Jeremiah Jonhson de Sydney Pollack 1972
« Ce que tu as appris en bas ne te servira à rien par ici ».
Les premiers pas de pèlerin en pleine nature malgré un choix délibéré sont laborieux, l'accueil est glacial, les premières pèches médiocres, le mépris du regard indien devant tant de maladresses est une condition impérative à s'améliorer afin d'être accepté.
Une offrande congelée tombée du ciel assure gibier et pitence, un grizzly est livré à domicile, des indiens font le signe de croix et parlent la langue de Molière devant un crucifix anachronique.
Un assistanat improvisée projette ce nouveau venu dans une vigueur protectrice, la veuve et l'orphelin sont un concept universel, pour en assurer la survie il faut être conditionné physiquement avoir la parole brève tout en veillant sur son cuir chevelu susceptible d'être scalpé à chaque instant.
Les rencontres fonctionnent par cycles. « Toujours en vie ? » sont les premiers mots d'une retrouvaille. Les propos délivrés à cheval face à l'horizon sont somptueusement improvisés par la transcendance.
C'est presque un miracle de survivre dans une telle fragilité extrême d'acquis menacés, les profanations de cimetières de corbeaux se paient cher et en temps réel, les loups affamés surgissent de nulle part et entaillent les chairs, pour s'en sortir il faut renvoyer la force à la force par un cri à l'image d'un fauve aux dents acérés.
« Jeremiah Johnson » est l'initiation d'un parcours de comportements dictés par des lois naturelles, il faut chasser, pactiser avec un maître expérimenté des lieux assurer sa pitence, se chauffer et surtout ne pas mourir.
La violence urbaine est échangée contre une violence naturelle instinctive régit par la faim, Pelerin envahit par la majesté des montagnes rocheuses ne peut hélas se contenter de cette seule image, il faut gérer la soudaineté des évènements en s'adaptant à une nature imprévisible.
En ces débuts d'années soixante dix le courant écolo donne un second souffle au mouvement hippy, communier avec la nature en acceptant sa puissance et sa dépendance est un courant attirant bypassant une vie terne programmée en usine ou en Z.U.P. Les extases et les devoirs font leurs bagages en s'exécutant sous les boisages et sur les cours d'eaux.
Rien n'est offert, tout se gagne, on obtient ce que l'on convoite par l'expérience acquise en solitaire et en mouvement constant, il est impossible de se poser sur une faune rythmée par une réaction intuitive liée aux saisons.
Pèlerin tout en restant homme devient un jaguar migrant à l'œil perçant.
10/10
Le zéro bipolaire. Le néant infini et son absolu infini. Une forme pleine dans une valeur nulle.