[Olrik] (`0´)ノ  映画 2025 !

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Re: [Olrik] (`0´)ノ  映画 2025 !

Messagepar Olrik » Dim 06 Avr 2025, 09:27

Même son personnage de robot dans Prometheus semble plus humain. Ce qui n'est pas sans toucher la crédibilité du couple formé avec le personnage de Blanchett qui montre une palette d'émotions plus fournie. Pourquoi forme-t-elle un couple avec un type aussi froid, manifestement davantage taillé pour être solitaire ?
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Dersou Ouzala - 7/10

Messagepar Olrik » Dim 06 Avr 2025, 09:27

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Dersou Ouzala
Akira Kurosawa - 1975


À partir de 1965, Kurosawa se met en mode Kubrick, c’est-à-dire que l’amateur de sa filmographie devra ronger son frein, le maître ne filmant désormais un film qu’une fois tous les cinq ans. Et après un déroutant Dodes’Kaden, il y avait de quoi se sentir derechef dérouté avec le premier (et unique) film de Kuro se déroulant hors Japon, en pleine taïga sibérienne, pour conter l’amitié entre un soldat topographe russe et un chasseur appartenant à l’éthnie des Hehzens.
À l’origine, ce devait être Mifune qui devait jouer Dersu Uzala, mais finalement, le rôle principal a été donné à Maksim Mounzouk qui avait l’avantage, en plus d’aimer la chasse et la pêche comme son personnage, d’être raccord de par ses origines. Et le fait est que c’est avant tout sa prestation (sa voix notamment, sa manière de dire « capitan ») que l’on retient. Sa silhouette, sa présence, sont indissociables de l’aura du film et l’on se dit que Kurosawa, avec le choix de Yuri Solomin dans le rôle du topographe, a parfaitement réussi son casting (du reste, il n’était pas non plus réputé pour proposer des castings foireux).
Cela dit… je n’ai pu m’empêcher de me demander ce que le film aurait donné avec un Mifune enthousiaste pour endosser la carcasse d’un chasseur hehzen. Car si cette histoire d’amitié reste touchante, elle m’est aussi apparue un peu forcée, artificielle. On pourra arguer que parfois, certaines amitiés n’ont pas forcément besoin d’une pléthore de conversations pour avoir de la consistance, mais oui, à la réflexion j’aurais été très curieux de voir quelle consistance aurait donné Mifune à son personnage et quelle incidence il aurait eu sur la restitution d’une amitié, de son alchimie.
Car au bout du compte, je n’ai été que modérément touché par la fin. J’ai pu être saisi par des films comme Ikiru ou Madadayo, mais là, j’avoue avoir été déçu. Par les émotions, mais aussi par la restitution photographique de la nature. Réalisé en 1975, soit trois ans après un Jeremiah Johnson, j’attendais beaucoup mieux. J’ai trouvé la photographie un peu âpre, bariolée, sans finesse, incapable de faire sentir la beauté sauvage de la taïga. Ou alors, si c’était pour restituer une rudesse peu aimable de la nature, alors c’est réussi. Mais justement, il y avait cet aspect dans Jeremiah Johnson, mais qui n’empêchait pas un certain émerveillement photographique. Là, sans aller jusqu’à dire que mes yeux ont saigné, j’ai sans doute pris moins de plaisir qu’à la lecture d’un bon récit de voyage où l’on se fait ses propres images mentales. D’ailleurs, s’il y peu de chances pour que je le revoie un jour, je tenterai peut-être le roman de Vladimir Arseniev. Apparemment, il avait vivement impressionné Kurosawa, ce sera un bon compagnon d’aventure / nature writing aux côtés de Michel Strogoff.
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C'est dur d'être un homme : La maladie d'amour - 7/10

Messagepar Olrik » Lun 07 Avr 2025, 17:59

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Tora san 13
C'est dur d'être un homme : La Maladie d'amour
Yôji Yamada - 1974


