Estampillé "film mineur" du réalisateur coréen à sa sortie, ce Samaria a pourtant tout de l'oeuvre puissante. Derrière une façade froide, crue et réaliste, KKD peint un drame bouleversant, dérangeant, choquant, qui brise un nombre impressionnant de tabous, un film qui peut bien entendu ne pas plaire par son aspect austère et peu accessible, il peut révolter à cause d'une morale qui pourrait paraître douteuse si on n'y réfléchit pas... en fait c'est un film qui n'étonne finalement pas tant que ça si on connaît un petit peu le travail du réalisateur qui aime provoquer son public avec une image de la femme qui peut être discutable.
Mais c'est aussi une oeuvre charnière dans la carrière de ce stakhanoviste du cinéma (15 films an 12 ans), devenu en quelques films le chouchou de la critique occidentale et aujourd'hui oublié des festivals suite à l'accueil catastrophique de l'Arc...
Il abandonne ici la poésie présente dans son précédent printemps, été, automne, hiver... et printemps (magnifique poème filmé sur le cycle de la vie), esquisse de vraies histoires d'amour comme on en verra dans Locataires et nous balance un propos absolument glauque et malsain comme il l'a déjà fait dans Bad Guy (ou même l'île). Sauf que chez KKD, sujet glauque ne rime pas avec film racoleur. De façon très intelligente, le propos vraiment limite (au centre on parle quand même de prostitution étudiante!) se transforme en un drame humain prenant et qu'on trouve au final magnifique... cette façon de faire accepter par une sorte de poésie filmique un sujet grave fait de KKD, à mes yeux, l'un des plus grands réalisateurs coréens.
Là où le propos est subversif, c'est qu'habituellement ces filles sont montrées comme des victimes, sauf que KKD ose dire que quelque part ce n'est pas toujours le cas... ces deux jeunes filles jouent à la prostituée et au proxénète simplement pour se payer des vacances en Europe...
Mais la prostitution des jeunes n'est pas le seul sujet tabou ou grave du film. On y parle de suicide, d'amour entre deux filles, d'amour paternel, de morale, de vengeance, de deuil... des choses fortes qui s'entrecroisent dans cette narration à la fois étonnante et d'une intelligence exemplaire, en trois actes qui vont placer au centre de chaque acte, un personnage...
Il y a d'abord Jae-young, personnage complètement marginal, cette jeune fille qui se prostitue, tombe amoureuse de ses clients et ne perd jamais son sourire. Il y a ensuite Yeo-jin, son amie, qui va suite au drame déclencheur se glisser dans la peau de Jae-young pour à son tour se marginaliser et d'une certaine façon faire son deuil et essayer de se défaire de sa culpabilité. Il y a enfin le père de Yeo-jin, flic veuf, et qui va malgré lui être entraîné dans une immoralité qu'il essayait de combattre depuis toujours... 3 actes qui représentent le drame, la vengeance et la rédemption. 3 parties bien distinctes et pourtant indissociables avec toujours le sourire mortel de cette jeune samaritaine...
Métaphore sur la perte d'innocence et le passage à l'âge adulte, réflexion sur la culpabilité et la responsabilité adulte, Samaria ne ménage pas le spectateur avec son lot de scènes dures, certaines d'une violence inouïe malgré l'utilisation bienvenue du hors champ (procédé qui a parfois encore plus d'impact qu'une scène violente en plein cadre). C'est aussi un film qui parle de la recherche d'une certaine foi, sur le pardon...
Le final très étonnant et qui risque de laisser des spectateurs pantois est à l'image de tout le métrage, terrible. Avec une utilisation presque "Kitanienne" du plan fixe et l'utilisation parcimonieuse de la caméra à l'épaule, Samaria est un exemple de mise en scène, et de montage. Porté par une musique presque heureuse et nostalgique, ce n'est définitivement pas un film mineur, c'est un mélange de genres antinomiques réalisé avec maestria, grave mais tellement beau...
Mais c'est aussi une oeuvre charnière dans la carrière de ce stakhanoviste du cinéma (15 films an 12 ans), devenu en quelques films le chouchou de la critique occidentale et aujourd'hui oublié des festivals suite à l'accueil catastrophique de l'Arc...
Il abandonne ici la poésie présente dans son précédent printemps, été, automne, hiver... et printemps (magnifique poème filmé sur le cycle de la vie), esquisse de vraies histoires d'amour comme on en verra dans Locataires et nous balance un propos absolument glauque et malsain comme il l'a déjà fait dans Bad Guy (ou même l'île). Sauf que chez KKD, sujet glauque ne rime pas avec film racoleur. De façon très intelligente, le propos vraiment limite (au centre on parle quand même de prostitution étudiante!) se transforme en un drame humain prenant et qu'on trouve au final magnifique... cette façon de faire accepter par une sorte de poésie filmique un sujet grave fait de KKD, à mes yeux, l'un des plus grands réalisateurs coréens.
Là où le propos est subversif, c'est qu'habituellement ces filles sont montrées comme des victimes, sauf que KKD ose dire que quelque part ce n'est pas toujours le cas... ces deux jeunes filles jouent à la prostituée et au proxénète simplement pour se payer des vacances en Europe...
Mais la prostitution des jeunes n'est pas le seul sujet tabou ou grave du film. On y parle de suicide, d'amour entre deux filles, d'amour paternel, de morale, de vengeance, de deuil... des choses fortes qui s'entrecroisent dans cette narration à la fois étonnante et d'une intelligence exemplaire, en trois actes qui vont placer au centre de chaque acte, un personnage...
Il y a d'abord Jae-young, personnage complètement marginal, cette jeune fille qui se prostitue, tombe amoureuse de ses clients et ne perd jamais son sourire. Il y a ensuite Yeo-jin, son amie, qui va suite au drame déclencheur se glisser dans la peau de Jae-young pour à son tour se marginaliser et d'une certaine façon faire son deuil et essayer de se défaire de sa culpabilité. Il y a enfin le père de Yeo-jin, flic veuf, et qui va malgré lui être entraîné dans une immoralité qu'il essayait de combattre depuis toujours... 3 actes qui représentent le drame, la vengeance et la rédemption. 3 parties bien distinctes et pourtant indissociables avec toujours le sourire mortel de cette jeune samaritaine...
Métaphore sur la perte d'innocence et le passage à l'âge adulte, réflexion sur la culpabilité et la responsabilité adulte, Samaria ne ménage pas le spectateur avec son lot de scènes dures, certaines d'une violence inouïe malgré l'utilisation bienvenue du hors champ (procédé qui a parfois encore plus d'impact qu'une scène violente en plein cadre). C'est aussi un film qui parle de la recherche d'une certaine foi, sur le pardon...
Le final très étonnant et qui risque de laisser des spectateurs pantois est à l'image de tout le métrage, terrible. Avec une utilisation presque "Kitanienne" du plan fixe et l'utilisation parcimonieuse de la caméra à l'épaule, Samaria est un exemple de mise en scène, et de montage. Porté par une musique presque heureuse et nostalgique, ce n'est définitivement pas un film mineur, c'est un mélange de genres antinomiques réalisé avec maestria, grave mais tellement beau...
9/10