateurs US qui boxent dans la même catégorie, il a réussi son film. Les personnages sont complexes et bien écrits, et le scénario est un modèle, mêlant habilement quête identitaire de Largo et intrigues financières sans jamais tombé dans des propos ennuyeux. Certes on a bien droit à quelques séquences maladroites, des révélations qu'on devine assez tôt et quelques rebondissements improbables qui nous font penser à un season finale de 24 mais ça ne gâche en rien le plaisir de ce pur film de divertissement, ambitieux, dynamique, filmé avec élégance, qui a eu la bonne idée de se faire en anglais dans un soucis de cohérence et qui prouve une bonne fois pour toute qu'avec les bonnes personnes aux commandes, le cinéma français n'est pas un cinéma de "petits bras".
Ce n'est certainement pas le film du siècle mais c'est d'une efficacité remarquable et on ne s'ennuie jamais!


7/10
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Re: [Niko06] Mes critiques en 2009

Messagepar zack_ » Mar 18 Aoû 2009, 11:13

Je connais pas la BD mais le faite que l'acteur soit un humoriste à l'origine me fait peur! Mais baissons les clichés je tenterai de le voir à l'occasion!
zack_
 

Je vais bien, ne t'en fais pas - 9/10

Messagepar Niko06 » Mar 18 Aoû 2009, 11:19

Je vais bien, ne t'en fais pas
de Philippe Lioret

Image

Il y a des films comme ça dont tout le monde parle avec tellement d'éloges que ça ne donne même plus envie de le voir... C'est le cas de Je vais bien, ne t'en fais pas que je découvre 3 ans après sa sortie, le temps que plus personne n'en parle, le temps d'oublier les superlatifs souvent utilisés à tort et à travers... De plus le cinéma français, en particulier les drames, est souvent très prétentieux et ennuyeux donc il y avait de très bonnes raisons de passer à côté. Et bien loin du tumulte des Césars, de la consécration de Mélanie Laurent, des compliments adressés à Kad Merad (pourquoi dans ce pays faut-il toujours attendre qu'un comédien joue un rôle sérieux pour réaliser que c'est un bon acteur?) il se trouve que ce film est une petite merveille. Un drame familial poignant qui brasse une multitude de thèmes universels, un de ces rares films qui touchent vraiment au coeur, qui rappellera des souvenirs à n'importe quel spectateur ayant passé l'adolescence, capable d'émouvoir aux larmes par certains aspects... mais avant tout, un film profondément humain.

Le thème principal, dévoilé dès les premières minutes du film, est l'amour fraternel. Comment réagir quand son frère a disparu? Ce sentiment se voit ici exacerbé par le fait qu'il s'agisse de jumeaux, dont les liens sont encore plus forts. On vit cette séparation beaucoup trop brusque avec Lili qui revient d'Espagne, le trauma est tellement grand que c'est une partie de sa vie qui a disparu, à tel point qu'elle se laisserait presque mourir, lâchant prise devant l'absence de son frère et le secret que ses parents refusent de dévoiler, sans doute pour la protéger mais on ne le sait pas. La première partie du film est carrément dépressive, abordant d'une façon très intelligente le problème de l'anorexie chez les jeunes ados, avec beaucoup de sensibilité. Les parents qui ne comprennent pas, les médecins qui oublient l'aspect humain des choses, les amis qui ne savent pas comment la soutenir... Tout cela est traité de façon très réaliste.

Mais c'est l'arrivée surprenante d'une lettre qui sortira Lili de la dépression. Son sourire revient enfin est le film prend dès lors l'allure d'une aventure, une recherche incessante de celui qu'elle aime, à qui elle est liée par ce qu'il y a de plus fort, les liens du sang. Et cette quête durera jusqu'à un final bouleversant, même si on le devine presque dès le début... On a beau crier que les secrets sont le meilleur moyen de détruire une famille, ce sont parfois eux qui la sauve.
Dans ce rôle Mélanie Laurent est impériale, tellement belle et fragile, sombrant complètement, retrouvant l'espoir qui se lit dans ses yeux... quelle prestation magnifique!

Mais c'est loin d'être la seule! Philippe Lioret est un grand directeur d'acteurs c'est une évidence. On croit à cette famille, on croit à ces amitiés, et même à l'histoire d'amour obligatoire mais qui là est amenée d'une façon belle et sincère. L'empathie est immédiate envers chaque personnage tellement les rôles sont bien écrits. Et il est vrai que Kad Merad impressionne, son personnage de père fermé, autoritaire, presque tyrannique, se dévoilant au fil du film de façon inattendue. Et lui qui nous apparaissait comme une ordure devient finalement le plus tragique pour sa façon d'éprouver autant de regrets sur sa vie, son réel désir de repartir en avant, et surtout son amour sans limite pour sa fille. Un amour qu'il ne lui montre pas, mais qui lorsqu'il est enfin dévoilé ne peut que bouleverser.

Dans sa mise en scène, intelligemment, Philippe Lioret reste très sobre. Il n'a pas besoin d'en faire des tonnes tant son scénario et ses acteurs sont parfaits... beaucoup de plans fixes, quelques beaux mouvements à la stead pour souligner l'errance ou l'abandon de certains personnages, une photo réaliste... c'est juste pile poil ce qu'il fallait faire.
La musique de Nicola Piovani et les textes d'Aaron viennent souligner le drame de bien belle manière, avec bien sur la chanson Lili en titre phare. Comment ne pas sombrer quand Kad l'écoute dans sa voiture en voyant s'éloigner sa fille... C'est toujours juste, ça ne tombe jamais dans la facilité du mélo tire-larmes et ça fonctionne, c'est bouleversant!

Une famille qui vit le pire drame possible et qui cherche à s'en relever, c'est là le coeur de ce fabuleux film. On est souvent triste, parfois étonné, parfois énervé lorsque certaines décisions du père nous paraissent absurdes et cruelles mais finalement, quand arrive le dénouement on comprend. En même temps que Thomas (Julien Boisselier très émouvant) on réalise que certains choix peuvent paraître fous, stupides, inconcevables au sein d'une famille, mais nous apparaissent comme nécessaires, et même vitaux.
On ne peut pas vraiment parler de happy end car le pseudo bonheur final est tout de même plombé d'une mélancolie qui semble-t'il ne les quittera jamais... C'est vraiment un beau film qui aura réussi à capter des émotions bien réelles avec un regard très humain sur ses personnages, une franche réussite belle à en pleurer!


9/10
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Re: [Niko06] Mes critiques en 2009

Messagepar Scalp » Mar 18 Aoû 2009, 11:19

Je l'ai en stock, moi j'espere que c'est mieux que la bd qui est bien nase dans le genre.
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Re: [Niko06] Mes critiques en 2009

Messagepar Riton » Mar 18 Aoû 2009, 11:26

Niko06 a écrit:
Je vais bien, ne t'en fais pas
de Philippe Lioret
9/10


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Re: [Niko06] Mes critiques en 2009

Messagepar nicofromtheblock » Mar 18 Aoû 2009, 11:28

Je vais bien, ne t'en fais pas je l'avais trouvé sympa sans plus quand je l'avais découvert au cinéma.
Mais plus j'y repense et plus je me dis que j'avais dû passer à côté du film ...
Il faudrait que je le revois.
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