Il y a toujours un peu de maladie d’amour dans un épisode de Tora-san, mais là, on en a clairement plus que d’habitude. C’est que Torajirô connaît une déconvenue dès le début du film, avant de s’en prendre une autre dans la gueule, bien entendu à la fin. Y’a pas, c’est vraiment dur d’être un homme ! Du coup le film apparaît un poil plus tristoune que les autres. Oh ! Il y a bien quelques scènes de bonne humeur ou d’autres où le sang s’échauffe et où l’on en vient quasiment aux mains (drôle d’ailleurs de voir l’acteur jouant Mitsuo réagir spontanément en s’esclaffant) mais c’est vrai que dans l’ensemble, l’épisode m’est apparu plus mélancolique. Pas forcément un mal, le plaisir est là (du reste, peut-on imaginer ce que serait un « mauvais » épisode de Tora-san ? Plus je poursuis cette saga, plus je me dis que ce sera le 7/10 minimum). Mais c’est vrai que je ne le retiendrai pas pour mes préférés.
Sinon, on retrouve avec plaisir Sayuri Yoshinaga dans le rôle d’Utako, la madone de l’opus 9. Et l’on assiste par contre avec moins de plaisir à la dernière prestation de Tatsuo Matsumura dans le rôle de l’oncle. Si je préfère Shin Morikawa, j’avoue que j’avais commencé à m’habituer à son visage et à sa palette d’émotions, notamment sa capacité à jouer d’un humour goguenard pour chambrer Torajirô. Apparemment, l’acteur a laissé sa place pour un souci de santé. On veut bien le croire tant sa manière de camper le personnage était tout ce qu’il y avait de plus convenable.
Pas de critique de l’opus 14, elle avait été faite en début d'année.
Direction donc l’épisode 15, et autant dire que j’ai hâte puisque j’y retrouverai la charmante, la délicieuse, l’incomparable Lily ! Je le garde au chaud dimanche prochain pour égayer l’après-midi de cette journée de la loose (pour écrire comme Alegas 8) ).
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True mothers - 8/10

Messagepar Olrik » Mer 09 Avr 2025, 15:35

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True Mothers
Naomi Kawase - 2020


Pas de chance pour Naomi Kawase : habituée de la compétition officielle du festival de Cannes, elle a souvent proposé des films plus ou moins inspirés et, l’année où elle réalise un excellent film, cela tombe sur le COVID et l’annulation du festival, privant à son True Mothers d’un coup de projecteur qui aurait été largement mérité.

Ici, c’est moins la Kawase panthéiste que celle soucieuse de représenter des liens familiaux qui prédomine. La nature est limitée à son expression la plus simple, celle d’ailleurs que la réalistarice a plusieurs fois exploré dans des documentaires autobiographiques (dans le beau Tarachime, notamment), à savoir le lien entre une mère et son enfant. On suit ainsi les déboires d’un couple (Satoko et Kiyokazu) qui, à cause d’un souci au niveau des spermatozoïdes de monsieur, ne peuvent avoir d’enfant. Qu’à cela ne tienne, ils se décident à faire appel à une petite société privée, « Baby baton », qui leur permettra d’adopter un enfant légalement. Leur provenance ? de jeunes mères qui ont mal géré la contraception, qui ont dépassé la date légale pour avorter et qui ne pourront s’occuper d’un enfant. C’est ainsi qu’ils ont un jour la chance de voir débarquer dans leur vie l’adorable Asato, bébé né d’une certaine Hikari Katakura, collégienne de quatorze ans qui a fait une grosse bêtise avec son premier petit ami (et qui est sommée par sa famille de se débarrasser de l’enfant).

D’un côté la mère biologique donc, de l’autre la mère adoptive. Et entre les deux comme une troisième mère en la personne de Shizue Asami, gérante de Baby baton dont l’humanité fait beaucoup de bien aux jeunes mères qui ont souvent quitté leur famille en étant affublée d’une réputation honteuse. Voilà les « true mothers » à côté desquelles le spectateur aura des échantillons d’autres mères, plus imparfaites, mais sur lesquelles Kawase ne s’attardera pas, préférant plonger le lecteur dans deux longs flashbacks pour comprendre les trajectoires de Satoko et d’Hikari ainsi que le lien profond qui les unit à leur enfant commun.
Le film est un peu long (2H20) et la narration un peu éclatée aurait pu saouler. Mais finalement, porté par l’excellence de l’interprétation de ses deux actrices principales et par une finesse dans la représentation des sentiments liés à la famille qui est franchement du niveau d’un Kore-eda, True Mothers apparaît comme un film complet qui fait regretter que la cinéaste n’ait pas réalisé depuis d’autres films — son documentaire pour les J.O. de Tokyo étant un cas à part.

