Les fils de l'homme d'Alfonso Cuarón
Avec Children of men, Alfonso Cuaron ne signe pas seulement le meilleur film de 2006, il signe ce qui est peut-être le meilleur film d'anticipation de toute l'histoire du cinéma, loin de toutes les tentatives récentes de faire de la SF frileuse et sans enjeux dramatiques.
Le réalisateur mexicain, coupable du très sensuel road-movie
y tu mama tambien (qui a révélé Gael Garcia Bernal) et du seul éclat de génie de la saga Harry Potter,
Le prisonnier d'Azkaban (tellement noir et désespéré qu'il peut être déconseillé aux plus jeunes), réussit à la fois un exploit technique et un film choquant comme on n'en fait plus!
Sur le plan technique, c'est clairement génial, avec un métrage entier tourné caméra à l'épaule sans que ça soit fatiguant (risque principal de ce genre de mise en scène) mais surtout une construction toute en plans séquences hallucinants. Et quand on connait la difficulté "logistique" pour mettre en place ce genre de scènes, le résultat n'en est que plus bluffant. Les plans séquences qui resteront dans les mémoires sont bien sur celui de la course poursuite en voiture, lors de l'attaque par un groupe terroriste, et celui de la dernière partie (inoubliable au même titre que celui dans à toute épreuve de John Woo) où Clive Owen parcourt tout un immeuble en plein bombardement... c'est réaliste et poignant, et c'est mis en scène de façon simplement magistrale!
Comment ne pas être impressionné également par la performance de Clive Owen, qui devient peu à peu un acteur indispensable du cinéma de qualité. Il passe par toutes les émotions possibles et on ne peut qu'être séduit par son jeu tout en finesse. Les seconds rôles de Michael Caine et Julianne Moore par exemple sont aussi de qualité bien sur, mais venant de ces acteurs ça n'est pas une surprise.
Mais là où le film restera dans l'histoire, c'est dans la construction d'un futur proche tellement réaliste dans ses idées politiques et sociales qu'il en fait peur... Guerres, pandémie, immigrés entassés dans des cages, exécutions sommaires, incitation à la délation, stérilité... impossible de ne pas faire le rapprochement avec ce qui se passe sur notre planète!
Children of men n'est donc pas seulement une leçon de cinéma et un chef d'oeuvre d'anticipation, c'est aussi un cri de désespoir, un signal d'alarme lancé à la planète, et ça fait mal.
10/10