New-York 1997
Le cinéma a porté, dans les années 80, un regard très pessimiste sur le futur : Terminator, Blade Runner, Akira, Robocop, etc. Mais le film qui a lancé cette vague pessimiste de films post apocalyptiques sombres et cruels est sans doute New-York 1997.
John Carpenter y démontre tout son talent de conteur de cauchemar, sans jamais être d’une violence insoutenable. Il joue pour cela en grande partie sur l’atmosphère : une musique synthétique étrange et menaçante, un scénario co-écrit avec Nick Castle d’une efficacité redoutable (le concept du Manhattan, lieu de la liberté par excellence, devenu une prison est absolument génial d'ironie et exécuté avec une inventivité irréprochable) et la photographie de Dean Cundey qui confère définitivement une ambiance apocalyptique au New-York du futur par son bi-chromatisme lugubre, sa noirceur implacable mêlée à des couleurs flashy irréelles. Je me suis vraiment arrêté sur quelques plans d’extérieur du film, véritables peintures composées, tellement le travail sur la photo était criant de talent dans son désir de nous confronter à un avenir sinistre. Merci au DVD de nous faire oublier de vieilles diffusions crasseuses du film à la télévision...
La star du film, c’est évidemment Kurt Russel, qui campe un antihéros charismatique au passé trouble, avec une poigne de fer, l’opposé du héros de pacotille qu’il jouera quelques années plus tard dans le non moins réussi Jack Burton ! L’ancien comédien des films familiaux Disney effectue, en 1981, un tournant à 180 ° en entrant de plein fouet dans les terribles années 80. Une belle prise de risque qui s’est avérée payante. A la fin du film, l’antihéros ne rend pas service à sa patrie et sauve le monde à sa façon, en privant les politiques et les militaires de leurs accessoires de guerre. Il ne le fait évidemment que dans un esprit de contradiction du pouvoir, correspondant parfaitement à son personnage, mais réussit finalement et sans le savoir à rendre un peu d’espoir à un futur apparemment sans issue. Ce film annonce ici une tendance du cinéma de la décennie : faire naître un peu d’espoir du chaos.
Un film qui a déclenché une vague, dans lequel tous les éléments ont été réunis pour l’élever au statut de classique de la SF. Même si l’année 1997 est depuis passée et oubliée, New-York 1997 reste comme un témoignage de l’époque « No Future ». Et si nous avons finalement aujourd’hui un futur, c’est peut-être à des avertissements cinglants comme celui-ci que nous le devons…
Note : 9/10