[Alegas] Mes Critiques en 2025

Vos critiques de longs-métrages

Modérateurs: Dunandan, Alegas, Modérateurs du forum

Évènement (L') - 7,5/10

Messagepar Alegas » Lun 17 Mar 2025, 17:14

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L'évènement de Audrey Diwan
(2021)


J’avais malheureusement raté ce film au cinéma à sa sortie, et pour le coup les louanges que j’avais pu avoir sont tout à fait méritées. Vu le sujet et le traitement, ça m’a beaucoup fait penser au 4 mois, 3 semaines, 2 jours de Cristian Mungiu, qui avait reçu la Palme d’Or à l’époque, à savoir une plongée âpre et sans concession dans le parcours d’une jeune femme qui cherche à avorter à une époque où ce droit est refusé. Dans celui-ci en revanche, la notion quasi-documentaire disparaît au profit d’une forme plus agréable à l'œil, ce qui crée du coup un contraste assez violent avec ce qui est raconté, notamment dans le dernier tiers. Concrètement, le film se résume à suivre l’histoire d’une jeune étudiante à l’université qui découvre qu’elle est tombée enceinte suite à une aventure d’un soir, le problème étant qu’on est dans la France des années 60 et qu’elle ne veut absolument pas renoncer à ses études.

La grande qualité du film est d’épouser l’état psychologique du personnage, et donc la détresse qui va l’envahir petit à petit au fur et à mesure que les semaines passent. Au début, l’avortement n’est pas une évidence, de par son illégalité et tout simplement le fait que l’héroïne ne peut parler de cette option à personne. De là découle l’impossibilité de communiquer, le renfermement sur elle-même, puis la panique grandissante alors que la date limite approche. Si le film commence comme un drame, on part peu à peu dans le thriller paranoïaque (il y a une réelle menace d’être découverte et dénoncée, et je ne parle même pas du twist autour du médoc prescrit par le médecin, c'est bien tordu) puis carrément dans le film d’horreur sur la dernière partie, où il faut avoir le cœur bien accroché alors que la réalisatrice ne montre pourtant rien à l’écran (du coup, c’est peut-être mieux que je ne l’ai pas vu en salle, car je me dis que j’aurais pu tourner de l’œil sur ces passages :mrgreen: ).

Comme dit plus haut, c’est formellement assez solide pour ce que ça cherche à faire (si le malaise est là, c’est aussi parce qu’on a une caméra toujours très proche du personnage), dans les intentions ça aurait pu tomber dans du Dardenne-like mais c’est clairement plus travaillé que ça. Le casting est top, déjà on a des seconds rôles qui marquent entre Pio Marmaï et Anna Mouglalis (parfait choix de casting vu la voix qu’elle a, ça ajoute une dimension gênante aux scènes où elle apparaît), mais surtout on a Anamaria Vartolomei (qu’on a vu depuis dans Le Comte de Monte-Cristo et chez Bong Joon-ho) qui porte littéralement le film sur ses épaules, sacrée performance de sa part. Bref, ce n’est pas à mettre entre toutes les mains, mais d’un autre côté c’est aussi un film particulièrement nécessaire à une époque où on trouve encore des gens capables d’être contre le droit à l’avortement. Peut-être qu’en montrant ce film à tous, et donc en faisant vivre à chacun le malaise profond vécu par des milliers de femmes, peut-être qu’on irait dans la bonne direction.


7,5/10
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Affaire Pélican (L') - 4/10

Messagepar Alegas » Lun 17 Mar 2025, 23:21

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The Pelican brief (L'affaire Pélican) de Alan J. Pakula
(1993)


Contrairement à certains ici, je suis loin d’être un hater des adaptations de Grisham au cinéma, mais pour le coup sur celle-ci je rejoindrais volontiers leur camp, car c’est clairement la pire que j’ai pu voir. Pourtant, à première vue, il y a de quoi faire avec un récit classique de source à protéger d’un gouvernement plus corrompu qu’il n’en a l’air, un mystère à résoudre, des tentatives d’assassinat à éviter, le tout avec deux grosses stars montantes de l’époque, et un réal qui est pour beaucoup un représentant du thriller paranoïaque des années 70. Bref, il y avait du potentiel, mais pour le coup j’ignore si c’est le récit de Grisham qui est tout pété à la base, ou si c’est Pakula qui a du mal à passer la seconde pour faire décoller l’histoire, mais franchement le résultat est terriblement mouuuuuuu.

