LEONVoilà bien un film qui me correspond et qu'il faut voir pour comprendre une partie de ma personnalité et c'est peut-être pour ça que j'aurais du mal à être objectif sur ce Besson parce que niveau réalisation il n'y a rien d'innovant ou d'extraordinaire mais les thèmes et le scénario ne l'obligeait pas de toute façon. Film intimiste plutôt que film d'action (on a trois scènes et demies de guns fight , réalistes, loin d'être abusés à la John Woo mais bon la comparaison n'a carrément pas lieue d'être). Ici c'est fin, posé, tout en lumière et/ou en ténèbres (Besson maitrise quand même ce genre de choses : les passes-passes de jour/intérieurs sombres cf: voir la séquence de Léon qui tue les Chinois et le bras droit de Gary Oldman où Jean Reno passe très vite entre deux endroits peu éclairés. Putain quel style. Ou encore le plan où, derrière "Fateman" qu'il braque avec un couteau en sortant juste sa main et sa tête de l'ombre derrière lui et qui repart, pas d'un coup non, mais d'abord son visage, ensuite lentement sa main qui tient le couteau... 8O ). La photographie est vraiment top : les intérieurs chauds et lumineux, la ville de New-YOrk... C'est un bon film intime porté par une histoire d'amour impossible mais hors du commun. Un tueur parfait, benêt, naïf, enfant, qui, après un terrible drame est parti de chez lui pour aller se planter à New-York et devenir tueur à gages. Plus précisément "Little Italy", où grandit en partie Scorsese et où beaucoup de ses film ont ce lieu en arrière plan. Une petite fille , issue d'une famille de cas sociaux ; paumée mais tellement mature et intelligente. D'un côté Léon, LE tueur qui ne dort que d'un œil, passe son temps chez lui à s'entrainer et boire du lait : un manque d'amour certain, un manque de maturité touchant (normal: privé de sa famille et sa défunte petit amie il a dès 19 ans rejoins Little Italy pour suivre son dur entrainement de tueur à gages pour un mafioso italien qui l'a, on le comprend, privé d'attaches et privé de vivre une vie normale pour en faire une machine à tuer implacable) et de l'autre donc cette Portman attachante, et pleine de joie de vivre malgré tous ses soucis (père dans la drogue et en relation frauduleuse avec des flics ripoux, mère prostituée, grande sœur obsédée par son cul et son poids) grâce à son petit frère qui comem elle dit en pleurant "Ne fais jamais rien de mal et me fais des câlins tout le temps". Finalement elle aussi était en manque d'amour de la part de ses "parents" et une fois son petit frère mort, tué accidentellement par un flic ripoux, de qui d'autre pouvait-elle tomber amoureuse innocemment? De Léon. Le solitaire reclus. Forcément impressionnant et curieux pour un enfant que ce genre de personne qui laisse facilement penser qu'ils ne sont atteints par rien. Invincibles et à part alors que souvent, le solitaire ne l'est pas vraiment par choix. C'est souvent une excuse pour ne pas affronter la vie réelle. Le monde. La foule, et donc, au final, avoir des sentiments un jour ou l'autre suite à une rencontre. Qu'elle soit amoureuse ou amicale. Ça affaiblit.
Et pour Léon qui a subit une fois un tragique final amoureux, l'idée de replonger dans une exaltation affective est or de propos vu son métier et son passé. Il a tout reporté sur une plante qu'il chérit et décrit comme "une amie qui ne pose pas de questions et n'ennuie pas". Jusqu'au jour où la rencontre a lieue. Jusqu'au jour où il décide d'ouvrir sa porte à Mathilda et de ce fait, prouver indirectement qu'il est attaché à elle, qu'il veillera sur elle jusqu'au final. Dans cette version longue, que des scènes intimistes en plus qui ajoutent vraiment quelque chose :
- Mathilda qui joue à la roulette russe face à Léon qui sait que le flingue est chargé et qu'elle se tuera MAIS qui répond tout de même à la petite qu'elle ne compte pas pour lui. Le dilemme : Soit il la sauve et avoue directement qu'il l'aime soit il la laisse se tuer, et s'il a mentit, il vivra le reste de ses jours sans avoir déclarée cette amour et continuera donc sa vie minable. J'ai adoré cette séquence.
- La scène du restaurant : Mathilda qui fête son premier contrat , qui boit du champagne avec Léon (direct ça rend le perosnnage faillible et humain : lui qui ne buvait jamais et menait une vie très sévère se voit incapable de résister à faire un truc normal le temps d'un repas) mais ce qui suit est troublant : Portman s'avance vers Léon en exigeant un baiser de cinéma devant tout le monde. Léon refuse, troublé et très gêné. Scène utile qui pourrait passer pour tendancieuse aux USA (c'était pareil pour une scène coupée d'American History X...Parfois je me dis que la mentalité américaine est juste bizarre...) alors que moi j'y vois un amour perdu, immature, innocent, qui se cherche. Deux "enfants" liés par la vie, par les sentiments, par un passé dégueulasse et désillusionné si tôt pour les deux protagonistes. Tout ça les rend en réalité bien plus responsable qu'on ne le pense et ce sont ces évènements qui les ont rendus "étrangers" au monde, à une vie normale.
"La vie c'est comme ça tout le temps et juste quand on est gamin?"
"C'est tout le temps comme ça".
Un amour que va d'abord tenter de rejeter Léon en doutant et en voulant tuer Mathilda pendant son sommeil. Trop tard. Les sentiments sont déjà en marche et grandissent de jour en jour. Jusqu'à revenir d'un mission , blessé, parce que moins concentré, moins attentif, Mathilda envahit donc déjà ses pensées et son cœur.
Bref je m'étale et j'ai l'impression de parler dans le vent. J'ai adoré. Je surkiffe même si ya quelques clichés (le flic ripoux, le gentil tueur). Oldman joue vraiment bien (le coup de pilules je m'en remettrait jamais...).
Le score de Serra tue.
Et que dire du final ou Mathilda retourne finalement à l'école, et creuse un trou en face pour y mettre la plante de Léon "afin qu'elle prenne ses racines et vive vraiment" (parallèle direct avec Léon qui sauve Mathilda et lui dit "Tu m'as redonné gout à la vie, je veux dormir dans un lit et prendre racine"...
Fin : Travelling vers la haut d'un groupe d'arbres, puis d'une étendue d'eau et au loin New-York.... ou comment montrer que la ville de NY est envahie depuis le début par la violence, les mafias, les tueurs, la corruption , des bâtiments qui bouchent la vue sur tout ce qui pourrait relier l'homme à la terre et qui enferment des milliers d'entités qui se marchent les unes sur les autres. Mathilda qui répète souvent dans le film "Seule, je serais morte ce soir". Puissant, intime, touchant, attachant, ce film est pour moi le plus beau Besson et une critique sur les States assez discrète et cachée. Pour finir faut aussi se rendre compte que les scènes d'actions pètent vraiment bien ( le shotgun bout portant dans la baignoire ça me traumatisera toujours autant) et les quelques délires de Gary Oldman sont bien tripants (les gelules , ses colères, le coup du " Il a dit, restez pas dans le couloir" en tirant sur une porte vitrée derrière une vieille femme qui se plaint du boucan)
9/10.