L'Etrange Histoire de Benjamin ButtonL'Etrange Histoire de Benjamin Button part d’un concept scenaristique des plus intéressants pour se livrer à une véritable fable sur la vie et le parcours que chacun trace pour parvenir finalement au même but.
On sent naturellement l’influence que Forrest Gump a eu sur ce récit et ce film, dans cette volonté de présenter un héros hors normes traversant toutes les grandes époques de l’Amérique du 20ème siècle (y compris la guerre), voyageant à travers le monde, mais revenant toujours vers une « maman » très sage et pleine de conseils judicieux, et croisant encore et toujours l’amour de sa vie, au fil des époques, répétant les étreintes et les séparations, jusqu’à leur réunion finale mais temporaire et la concrétisation de leur amour par la naissance d’un enfant. Ce n'est évidemment pas fait avec la même émotion et la même justesse dramatique, le personnage de Cate Blanchett n'était pas aussi touchant que Jenny, mais l'envie de coller à cet esprit est bel et bien présente.
D’ailleurs les références au cinéma de Zemeckis ne s’arrêtent pas là, comme avec cet interêt particulier pour la déformation du corps par le temps, thème zemeckisien par excellence (présent quasiment dans toute sa filmo). Fincher, comme Zemeckis, a bien compris d’ailleurs l’utilité de l’effet spécial de synthèse pour manipuler ce corps à volonté. Sur ce point, le travail sur le maquillage physique et virtuel, est vraiment remarquable. Une vraie prouesse visuelle !
J’ai aussi senti l’influence de Titanic, même si c’est moins évident, dans le récit de cette vieille dame au crépuscule de sa vie, qui doit confier le lourd secret de l’histoire d’amour de sa vie. Cette gigantesque horloge fonctionnant à l’envers, finalement innondée à la fin du film n’est d’ailleurs pas un symbole innocent et rappelle fortement celui que James Cameron avait su rendre si frappant dans son propre film.
Le fait qu'elle ne se soit pas arrêtée, comme à la fin de Titanic, signifie que le temps est infini comme les amours, et continue de passer, à l'endroit ou à l'envers, insensible aux drames, aux guerres, aux vies qui prennent fin et aux amours impossibles mais eux aussi éternels... A ce propos même, Fincher trouve une bien jolie et originale image avec cet oiseau, ne suspendant jamais son vol, même en pleine mer ou dans un violent orage, qui représente l'infinité du temps (et par là même de l'amour)...
Même si Fincher marche dans les pas d’illustres aînés, on sent ici qu’il signe son film le plus mature, le plus réfléchi et le plus passionnant à parcourir. Après s’être égaré dans un cinéma réac douteux aux propos discutablement engagés (Fight Club), il se range ici dans un cinéma plus profond et plus humain. Une belle évolution !
Note : 8/10