A la limite, que la première demi-heure le soit, je peux comprendre : il faut du temps pour poser le contexte, les enjeux, les nombreux personnages et les conflits d’intérêt, après tout c’est normal qu’un thriller ne démarre pas forcément sur les chapeaux de roues. Sauf que là, on parle d’un film où c’est l’encéphalogramme plat pendant plus d’une heure et quart, soit une bonne moitié de métrage :eheh: , et qui ne bouge vraiment qu’à partir du moment où les deux héros se rencontrent enfin. On pourra dire qu’avant il y a quand même un attentat et des assassinats, mais franchement c’est mis en scène de façon tellement molle que ça a du mal à éveiller l’intérêt. Du coup, du film, je retiens surtout la dernière demi-heure, seul moment où j’avais vraiment l’impression qu’il se passait quelque chose qui permettait de faire avancer l’intrigue : le subterfuge pour identifier la taupe au sein de la compagnie, le passage à la banque puis dans le parking, la résolution finale. Le truc, c’est que même ces moments ne sont pas foufous, avec une mise en scène où on sent l’âge avancé du réal, et des deus ex machina nuls à chier (le chien dans le parking + le bad guy qui explose sur la voiture, c’est un grand non :evil: ). Heureusement, on croit un peu à la relation Denzel/Julia, ça sauve un peu les meubles mais ça ne transforme pas le plomb en or. Entre celui-là et The Devil’s Own, on ne peut pas dire que la carrière de Pakula se soit terminée glorieusement, c’est peu de le dire.


4/10
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Violon sur le toit (Un) - 7/10

Messagepar Alegas » Mar 18 Mar 2025, 21:24

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Fiddler on the roof (Un violon sur le toit) de Norman Jewison
(1971)


Une comédie musicale produite au début des années 70, tirée d’un spectacle à Broadway, et qui donne lieu à un film de quasiment trois heures fait pour amasser un maximum de récompenses, autant dire que j’en attendais pas grand chose, moi qui commence à me lasser de ces grosses productions de l’époque qui essayent vainement de retrouver le savoir-faire des années 50. Pourtant, celui-ci est une bonne surprise, pas tant spécialement pour le côté musical qui est finalement très secondaire, mais tout le côté fresque familiale qui s’inscrit petit à petit dans la grande Histoire m’a plutôt séduit, je ne m’attendais vraiment pas à ça. Le pitch est plutôt simple : un vieux fermier juif ukrainien doit marier trois de ses filles, et se retrouve partagé entre les vieilles traditions du village, qui le poussent à choisir lui-même les prétendants pour pouvoir profiter des dots, et les envies progressistes des jeunes femmes (on approche de la révolution de 1917) qui souhaitent se marier par amour.

Alors forcément, imaginer un film de trois heures là-dessus, c’est un peu hardcore, mais non seulement le récit prend une direction étonnante sur la seconde moitié, mais en plus c’est le genre de fresque qui prend son temps de façon efficace, et qui fait que malgré la longue durée on ne s’emmerde pas. Alors oui, il y a quelques longueurs, quelques storylines qui auraient pu être écourtées, mais elles ne viennent jamais plomber l’ensemble, et du coup je me suis retrouvé assez vite captivé par cette petite (longue) histoire, et par ce personnage de père de famille tiraillé entre sa foi et l’amour qu’il porte pour les siens. Un attachement qui doit beaucoup à son interprète principal, qui avait joué le rôle sur les planches à Londres, et qui dégage quelque chose de singulier, un peu comme s’il portait tous les malheurs du monde tout en essayant de trouver constamment du positif à sa situation. Bref un personnage avec lequel on crée très vite un lien, qui est amusant à plus d’un titre (ses monologues où il discute avec Dieu), et surtout qui s’avère déchirant sur le dernier acte.

