LES YEUX SANS VISAGE de Georges Franju (1960) : 10/10
Le chirurgien Genessier souhaite remodeler le visage de sa fille Christiane, rendue méconnaissable suite à un accident de voiture, mais pour cela il doit effectuer des greffes de peau qu'il aura prélevée sur des jeunes filles.
Franju n'a pas son pareil pour instaurer une atmosphère particulière dans ses longs-métrages. Celle-ci étant ici assez particulière car malgré cette histoire assez éprouvante,
LES YEUX SANS VISAGE reste avant tout un film gorgé d'une poésie surréaliste au-delà de l'horreur de certaines situations. La superbe photographie noir/blanc compose des images d'une telle force que l'on est subjugué devant ce pouvoir quasi-hypnotique du visuel transfigurant son sujet digne d'un film d'épouvante. C'est un réel bonheur de voir le réalisateur prendre le temps pour simplement faire déambuler ses personnages, qu'ils soient au voulant d'une voiture ou explorant les corridors sombres des bas-fonds d'une vieille demeure presque perdue dans la campagne... Edith Scob prête sa frêle silhouette au personne de Christiane, jeune fille au visage horriblement défigurée, cachant les horribles stigmates de son accident derrière un masque blanc, inexpressive tel un mannequin de cire. Chacune de ses apparitions donnent l'impression de basculer dans un onirisme immédiatement envoûtant, au lyrisme époustouflant. On suffoque presque devant tant de beauté... Une beauté formelle qui n'est dégage pas moins une profonde tristesse pour culminer dans l'horreur graphique, quasiment gore et souvent très audacieuse. Et c'est sur un rythme lancinant que
LES YEUX SANS VISAGE nous entraîne vers sa conclusion, très violente mais toujours aussi belle, pour suivre Christiane habillée de sa robe de chambre et sa colombe blanche à la main avançant tranquillement dans les ténèbres de la forêt avoisinante... Peux-t'on faire plus sublime? Chef-d'oeuvre!