Zabriskie Point de Michelangelo Antonioni 1970
Fuir la prolifération des enseignes, la brutalité policière et la contestation désorganisée estudiantine mène à une extrémité naturelle ou se trouve en vrac un soleil éclatant pierre angulaire d’un paysage de pierre.
Dans un tel climat deux jeunes esprits presque calcinés par les perspectives désatreuses de leurs temps n’offrant que l’espérance d’un petit jardin payable en vingt ans claquent la porte, déroule un ruban menant vers nulle part en restaurant amour, jeux et roulades poussiéreuses dans un contexte naturel n’ayant pas progressé depuis des millénaires.
L’œuvre offre quelques sublimes plans larges dénudés, des potions magiques indispensables destinées à de jeunes yeux pouvant enfin contempler un vide sans contraintes.
Le droit de consommer sans retenue les délires imposés par les dysfonctionnements d’un jeune âge lutte éternellement contre une répression toujours souveraine.
Une certaine jeunesse provocatrice américaine des années soixante dix ne rêve que de chambouler les institutions que ce soit sur les campus, dans les classes ou dans les airs. Michelangelo Antonioni dans l'air du temps fixe sur la pellicule un road movie esthétique similaire par instants à « Easy Rider » sans pour autant tomber dans le piège de la drogue.
Son travail est pathétique, une jeunesse désemparée ne veut en aucun cas déployer une existence programmée par ses pairs. Elle ne désire qu'une seule chose, jouir de ses propres besoins dans de sublimes morceaux de vies brefs et spontanés déconnectés de toutes responsabilités.
La terrible conclusion de cette œuvre magnifique montre dans des riffs et des ralentis lancinants la seule possibilité d’en finir avec une vie toute tracée que l’on ne désire pas connaître.
Un champignon presque atomique révélateur d’une génération traumatisée par la bombe et la privation des libertés individuelles.
9/10