[Jipi] Mes critiques en 2008

Modérateur: Dunandan

Sept jours en mai - 8/10

Messagepar Jipi » Ven 31 Oct 2008, 15:14

Sept jours en mai de John Frankenheimer 1964

Avant tout ce film fournit une distribution remarquable. Cinq ou six têtes de gondoles pas trop carnassières au niveau du cachet. Une des dernières combinaisons encore possible en ce début d’années soixante disposant sur la toile une imposante brochette de stars acceptant de partager les draps.

De manière à faire briller tout ce joli monde de nombreuses confrontations intimistes prennent le dessus sur une action bien souvent réduite au rang de potentiel.

L’intrigue est passionnante, en pleine guerre froide une base secrète militaire complote sous terre en vue de renverser un pouvoir en place un peu trop statique devant un fragile pacte de non agression commun.

Le communisme sert de prétexte à des militaires revenchards décidés à s’imposer par la force devant une Amérique de slogans divisée par une peur mal qualibrée envers une éventuelle menace Soviétique.

Tout en étant daté sept jours en mai restaure de façon très crédible un climat bureaucratique capitonné oppressant inconnu des masses. Ce qui s’échange à l’intérieur de ses pièces ultra closes malgré le coté fiction est royal pour les voyeurs que nous sommes enfin admis dans le secret des Dieux.

Certes les propos abondent mais ils ne sont jamais ennuyeux. Voir nos dirigeants mener en doublon la sauvegarde de la planète et leurs intérêts personnels en dit long sur les vertiges d’un pouvoir que l’on convoite ou maintient dans des joutes verbales princières assurant de beaux morceaux de bravoures à des individus passionnés par le parfum grisant des hauteurs.

Un bon film.

8/10

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Frances - 8/10

Messagepar Jipi » Ven 31 Oct 2008, 16:51

Frances de Graeme Clifford 1982

« Il faut interpréter les choses que les autres ne voient pas dans la réalité, c'est le seul moyen de leur donner la vie »

Dans un monde ou beaucoup crèvent de faim, il est honnête de se servir de ses ressources afin de s'en sortir. Frances jeune provocatrice de seize ans niant l'existence de Dieu s'en va délibérément à contre courant vers une lumière consumante.

Les procédures d'un métier sans cœur vont broyer peu à peu cette ressource luttant dans un premier temps toutes griffes dehors contre un système de rouleau compresseur n'ayant que peu d'égards envers les rêves de jeunes adolescentes.

Les années folles le sont aussi dans des esprits sclérosés par la domination policière, hospitalière et cinématographique. L'acharnement d'un tel triple pouvoir passe par des portes défoncées ne respectant pas une intimité, l'appropriation d'un cerveau par la médecine et des journées harassantes de tournages offertes à des œuvres dérisoires malmenant une comédienne destinée potentiellement à la rigueur d'un théâtre Russe plus porteur.

Le seul soutien dans ces désillusions en boucle est le narrateur de ce naufrage toujours présent quand il faut.

Les gens du spectacle ne seront pas dépaysés en visionnant ce parcours menant de la gloire à la folie en passant par la dépression pour s'achever par l'internement. Chacun d'eux doit bien posséder une anecdote sur la mort d'un cygne sacrifié puis oublié instantanément par des consommateurs d'images.

Ne serait-ce pas actuellement notre environnement télévisuel quotidien ?

On ne compte plus les starlettes mortes au champ d'honneurs ratatinées par un encadrement déplorable ou par une perception trop personnelle et ambitieuse d'un milieu où la longévité n'est qu'un mirage.

Après la vision de telles images, il est plus que souhaitable d'acquérir son équilibre à l'aide d'un autre métier.