Du coup, c’est vraiment tout cet arc familial et historique qui reste en tête et qui fait qu’on passe un agréable moment, car il faut l’avouer : tout l’aspect musical du film n’est pas assez marquant. Passées la chanson If I were a rich man (le genre de musique que tout le monde connaît sans savoir forcément d’où elle provient) et la scène dans la taverne avec les danseurs russes, c’est finalement très anecdotique. Norman Jewison emballe ça très correctement, aidé par une belle photographie d’Oswald Morris, et malgré le classicisme de l’ensemble il y a quand même quelques super idées de mise en scène qui sortent du lot (les introspections du héros à chaque demande de ses filles, où la caméra l’éloigne et l’isole le temps qu’il nous fasse part de sa réflexion). Sinon, on notera un certain John Williams au score, ce qui lui fera son premier Oscar, mais j’avoue être déçu pour le coup car on sent que c’est plutôt du réarrangement de musique déjà existante plutôt qu’un vrai score comme il sera capable d’en livrer dans les années suivantes. En l’état, le film reste une chouette surprise vu que j’en attendais pas grand chose, même si je ne conseillerais pas ça à tout le monde non plus.


7/10
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Attachement (L') - 7/10

Messagepar Alegas » Mer 19 Mar 2025, 12:49

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L'attachement de Carine Tardieu
(2025)


Un joli drame au sujet qui aurait pu être bien lourdingue dans l’écriture, à savoir la gestion du deuil d’une mère et épouse dans le quotidien d’un père et son fils. Ca aurait pu être très classique sans ce choix de point de vue bienvenue qu’est celui de la voisine de palier, qui se retrouve un peu aux premières loges du drame en acceptant de garder l’enfant et en créant petit à petit un lien avec lui, c’est clairement ce personnage qui permet au métrage de se démarquer. Niveau écriture, c’est plutôt pas mal, émotionnellement efficace dès les premières minutes (l’annonce au gamin de la mort de sa mère), et surtout ça ne va pas forcément là où on s’y attend, genre on évite de façon astucieuse la romance entre veuf et voisine, et la relation amoureuse qui prend le dernier tiers du film prend un tournant assez inattendu dans sa résolution.

Du coup, sans que ce soit un film particulièrement remarquable, ça se tient très bien, et ça sonne très juste tout le long, d’autant plus que les interprétations suivent. Bon par contre formellement il n’y a rien de notable, tout est très fonctionnel et on a l’impression de regarder le drame français typique avec sa caméra à l’épaule, son absence de composition dans le cadre pour faire naturaliste, bref ça manque clairement d’identité et c’est d’autant plus dommage que le film est tourné à Rennes et que la ville n’est jamais mise en valeur. Un film qui a ses limites, mais franchement, parmi les dizaines de drames français oubliables qui sortent chaque année, celui-ci s’en sort plutôt bien et on en ressort ému, ce qui est déjà beaucoup.


7/10
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Meurtre dans un jardin anglais - 6/10

Messagepar Alegas » Mer 19 Mar 2025, 23:41

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The Draughtsman's contract (Meurtre dans un jardin anglais) de Peter Greenaway
(1982)


Vu le titre et les quelques images que j’avais pu voir sur le net, je m’attendais à du murder mystery genre Gosford Park ou Hercule Poirot, bref un truc bien british plutôt rigolo :mrgreen: . Le moins qu’on puisse dire, c’est que j’ai été décontenancé dès les premières minutes, et j’ai vite pigé que ça n’allait ressembler à rien de connu :eheh: . Pourtant, en pensant à Gosford Park, je n’étais pas très loin d’un certain aspect du métrage, à savoir que c’est particulièrement bavard, mais en réalité ça fait aussi beaucoup penser au Ridicule de Patrice Leconte, vu que le film entier se résume grosso modo à des mecs en perruques qui se balancent des battles de punchlines façon 17ème siècle :mrgreen: .