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Séance - 7/10

Messagepar Olrik » Ven 11 Avr 2025, 14:05

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Séance
Kiyoshi Kurosawa - 2000


Sato et son épouse Junko forme un couple atypique. Lui est preneur de son pour des réalisations audiovisuelles, elle est une spirite qui possède le don de voir des fantômes ou sentir des choses liées à un au-delà. Un jour, une petite fille est kidnappée par un individu, mais parvient à lui échapper en pleine nature, justement là où Sato est occupé à capter des sons, le casque vissé sur les oreilles. Il lui faudra une bonne journée pour comprendre, une fois rentré chez lui et grâce aux dons de sa femme, que la petite fille s’est réfugiée dans une malle qui était dans sa voiture. Heureusement, elle respire encore…

À l’origine un téléfilm qui depuis a eu l’honneur de projections essentiellement au gré de festivals, sauf en France où le titre est sorti à une époque où les films de Kurosawa commençaient à être systématiquement diffusés. Précédant Kaïro qui sera considéré comme son chef-d’œuvre fantastique, Séance n’a finalement pas grand-chose à lui envier.

D’abord par son casting, assez étonnant pour un simple téléfilm : Kôji Yakusho, Jun Fubuki, Tsuyoshi Kusanagi, Ittoku Kishibe, Ren Ôsugi, Shô Aikawa : n’en jetez plus ! On a beau se dire que pour la plupart il s’agit d’habitués de la filmographie de Kurosawa, on ne peut pas dire qu’il soit désagréable de retrouver tous ces visages que le familier du cinéma japonais contemporain a eu l’habitude de reconnaître.

Mais surtout, on appréciera une nouvelle fois ce sens de l’épure usant de manière discrète et efficace le thème du spiritisme. Quoique amateur de cinéma fantastique, j’avoue avoir assez peu de références en tête concernant ce thème. Tout au plus l’abominable l’Exorciste II que j’ai revu l’année dernière. Là, Kuro nous épargne de lourdingues séances de spiritisme autour d’une table, des expériences scientifiques ou bien des visions grotesques. Junko (et plus tard son mari) voit des fantômes, et l’on peut compter sur Kurosawa pour illustrer ce fait sans s’appesantir, mais avec efficacité. Pas besoin de jump scares, juste de discrets effets sonores (rejoignant ceux de son récent Chime), l’impression d’un temps suspendu à travers une dissonance visuelle (comme d’habitude, on retrouve des éclairages annonçant la présence d’une force surnaturelle).

Bref, si l’on goût ce genre d’approche fantastique, on est assez vite captivé, d’autant que Kurosawa transcende une approche purement fantastique d’une autre, plus conjugale, puisqu’au fantôme qui va bientôt perturber le quotidien du couple va s’ajouter le spectre de vieilles rancoeurs qui ne demandent qu’à éclore.

En ce sens, si la filiation avec Kaïro est évidente, il est intéressant aussi de le mettre en liaison avec cet autre chef-d’œuvre qu’est Tokyo Sonata.

Film visible en VOST ici :
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Re: [Olrik] (`0´)ノ  映画 2025 !

Messagepar Mark Chopper » Ven 11 Avr 2025, 14:10

Loin d'être un inconditionnel de Kuro depuis une vingtaine d'années. Mais ses années 1990, c'est du lourd.
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Re: [Olrik] (`0´)ノ  映画 2025 !

Messagepar Olrik » Ven 11 Avr 2025, 14:16

Depuis vingt ans ? Il y a eu quand même d'excellents films dans cette période (et un excellent drama, Shokuzai). Tente Chime, ça ne prend que 45 minutes, tout son cinéma est là-dedans.
Vers l'autre rive m'avait bien ennuyé. Et je redoute de voir Les Amants Sacrifiés, que je ne sens pas (tout comme sa version française de son Serpent's path). Mais dans l'ensemble, son cinéma continue d'être varié et intéressant, je trouve.
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Re: [Olrik] (`0´)ノ  映画 2025 !

Messagepar Mark Chopper » Ven 11 Avr 2025, 14:23

Après Kaïro, je n'ai aimé que Shokuzai et Avant que nous disparaissions.

Franchement, grosse déception de manière générale pour un mec qui a fait Cure (l'un des premiers films japonais, sacrée claque).

Real et Vers l'autre rive étaient atroces.

Mais allez, j'ajoute Chime à ma watchlist.
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Re: [Olrik] (`0´)ノ  映画 2025 !

Messagepar Olrik » Sam 12 Avr 2025, 10:44

Mark Chopper a écrit:Après Kaïro, je n'ai aimé que Shokuzai et Avant que nous disparaissions.