8/10

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Re: [Jipi] Mes critiques en 2008

Messagepar Jipi » Ven 31 Oct 2008, 18:06

jean-michel a écrit: :shock: complètement inconnu au bataillon!! :mrgreen:


A découvrir absolument Jean-Michel. Complètement à contre courant de tout ce qui se faisait à l'époque.
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Coup de foudre - 8/10

Messagepar Jipi » Dim 02 Nov 2008, 13:35

Coup de foudre de Diane Kurys

En ces années cinquante, la pression masculine est forte, le sexe faible est figuratif, étouffée dans un rôle de second plan. Pour la femme un temps inutile s’égrène assise à coté d’un chauffeur de mari faisant vomir un fils malade en auto.

Il y a tellement d'autres choses à faire, à ressentir. La femme se meurt de ne pas être femme. En contrepartie l’homme reste fidèle à lui-même en entretenant son intellect au garage tout en convoitant la femme d’autrui.

Dans une telle précarité d’avenir deux femmes s’éloignent lentement de leurs maris en prenant conscience de leur féminité, elles se confient, fument, sortent au cabaret, s’achètent des robes, se maquillent pour elles-mêmes, adoptent un vocabulaire sans tabous, oublient dans leurs nouvelles consciences d’exister la gestion maternelle de leurs progénitures.

De nouveaux territoires sensoriels sont perçus, analysés, mis en pratiques par deux êtres venant au monde précédemment gommés de sensations d’indépendances. Les expériences nouvelles s’enchaînent sur des airs de Mambos que l’on danse entre filles.

La femme se libère à fond la caisse, un corps avide d’interdit s’offre dans un train, le mari est occulté, il n’est plus indispensable ni primordial, ces colères n’y change rien, une mère devient femme dans des sentiments offerts à son propre sexe sur le fil du rasoir de l’homosexualité.

Coup de Foudre dépeint une époque d’après guerre lourde de dépendances envers le sexe faible devant se plier à la cartographie de ménagère et de bonne d’enfants.

L’homme récupéré par la caisse à outils ne sait que gifler une nouvelle ouverture d’esprit certes incompréhensible et décalée en ces temps ou un pays se relève péniblement d’un conflit en se devant de conserver une morale digne d’un redémarrage.

La dominance masculine est éradiquée, un mari vaincu fond en larmes devant une froideur ayant enfin acquise une liberté hors norme pour l’époque.

8/10

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Docteur Jekyll et M. Hyde - 9/10

Messagepar Jipi » Lun 03 Nov 2008, 15:49

Docteur Jekyll Et M. Hyde de Rouben Mamoulian 1931

A l'ère de la femme battue la scène ou Mister Hyde exerce une domination presque insoutenable sur Ivy Pearson lui imposant de fredonner à domicile sa chanson de cabaretière soutire presque des larmes par son paroxysme dominateur.

Le contenu livre le mythe éternel du monstre et de la putain, de la bête et de la belle ou tout est en miroir, le bon docteur assouvi extérieurement une face négative refoulée en compagnie d'un jolie blonde libérée intérieurement pervertie.

Un mal abject, laid, autonome s'acharne le temps de l'effet d'une potion sur une créature Babylonienne terrorisée incapable de faire le rapprochement entre un séduisant Docteur aguiché et le réveil d'un cataclysme ravageant tout sur son passage, concept contenu dans une même architecture réclamée par le balancement d'une jambe gainée de soie.

La lutte éternelle entre le puritain et le jouisseur réunit en une seule entité se brise par l'absorption d'un philtre libérateur permettant à la brute de se déchaîner en se détachant d'un concept siamois antinomique. Un monstre aux forces décuplées s'extériorise en versant le champagne à la grosse. Un verbe rauque de hussard pourvu de gestes rustres bascule un corps soumis au plaisir sans ménagements.

Première œuvre parlante du livre de R. L. Stevenson « Docteur Jekyll and Mister Hyde » reste malgré ses soixante seize printemps une œuvre moderne, soignée, poignante. L'impossibilité d'assumer son bon et son mauvais coté dans un seul et même personnage oblige un esprit à se partager puis à jouir de sa dominance sans aucun contrôle par une accoutumance naturelle.