Il y a bien une histoire de meurtre étrange derrière, mais on sent bien que c’est en arrière-plan et que ça n’intéresse pas beaucoup le réalisateur (en tout cas, pas dans cette version, le film ayant eu à la base un cut de trois heures, désormais invisible, et qui incorporerait et développait beaucoup plus de choses), d’ailleurs le récit se termine sans qu’on ne sache réellement qui a tué le mec, et c’est plus une excuse pour malmener le personnage principal. Si en plus on rajoute une grosse touche de surréalisme au métrage, notamment avec un mec à poil pendant tout le film et qui se prend pour une statue :eheh: , autant dire qu’on a un résultat très singulier. C’est vraiment un film où le script passe au second plan (en tout cas c’est l’impression que j’ai eu, le fil rouge est particulièrement ténu) et de ce fait ce n’est pas toujours ce qu’il y a de plus passionnant à suivre (j’avoue de mon côté avoir perdu en intérêt une fois que l’artiste est parti et que ça complote derrière son dos), mais à côté de ça le métrage possède de réelles qualités qui font que ça se suit tout de même avec un minimum d’implication.

Déjà, les dialogues sont souvent mortels, d’autant plus qu’ils sont balancés par un casting qui a l’air de prendre beaucoup de plaisir à les réciter. Et puis formellement, il y a clairement un truc, c’est pas Barry Lyndon, mais franchement il y a des plans dont la composition et la photographie marquent bien la rétine, on est pas loin d’avoir des tableaux par moments. Si en plus on rajoute une musique bien fun de Michael Nyman, dont c’est l’une des toutes premières compositions (et qui bossera par la suite avec Leconte, je ne pense pas que ce soit une coïncidence), et un final très cruel qui reste en tête après le visionnage, il y a clairement de quoi compenser le manque d’intérêt qu’on peut trouver à l’histoire en général. Ceci dit, ça reste quand même une expérience particulière, et je serais bien en mal de le conseiller en assurant que ça va plaire, mais pour ceux qui veulent du cinéma un peu différent de d’habitude ça se tente.


6/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2025

Messagepar angel.heart » Jeu 20 Mar 2025, 07:22

Découvert ce week-end.

Malgré d'evidentes qualités, je me suis gentiment fait chier.
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Jumanji - 7,5/10

Messagepar Alegas » Jeu 20 Mar 2025, 19:07

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Jumanji de Joe Johnston
(1995)


Comme beaucoup de personnes de ma génération, si je devais faire une liste des films qui ont défini mon enfance, Jumanji occuperait une place de choix. De ce fait, c’est toujours un peu délicat de le redécouvrir des années plus tard, mais le fait est que ça tient toujours aussi bien la route, et, quitte à jouer au vieux con, ça met une bonne branlée aux films à cible familiale qui sortent aujourd’hui. Déjà, le concept est assez mortel, avec cette histoire de jeu de société maudit qui emprisonne ses joueurs dans une partie, et qui les condamne à vivre chaque case sur laquelle ils tombent. Ça donne une histoire finalement assez cruelle, qui marquent durablement les esprits (gamin, j’étais horrifié à l’idée de me dire que ce petit garçon a passé des années dans une jungle hostile), et surtout qui ne ménage pas ses personnages, chacun d’entre eux devant vivre de sacrés épreuves. Avec cette note d’intention, on pourrait aisément se dire que ce n’est pas du tout un film pour enfants, mais le fait est que le métrage arrive à trouver un équilibre parfait entre son côté dramatique et quelque chose de plus léger, l’humour ne prenant jamais le pas sur le sérieux des situations (équilibre qui a l’air complètement ignoré dans le reboot/remake/suite fait ces dernières années).