Même pas Tokyo Sonata ? Etonnant.
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Vers la lumière - 8/10

Messagepar Olrik » Sam 12 Avr 2025, 10:44

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Vers la lumière
Naomi Kawase - 2017


Misako (Ayame Misaki) utilise ses yeux et son goût pour la beauté visuelle des choses éphémères pour trousser des textes qui serviront dans la confection de bandes-sons en audio-description. Elle retrouve ainsi régulièrement des bêta-auditeurs, des aveugles qui lui donnent leurs avis. Parmi eux, un certain Nakamori (Masatoshi Nagase), photographe réputé en passe de perdre définitivement la vue. Ses remarques brutales font comprendre à Misako tout l’art de l’audio-description, tout le temps sur le fil entre objectivité et pouvoir d’évocation…


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2017, c’était l’époque où, je ne sais pourquoi, je n’avais plus tellement d’entrain à voir des films de Kawase. Et franchement, après avoir visionné hier ce Vers la lumière (Radiance, pour le titre international), c’est un tort. D’abord par le thème choisi. L’audiodescription ne me touche pas personnellement (touchons du bois, un ami a moins eu cette chance), j’ai encore mes bons vieux yeux désormais affublés de verres progressifs pour apprécier la photographie d’un film. Mais c’est en assistant aux quelques scènes du film dans lesquelles des personnages échangeaient leurs vues sur le travail de Misako que j’ai réalisé toute la finesse que nécessite l’audiodescription, finesse qui m’a fait penser à celle du traducteur pour la littérature, devant s’approcher d’un idéal situé entre nécessaire fidélité et trahison inévitable. Il ne s’agit pas juste de décrire, il faut le faire avec un art consommé du mot juste pour ouvrir la porte de l’imaginaire de l’auditeur qui va alors se fondre dans ce qu’il entend et sentir des émotions peut-être plus intenses que celles qu’il éprouverait avec ses yeux. C’est sans doute l’une des interprétations du choix du titre français, vers la lumière. Pendant tout le film, Misako bute contre les réserves (toujours poliment formulées, mais réserves quand même) de ses bêta-auditeurs, va même jusqu’à laisser couler une larme laissant supposer que son ego en prend un coup, mais va finir par y arriver, et ce sera toute la beauté des plans mis en inserts au milieu du générique de fin. Les scènes de réunions m’ont par ailleurs fait penser à celles que l’on peut avoir dans certains films de Ryusuke Hamaguchi, notamment Drive my car où l’on avait non un photographe aveugle mais une actrice muette. L’art de filmer de manière quasi-documentaire une réunion, avec le statisme que cela suppose, on la rendant passionnante et en donnant du relief aux affects, même les plus discrets, tout cela Kawase est parfaitement parvenue à le faire (mais n’oublions pas la grande part du documentaire dans sa filmographie).

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Sinon le film est traversé par un autre mouvement, celui qui saisit le personnage du photographe (je me demande si Kawase avait un photographe en tête en créant le personnage. Avec l’allure de Masatoshi Nagase et les exemples de photographies que l’on aperçoit dans l’appartement du personnage, j’ai songé à une sorte de Daido Moriyama…) qui arrive encore à voir un peu, mais qui va perdre définitivement la vue au milieu du film. Comment continuer à vivre alors que l’on perd ce qui fait l’essence de son être (à un moment, il explique à un ancien collègue qu’il continue de trimballer avec lui son vieux Rolleiflex car il s’agit de son « cœur ») ? Et c’est d’autant plus terrible quand on se trouve sous l’œil d’une réalistrice qui, dans ses bons jours, excelle à rendre compte de ces « beautés de l’éphémère » qui nous environnent. Et j’ai envie d’ajouter que c’est encore plus cruel avec le personnage de Misako dont la beauté irradie (ici, c’est plus le titre international qui convient) à chaque plan où elle apparaît. J’ai lu quelque part la remarque d’un sot critique qui se gaussait du fait que Kawase ne cessait dans ce film des gros plans de visages (parfois de très gros plans). Alors à cela, l’amateur fétichiste de bijins que je suis répondra d’abord qu’il n’est assurément pas désagréable d’admirer ainsi le visage d’Ayame Misaki (par ailleurs gravure idol en plus d’être actrice). Mais surtout, c’est ne pas avoir senti que cela donnait une impression de myopie généralisée, comme cherchant à restituer finalement celle du photographe qui en est arrivé à un point qu’il doit coller un document sous son regard (et avec un certain angle) pour parvenir à distinguer quelque chose. ET quand cela ne sera plus suffisant, il faudra lors remplacer la vue par le toucher. Lors d’une scène clé, il demandera ainsi à Misako la permission de toucher son visage pour le cartographier, le voir. Et lors d’une autre scène, arrivera le geste annoncé par l’affiche. L’autre grand thème de Kawase, l’amour (qu’il soit fraternel, familial, maternel…), sera dorénavant la nouvelle lumière (en plus de celle prodiguée par sa voix pour ses textes en audiodescription). Kawase ne s’appesantira pas sur cette nouvelle donnée. Un peu comme avec les films de Hamaguchi, le moins peut souvent exprimer le plus. Finalement, c’est une autre manière d’être raccord avec l’art de l’audiodescription.