La création d'un second moi plus physique faussement indépendant d'un même esprit conduit à la démolition un homme ne recherchant que des expériences extrêmes par le ressenti. Les contorsions douloureuses de passages d'un visage à l'autre illustrent parfaitement le contexte sordide d'une époque victorienne fabriquant parallèlement à une bourgeoisie bien pensante des monstres sanguinaires naturels ou en puissances.

9/10

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Léon Morin, prêtre - 8/10

Messagepar Jipi » Mar 04 Nov 2008, 10:10

Leo Morin prètre de Jean-Pierre Melville 1961

Une athée orgueilleuse adorant le commandement offert à une jeune femelle au visage rayonnant de lumière noire vient titiller sur ses terres un jeune prêtre pseudo anti conformiste mais aux argumentations vieillottes à l’aide d’une phrase assassine venue d’Oient.

De longues conversations théologiques faisant suite à une absolution guidant des premiers pas vers la foi s’établissent entre un rhétoricien incorruptible et une jeune veuve soumise aux attirances féminines sur toile de fond de ville alpestre occupée ou seul l’enfance et l’uniforme parviennent encore à se blottir l’un contre l’autre en s’inondant de sentiments purs.

Des Juifs se baptisent afin d’échapper à la déportation, des chaussures peintes en noires respectent le souvenir d’un disparu pendant que dans une chambre close des propos et des livres s’échangent en se commentant.

« Dieu est incommunicable ». C’est atroce s’écrie un esprit sur le point de déposer les armes et de se convertir.

Cette soumission ressemble à une conquête de la chair en ces temps sans hommes, ceci est incompatible avec un missionné programmé pour sauver des âmes et qui malgré l’apport intime de quelques confidences qu’il faut savoir interpréter reste profondément attaché à son sacerdoce. La pensée virtuelle d'un unique baiser libère momentanément des tortures de la chair une jeune femme rongée par l'impossibilité de conclure sa passion en temps réel.

« Léon Morin Prêtre » est une œuvre défaitiste, auto flagellatoire. Une femelle vaporisée par des perceptions amoureuses interdites détruit une pensée primordiale athéise en adoptant une conversion tactique lui permettant d’espérer vainement l’amour impossible d’un ecclésiastique uniquement proche de ses semblables que par la formation.

La fin est datée, morose, décevante dans son processus que les intellects de l’époque soumis aux bonnes consciences n’ont pas la force de modifier. Chacun tout en contestant les rigueurs moralistes de son temps en subit les méfaits plus ou moins volontairement.

Par manque de déterminisme des potentiels de destins en communs sont brisés laissant encore plus désemparée une entité prisonnière de ses sens à contre courant. L'amour sous toutes ses formes subit de plein fouet un réalisme cinglant.

8/10

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Jeux dangereux - 10/10

Messagepar Jipi » Jeu 06 Nov 2008, 15:32

Jeux dangereux de Ernst Lubitsch 1942

Adolf Hitler dans les rues de Varsovie au mois d’Août 1939 on croit rêver alors que la guerre n’est pas encore déclarée.

« Jeux dangereux » tourné en 1942 valorise l’effort de guerre des métiers du spectacle. Ernst Lubitsch s’y colle sur le fil du rasoir entre drame et comédie. La récupération parodique d’une situation locale désespérée responsabilise la résistance plus ou moins théâtrale d’un peuple conquis dont la moindre habitation est au ras des pâquerettes.

« Jeux Dangereux ” n’est pas un film de propagande ou d’investissement forcé envers une participation plus ou moins exigée en fonction d’un rapport avec un contexte historique guerrier catastrophique mais une œuvre de solidarité entre sourires et larmes offrant la possibilité à des techniciens de l’image de s’exprimer par une ironie évitant une sinistre neutralité.

