Indigènes Rachid Bouchareb 2006
« Ce ne sont ni des indigènes ni des musulmans, ce sont des hommes tout simplement »
L’incorporation dans une machine de guerre s’exécute sans contraintes, presque naturellement pour ces inondés de soleil préservés temporairement d’une température en chute libre qu’un Nord lointain encore absent s’apprête à leur délivrer.
Seule la mère perçoit le danger de perdre un fils. Sur le front, le premier choc est brutal pour ces inexpérimentés décontenancés par le contact d’un feu nourri. Le gradé en rajoute dans la froideur d’un commandement observé de loin à la jumelle par un état major situé au delà des limites de tir.
La différence est perçue dans l’attribution des récompenses ou les quotas ne tiennent pas compte de l’action d’éclat du Berbère. Le froid Vosgien s’acharne sur ses déracinés tentant de comprendre une religion représentant un homme en croix.
Comme bien souvent la femme est le seul réconfort. Privée de discriminations elle console, câline cet Africain en uniforme de passage lui promettant de revenir malgré les contraintes relationnelles imposées par ses croyances.
La gratitude d’une délivrance est offerte par les applaudissements de quelques civils uniques pépites occultant l’ignorance d’une armée surgissant le combat terminé, à la limite du racisme ne pensant qu’a récupérer de la chair à canon représenté par un unique survivant libérateur, privé de chef, héroïque jusqu’au dernier affrontement voyant ses frères terrorisés tomber les uns après les autres.
« Indigènes » est avant la rude école de l’assimilation de perceptions inconnues par un continent satisfait de son immobilisme. Les mœurs Françaises sont ambiguës, sélectives elles déroutent un esprit tribal, ancestral, simple, chaleureux aimant un maître plus par bonté que par servitude, préférant conserver un état analphabète consolidant l’entretien d’un esprit naturel ne raisonnant que par la chaleur d’un accueil véridique et spontané.
Le système militaire procédurier par ses brimades mêlés de quelques apaisements libère une autonomie revancharde, bestiale, peureuse régie par un instinct de conservation désordonné dans un épilogue Septentrional glacial.
Le Berbère tombe aux grands froids dans un pays inconnu aimé sincèrement de la plus belle des manières, une naïveté que le métropolitain avide de définitions à dilué dans sa discrimination
8/10
Le zéro bipolaire. Le néant infini et son absolu infini. Une forme pleine dans une valeur nulle.