Bref, un petit modèle de divertissement en termes d’écriture, avec des personnages intéressants (chacun, à sa manière, n’arrive plus à s’intégrer à la société et doit apprendre à dépasser son trauma initial) qui sont développés de fort belle manière (j’aime beaucoup l’idée que l’arc d’Alan Parrish soit d’apprendre à affronter ses peurs, et que cela se fasse à travers une double figure, celle du père, et celle du chasseur, les deux personnages étant incarnés par le même acteur), et des sujets abordés étonnants, comme le fait de surmonter un deuil, ou de faire face à la détérioration d’une bourgade suite à la fermeture de son usine. A ma grande surprise, c’est un film qui fonctionne encore très bien sur le plan émotionnel, genre tout le passage avec Alan qui revient du Jumanji et qui découvre que tout son monde a désormais disparu, c’est assez fort, et sa relation avec les deux gamins, où il doit apprendre à devenir un père de substitution sur le tas alors qu’il n’a lui-même pas réglé son trauma avec son paternel, est vraiment efficace. Forcément, ça doit aussi beaucoup au casting qui est nickel, notamment Robin Williams qui est plus sobre que la moyenne.

Johnston confirme avec ce film un savoir-faire technique indéniable, on sent une certaine intelligence dans la mise en scène sans trop en faire, ça s’efface derrière le récit sans pour autant négliger une efficacité redoutable, et puis il y a une grosse maîtrise des effets visuels, avec un gros mélange de CG, d’animatroniques ou de marionnettes. Alors forcément, certains effets ont pris un coup de vieux, genre les singes, mais ça ne sort jamais du film pour autant, preuve que l’efficacité de la bobine prend le pas sur les défauts. Finalement, le seul gros reproche que j’aurais à faire sur le film, c’est l’arc du flic Carl, qui démarre pourtant bien avec l’histoire de la chaussure, mais dont le personnage vire un peu trop au clown ambulant, et sans réelle finalité. Enfin, dernier gros point positif : la BO de James Horner est top, ça aussi mine de rien ça m’avait bien marqué quand j’étais gamin, que ce soit dans sa manière de gérer le suspens ou dans la maîtrise de l’écriture pour flûte irlandaise :love: . Un joli modèle de divertissement familial 90’s qui conserve toujours son efficacité, et probablement mon film de Johnston favori avec Rocketeer.


7,5/10
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Film: Jumanji
Note: 8/10
Auteur: Invité

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Rebelle (Le) - 6,5/10

Messagepar Alegas » Dim 23 Mar 2025, 21:35

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The Fountainhead (Le rebelle) de King Vidor
(1949)


Un film que j’aurais souhaité apprécier plus, car sur le papier il y a tout pour faire un must-have du cinéma américain de la fin des années 40, mais malheureusement ce n’est pas le cas, quand bien même on en passe vraiment pas loin. On a donc King Vidor qui adapte ici un best-seller de l’époque, une adaptation tellement attendue qu’il y aura une grosse bataille du côté des acteurs pour faire partie du projet, et qui finira par se faire avec Gary Cooper et la jolie Patricia Neal (dont c’est l’un des tout premiers rôles) dans les rôles principaux. Je n’ai pas lu le roman, mais vu le film et l’idéologie qui s’en dégage je me suis renseigné un peu, et nul doute que ce qui me gêne en grande partie dans le film vient du matériau d’origine.

On a donc l’histoire d’un architecte particulièrement talentueux qui essaye tant bien que mal de bouleverser la façon de concevoir les bâtiments avec une approche plus contemporaine, et évidemment il va se retrouver face à de nombreuses personnes qui cherchent à le couler, souhaitant défendre une vision plus classique de l’architecture. Concrètement, dans les grandes lignes, ça fait beaucoup penser aux films de Capra de la grande époque, avec un héros seul contre tous, un love interest qui va peu à peu comprendre le bonhomme et l’aider dans sa quête, une relecture contemporaine de David et Goliath, et évidemment à la fin une victoire face aux conservateurs. Franchement, écrit comme ça, ça part plutôt bien en ce qui me concerne, mais le script va avoir deux gros défauts qui font toute la différence, qui qui m’empêchent d’y voir un film aussi important qu’un Mr Smith goes to Washington ou Mr Deeds goes to town.

