In a lonely place (Le violent) de Nicholas Ray
(1950)
De la poignée de films réalisés par Nicholas Ray que j’avais vu jusqu’ici, le seul qui m’avait vraiment convaincu était
Johnny Guitar, et encore je trouvais le film relativement décevant au vu de sa réputation très élogieuse. Du coup, je me suis lancé dans celui-ci sans réelles attentes, et surprise : c’est clairement le meilleur film que j’ai vu du réal, et de loin. Alors déjà, vu que je n’avais rien lu sur le contenu du film, la première surprise vient du contexte de son récit, puisque comme quelques autres films de la même époque (je pense notamment au
Sunset Boulevard de Wilder sorti la même année) on navigue en plein Hollywood, au milieu des scénaristes, agents, acteurs, ce qui permet d’avoir un côté envers du décor très appréciable.
L’autre surprise, c’est que ça a beau commencer comme un film noir, ça s’en éloigne finalement assez rapidement, avec un meurtre mis de côté pendant une grosse partie de l’intrigue, pour se concentrer sur une belle histoire d’amour entre un scénariste sur le déclin qui doit écrire l’adaptation à l’écran d’un livre qu’il refuse de lire, et sa voisine de palier qui souhaite devenir actrice. Alors forcément, le côté film noir va ressurgir au bout d’un moment, mais pas de la façon la plus évidente, et pour le coup je trouve le film très bien écrit sur ce point puisqu’il y a tout un dilemne moral qui va entrer en jeu et s’imposer de plus en plus vis à vis d’un personnage, ce qui va forcément avoir un impact du côté de la romance (ce qui fait penser un peu au
Suspicion d’Hitchcock sur le papier, mais en plus réussi car plus subtil à mon sens).
Ça donne un film assez surprenant, qui possède trois parties distinctes bien écrites et qui se répondent entre elles de façon réussie, et avec une histoire d’amour vraiment convaincante, ce qui rend la scène finale assez déchirante (à la base le film devait se terminer sur un meurtre, heureusement que ça ne s’est pas fait car là c’est vraiment la fin parfaite

). Bogart est généralement un acteur que j’aime bien mais qui me surprend rarement, ici il livre peut-être bien sa meilleure prestation, avec plus de fragilité que d’ordinaire, aidé par un personnage complexe qui essaie tant bien que mal de refouler de mauvaises pulsions. Clairement un film à voir, à ranger entre
Sunset Boulevard et
The bad and the beautiful.
"I was born when she kissed me. I died when she left me. I lived a few weeks while she loved me."
7,5/10