Dernier Tango à Paris de Bernardo Bertolucci (1972) : 7,5/10
Sous le pont du métro aérien, entre Passy et Grenelle, une jeune femme dépasse un homme mûr à l’allure fatiguée. Elle le retrouve un peu plus tard en visitant un appartement à louer. Ils y font l’amour, puis repartent. Elle – Jeanne, mais il ne veut pas savoir son nom – va chercher son ami cinéaste à la gare ; des caméras enregistrent leurs retrouvailles, car il a décidé de filmer son portrait. Lui – il est américain et s’appelle Paul – rejoint l’hôtel où sa femme vient de se suicider. Jeanne et Paul vont vivre, au hasard des retrouvailles, des journées d’amour sensuel et terrible.
Sortie en 1972, en pleine « révolution sexuelle », Le dernier tango à Paris (ou du moins « Dernier Tango à Paris » comme le souligne son réalisateur) provoque un véritable scandale. En Italie, le film sera interdit jusqu’en 1987, et Bernardo Bertolucci se verra retirer son droit de vote pendant 5 ans. Le scandale provoqué par le film continuera bien après sa sortie par les déclarations des deux acteurs principaux (Marlon Brando et Maria Schneider) se sentant humiliés par le film et ne le pardonnant pas au cinéaste.
En découvrant l’œuvre, on peut donc légitimement se demander si ce scandale est justifié.
Honnêtement, non. Le film n’est pas – où du moins n’est plus – choquant. La plupart des scènes jugées « sulfureuses » (comme la sodomie au beurre) risquent de décevoir les amateurs de grivoiseries. Alors, que reste-t-il ? L’histoire de deux êtres complètements paumés, dont l’un (Brando) ne se remet pas du récent suicide de sa femme et l’autre (Schneider) s’éloigne de plus en plus de son fiancé. Ensemble, ils iront de plus en plus loin dans leurs expériences sexuelles, pour oublier leur mal-être. On comprend sans difficultés pourquoi le film fut si mal perçu en cette période de révolution sexuelle et de féminisme, que le film égratigne légèrement, puisque pour Bertolucci, le film « est à la mesure des tourments que provoque l'explosion du féminisme ».
Le film est porté par les excellentes interprétations de Marlon Brando (en pouvait-il être autrement ?) et de Maria Schneider.
Dépassant ses scandales d’origines, Bertolucci livre un constat amer et désespéré d’une société en pleine mutation.