Déjà, autant chez Capra il y a un manichéisme assez trouble car le bien fondé du héros vient surtout d’une certaine naïveté qui est considérée alors comme une qualité, autant dans ce film c’est assez loupé, avec un personnage principal qui est un homme parfait, très conscient de son propre génie, et donc aussi très prétentieux. C’est un personnage qui avance dans le récit sans se remettre en question, persuadé dès le départ que sa vision des choses est celle qui doit prévaloir, et pas à un seul moment ça n’est remis en cause hormis par ceux affichés comme des bad guys. Du coup, ça rend le personnage de Gary Cooper souvent agaçant, voire carrément antipathique (on est très loin de Deeds pour le coup), le souci étant que le film entier demande au spectateur de se rallier à sa cause, notamment dans un discours final qui va assez loin. Et c’est là aussi où le film me perd : je m’attendais à un film sur l’architecture et l’art, pas à un film politique.

Malheureusement, nous somme en 1949, les USA sont sur le point de lancer une énorme vague anticommuniste, et ce film fait déjà un peu le boulot avant tout le monde : on y fait l’éloge de l’individu qui prévaut face au bien commun, et on dit carrément texto que le collectivisme est un danger à bannir. Déjà j’étais bien embêté par la majorité du film, avec ce personnage qu’on a pas spécialement envie de voir réussir parce qu’il est particulièrement égocentrique (que le mec défende ses idées c’est une chose, mais de là à provoquer l’explosion d’un futur bâtiment résidentiel, ça ne le rend vraiment pas sympathique :? ), mais alors tout le dernier acte en mode tract poussif de l’objectivisme/éloge du capitalisme comme seul système viable :roll: j’ai trouvé ça particulièrement lourdingue, en plus de paraître hors-sujet par rapport à ce que ça racontait auparavant. Ça m’emmerde d’autant plus qu’à côté de ça, je n’ai pas grand chose d’autre à reprocher au film : la mise en scène de Vidor est classieuse au possible (dès qu’il filme des bâtiments, ça renvoie aux premières fabuleuses minutes de The Crowd), la photo est top, le casting impeccable, bref il y avait vraiment moyen d’avoir un putain de film. Dommage donc que le récit ne m’ait jamais entraîné plus que ça, et que la toute dernière ligne droite m’ait fait rouler des yeux à plusieurs reprises devant le manque flagrant de subtilité du propos. Reste un chouette film à regarder tout de même, mais j’avoue que j'espérais un résultat plus humaniste que politique.


6,5/10
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Auteur: osorojo

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Birdcage (The) - 7/10

Messagepar Alegas » Lun 24 Mar 2025, 12:59

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The birdcage de Mike Nichols
(1996)


Alors là pour le coup c’est une vraie surprise, car en le lançant je n’avais guère d’espoirs, notamment à cause du fait que c’est le remake américain d’un film que je n’apprécie pas (La cage aux folles, comédie dont je ne m’explique pas la réputation), et j’ai vraiment sauté le pas grâce au casting, car mine de rien, un film avec Robin Williams et Gene Hackman, ça ne se refuse pas. Les premières minutes m’ont laissé penser que j’allais souffrir autant que devant le film original, mais il n’en fut rien : ça a beau être la même histoire (un couple gay qui essaye de se faire passer pour des hétéros lorsque le fils souhaite leur présenter leur future belle-famille), la sauce prend nettement mieux.