8/10

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Kaïro - 7,5/10

Messagepar Olrik » Dim 13 Avr 2025, 10:42

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Kaïro
Kiyoshi Kurosawa - 2001


De jeunes Tokyoïtes s’aperçoivent que leur univers a l’air de sérieusement se dérégler : des personnes se suicident, ou bien disparaissent du jour au lendemain, avant de réapparaître à travers des silhouettes incrustées dans des murs ou de sinistres images sur des écrans d’ordinateurs…

Toujours un plaisir de revoir Kaïro, un des fleurons de la J-horror (en fait d’horreur, j’ai surtout horreur de cette appellation paresseuse, mais bon, passons), même si, après m’être enquillé récemment pas mal de films de Kurosawa, j’ai peut-être préféré certains de ses films plus courts (le contre-exemple de Kaïro serait ainsi le récent Chime, 45 minutes).

N’empêche, sorti juste un mois après Ring, il faut reconnaître que le genre était à la fête et que ce film couronnait un peu plus Kurosawa d’une réputation de réalisateur cérébral et efficace dans ses effets (Miike avoua un jour que Kaïro était le seul film de J-horror qui lui avait fait peur). Pas besoin ici de débauche d’effets spéciaux ou de maquillages fantômatiques qui finiront invariablement par être datés. Ceux qui ont vu Kaïro se souviennent sûrement de cette femme fantôme rencontrée dans une cave et de son déplacement en direction de l’un des protagonistes masculins. Voilà, le fantastique de Kurosawa, c’est juste ça, une femme habillée en tailleur qui marche droit devant elle. Et ça fonctionne parfaitement. Tout comme fonctionnent la kyrielle d’images d’ordinateur où l’on voit des individus semblant attendre ou errer à l’intérieur de leur appartement, parfois devant leur écran ordinateur.

Et l’on ne tarde pas à comprendre qu’il s’agit tout de même d’un peu plus que de la J-horror, que l’on glisse peu à peu dans un fantastique métaphysique. En fait, dès que le jeune Kawashima insère dans son ordinateur un cd-rom pour installer internet (à cette époque, on faisait ainsi) via un soft se nommant « Ur@nus » (Uranus était le dieu originel qui, craignant et haïssant ses enfants, avait décidé de les enfermer dans le Tartare, aux Enfers), on comprend que l’on est invité à cogiter sur la situation que va nous dévoiler Kurosawa et à réfléchir au-delà d’une simple histoire de revenants. On peut très bien prendre du plaisir si on ne le fait pas mais, comme toujours chez Kurosawa, le plaisir vient chez lui du miel que l’on peut faire à travers tout un repérage de signaux, de décodage, d’interprétation.

Ce qui m’a frappé lors de ce visionnage, c’est parfois l’absence de naturel lors des dialogues, absence de naturel qui, pour le néophyte qui ne connaîtrait pas Kurosawa, apparaîtrait comme le signe d’une maladresse, d’un script mal écrit. En fait, il donne surtout l’impression d’une terrible incommunicabilité préparant la solitude qui n’attendra pas la mort pour être déjà effective. Rarement Tokyo aura été montrée aussi dépeuplée à l’écran. Et pourquoi est-elle montrée ainsi ? Parce que tout le monde est mort et devenu un fantôme ? Ou bien parce que tout le monde est chez lui, aspiré par son écran d’ordinateur et vidé de sa substance ? Ce sera au spectateur de trancher. Une chose est sûre, la clé pour survivre est, comme pour les descendants d’Uranus, de retrouver – et d’y rester – la lumière, et ce sera tout l’espoir des dernières images – et du générique chanté par Cocco, après le score ténébreux de Takefumi Haketa.