Malgré quelques escapades comiques, l’œuvre reste grave en montrant la lutte parfois euphorique et farfelue d’un peuple brisé désirant retrouver sa liberté. Quelques frivolités ne s’exécutant envers l’occupant que pour le bien d’une nation.

Ernst Lubitsch a le mérite d’offrir à des contemporains tendus la possibilité de dérider par certains détachements comiques des visages extrêmement préoccupés par les évènements.

Charlie Chaplin préférant en rire avait choisi la même piste avec « Le Dictateur » permettant à un peuple reclu de muscler sa force envers une domination par le courage et la dérision.

Le pouvoir des images ayant pignon sur rues, il est possible de manipuler l’histoire, d’en changer le cours, de ridiculiser des pouvoirs destructeurs et de faire triompher la justice dans une pseudo bonne humeur entretenant les principes d’un réalisateur aux messages festifs mais toujours responsabilisés

10/10
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Voie lactée (La) - 10/10

Messagepar Jipi » Ven 07 Nov 2008, 09:03

La voie lactée de Luis Bunuel 1969

La voie Lactée est avant tout un cours de théologie de haut niveau sur l’absence la plus importante de tous les temps. Au cours d’un pèlerinage, les doctrines de Dieu sont expliquées, commentées, contestées, imposées à travers des temps porteurs d’analyses dans des parcelles de vérités menant certains protagonistes enflammés jusqu’au duel.

Sur le chemin de Compostelle, l’aumône est bizarrement offerte au nanti possédant quelques pièces. La fonction de l’hostie succède aux messages cryptés. Certains propos imposent un fantôme crée par l’homme afin de le dresser à vie contre ses congénères dans des luttes entretenant une sauvagerie.

« Le christ est né de sa mère sans rompre sa virginité ».

Il y a de quoi deviser éternellement sur de telles affirmations. Sur le pré, le champ de bataille, la taverne, le procès. L’immaculée conception est expliquée derrière une porte close représentant le dernier rempart d’une réticent.

Les envolées théologiennes pondérées ou musclées se succèdent alimentées par le cafetier, le gendarme, l’homme d’église, le paysan, et le mendiant. Chacun essaie de comprendre le message des écritures dans une diction différente mais concise commune gommant par sa rhétorique toutes les différences. La compréhension d’un tel concept à l’avantage de réunir tout le monde.

L’esprit se triture par la foi. L’acceptation ou la contestation envers des textes sont les seuls ingrédients entretenant la continuité ou le refus d’une croyance. La nature ayant horreur du vide, ses hotes alimentent un sujet extensible par des exposés contradictoires perpétuels sans arbitre.

« La voie Lactée est une sorte d’Agora, une tribune à l’air libre ou au fil de rencontres plus ou moins métaphysiques deux mendiants en route vers Compostelle emmagasinent des informations sur un silence céleste interminable. Chacun d’eux en fonction des exemples se débat entre affirmations, différences et athéismes.

Le regard et l’écoute s’adaptent à un cas par cas représentant toujours une évolution. La base de données du créateur s’alimente par l’accumulation des expériences d’esprits sur le terrain. L’affirmation et la contestation se livrent un combat sans fin à l’intérieur de procédures divines ambiguës.

Finalement c’est l’homme qui parle le mieux de Dieu

10/10

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Procès (Le) - 10/10

Messagepar Jipi » Dim 09 Nov 2008, 18:25

Le procès de Orson Welles 1962

« Porter des chaînes est parfois plus sur que d’être vivant »

K est ciblé, laminé puis éliminé par un ou plusieurs pouvoirs anonymes munis de forces destructives broyant un organisme de défenses harcelé par des interrogatoires uniquement basés sur l’auto persuasion d’un mal en soi.

Le complexe de culpabilité s’entretient dans des décors démesurés. Un processus d’extermination comprime un homme dans des pièces basses de plafonds pour soudainement le projeter dans des salles gigantesques robotisées ou accusatrices jumelées à un Adagio répétitif.

