HELLBOY 2: LES LÉGIONS D'OR MAUDITES
Bénéficiant d'un budget plus conséquent, Guillermo Del Toro s'amuse clairement avec Hellboy :
Enrichissant l'univers de nouvelles créatures, c'est un véritable trombinoscope de gueules étranges et de corps improbables qui nous scotchent comme l'avait fait l'ancienne trilogie de Star Wars.
Del prouve son amour pour des animateurs comme Ray Harryshausen en nous offrent de très nombreux monstres sans CGI (seuls quelques-uns sont en cgi et certains personnages sont quelques fois en cgi mais la transition cgi/costume ou animatronique n'est jamais flagrante ou choquante). Plus complet, plus riche et plus jouissif que le 1er sur ce plan, Hellboy 2 perd toute fois en noirceur.
Disons que le scénario n'est pas de Mignola mais de Del Toro et que certains pensent que celui-ci à été écrit dans le but de monter/tester son avoir faire pour l'adaptation de Bilbo the Hobbit (hélas pour nous Del Toro a finalement abandonné le projet).
Cela dit, c'est aussi une façon d'enrichir et de composer une fresque légendaire inspirée largement par Tolkien et les mythes celtiques. Ça permet d'encrer le récit dans un univers plus féerique et donc plus léché, plus joli à regarder. Et puis ça reste (je pense) cohérent avec l'œuvre de Mignola qui mélange pleins de mythes, légendes, occultes et religions. La scène d'intro est bien calée dans cet esprit épique façon Seigneur des Anneaux et grande bataille mais Del Toro, afin de préserver le visuel des protagonistes elfiques va construire une scène entièrement en CGI et avec un design original bien cohérent avec l'histoire "contée" par le père joué par John Hurt. Un conte, une fable et Del Toro la rend vivante grâce à une visuel enfantin et simpliste, mettant de côté tout l'attirail pour ne pas en mettre plein la vue dès le début,car il ne resterait plus rien à découvrir par la suite. Le film connait donc 4 grandes scènes où ça envoie du lourd, et le budget est bien à l'écran. Ça n'a rien à envier -niveau CGI et action- aux blockbuster de 150 millions voir plus.
Personnellement l'histoire me touche : le Prince Nuada est loin d'être un pur badguy et pour moi c'est même un bon. Torturé, déshonoré et totalement envahit par la désir de se venger des hommes, il fait partit d'un peuple autrefois magnifique, respecté et d'une grandeur infini. Aujourd'hui, les Elfes et autres créatures vivent sous terre, dans le métro ou dans des structures abandonnées et rouillées, tel des bannis.
Il ya un bon background et Hellboy prend de l'ampleur : dans le second film il se cherche encore , hésitant à défendre les hommes ou les siens. Mais les hommes sont ceux qui l'ont élevés. Les autres, le peuple des mythes sont ses racines, ses origines. Il en fait partie intégrante. Nuada comprend ça et tente de raisonner Hellboy sans pour autant passer pour la langue de vipère essayant de s'attirer à lui le démon rouge. Il y a des nuances et Hellboy tente de définir sa place. Les humains le rejettent. Les créature veulent la guerre. Lui aime une femme et ses amis, ceux pour qui ils travaillent, le souvenir de son père etc..out cela est ici, dans notre univers.
Alors Del Toro ne passe pas 15 ans sur ce genre de choses mais il n'oublie jamais es personnages et leurs émotions/sentiments comme avec cette scène qui aide Abe à devenir de plus en plus attachant (le film lui réserve quelques bons moments et une meilleur place que dans le 1er) :
Autre délire -aux multiples références- : le "marché troll " un décor excellent avec pleins de créatures, quasiment toutes des mecs sous des costumes ce qui offre encore une fois une grande crédibilité et une authenticité exceptionnelle comparée à Jar Jar Bink de Lucas ou encore la marionnette pitoyable de Yoda dan le même épisode. :
Toute cette séquence enrichit un film déjà très dense niveau bestiaire :
...
La grosse scène du film prouve que Del Toro a eu les moyens et s'est littéralement amusé avec un dieu sylvestre, un "élémental" auquel il offre une mort tout simplement splendide et poétique en nous prenant par les sentiments. On ressent plus d'empathie et de pitié qu'autre chose pour ce Dieu. Del Toro écrit donc un script non-manichéen, tout en nuance avec un prince Elfe qui ne cherche qu'à se venger et à redonner un souffle de vie à son peuple et un Hellboy rejeté par les hommes et qui va hésiter quelques secondes avant d'achever le dieu sylvestre.
Plus chaud visuellement, le film marque une nouvelle étape pour Hellboy et Del toro prouve un savoir faire à l'ancienne couplé à un cinéaste sensible aux relations entre les personnages (plus qu'à l'intrigue pas très originale et plus grand public que pour le premier opus).
Un des meilleurs passages du film est l'entée en scène de L'Ange de la Mort, annonçant à Liz qu'Hellboy déclenchera la fin du monde. Un personnage ressemblant à l'un de ceux du Labyrinthe de Pan , très réussit cependant et offrant une touche grave et sombre au récit.
La suite devrait être largement au-dessus des 2 précédents films. On espère un film plus noir, solennel et plus profond pour finir en beauté.
8/10