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The Sound Of Water

Messagepar Olrik » Dim 13 Avr 2025, 12:15

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(court-métrage)

The Sound of Water - J.B. Braud - 2021

Un femme explique à un gaijin pourquoi, un jour, elle a décidé de quitter sa famille pour vivre ailleurs.

Court-métrage de 12 minutes d'un jeune français qui a bourlingué au Japon en 2017, et auteur d'un autre court-métrage se déroulant à Tokyo, In The Still Night.

Belle scénographie, bonne photo et l'actrice principale m'a paru convaincante. Forcément un peu frustrant, en espérant qu'un jour ce réalisateur ait les moyens de passer à un long métrage.

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You've got a friend - 7/10

Messagepar Olrik » Lun 14 Avr 2025, 17:58

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You've got a friend
Ryuichi Hiroki - 2021


Naaaani ? Ryuichi Hiroki a fait en 2021 un film sur le SM adapté d’un manga du légendaire Naoki Yamamoto, et personne ne m’a rien dit ? Vite ! Réparons cela et parons-nous de notre meilleure tenue de combat pour affronter ce genre de pelloche qui court toujours le risque de virer au nanar ou d’infliger une vraie torture mentale.
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Votre serviteur paré pour le visionnage.

Heureusement, il s’avère que le film n’a rien à voir avec des pelloches de type « Flower and Snake » (pelloches souvent bien ennuyeuses). Certes, on a bien quelques scènes où ça fouette, ça ligote et humilie, mais rien de bien sérieux. Ici, évoquons en deux mots l’histoire :

Yoshio travaille dans la compagnie des eaux de sa ville. Vivant avec sa vieille mère malade, sa vie sexuelle se limite à un club SM où il subit les coups de fouet de « maîtresse Miho ». Un jour, il lui propose, à la fin de sa journée, de dîner ensemble. Un lien autre que celui maître-esclave se tisse… peut-être le bout du tunnel existentiel pour Yoshio ?


On retrouve le Ryuichi Hiroki intimiste, celui d’excellent films tels que Vibrator ou It’s Only Talk, avec des personnages aux plaies pas totalement cicatrisées, le tout dans une ville japonaise anonyme, semblable à tant d’autres et pourtant attachante dans son côté poétique et lénifiant (impression que l’on ressentait dans son Tokyo d’Hibana : Sparks, un des meilleurs dramas de ces dix dernières années). Forcément, c’est parfois un peu érotique, un peu cru et en même temps tellement naturel et spontané que l’on a moins l’impression d’assister à un film érotique qu’à un drame intimiste tout de délicatesse dans sa sensualité. Dans ces dernières années, tout ne semble pas bon à prendre dans la filmo de Hiroki (ça pue parfois un peu le mainstream), mais encore une fois, si l’on a apprécié des œuvres comme Hibana ou Vibrator, You’ve got a friend a tout pour plaire.
7/10
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Germinal - 7/10

Messagepar Olrik » Jeu 17 Avr 2025, 14:50

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Germinal
Claude Berri - 1993


Assurément le blockbuster français de l'année 1993, blockbuster qui a dû faire venir dans les salles des hordes d'élèves accompagnés de leurs profs de français et d'histoire. Le film annonce d'ailleurs la couleur dès le panneau en ouverture, la production a pu bénéficier du soutien de l'Éducation Nationale. Après peu importe, le film est à mes yeux réussi, bien plus que ne l'est la récente adaptation de Monte-Cristo. Ici, pas besoin de trafiquer hasardeusement le texte original, on s'en tient aux détails imaginés par Zola et on les met en valeur par un développement à la fois conséquent et suffisant (2H30), une bonne reconstitution et surtout une excellente distribution. Bon, j'avoue, j'étais bien un peu sceptique au départ de voir Renaud dans le rôle d’Étienne Lantier, et tout le long du film j'ai eu du mal à me départir de l'impression qu'à tout moment, il pouvait dégainer à la fin d'une réplique son fameux tintintin ! Mais allez, sa prestation est très correcte, tout comme l'est celle de Miou-Miou (dans le rôle de la mère Maheu) ou encore celle de gros Gégé...
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… dans des scènes où on le reconnaît bien là! Sacré Gégé !

