Longtemps resté inédit en France ce film étrange qui se trimballe une réputation d'OVNI cinématographique vient de sortir, c'est l'occasion de se plonger dans un esprit définitivement torturé. Possession est un film qui a vu le jour dans la douleur, il ne pouvait pas en résulter quelque chose de "normal"... Tout le monde en a entendu parler sans forcément l'avoir vu, grâce (ou à cause) d'une scène de transe d'Isabelle Adjani, mais honnêtement c'est une oeuvre qui va bien au-delà d'une simple scène culte, c'est un film extraordinaire, choquant, à la limite de l'incompréhensible mais qui possède cette aura si particulière des films qui vous hantent et vous obsèdent jusqu'à une esquisse d'explication aboutisse d'une longue réflexion. Et alors le film se révèle d'une profondeur inattendue, une oeuvre insondable sur la folie, sur l'amour, et sur la possession bien sur.
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L'accouchement du film s'est fait dans dans des conditions bien particulières et sonne comme un cri de revanche pour une raison toute simple, Zulawski était blacklisté en Pologne suite au tournage de Sur le globe d'argent et Isabelle Adjani s'était grillée auprès de la profession à cause de son caractère ingérable... La rencontre entre les deux est électrique! Possession n'est pas un film dans lequel on entre au générique d'ouverture et qu'on quitte tranquillement avec les crédits de fin. Si on doit rapprocher la sensation d'un cinéma plus connu du grand public, ça serait comme un film de David Lynch, quand arrive la dernière image le puzzle du film n'est pas encore remis en place, c'est un cinéma exigeant.
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Alors certes on peut très bien le prendre comme un simple drame mêlé à des scènes horrifiques et incompréhensibles mais ce serait passer à côté du propos et de cette chance en tant que spectateur de réfléchir aux images qu'on vient de nous montrer!
Pour ma part j'y vois l'histoire d'une femme qui après avoir sauvé son âme va sauver celle de son mari afin de recréer leur couple fantasmé. Elle cherche à les sauver d'un mariage qui prend l'eau mais aussi d'une Allemagne qui ressemble encore à une prison (le mur était encore présent). Il y a dans la naissance de cette créature comme une intervention divine qui vient apporter une touche spirituelle et religieuse au récit...
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Le personnage d'Isabelle Adjani est clairement possédé par une entité divine ou démoniaque, on ne sait pas vraiment, mais l'idée même de possession passe par tous les personnages, elle veut son fils, il la veut, Heinrich la veut aussi... tous ces êtres sont comme des coquilles vides, des choses que l'on peut donc posséder, contrairement à leur âme qui se retrouve finalement personnifiée. D'ailleurs cette idée d'absence de vie chez ces personnages est confirmée lors de scènes d'automutilation dans lesquelles on voit bien qu'ils ne ressentent aucune douleur... Mais on se demande si leur âme est sauvée pour autant car finalement ils semblent heureux mais tellement inhumains... C'est assez impressionnant à quel point le fantastique et l'horreur viennent peu à peu contaminer le film pour prendre complètement le dessus dans un final hallucinant (avec une scène vraiment choquante car plutôt taboue...)
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Ça pourrait paraître assez pompeux comme ça mais en fait, la maîtrise de Zulawski dont chaque plan est parfait et rempli de symbolique (quand ce n'est pas de la virtuosité gratuite mais qui s'en plaindra?). Il réussit à éviter que certaines scènes tombent dans le ringard et le ridicule, alors que le risque était grand, il impose une ambiance de malaise qui nous gagne de plus en plus et crée cette ambiance difficilement définissable, super glauque et qui atteint des sommets dans cet appartement où se cache Adjani...
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Et justement en parlant d'elle, c'est ici sans doute le rôle de sa vie. Elle est hallucinante! Dans n'importe quelle scène, rien qu'avec son regard, elle nous met dans une situation inconfortable, un regard de plus en plus fou, de plus en plus déconnecté de la réalité, mais un regard vraiment effrayant.... sans parler de ses cris!! Et bien sur il y a cette longue scène dans le métro où elle semble ailleurs, comme une poupée désarticulée manipulée par des ficelles invisibles, c'est une des scènes de pure folie les plus marquantes du cinéma! Et il ne faut pas passer sous silence l'excellente prestation de Sam Neill, encore très jeune espoir du cinéma (il a joué Damien dans la Malédiction III la même année puis a fait la carrière qu'on connaît) qui parfois réussit à tenir tête à cette furie d'Adjani mais se fait souvent submerger. Les second rôles, même s'ils sont de qualité, paraissent bien fades à côté de ce couple d'acteurs en transe...
Possession c'est un film qui dérange profondément et qui ne peut pas plaire à tout le monde, c'est encore une de ces expériences de cinéma qui marquent durablement et dont on ne sort jamais indemne, mais c'est vraiment bon!