Déjà, il y a un traitement de la communauté LGBT qui me paraît nettement plus respectueux que dans le film de Molinaro, dont j’ai le souvenir d’un traitement extrêmement daté, poussif voire carrément homophobe sur les bords. Ici, on a beau avoir quelques personnages très exubérants (je pense notamment à ceux incarnés par Nathan Lane et Hank Azaria), ils ne sont pas pour autant limités à ça, il y a une réelle profondeur d’écriture vis à vis des protagonistes, et surtout on ne ressent pas un jugement par rapport à ce qu’ils sont. Ensuite, il y a une vraie construction touchante qui se crée peu à peu du côté des relations entre personnages. Le couple Robin Williams/Nathan Lane se dévoile peu à peu, d’abord très stéréotypé puis finalement plus complexe qu’il n’y paraît, et incarne à mon sens le cœur même du film.

Pendant la première heure, c’est drôle sans être particulièrement renversant, puis vient la seconde moitié qui vient accélérer les choses et qui transforme définitivement le métrage en comédie qui aligne les situations les plus rocambolesques. C’est simple : à partir du moment où le personnage d’Hackman sort de chez lui, c’était le gros smile aux lèvres de mon côté, attendant avec impatience la prochaine situation malaisante, curieux de découvrir comment les personnages allaient s’en sortir :eheh: . A ce titre, tout le dîner de rencontre est vraiment un super moment de comédie, chacun jouant sa partition impeccablement, et autant on sait que Robin Williams et Nathan Lane vont être au niveau, autant c’est très surprenant de voir Hackman dans ce registre :mrgreen: . Pour le coup, ce remake est plutôt intelligent, et apporte un bon paquet de modifications qui viennent l’améliorer (notamment le fait de transformer le beau-père en élu conservateur). Formellement, on notera que c’était l’un des premiers films hollywoodiens sur lesquels bossait Emmanuel Lubezki, ce n’est pas particulièrement flagrant à l’image, mais on sent tout de même un soin apporté non négligeable. Un remake US meilleur que l’original, c’est assez rare pour être souligné, et franchement même si, comme moi, on aime pas le film de Molinaro, on peut aller sur celui-ci sans trop de craintes.


7/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2025

Messagepar Mark Chopper » Lun 24 Mar 2025, 13:16

L'original me mettait déjà mal à l'aise quand j'étais gosse.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2025

Messagepar Alegas » Lun 24 Mar 2025, 17:02

Je ne l'ai pas vu à un âge spécialement avancé non plus, je devais avoir 9 ou 10 ans. Je ne l'ai jamais revu depuis pour confirmer mon avis, mais j'ai zéro envie de le relancer pour le coup.
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Prochaine fois je viserai le cœur (La) - 6/10

Messagepar Alegas » Lun 24 Mar 2025, 19:50

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La prochaine fois je viserai le cœur de Cédric Anger
(2014)


Un film assez intéressant dans le contexte d’une production française, car autant on peut avoir des polars qui relatent des enquêtes célèbres autour de serial-killer, autant c’est nettement moins courant d’en avoir qui prennent le point de vue du tueur. Ici, c’est plutôt justifié par le fait que le tueur soit ni plus ni moins qu’un gendarme qui enquête sur ses propres meurtres, du coup ça permet d’avoir un récit qui se concentre à fond sur la double vie du personnage, les difficultés qu’elle engendre, mais aussi et surtout sur les troubles psychologiques du mec. Alors clairement, le film n’a pas vocation à faire du thriller, hormis trois scènes assez courtes (celle de la fuite dans les bois, celle de la voiture à bouger et celle de l’arrestation) il n’y a pas de volonté de créer de la tension, ici on est plutôt dans de l’étude de personnage, et c’est quelque chose qui se ressent énormément dans les choix de narration et de mise en scène, avec notamment une caméra toujours proche du sujet. Et pour le coup, c’est plutôt réussi : le quotidien décrit à l’écran est bien retranscrit, ça crée un certain malaise de voir ce monsieur tout le monde faire des actes ignobles et réussir à s’en sortir facilement, et surtout ça met en avant le côté complètement asocial du personnage à travers une tentative de relation amoureuse qui n’est pas là gratuitement ou pour humaniser le tueur.

