Police Python 357 Alain Corneau - 1977
Spoiler
Derrière Melville, ça se bat pour savoir qui est le meilleur réal de polar français, Corneau figure assurément dans le top, sa filmo parle pour lui entre La Menace, Le Cousin, Le Choix des Armes, on est dans le haut du panier, dommage que sa fin de carrière soit aussi anecdotique, pour pas dire mauvaise (son remake du Melville c'est vraiment pas glorieux).
Sur un pitch original, Corneau livre un film ludique, le début on comprend pas trop où ça veut en venir, surtout que ça prend son temps, 40 minutes avant le fameux meurtre. On peut se dire c'est long pour pas grand chose et puis on comprend qu'on est tout simplement devant un script intelligent où chaque détail aura son importance.
Dommage que la fin cède à la facilité avec ce final tout droit sorti d'un Dirty Harry avec Montand qui fait des roulades et bute tout le monde ( d'ailleurs y bute le dernier dans le dos alors que celui ci s'enfuit, ça colle pas le contenu réaliste du film ), je trouve ça un peu too much sur la forme, après le fond je comprend mais Montant en justicier je m'y fait pas. Par contre Montand prit dans un enchaînement d'événements et qui fait tout pour s'en sortir, plus l'enquête avance plus l'étau se resserre autour de Montand, enquêter sur un meurtre où tout vous accuse ça reste une super idée et quand elle est bien exploitée comme ici ça donne un chouette script. Par contre la romance on y croit moyen, y a pas d'alchimie entre les 2 et la différence d'âge est ici quasi rédhibitoire.
Le choix de la ville est atypique aussi c'est pas tout les jours où on voit un polar se passant à Orléans mais là aussi c'est pour mieux développer le scénario qui s'avère être sans faille et ne cède à aucune facilité ( enfin sauf la toute fin), et Orleans s'avère être un ville très austère qui colle parfaitement à l'ambiance voulue, on voit pas le soleil de tout le film, c'est pas la joie. Après la longue intro le rythme s'accélère et tout devient plus trépidant, on est ainsi pris dans le film jusqu'à la fin.
La réalisation de Corneau est très froide et colle parfaitement à l'ambiance voulue et on y retrouve un petit coté Melville ( on pourrait aussi dire la lenteur du récit mais c'est pas tout à fait la même lenteur chez Melville c'est nettement plus épuré, par contre la scène d'entrainement ou il s'entraîne a dégainer c'est marrant y a un peu la même dans un flic avec Delon ) pour la mise en avant d'objet ici le colt de Montand ( le fameux 357 ) dont on a le droit a plein de plan presque iconique, par contre faut avouer que les scènes d'action ont pris un petit coup de vieux surtout celle où Montand se fait tabasser par le proxénète mais bon c'est pas gênant, quoique le gunfight final est plutôt bien troussé et presque violent avec le gars qui se fait écrabouiller par le camion.
Montand est plutôt bon mais y a certaines répliques qui m'ont un peu fait tiquer et font trop texte récitées (ça me le fait souvent avec lui, je lui ai toujours trouvé un manque de spontanéité par moment) mais bon pour le reste c'est excellent il maitrise très bien son rôle de flic un peu solitaire qui fabrique lui même ses balles, Simone Signoret est comme toujours impériale ici en matriarche, la belle Stefania Sandrelli s'en sort très bien elle aussi en femme fatale, Périer est très bon aussi dans son rôle commissaire tout aussi machiavélique que sa femme ( même si c'est elle qui porte le pantalon ) et j'ai bien aimé Mathieu Carrière le jeune collègue de Montand qui comprend de moins en moins le comportement de son chef.
Plus de 40 ans après sa sortie, ça reste toujours un des meilleurs polars Fr.
8/10