par Solodzo » Mar 24 Fév 2009, 00:23
Salo ou les 120 journées de sodome 10/10
La dernière œuvre de Pier Paolo Pasolini, sa plus connue mais surtout sa plus sulfureuse.
Transposition du récit du divin marquis durant la république fasciste de Salo, mieux qu’un film, plus qu’une œuvre, une véritable expérience cinématographique qui dépasse de loin tout ce qui a pu être fait jusqu’alors.
Chef d’œuvre ultime et ultime chef d’œuvre offerte à la face du monde qui se la prend en pleine gueule et en reste K.O. Salo c’est le genre de film qui nous prend, nous grandit, nous soulève pour nous reposer au générique de fin groggy par la force, la cruauté, l’impacte inévitable de ce film sur le spectateur.
Il y a clairement un avant et un après Salo. Rien n’est plus pareil, tout paraît plus fade, comme si on buvait un vin de table après un grand bordeaux. Salo représente la quintessence du cinéma, ce vers quoi il doit tendre, son but.
Pasolini a choisit de faire de son art, celui du cinéma, un guide et Salo en est la parfaite illustration. C’est le renouveau, ou plutôt la dernière œuvre du cinéma réaliste ; où le créateur mettait son individualité au service de la compréhension d’une œuvre plus grande que lui-même, soit la réalité comme transcendantale.
Car au fil des visions, le choque s’estompe et laisse apparaître un sous texte politique, une deuxième grille de lecture qui donne à Salo une profondeur et une dimension que très peu et peut être aucun film n’a réussit à atteindre. Œuvre progressiste, ce film est une critique cinglante de la bourgeoisie décadente symbolisée par les 4 notables, de l’individualisme et bien entendu du fascisme. Tout est symbolique, même les noms des notables, le Duc (noblesse), l’Evêque (Eglise), le Président (le pouvoir) et le juge (la justice) tous unis main dans la main pour former un gouvernement totalitaire.
Divisé en 3 parties, le film monte crescendo dans l’horreur et le macabre pour finir en apothéose dans le sadisme et le voyeurisme. Comment pouvait il en être autrement ?
Le style au cinéma est un mythe disait Pasolini, aussi ce film ne déroge pas à la règle, pas de fioritures, pas de tics cinématographiques, pas de plans séquence, de mouvements de caméra intempestifs, on est dans l’épure, dans l’efficacité.
Brut, intense et viscéral, Salo a marqué et marquera à jamais l’histoire de cinéma, il reste à ce jour inégalé et peut être légitimement considéré comme la plus grande œuvre cinématographique jamais produite.
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