Cadet Rouselle de André Hunnebelle 1954Derrière cette petite merveille se cache deux hommes de biens, André Hunnebelle le réalisateur et Jean Halain Scénariste et dialoguiste nés tout deux coiffés par la paternité d'un cinéma de mouvement et de remarquables bons mots saupoudrant l’itinéraire joyeux, détaché de Cadet et de Jérôme s’adaptant à l’air du temps par la gaudriole, le baluchon au grand air, l’anéantissement des auberges et le don de triple vue dans un état second.
L’entretien de l’esprit chevaleresque accompagné d’une débrouillardise embusquée réglemente l’accès à des routes incertaines truffées d’un relationnel fécond entre illuminés tout uniformes et redingotes confondus.
« Quel est le nom de cette Bataille ? On vous le dira quand on l’aura gagnée ».
« Le peuple rêve d’avoir un chef pour avoir le plaisir de le renverser ».
« Depuis quand tire t’on sur les états majors ? ».
« La guerre est une chose trop importante pour être confiée à des civils ».
« Voici une époque ou la loi ne protège même plus celui qui l’a faite »
Toutes ces petites perles verbales assurent la liberté d’expressions d’agréables lunaires déconnéctés d’une époque ou tout est au mieux dans le pire des mondes. La noirceur révolutionnaire est gommée par de joyeux godelureaux de tout bord ferraillant sans haine péjorative dans les caves ou la taverne pour leurs honneurs ou l’affront fait à la belle.
Ce joli monde repeint par le burlesque une époque sanguinaire, on assomme plus que l’on tue. Ce joyeux parcours s’accompagne d’une ironie bienfaisante, de jeunes amoureux ne tiennent pas leurs promesses, les vestes se retournent allègrement, le général s’attribue une stratégie guerrière effectuée par le civil transcendé.
Qu’importent ces dysfonctionnements l’aventure est dans le pré, la roulotte, le champ de bataille ou la geôle ou l’on rebondit toujours. La bohémienne remplace la promise, le cœur est intemporel, il s’offre toujours à l’état neuf au hasard des rencontres.
Cadet est impulsif, sanguin, formaté pour le récit évolutif, il adapte son jarret au périmètre d’une action pleine de panache, de rebondissements et surtout de liberté.
Une indépendance pleine de vie mêlée d’imprévue rend supportable une époque ou les têtes ne tiennent plus sur les corps. Les évènements vus sous cet angle valent presque la peine d'être vécus
10/10
Le zéro bipolaire. Le néant infini et son absolu infini. Une forme pleine dans une valeur nulle.