Le Syndicat du Crimede John Woo
On entend beaucoup de choses sur ce film, par exemple qu'il s'agit d'un chef d'oeuvre... Cette expression n'a parfois plus aucun sens et si on compare ces syndicats du crime à The Killer ou Une Balle dans la Tête (qui sont eux de véritables chefs d'oeuvre sur lesquels on pourrait écrire de longues thèses!) on se rend vite compte que l'expression est largement galvaudée. La trilogie des syndicats du crime est une série culte du cinéma Hongkongais oui mais des chefs d'oeuvre certainement pas.
Ce qui fascine dans ce film c'est qu'il contient vraiment les germes de ce qui fera le cinéma de John Woo par la suite. C'est la transition entre ses comédies "alimentaires" et ses oeuvres personnelles. C'est la première fois qu'il transporte dans une histoire contemporaine sa vision de l'homme et du héros, un idéal chevaleresque directement issu de son maître Chang Cheh et de ses films de sabre (sur lesquels John Woo a fait ses armes en tant qu'assistant).
C'est le film qui va lancer une immense vague de "hero-movies", ces polars dont les protagonistes sont iconisés au maximum, bien que l'ambition de Woo n'était pas vraiment de créer des héros mais plutôt de vrais hommes.
Le syndicat du crime c'est aussi une histoire de rencontres... Tsui Hark qui lance avec ce film sa structure Film Workshop, la 1ère collaboration avec le génial monteur David Wu, les prémices de chorégraphies martiales appliquées aux gunfights... Et aussi une histoire d'acteurs:
Ti Lung, véritable star du film de sabre de la Shaw Brothers dont la carrière s'essouflait et qui trouve là un nouveau départ
Leslie Cheung qui passe en un film du statut de méga star de la canto-pop à celui de vrai acteur capable de merveilles.
Et enfin Chow Yun-Fat. Son personnage est au départ secondaire et pourtant il bouffe de suite l'écran, impose sa présence et son aura et construit les bases du mythe: cool-attitude, lunettes de soleil, imper noir, un flingue dans chaque main... Image qui l'a icônisé pour le meilleur et pour le pire (voir son utilisation aux USA).
Reste une histoire de fraternité très belle entre frères, un polar novateur pour l'époque, pas forcément transcendant, mais dont les images marquent durablement et qui représente surtout un virage dans l'histoire du cinéma HongKongais et même mondial, s'imposant peu à peu comme LE modèle du polar pour de nombreux cinéastes.
7,5/10