The KillerIl y a une très petite liste de films qu'on peut revoir à l'infini sans jamais être lassé et même à chaque fois y voir un petit détail qu'on avait pas vu, et dans cette petite liste de film il y en a qui marque à vie, on se souvient encore quand on l'a vu à quel moment, avec qui, ce qu'on portait, bref des trucs qui font que ça va au delà du cinéma, des trucs qui font qu'on est marqué à vie, putain c'est beau ce que j'écris. Et The Killer dans cette liste il trône sur le podium, dès les premières notes de la BO, j'ai 13 ans et je me revois entrain de savourer chaque instant de ce métrage. The Killer c'est le genre de film qui donne un passeport à son réalisateur, le passeport qui fait que tu peux faire des merdes jusqu'à la fin de ta vie mais c'est pas grave parce que t'as fait The Killer (John Woo a d'ailleurs bien tapé dans ce passeport).
Sinon le film, bein c'est The Killer quoi, avant j'aimais bien dire que chaque fois je revois un John Woo mon préféré change, mais en fait non y a clairement The Killer et le reste parce que celui là il a plus de chose à coté qui font que je le regarderai toujours avec mon regard d'ado (qui a bien disparu quand même). The Killer c'est ce genre de film qui prend au tripes, alors quand on est un tocard on dit que ça a en fait trop et que c'est bourré de pathos, je répondrais juste aller vous branler devant du Nolan ou du Aranofsky et laisser le cinéma au personne de gout (c'est pas fini j'en ai encore pleins en stock des attaques gratos), car merde en plus d'être le plus grand film d'action all time c'est aussi avec une vraie histoire d'amour tragique.
Woo en bon cinéphile paye son tribut à Jean Pierre Melville, mais quand certains sont incapable de se démarquer quand il rende hommage (coucou Refn, les attaques gratos c'est pas finies), Woo le fait à sa manière, avec son style outrancier, un style qui aura bien entendu été depuis mainte et mainte fois copié depuis, c'est marrant de se dire que 25 ans après, sur ce "sujet" du hitman seulement 2 films peuvent se mesurer à The Killer (je les cite pas, quand on a bon gout, on sait).
Vision après vison ce film garde tout son charme et c'est peu de le dire, un film où Chow Yun Fat une fois de plus bouffe l'écran comme jamais, sa gestuelle est classe, son charisme illumine l'écran et éclipse le reste du casting a chaque apparition, Daniel Lee fait ce qu'il peut, il a pas le talent de Leslie Cheung ou Tony Leung mais ça reste un bon acteur ( et il le fait bien, il trouve vraiment ici un de ces tout meilleurs rôle, son coté rigide balai dans le cul fonctionne bien), son duo avec CYF fonctionne à fond (bon le sous texte gay je laisse ça à ceux qui aime bien chercher des trucs gays de partout, ça doit cacher quelque chose). Sally Yeh apporte son charme naturel et sa candeur a un environnement remplit de testostérone ( et elle chante divinement bien, le thème principal est magnifique ), SHING Fui-On dans ce qu'il sait faire le mieux : un bon gros rôle de bad guy ( chez Woo de toute façon y a toujours du bad guy de qualité : Waise Lee ou Anthony Wong c'est le top de l'enculé ), Paul Chu y trouve son rôle plus célèbre en la personne de Sidney, peut être le personnage le plus tragique du film.
Malgré un script tout simple (on va pas se mentir, c'est pas écrit par Sorkin, enfin le bon Sorkin pas celui qui écrit la dernière merde de Boyle, hop encore un truc gratuit). Woo transcende véritablement son histoire et livre un film passionnant de bout en bout, bon après si t'es pas passionné, t'as qu'a faire de la poterie car c'est pas la peine de venir nous péter les couilles en commentaire en disant que c'est bof, c'est bien la poterie c'est pour les fan de cette grosse daube de Ghost (là je sais même pas pourquoi je vanne ce film).
The Killer transcende donc son genre: il est un superbe film d'action mais aussi un mélodrame, une comédie, une réflexion sur la faute et la rédemption à l'intérieur du film noir, tout ça avec une vraie mélancolie, et ouais c'est tout ça à la fois, et si tu le vois pas, bein retourne voir Star Wars ce sera moins compliqué pour ton cerveau, et en plus tu pourras y revoir Carrie Fisher comme ça tout pourra encore parler des RIP complétement osef de 2016.
Quand je disais que Woo apporte sa touche au film de tueur c'est parce qu'on y retrouve tout ce qui fait le sel de sa filmo : amitié virile (tsais le truc que certains appel sous texte gay), rédemption, code du samourai, enfin des trucs bien. On y trouve bien entendu tout ses gimmick habituels (je cite pas, on les connait mais au cas où y a trucs religieux, des piafs, enfin voilà quoi).
Le film regorge de scènes magnifiques (mais des vraies hein, pas des trucs avec des CGI pétés ou des trucs avec des zombies dans un train, là j'avoue je sais même pas pourquoi j'écris ça) : celle ou Daniel Lee s'assoit à la même place que CYF et ou il revit la scène est prodigieuse (prodigieuse, oui c'est le mot que je choisi car ca pète des culs et je pourrais presque pleurer, enfin je pourrais presque pleurer devant tout le film), et bien entendu les gunfights sont dantesque ( moins impressionnant que ceux d'A Toute Epreuve mais plus immersif ou du moins on est plus impliqué émotionnellement ), le final fait pensé à du Peckinpah c'est violent et sans concession (le précurseur, bisou Alegas), le montage est parfait (gros gros travail une nouvelle fois de David Wu, qui est facile dans le top 5 des meilleurs monteurs de tout les temps) avec une alternance de ralenti ( et le ralenti il le maîtrise comme personne, le nombre de ralenti pété qu'on se tape depuis les films de John Woo c'est ouf ), d'accéléré, multiplications de plans (quand on a un champ avec un mec qui tire, le contre champ chez Woo sera pas forcément les mecs touchés), des véritables ballets aérien ou CYF a la classe sur chaque plan, et pis c'est fun de le voir butter des jogger en tout en blanc, en fait depuis tout à l'heure je dis qu'il y a pas de sous texte gay mais finalement on peut tomber amoureux de Chow Yun Fat en regardant ce film.
Il y a les bons films, les chefs d'oeuvre et il y a The Killer, en cette période où chaque semaine ça se paluche sur le dernier truc à voir qui est trop de la balle parce que 4 pékins l'ont décidé (coucou la dernière merde de Bayona), revoir un vrai grand putain de classique est primordial, histoire de voir si son échelle de valeur est pas pété. Et quand on nous bassine avec ohlala quel grand réalisateur c'est ce (alors là j'hésite sur le tocard que je vais citer, la liste est tellement grande) Roman Polanski (oui ça faisait longtemps que j'avais pas parlé du pédophile, du coup ça me manquait).
La perfection a un nom : The Killer et si t'es pas d'accord, comment dire, bein t'as tort.
Si un jour ce film est remaké, je pourrai devenir violent.