Ça donne donc un film qui se repose entièrement sur deux points : son point de vue complètement assumé, et la prestation de son acteur principal. Autant je ne suis pas fan de Canet en général, autant ici on sent qu’il se sort les doigts pour incarner un personnage aux antipodes de ce qu’il joue habituellement. C’est pas toujours très subtil, mais ça fonctionne à l’écran, et je pense qu’on peut aisément dire que c’est son meilleur boulot en tant qu’acteur, dommage que ça n’ait rien donné de concret dans la suite de sa carrière les années suivantes. Formellement, c’est mieux foutu que la moyenne, on sent une envie de faire de la belle image même si on sait que les moyens ne sont pas toujours là (dans la reconstitution, il y a notamment une scène près d’une gare SNCF où on capte direct qu’on est pas dans les années 70). Sinon, on notera la présence de la belle Ana Girardot qui en profite pour dévoiler sa plastique, ce qui est forcément très appréciable :mrgreen: :love: . Pas un film particulièrement notable du genre, mais par rapport à ses intentions et ambitions ça fait bien le taf.


6/10
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Thé au Sahara (Un) - 5,5/10

Messagepar Alegas » Mer 26 Mar 2025, 10:53

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The sheltering sky (Un thé au Sahara) de Bernardo Bertolucci
(1990)


Plus j’avance dans la filmographie de Bertolucci, plus j’ai l’impression que Le dernier empereur et Le conformiste sont des exceptions dans sa carrière, le reste étant globalement des films beaucoup trop longs pour ce qu’ils ont à raconter. Pour celui-ci, c’est toujours plus intéressant que le très chiant Le dernier tango à Paris, que j’avais découvert l’année dernière, mais il y a quand même cette impression de voir une bobine qui s’étire pour rien, et qui se concentre quasi exclusivement sur une relation charnelle, sans réelle finalité. J’avoue avoir un peu subi la première moitié de film, avec ce couple pas très intéressant dans l’écriture, et qui cherche vainement à ranimer leur flamme à travers un voyage dans les terres du Maroc ainsi qu’avec quelques tentatives d’expériences sexuelles, sur le papier pourquoi pas mais à l’écran il ne se passe pas grand chose, et l’écriture n’aide pas vraiment à comprendre ces personnages avec lesquels j’ai gardé constamment une certaine distance.

Finalement, c’est à partir du moment où ce couple est frappé par une tragédie, à savoir le mari qui chope la typhoïde, que j’ai vraiment commencé à m’intéresser à leur sort. Le long passage avec la femme au chevet de son mari est éprouvant, la durée possède une réelle utilité, et même si je n’ai pas trop pigé la finalité de tout ce qui suit, avec le voyage chez les bédouins, j’ai trouvé ça quand même nettement plus intéressant que lorsque Malkovich était à l’écran. Formellement, c’est pas mal du tout. Je préfère quand même ce que Bertolucci faisait sur Le dernier empereur, ne serait-ce que pour le côté fresque grandiose, mais il faut avouer qu’on a ici aussi un film visuellement bien foutu, avec de beaux et lents mouvements de caméra, et des paysages magnifiés par la photo de Storaro. Bref j’ai trouvé ça globalement assez moyen, trop long et peu passionnant à mon goût malgré d’indéniables qualités, mais ce n'est pas non plus ce que Bertolucci a fait de pire, loin de là.


5,5/10
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Auteur: pabelbaba

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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2025

Messagepar Mark Chopper » Mer 26 Mar 2025, 10:56

le reste étant globalement des films beaucoup trop longs pour ce qu’ils ont à raconter


The Dreamers était un plaisir visuel de tous les instants :mrgreen:
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2025

Messagepar Alegas » Mer 26 Mar 2025, 11:01

Étrangement, je doute que tu parles de la mise en scène. :mrgreen:
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