Film noir à la française, Quel plaisir de découvrir ce film !!! Une lointaine époque ou on faisait des vrais polar qui alliait casting impeccable, scenario sans faille ( et ici particulièrement malin en plus ) et réalisation impeccable.
Ca débute doucement ( un long générique suivit d'un long dialogue pas réellement passionnant ) comme le samouraï avec une histoire qui se met en place tranquillement puis comme dans le samouraï un élément accélère tout ça et après c'est parti et la tension ne retombe pas jusqu'à la fin ( qui m'a bien bluffé, je m'y attendais pas du tout ), on est face à un grand scénario complexe et passionnant ( avec un vrai soucis du détail ), on navigue entre les 2 mondes ( flics et truands ) ce qui nous donne une vue d'ensemble de la situation sans ça l'éclaircisse pour autant, dans tout le film y a pas un seul moment de répit, chaque scène sert à faire avancer l'intrigue, les personnages ne parle jamais pour ne rien dire ( c'est un peu de l'anti Tarantino ) et c'est jamais larmoyant ( genre le dernier mot de Faugel ) et pendant le film on a pas l'impression d'assister à une tragédie mais quand le mot fin arrive on est bel et bien devant une vrai tragédie antique.
Une belle histoire d'amitié virile ( comme chez Woo quoi ) dans le Paris des truands où le code d'honneur a son importance et où la violence est sèche ( ça tabasse de la femme et ça abat sans sommation ), on y retrouve aussi bien entendu les thèmes cher a l'auteur : la solitude, la mort, l'échec, la loyauté, l'amitié ( tient comme chez Michael Mann ) et Melville c'est pas Refn, il arrive à caractérisé ses personnages avec 3 fois rien.
Melville assume ses référence américaines ( ici on a notamment Asphalt Jungle de clairement cité et l'ouverture travelling en plan séquence nous fait penser à Orson Welles), c'est d'ailleurs son film qui fait le plus film noir ricain.
La réalisation est sans fioriture ( sauf pour le coté fétichiste du chapeau ) et minutieuse, et Melville emballe quelques séquence mémorable : le plan séquence chez les flics est vraiment bluffant ( y dépasse les 5 minutes et c'est un vrai morceaux de bravoure, et étrangement il est rarement cité dans les meilleurs du genre alors que bon les mouvements de caméra sont minutieux, et le poker menteur de Silien est un vrai régal ), la scène ou Silien fait parler sa copine, et pis les 5 dernières minutes c'est magnifique avec la classe jusqu'au dernier plan.
L'utilisation du noir et blanc donne droit à quelques plan vraiment du plus belle effet ( le début c'est même intemporel, on pourrait tout aussi bien être en 1910 qu'en 1960 ) et Melville joue vraiment avec ( par moment on sait pas si c'est le jour ou la nuit ).
Le casting est donc nickel ( Melville en plus d'être très bon technicien et un très bon directeur d'acteur ), Belmondo assure vraiment pour moi c'est son meilleur rôle ( il jouera un peu le même personnage dans
Classe tous Risques ), il est parfait dans ce rôle de manipulateur qui arrive toujours a ses fins, j'aime bien comment on change de sentiment sur son personnage tout au long du film, Reggiani en malfrat un peu au bout du rouleau, dépassé par les évènements ( pourquoi faire un casse alors qu'il vient de toucher le gros lot ) et ivre de vengeance, ici il est comme d'hab donc il est très bon ( vraiment un des mes acteurs français préféré ) et en un plan très symbolique Melville nous fait comprendre où il en est :
, c'est vraiment du malfrat typiquement Melvillien, le commissaire joué par Jean Desailly est très bon lui aussi, Michel Piccoli a une seule scène mais il est vraiment remarquable, incroyable de justesse et il est déjà dans un registre vénéneux où qui sera une de ses spécialités, en bonus on a Philippe Nahon dans son premier rôle.
Un film réellement passionnant de bout en bout ou les dialogues font mouche et ou Melville film avec classe ( son gimmick du gangster qui rajuste son chapeau en se regardant dans le miroir, c'est juste la classe absolue, Woo reprend d'ailleurs ce plan dans les larmes d'un héros ).
Les Coen rendront un brillant hommage a ce film avec, leur Miller's Crossing qui a beaucoup de point commun.
La BO de Paul Mizraki est très agréable et les passages dans les clubs permettent à Melville de toujours mettre des petits passages jazzy très classe.
Même si je trouve qu'un
Armée des Ombres ou
Le Cercle Rouge sont des meilleurs films, j'ai vraiment une préférence pour ce Doulos, Melville c'est bien.
9/10