Bourgeoisie bouillonnante et aristocratie conservatrice s’affrontent dans une fresque chatoyante dans les palais, sanguinaire sur le pré. Le prince Salina fatigué par la piété d’une femme se signant avant chaque étreinte toise un avenir naissant plus convivial représenté par un rire féminin extrait naturellement libérant une dentition privée d’éventails protecteurs.
L’aristocrate menacé doit s’intégrer dans un temps fabricant de nouveaux bourgeois avides de propriétés terriennes. Les dernières fresques d’un monde sur le déclin se meurent en contemplant la disparition de l’habit de salon au profit d’un costume citoyen.
Le Maire est l'égal du Prêtre. La terre se rachète, se partage. L’ecclésiastique n’est plus sécurisé par le support de ses pauvres. La continuité apaisante des êtres dans un monde au repos se doit à l’union alchimique d’idées naguère en luttes.
Angelica et Tancrède unis afin de faire cesser les combats sont les uniques garants d’une cohabitation durable entre le rituel et la transaction.
« Le guépard » est une fresque somptueuse, une peinture sociale convulsée remarquablement mise en images par un cinéaste offrant une âme à des théories combatives éternelles entre nantis et défavorisés. Un esthétisme coloré en intérieurs, aride en plaines faisant tournoyer les corps par les valses ou les balles.
Luchino Visconti cadre merveilleusement la différence entre la magnificence d'un salon et l'austérité d'un repas champêtre dans un contexte ou un principe existentiel quitte irrémédiablement un prince sur le retour servant de corridor entre la fusion nécessaire d’une noblesse assiégée par les besoins d’une classe moyenne en plein essor.
Une mésalliance devient l’alliance d’une continuité établie sur les ruines d’un monde englouti. Nobles et Bourgeois sont sur une fréquence identique en continuant de faire respirer la terre. Un mariage de raison indispensable à la naissance d'un esprit communautaire.
Par l’intermédiaire d’une étoile, un vieux prince regarde s’éteindre un pouvoir éphémère confié à de nouvelles énergies elles-mêmes menacées par des idées nouvelles encore en sommeil.
9/10