Oh la belle arnaque! Déjà le titre est mensonger car il ne s'agit en aucun cas de la suite de Ong Bak premier du nom, les deux films n'ont rien à voir si ce n'est l'acteur principal. Ensuite l'affiche ciné française reprend en gros une image du premier film... Du coup quand on voit que le film se passe au XVème siècle on se dit qu'on s'est un peu fait avoir... les voix du marketing sont impénétrables, surtout chez Europacorp. D'ailleurs dans la société de production et de distribution de ce cher Luc besson, on nous prouve une nouvelle fois à quel point on aime le cinéma et à quel point on respecte les oeuvres dont on achète les droits pour les distribuer... en modifiant la bande son du film jusqu'à ce merveilleux morceau de rap français en guise de générique de fin... En fait c'est du gros foutage de gueule qui prouve bien une fois de plus que le gros barbu fait ce qu'il veut, quitte à détruire des films qu'il achète, car modifier la bande son d'un film c'est le tuer (mais on lui pardonnera, il avait déjà fait pareil sur le premier, qu'il avait également remonté, et seule une poignée d'irréductibles a gueulé...).
Mais intéressons nous plutôt à ce film étonnant... en essayant de faire abstraction d'un doublage français ridicule.... Ce qui frappe d'entrée c'est le changement de style plutôt radical. Là où Ong Bak nous sortait une histoire qui tenait sur un timbre poste et qui n'était qu'un prétexte pour enchaîner des combats et des cascades venus d'un autre monde, on a dans la suite un vrai scénario. Maladroit certes, mais tout de même il y a un effort. C'est une sorte de version barbare du livre de la jungle chez les brigands de Thaïlande! Et Tony Jaa c'est Mowgly, enfin Tien en fait. Ils auraient vraiment du choisir un autre titre car le film se rapproche plus de Bang Rajan que de Ong Bak!!
S'il y a bien un scénario ça reste simple, le gamin est recueilli, il est formé aux arts martiaux, il se venge. Le tout agrémenté de nombreux flash backs qui ne sont pas tous utiles, surtout que Tien ressemble plus à un animal qu'à un homme avec ce qu'il a subi... d'ailleurs ses lignes de dialogues se résument à des "grrr".
C'est au niveau de la mise en scène qu'il y a pour une fois une réelle recherche de nouveauté, surtout que le film bénéficie d'une photographie absolument magnifique. Tony Jaa a bien révisé ses classiques et on pense à Apocalypto ou 300 à de nombreuses reprises, empruntant à l'un cette énergie incroyable dans les mouvements de caméra et à l'autre l'utilisation des ralentis lors des impacts. Mais il cite aussi les plus grands succès HK de la belle époque (Duel to the Death entre autres...)
C'est d'autant plus impressionnant que c'est Tony Jaa lui-même qui est derrière la caméra (épaulé tout de même par Panna Rittrikai), aux commandes d'un des plus gros budget jamais alloué à un film thaï, alors que c'est son tout premier film!!! On comprends mieux le gros stress qu'il a subi sur le tournage et qui l'avait poussé à une sorte d'exil pendant quelques temps... Franchement s'il y a des lacunes il s'en sort vraiment pas mal et ça change des films thaïs habituels.
Film barbare par excellence, Ong Bak 2 transpire la crasse et la testostérone par tous les pores pour un résultat qui aurait pu être énorme s'il n'y avait pas les défauts mentionnés ci-dessus. Il ne faut donc pas s'attendre à des fights non stop car c'est vraiment pas ça, l'ambition de départ est toute autre, bien trop grande ça c'est sur!
Mais le métrage est parcouru de scènes d'anthologie. On pense au duel entre Tien enfant et un crocodile, superbe! Celle dans laquelle il saute d'un éléphant à l'autre. Ou encore cette longue scène où Tony Jaa devient pendant quelques minutes le fils spirituel de Jackie Chan et donne une vraie leçon de boxe ivre. Tout y est, les mouvements, la rapidité, ça fait très mal! Et puis il y a ses vingt dernières minutes qui viennent à elles-seules rattraper presque toutes les erreurs précédentes... Ce sont vingt minutes de combats non stop contre je ne sais combien d'adversaires! les chorégraphies sont monstrueuses, Tony Jaa retrouve toute son agilité et nous sort des mouvements de malade (ah ce saut contre l'éléphant... c'est à se décrocher la mâchoire). Franchement c'est du jamais vu... retrouver dans le même film autant de styles de combat c'est hallucinant. C'est un autre gros point d'originalité de ce film, il se détache carrément des autres films de baston thaïs en faisant la part belle aux armes blanches et aux autres arts que le muy thaï... on a donc du kung fu (différentes techniques), de l'aïkido... un beau melting pot qui brasse toute l'Asie, on y voit même des ninjas (et ça c'est un gage de qualité!).
En fait Ong Bak 2 est un grand film malade qui souffre d'autant de qualités que de défauts, sans doute à cause d'une production complètement chaotique qui lui a fait beaucoup de mal. Mais il reste des scènes stupéfiantes qu'on n'oubliera pas! Et on attend la suite (annoncée par un cliffhanger étrange) avec beaucoup d'impatience car il y a des sacrées promesses là-dedans!