FlyboysJe trouve que le cinéma a beaucoup parlé de la seconde guerre mondiale mais peu de La Grande Guerre des années 10. Flyboys tente de corriger une injustice en abordant le sujet passionnant des combattants aériens pionniers. Dès le début du film, le scénario parvient à nous captiver en nous positionnant dans le contexte. Là où beaucoup de film se seraient contentés de nous montrer les machines volantes dès le premier plan, comme si elles avaient toujours existé, Flyboys retarde cet effet pour nous rappeler qu’à l’époque, l’avion était une machine volante moderne qui faisait rêver, et qu’à peine inventée elle allait servir à la guerre, à la destruction et à la mort. Le film constate ici une ironie implacable de l’être humain : celui-ci rêve de voler et réalise ce rêve pour finalement mieux aller s’entre-tuer là-haut encore. Ou comment transformer un rêve en cauchemar.
Flyboys c’est également un film à personnages, une bande de jeunes volontaires qui veulent jouer les héros mais qui découvrent la cruauté de la guerre et le goût du sang et de la mort. Chaque personnage a une réalité à dire sur les conditions des hommes de l'époque (le riche fils à papa, le délinquant incapable de tirer, le noir fils d'esclave, le jeune écartelé entre son désir d'héroisme et sa peur incontrôlable de la guerre, etc). Seul le personnage joué par James Franco, héros dans la pure tradition du cinéma américain, semble être un héros né, et inspiré par un amour naissant avec une jeune française, ne se donne que plus de courage à combattre les Allemands dans le ciel. Un cœur se conquiert comme le ciel, en volant avec passion : Une très jolie mise en parallèle même si l’ingrédient romantique semble surfer évidemment sur la vague Titanic.
Les effets spéciaux dans les air sont pleins de bonne volonté mais trahissent parfois un manque de budget. Le rendu aurait pu être encore plus travaillé pour accentuer le réalisme de ces combats, mais le tout demeure d’une sincérité convainquante.
Le gros point fort du film c’est la présence de vrais acteurs français et de vrais dialogues français. Pour une fois, on s’éloigne des clichés du cinéma américain où la française est toujours une parfaite bilingue au bout de 2 phrases échangées, pour la compréhension du public américain. Ici au contraire on joue avec ce problème et sur ce point, le film ne peut se voir qu’en VO. Elle et l’aviateur peinent à communiquer pendant tout le film et cela confère à leurs scènes un caractère très touchant. Le français et l’anglais se répondent sans se comprendre, mais leurs cœurs se comprennent et prennent le relais. La suite de leur union parviendra, elle aussi, à éviter les clichés pour embrasser la réalité.
On échappe également à l'overdose de patriotisme (Dean Devlin à la production aurait pu laisser penser le contraire), car il est bien mis en avant que les combattants américains le font sans l'engagement de leur pays dans la guerre et portent les couleurs françaises sur leurs avions. Evidemment, le film oublie de montrer quelques combattants aériens français, mais s'attarde sur une bataille au sol avec des français bien courageux qui aident les pilotes en danger au péril de leur vie. La Grande Guerre est montrée comme une union des peuples contre la folie d'un seul, ce qui constitue un bel effort de la part d'un cinéma américain qui aime d'habitude montrer les français comme un peuple envahi impuissant et qui doit être sauvé. On ne ressent pas du tout ce sentiment à la vision de Flyboys. Les américains sont venus pour défendre des idéaux de liberté, peu importent les frontières du sol ou du ciel...
Enfin, je voulais signaler la présence de Trevor Rabin à la musique, qui signe ici sa plus belle partition, à la fois lyrique et héroïque. Elle porte vraiment le film et ses émotions haut dans le ciel. On le sent, lui aussi, en mode Titanic/James Horner, mais ça s’entend qu’il y met tout son cœur.
En fin de compte, Flyboys est un film très réussi et s’impose comme un témoignage sincère sur un épisode paradoxal de l’histoire de l’humanité, à la fois emprunt de guerre et de rêve.
Note : 8,5/10