Le Syndicat du Crime John Woo - 1986
Alors oui sur le début de carrière de Woo on peut trouver des éléments qui feront le sel de son cinéma, mais c'est véritablement ce Better Tomorrow qui est la matrice de son cinéma et c'est celui qui a lancé véritablement les carrières conjointe de John Woo ( jusque là ses films étaient loin d'être des chefs d'oeuvre, enfin Last Hurrah for Chivalry ça claque bien ), Chow Yun Fat qui jusque là était un acteur parmi tant d'autre et qui avec ce film allait devenir la star HK des 10 années à venir, et on peut même rajouter Leslie Cheung jusque là seulement chanteur et pourquoi pas Ti Lung mais pour lui faut plus parler de second souffle (avec la mort de la Shaw Brother il avait disparu des radars et qui de mieux que l'ancien assistant de son réalisateur fétiche pour le relancer). Tsui Hark (qui a un petit caméo) a eu le nez fin de produire ce film. En fait ce film c'est un pari pour tout le monde, Woo qui veut montrer ce qu'il sait faire dans un genre qu'il apprécie, à ce moment là de sa carrière c'est un peu sa dernière chance, les 3 acteurs qui veulent lancer ou relancer leurs carrières et Hark qui veut confirmer le succès qu'il a eu avec Zu.
Ce film a véritablement marqué l'histoire du ciné HK, et plus même plus, car 20 après y reste encore une référence, car là on parle d'un film qui a lancé tout un genre à savoir le heroic bloodshed ou "Hero movie", on y retrouve toute les valeurs chère à John Woo : la famille, l'amitié, l'honneur, la rédemption et on y découvre pour la première fois le look total frime de CYF : Lunette de soleil, allumette, imper et toujours 2 guns en main. A l'époque le polar à HOng Kong ça se limite à 2 ou 3 titres : Men from the gutter (l'un des seuls polar de la shaw brother) et la saga Long Arm of law, autant dire que c'est un territoire vierge dont Woo allait définitivement prendre possession (bon avec Ringo Lam), l'industrie Hongkongaise allait connaitre le meilleur jusqu'à la rétrocession.
Alors je sais que par rapport à The Killer ou A Toute épreuve on le place souvent (toujours) en dessous mais ici Woo livre avant tout une histoire d'amitié avant de faire un film d'action car il y a finalement très peu d'action et le coeur du film c'est la relation CYF et Ti Lung. L'histoire est donc très classique mais elle est sublimée par des personnages véritablement travaillés et loin d'être des caricatures ( sauf la femme de Kit qui soule vite ), ils existent, on croit à leurs sentiments, à leurs états d'âmes, c'est du Woo romanesque. Dans ce film tout les personnages rêvent d'un futur meilleur, bon de différentes manières, Mark veut montrer qu'il est toujours le même homme malgré son infirmité et il veut se venger des humiliations subits, Ho veut se ranger et voudrait retrouver l'amour de son frère, il est en quête de rédemption, quand à Kit il veut avant tout réussir dans son boulot mais son statut de frère d'un membre de triade est un frein. Mais tous ces personnages sont avant tout des persos qui souffrent : souffrance morale et physique pour Mark qui n'accepte pas sa déchéance, Kit souffre du mensonge de son frère et ne pas pouvoir étre promu, quand à Ho il souffre d'avoir déçu son frère. En fait dans ce trio chaque perso est une aide pour l'autre et quand tout sera devenu une question de vie ou de mort, toute les rancoeurs sont mise de coté pour s'en sortir.
Bien entendu tout ça est raconté avec tout les excès mélodramatique de Woo, on aime ou on aime pas, si on aime c'est du pur bonheur et certaines scènes fonctionne du feu de dieu : quand on revoit Mark, infirme, une vraie mélancolie se dégage de cette scène, Woo est un cinéaste de l'excès, il amplifie tout, alors quand Ho et Kit voient débarquer Mark lors du gunfight final et que tout le monde sourit bein tu souris avec eux.
Porté par un casting haut de gamme : CYF donc, qui bien que second rôle s'impose comme LA révélation du film et même du cinéma Hongkongais, y passe de sa coolatitude légendaire à un homme déchiré, Ti Lung très loin de sa période Shaw est vraiment très bon dans un style très sobre, c'est le genre de mec qui a pas besoin d'en faire beaucoup pour avoir la classe et imposer le respect, Leslie Cheung lui aussi très convaincant ( sauf dans les scènes avec sa copine ) et après ce film il enchainera les grands rôles, et Waise Lee qui comme dans une balle dans la tête incarne un bel enculé, il fera toute sa carrière sur ce genre de rôle en fait, ici il est loin d'être un méchant unilatéral c'est un peu plus subtil que ça, il est un peu victime des circonstances.
Niveau réalisation Woo n'était pas encore expert en gunfight ou du moins il a pas encore essayé ce style qui le caractérisera à jamais : presque pas de grand ralenti opératique ou de flingues à munitions illimité, un découpage assez simple mais jamais simpliste, bon c'est pas sobre non plus quand ça explose ça fait pas semblant, on sent son talent à chaque scène ( le début avec le rêve et la découverte du tatouage, les nombreux plans sur les regards, notamment à la fin quand CYT revient en bateau, c'est juste beau, et bien entendu la première scène ou CYF sort les guns avec son arrivée ultra classe au ralenti où on le voit cacher des flingues dans des pots de fleurs, c'est juste la perfection cette scène !! et puis la mort de Mak, qui prend carrément aux tripes car merde c'est Chow Yoo fucking Fat et qu'il peut pas mourir.
Le climax final est annonciateur des prochains Woo. Ce qui marque dans les gunfights ici c'est que malgré leur simplicité apparente, chaque plan, zoom ou contre champ est toujours monté à la perfection pour donner l'ampleur voulu à la scène ( y a de gros plans en caméra porté lors du premier gunfight de CYF ça le fait carrément).
La photo est elle très réussi, la BO est carrément obsédante et amplifie la magie du film même si certaines mauvaise langues diront que c'est pourri mais ça doit être les mêmes qui trouvent que Giacomocoddoomo (je sais jamais combien faut mettre de o) est un bon compositeur, une BO qui aura été archi samplé par entre autre Arsenik et le Wu Tang.
Objectivement c'est pas le meilleur Woo mais c'est le premier que j'ai vu et si j'ai aucun mal à reconnaitre que The Killer est un bien meilleur film, j'adore ce film, du début à la fin, je jette rien, on va dire que c'est un chef-d'oeuvre embryonnaire.
10/10