La nuit du chasseur Charles Laughton 1956
Sur fond de crise des années 30 Harry Powell prêcheur déjanté au manichéisme tatoué vocifère des paroles apocalyptiques.
Cette entité apparaissant soudainement à la surface d'un cru social à la dérive s'acharne sur ces semblables en se servant comme support d'un écrit ancestral fondamental entretenu par des transes soudaines dévoilant des mains aux parcours thématiques.
Le noir et blanc sublime et surréaliste de Stanley Cortez épaulé magistralement par la musique envoutante de Walter Schuman décore le plus abouti des clairs obscurs.
Un environnement surréaliste méconnu découvert par deux enfants livrés à eux-mêmes.
La luminosité traversée semble irréelle calquée sur l'œuvre meurtrière qu'elle abrite
Confrontés à un double challenge crise/traque, John et Pearl deviennent opérationnels et indépendants dans la douleur en se fabriquant par la résistance une ossature physique et intellectuelle adaptée à cette poursuite tenace qu'il faut gérer parallèlement à un besoin de se nourrir afin de ne pas s'affaiblir.
John devient chef de famille sur un terrain baigné de lune qu'il faut maîtriser au mètre carrée. Epuisé par cette stratégie marathonienne il souffle un moment sublimement bercé par la mélodie angélique d'une Pearl apaisante.
Le procès des adultes est flagrant, une enfance abandonnée et crasseuse doit quémander son pain d'une ferme à l'autre avec bien souvent un « Go way » significatif.
C'est la que tout est insoutenable bien pire que ce tueur collé aux basques ne dormant jamais, l'abandon pur et simple d'un concept naguère protecteur lachant en pleine nature deux oisillons abandonnant sans préavis le monde de l'enfance.
La découverte miraculeuse de Rachel Cooper nouvelle mère épargnée par la noirceur des temps atténu un parcours menant de l’enfance au monde perverti et indifférent des adultes par cette phrase merveilleuse.
"Seigneur, sauve les petits enfants. Le vent souffle et la pluie est glacée. Cependant ils résistent, Ils résistent et supportent..."
Harry Powell devient quelconque vaincu par la malice d'un John invincible façonné sous une lune flamboyante, une eau scintillante et une faune animale indifférente au désespoir des hommes.
Première et unique œuvre de l’excellent comédien Charles Laughton la nuit du chasseur est une émeraude extra terrestre située sur les alpages d’une contemplation éternelle. Une adoration inconditionnelle sur un travail hors du commun que l’éternité ne pourra reproduire.
10/10
Le zéro bipolaire. Le néant infini et son absolu infini. Une forme pleine dans une valeur nulle.