Il faut atteindre péniblement des tribunes surélevées. Côtoyer des créatures offertes sur des tonnes d’archives servant de support d’étreintes. Encaisser de soudains revirements incohérents. Se miniaturiser dans un péplum architectural archaïque ou moderne.

Survivre à la claustrophobisation d’une pièce exiguë scrutée par des regards adolescents joueurs et moqueurs. S’enfuir terrorisé dans des passages criblés de raies de lumières. Soutenir l’impossibilité de communiquer à travers une baie vitrée.

K endure son Golgotha dans un cauchemar de dominances et de soumissions en alternances. Certains tyrans se retrouvent tyrannisés par leurs propres systèmes. Les femmes s’offrent sans tarder puis congédient rapidement. K perd pied en s'enfonçant dans le royaume le plus redoutable: L'incompréhension.

L'acharnement administratif procédurier fait rage, l’incohérence, le rabaissement continuel par un geste éprouvant autant qu’inutile lamine un visage de plus en plus décomposé. L’escalade est prescrite afin de se disculper devant des accusateurs lubriques entretenant une paranoïa individuelle par un pseudo procès susceptible de toucher n’importe lequel d’entre nous. Le système n’a pas la maturité de s’apercevoir qu’en pulvérisant une ressource il se dynamite de l’intérieur.

Orson Welles cinéaste surdimensionné en lui-même et dans son œuvre offre un travail exceptionnel. Le procès opus de référence d’un noir et blanc indispensable à sa valeur livre des clairs obscurs magnifiques. Certains plans extérieurs d’une luminosité blafarde offrent des brèches contemplatives étonnantes.

Un processus de démolition cauchemardesque calibré dans une technique contenant quelques pépites de Citizen Kane font de cette merveille paranoïaque un esthétisme baroque de premier ordre.

« Le procès » œuvre maîtresse d’un technicien hors pair déploie les vérités d’un visuel déprimant mais terriblement accrocheur, presque attirant.

10/10

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Re: [Jipi] Mes critiques en 2008

Messagepar Tyseah » Dim 09 Nov 2008, 18:31

:bravo:

Critique maitrisée, comme d'hab'. J'ai adoré Le Procès d'Orson Welles. Adaptation magistrale de l'oeuvre de Kafka.

La scène finale m'a particulièrement marqué. Avec l'explosion (parti pris de Welles car n'apparaissant pas dans le bouquin) qui esquisse une forme de champignon atomique.
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Re: [Jipi] Mes critiques en 2008

Messagepar Niko06 » Dim 09 Nov 2008, 19:08

J'avais pas tout lu mais je viens de voir un 10/10 pour Fando y Lis... Dans ce cas combien pour El Topo ou encore mieux Santa Sangre qui sont quand même beaucoup plus aboutis?
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Re: [Jipi] Mes critiques en 2008

Messagepar Jipi » Lun 10 Nov 2008, 10:49

Merci Tyseah

"J'avais pas tout lu mais je viens de voir

un 10/10 pour Fando y Lis... Dans ce cas combien pour El Topo ou encore mieux Santa Sangre qui sont quand même beaucoup plus aboutis?"


Je n'ai hélas pas vu ces deux films.

J'ai tout à découvrir de ce réalisateur


Bonjour Zack
Ce metteur en scène coriace n'est pas un tendre. Il faut plutôt chercher son génie dans la disposition de nouvelles images. Citizen Kane souffre énormément d'un manque de sensibilité lui donnant plus le statut de travail que d'oeuvre.
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Psychose - 8/10

Messagepar Jipi » Lun 10 Nov 2008, 12:09

Psychose de Alfred Hitchcock 1961

Le temps semble réduire la vitesse d’exécution du lancinant trajet de Marion vers un destin tragique dont les prémisses sont annoncées par une enseigne noyée sous la pluie.

Une créature s’offre dans la lenteur d’un conversationnel courtois la clef d’un repentir avant d’être exterminée de la pire des manières par un cerveau squatté.

