Le dernier métro de François Truffaut 1980
Privé de mouvement suite à ses origines, Lucas Steiner végète dans un sous sol de théâtre.
Au dessus de lui des corps et des voix s’agitent et répètent. Des passions virtuelles couchées sur papiers émeuvent peu à peu ces comédiens tyrannisés par des incessantes coupures de lumière.
Marion Steiner s’agite entre sous sol et surface. Epouse modèle elle se sent récupérée néanmoins par la fougue lumineuse de Bernard Granger coureur de jupons et redresseur de tort.
En ses années de guerre le pouvoir est détenu par la chaleur et la lumière. La chaleur se découvre dans les salles obscures ou les Parisiens se réfugient quelques heures avant de retrouver un logis glacial.
La lumière est imprévisible, elle s’arrête soudainement en pleine répétition occasionne des angoisses à cette troupe de théâtre devant conserver son sang froid devant la double adversité de l’ombre soudaine et de la plume terrible et hypocrite du critique d’art Daxiat collabo et antisémite envers la masse mais sympathisant au cas par cas
Les efforts de Raymond le régisseur homme à tout faire et de Germaine Fabre rétablissent un relationnel familial basé sur la sincérité des responsabilités.
Lucas en chef d’orchestre cloîtré bénéficie de sens plus développé, il perçoit la sensibilité et les limites des comédiens jouant au dessus de lui, il corrige, prend des notes que Marion de plus en plus attirée par Bernard néglige de consulter. Bon prince il encourage leur union.
« Le dernier métro » pouvoir alternatif de l’ombre et de la lumière rapproche une sensibilité mutuelle établie dans un premier temps par un texte de théâtre qui lentement déstabilise les fonctions premières de deux comédiens dont l’une se doit de respecter ses engagements de base.
La présence indisposante de l’occupant est à gérer dans un contexte sympathisant ou ces gens aux métiers artistiques ont la chance inouïe d’être sur les planches et non sur le front des combats.
La liberté de s’exprimer par le théâtre est une manière de survivre dans un Paris momentanément privé d’indépendance.
Certaines arrogances cachent une force, la passion de vivre intensément de peur que tout s’arrête subitement. C’est le message principal de ce film, une lumière vacillante qui ne doit s'éteindre sous aucun prétexte.
9/10
Le zéro bipolaire. Le néant infini et son absolu infini. Une forme pleine dans une valeur nulle.