Mais ça ne s'arrête pas à ces trois, puisque l'on a aussi Carmet, toujours impeccable dans ses seconds rôles (j’avais complétement oublié ce qui arrivait à la petite Cécile), Laurent Terzieff dans le cynique et abominable anarchiste Souvarine, Judith Henry en Catherine Maheu, Anny Duperey en grande bourgeoise adultérine, etc.
Si l'on est souvent plongé dans le coron au milieu des familles des mineurs, le script n'oublie pas de varier les milieux pour accentuer les effets de contrastes et restituer l’injustice de la situation qui est développée, même si la narration se garde bien d’y aller à la truelle pour créer des effets mélodramatiques. Si la sympathie va bien sûr du côté des mineurs, force est de constater qu’il y a aussi parmi eux des brebis galeuses. Et pour ce qui est de l’aspect crapoteux souvent associé (et reproché) à Zola, si le film reste en retrait par rapport au roman, on a tout de même droit à une scène d'émasculation au couteau – scène terrible qui ébranle d’ailleurs Maheu et Lantier sur la noblesse de la révolte qu’ils ont lancée.
Malgré le sujet, rien de révolutionnaire dans Germinal. Juste une adaptation intelligente et sérieuse d'un roman emblématique, porté par une excellente distribution. Et c'est déjà très bien comme ça.
7/10
Avec les encouragements du conseil de classe.
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Nobody's perfect - 6/10

Messagepar Olrik » Ven 18 Avr 2025, 15:29

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Nobody's perfect
Ryuichi Hiroki - 2013


Un nouveau professeur débarque dans la classe d’une école élémentaire japonaise. Il se nomme Shinnosuke Akao et arbore une caractéristique immédiatement visible : il n’a ni bras ni jambes. Il est dans sa tâche secondé par Yusaku Shiraishi, qui s’occupe notamment d’écrire au tableau à sa place.

Il faut voir la frime des écoliers quand ils découvrent leur nouveau « sensei » à la rentrée. Mais le spectateur n’en mène pas large non plus, se demandant s’il va survivre au visionnage d’un film qu’il imagine pétri de bons sentiments, empli de discours sur la tolérance. Assurément, on est là dans la frange la plus mainstream du travail de Hiroki. Mainstream, mais pas non plus insupportable. D’abord grâce à Hirotada Ototake, l’acteur jouant l’instit handicapé. Précisons : l’acteur jouant un instituteur sans bras ni jambes, sans que cela soit dû à des effets numériques. L’histoire est en fait adapté d’une autobiographie de l’acteur qui est né ainsi à cause d’une maladie génétique. Connu au Japon pour avoir été journaliste sportif avant d’aller du côté de la politique, Ototake parvient à rendre son personnage à la fois magnétique et attachant. Et stupéfiant, comme lors de cette scène où on le voit jouer au foot avec des garçons de sa classe. Oui oui, vous avez bien lu, jouer ou foot, et excellemment encore puisqu’il parvient à planter un but par un tir croisé first class ! Ah ! qu’aurait été le résultat d’Arsenal / Real Madrid si, à la place d’un Vinicius ou d’un MBappé apathiques on avait eu Shinnosuke Akao ? Chacun en tire ses propres conclusions bien sûr, mais moi, la mienne est faite.

Sinon, à côté du choix d’Ototake, on a tout simplement une simplicité dans le ton, dans la manière d’évoquer la maladie (une des écolières à une sœur atteinte du syndrome de Dawn) qui, associé à un solide casting pour constituer la classe de 28 élèves, rend le visionnage agréable. On a bien de ces plaies qui émaillent la filmo de Hiroki, mais on devine qu’elles seront facilement cicatrisées par la lumière solaire que dégage Akao.

Enfin, pour la thématique sexuelle là aussi propre à Hiroki, on passera son chemin, on n’aura aucune info sur de potentiels exploits au lit de l’instit’ (aucune malice de ma part : je précise ici que Hirotade Ototake est marié, a un enfant… et a dû s’excuser publiquement en 2016 pour une histoire d’infidélité conjugale). Après, pour la sexualité des handicapés, je ne saurais que vous conseiller de voir [i]There is light[/i], de Yukihiro Toda, avec la belle Maya Koizumi, travailleuse du sexe officiant dans une entreprise spécialisée dans les services sexuels délivrés aux personnes comme Akao.
6/10

(une des chansons de l'OST)
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