Exilé de Johnny To
Après un diptyque "Election" sorti dans une indifférence totale et honteuse, car c'est une révolution discrète du polar mafieux, voici donc le dernier film du nouveau nabab du cinéma HK, Johnnie To.
Exilé peut être vu comme une suite indirecte du monument "the mission" dans le sens où on retrouve le même casting 3 étoiles mais c'est vraiment le seul point commun entre les 2 films, que ce soit sur le fond ou la forme.
Exilé marque une véritable rupture dans la filmographie du réalisateur car si ses derniers films essayaient d'apporter une touche de profondeur (satire ou fresque familiale), il signe ici un pur objet de fantasme pour les spectateurs friands de belles images. C'est aussi en cela que le film s'éloigne de the mission dans lequel il avait apporté sa révolution du gunfight à la hongkongaise en filmant les affrontements de façon très posée. Ici des gunfights il y en a un paquet et ils sont tous au moins autant stylisés que ceux de la grande époque de john Woo (que To critiquait d'ailleurs). C'est à dire que tout se passe au ralenti, avec de belles lumières, ds chorégraphies au poil, etc...
Et dans ce sens Exilé est ce qu'on appelle un pur film de réalisateur, il n'a jamais rien fait d'aussi stylisé et d'aussi virtuose, un vrai bonheur!
Ensuite il faut aussi dire qu'Exilé n'est pas tout à fait un polar, c'est plus un western urbain. Tout dans le film transpire le western: la musique, les décors (Macao et sa forte influence méditerranéenne), les personnages désabusées, les longueurs dans les regards... bref le tout est un bel hommage au cinéma de Leone en particulier (l'ouverture en référence à il était une fois dans l'ouest, une scène avec un des persos qui tire sur l'arme de l'autre comme dans et pour quelques dollars de plus...) bref l'influence est évidente sans être pompeuse.
Le film est un bel hommage et c'est surtout le plus "beau" film d'un des meilleurs réalisateurs de HK, même si ça n'est pas son meilleur.
9/10