Les honneurs de la guerre de Jean Dewever 1960« Les généraux meurent centenaires et moi je n'ai que vingt trois ans »
L'Allemand au bord de la désertion est amaigri, avachi, malade, abandonné, hirsute, privé de chefs, usé par le conflit, traqué par le franc tireur. La soupe de plus en plus liquide se consomme collectivement dans un même grade à l'aide des réconforts d'un souvenir.
L'occupé joue au billard, ripaille sur des tables bien garnies, flirte au bord de l'eau, offre la ritournelle au dessert. Ses journées semblent récupérées par l'insouciance et la distance envers un conflit dans lequel on s'investit mollement et surtout tardivement.
Ces partisans aux physionomies ventripotentes casquées, munis de fusils, planquées dans les arbres, scrutant à distance respectable un danger potentiel activent des actions d'opérettes protectrices argumentées par des récits souvenirs d'investissements non vérifiables.
La sanction est dure, cinglante, scandée dans sa propre langue par une détermination combative plus musclée.
« Des gueules comme ça c'est le procès du suffrage universel ».
Interdit de petit écran, censuré pendant deux ans par le pouvoir Gaulliste, « Les honneurs de la guerre » montre un occupant honorable, se retirant presque comme un prince d'un territoire qu'il ne contrôle plus, unis dans la défaite, tapant dans ses mains à l'écoute d'un air folklorique représentatif d'un pays trop longtemps déserté, il acquiert un esprit solidaire sous marinier en surface dans un climat de guerre et de Paix en suspend.
Le résistant hôte des lieux en permanence est en revanche plus opérationnel dans la partie de campagne que dans l'action militaire loin des sacrifices nécessaires exigés en ces temps d'investissements indispensables.
La terrine et la gaudriole l'emportent sur le courage. La peur de mourir pour la cause se distille dans le tourbillon du banquet.
La grande interrogation de ce film courageux est à l'image de cette phrase au combien porteuse de faits historiques contestés sauvés par l'embellie.
« Quand la réalité est au dessous de la légende on publie la légende.
Le résistant dans sa globalité mythe ou réalité ? L'homme reste homme avant tout.
8/10
Le zéro bipolaire. Le néant infini et son absolu infini. Une forme pleine dans une valeur nulle.