Alfred Hitchcock adepte de la longueur et de la précipitation Filme presque sadiquement les derniers instants interminables et faussement optimistes d’un trépas programmé. La trop longue conversation entre Marion et Norman est l'image parfaite d'une fausse piste chaleureuse masquant les procédures d'une tragédie.

L’opus processus d’une eau froide montant lentement mais surement vers l’ébullition est une partition progressive menant vers l’équation finale du sacrifice dans un cheminement de réflexions massives faussement protectrices.

Grace à trois scènes chocs intercalées dans de la nuisance réflective ennuyeuse Psychose distille une éternité de procédures intemporelles calfeutrant nos corps avides de propretés dans un verrouillage de portes soignées.

A ce niveau le travail a laissé des traces par une nouvelle manière d’incorporer de la terreur virtuelle dans notre quotidien.

Psychose truffé d'images paresseuses oblige le spectateur à se projeter dynamiquement sur la finalité d'un diagnostic en lente élaboration sur l'écran. L'esprit prend de l'avance en devenant divinatoire pendant que les situations avancent au pas.

La vision de l’acte suprême s’exécute rapidement dans un parcours distillé laborieusement. L’œuvre n’en souffre pas forcément, il suffit d’attendre jarrets tendus la scène choc ayant mijotée le temps qu’il faut dans son jus.

Psychose à deux doigts de l’élaboration d’une recette de cuisine unifie de belle manière une inertie faussement douce soudainement réveillée par l'éclair d'un réalisme sans pitié.

8/10

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Valise (La) - 9/10

Messagepar Jipi » Mar 11 Nov 2008, 11:38

La valise de Georges Lautner 1973

La Valise sortie en pleine guerre du Kippour délivre un message humain symbolisant la liberté de disposer enfin de soi-même en qualité d’individu libre et sensitif gommant l’architecture d’Apparatchiks épuisés par les missions intensives.

L’égyptien, le Juif, le Français en plein conflit épurent leurs contraintes nationalistes en se retrouvant sur la plus belle des longueurs d’ondes, celle de l’amour. Ils aiment une seule et même personne indispensable à la survie de leur nouvelle communauté mise en lumière par les sens.

La stabilité de ce nouveau groupe est sauvegardée par une lucidité féminine entretenant la continuité d’une équipe privant ses nouveaux composants d’une décision finale. Il n’y a pas d’heureux élu, Au fil des rencontres les prétendants augmentent. C’est une notion d'aspirants en expansion toujours engrengé par un investissement corporel féminin d'extrême nécessité.

Par l’intermédiaire de compétitions amoureuses de nouveaux amis rivalisent d’ingéniosité pour s’accaparer le cœur de la belle. Ce processus curieusement draine de la solidarité, consolide une équipe formée par la conscience de soi loin de manipulateurs planqués.

Le cœur crée de l’aventure, de l’incertitude dans un climat compliqué ou une trinité Arabe, Juive et Franchouillarde se toise dans un premier temps en n’utilisant qu'un règlement intolérant uniquement basé sur l’approche individuelle patriotique.

La seule voie commune à tous est l’amour, celui qui ronge tout en réunissant. Les sensations sont communes, les actions le caractérisant parfois extrémistes, c’est ce qu’il faut pour enfin vivre et surtout ressentir une note à l'unisson.

La valise est loin d'être une comédie insignifiante, elle masque dans ses soutes une philosophie voyageant incognito.

Si Dante Alighieri avait la possibilité de visionner ces simples images il serait satisfait de contempler les compétences d’Eros livrant à des terriens divisés par leurs endoctrinements un territoire offrant les mêmes émois.

9/10

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Re: [Jipi] Mes critiques en 2008

Messagepar jean-michel » Mar 11 Nov 2008, 11:54

oui! celui là je l'ai vu plusieurs fois et mireille darc!! :love: j'aime beaucoup ce film.
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