Le corbeau Henri Georges Clouzot 1943
Y a-t-il une frontière entre le bien et le mal ? Dans une ampoule lancée manuellement se balançant de gauche à droite ou est l’ombre ou est la lumière ? Si une main tente de stopper ce mouvement semblant éternel, une douleur instantanée libère la main de l’ampoule en redonnant vigueur à ce Ying Yang sombre et lumineux.
Un climat particulier déclenche haines et dénonciations collectives, semant désordres et vengeances dans un contexte préalablement trop passif. Soudainement activé par un mécanisme invisible, un microcosme épargné implose de l’intérieur en déroulant inexorablement une implacable théorie des dominos
Considéré comme anti Français avec un résidu boulevardier le corbeau et avant tout un laboratoire expérimental contenant dans son noyau une machine nauséabonde suspicieuse et délatrice prête à l’emploi.
Le Polar sert une fois de plus de cache misère à un cinéma ayant momentanément perdu dans un contexte particulier une liberté d’expression. Le Corbeau tout en paraissant déconnecté d’un climat historique imposant œillères et silences saupoudrent quelques messages.
L’œuvre est initiatrice, un maître de jeu démontre par quelques missives bien pendues la fragilité psychologique de ses concitoyens.
Le cinéma Français en ces années d’occupation effectue par des scénaris répétitifs une lessive interne montrant des habitants désemparés, désunis, broyés par un logiciel démoniaque lancé sur un marché déserté rapidement par la résistance et la bravoure.
Le Corbeau n’échappe pas à la règle, une bourgade s’autodétruit en refusant la cohésion contre une pestilence initiatique. Le corbeau est l'ampoule délivrant la lumière ténébreuse d'âmes inconsistantes.
Tous ces esprits brusquement perturbés se déchirent au lieu de lutter solidairement contre un appareil destructeur. Il n’en faut pas plus pour établir un état des lieux lâche et dénué d'un esprit de groupe.
Le peuple France juge négativement certains de ses comportements en images ceci par l'intermédiaire de ses propres enfants, voila de la manne pour un occupant n’ayant pas d’appréciation à opérer sur les comportements en interne d’un pays conquis.
Le Corbeau possède un esprit auto immolateur offert à un maître éphémère. Un point de l’hexagone livre un huit clos sordide, une citoyenneté lâche, divisée au premier soubresaut.
Le professeur Vorzet explique admirablement l’impossibilité de fractionner ombres et lumières dans une figure décente préférant favoriser le symbole éternel de l’incertitude celui-ci devenant une procédure existentielle. Le docteur Remi Germain entamé se met à douter.
Le corbeau délivre sur une dernière bombe écrite inachevée, une alchimie associant le mot sentence dans un transfert épiloguant une remise à niveau en commun.
Une double main achève l’épidémie. Celle d'un vengeur et d'un repu.
« La punition est levée »
Le cours est terminé.
10/10