[Alegas] Mes Critiques en 2025

Vos critiques de longs-métrages

Modérateurs: Dunandan, Alegas, Modérateurs du forum

Parfait inconnu (Un) - 6,5/10

Messagepar Alegas » Mer 05 Mar 2025, 13:13

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A complete unknown (Un parfait inconnu) de James Mangold
(2024)


Vingt ans après Walk the line, James Mangold revient au biopic musical en traitant cette fois non pas Johnny Cash, mais Bob Dylan. Un choix quelque peu étonnant de la part du réalisateur, qui donne l’impression de revenir en arrière (peut-être un choix délibéré après le flop de son Indiana Jones) pour un résultat qui, en plus, s’inscrit peu ou prou dans la lignée qualitative de Walk the line. Les deux films ont bien sûr leurs différences, mais aussi beaucoup de points communs : personnage principal au talent inné qui traverse la célébrité avec un certain fracas, volonté de traiter le personnage à travers ses relations amoureuses, artiste qui n’hésite pas à ignorer les conseils pour aller là où le public ne l’attend pas, univers de la folk, et puis évidemment le personnage de Johnny Cash qui a une certaine importance dans le second film. Bref, il y a le sentiment que Mangold veut revenir à quelque chose qu’il a délaissé, et à la limite je dirais pourquoi pas mais je trouve le résultat finalement tellement similaire à ce qu’il a fait auparavant que je ne m’explique pas trop ce choix.

Ceci dit, ça n’empêche pas le film d’être globalement plaisant à suivre. J’imagine que pour beaucoup ça paraîtra comme un énième biopic sans réelle saveur, mais de mon côté, appréciant beaucoup la musique de Dylan, j’ai eu un certain plaisir à voir contée cette partie de sa carrière. Le film est certes parfois un peu trop factuel, un peu trop étalage de chansons les unes à la suite des autres, et use de grosses ellipses pour arriver à ses fins, ça manque d’un réel point de vue sur le personnage, mais à côté de ça on sent un réel amour de Mangold pour son sujet, et ça se retranscrit notamment dans l’ambiance de l’époque, car pour le coup la reconstitution est l’une des grandes qualités du métrage. Sans surprise, le casting est nickel, Chalamet fait un bon Dylan, idem pour Monica Barbaro en Joan Baez, ça fait toujours plaisir de voir le trop rare Edward Norton, et puis Boyd Holbrook déchire tout en Johnny Cash, ça donnerait presque envie de voir Mangold refaire Walk the line avec cet acteur à la place de Phoenix :mrgreen: (qui ne déméritait pas pourtant). Sinon, formellement c’est du Mangold, rien de fou donc mais c’est carré et efficace, peut-être un peu trop fonctionnel à mon goût. Globalement, c’est un film auquel il manque quelque chose pour le démarquer de la concurrence, et qui fait que je préfère clairement le I’m not there de Todd Haynes, qui me semblait mieux saisir le personnage, sa complexité et ses multiples facettes.


6,5/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2025

Messagepar Mark Chopper » Mer 05 Mar 2025, 13:36

Boyd Holbrook déchire tout en Johnny Cash,


L'acteur est top, mais le côté fonctionnel du perso - en gros, il apparaît toujours pour encourager Dylan à suivre son instinct - m'a surtout rappelé Val Kilmer dans True Romance.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2025

Messagepar Alegas » Mer 05 Mar 2025, 13:39

Totalement d'accord.
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Pile ou face - 5/10

Messagepar Alegas » Mer 05 Mar 2025, 20:31

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Pile ou face de Robert Enrico
(1980)


Je n’avais pas spécialement de grosses attentes mais tout de même, entre Enrico à la réal, Noiret/Serrault en leads, et Audiard aux dialogues, j’avais espoir que ce soit un divertissement plus que sympathique. J’en ressors assez mitigé, le film ne manque pas de qualité, mais il y a clairement un souci d’homogénéité à mon sens, avec plusieurs éléments qui viennent parasiter l’ensemble. Le métrage démarre pourtant bien avec un postulat de départ intéressant : une femme meurt en tombant de plusieurs étages alors qu’elle se disputait avec son mari, aucun témoin ne peut affirmer si c’est un suicide ou si le mari a tué sa compagne, mais un flic quelque peu borné et hors des clous va être persuadé de la seconde option, au point qu’il suit et harcèle le suspect jour et nuit.

De ce pitch, on pourrait penser que le film est un polar bien noir, il n’en est rien : le script se dirige assez rapidement vers la comédie légère, où la relation entre flic et suspect est centrale, et chose très surprenante ils finissent même par devenir potes malgré eux, se retrouvant un peu l’un dans l’autre, notamment sur un détail précis qu’on peut vite deviner mais qui n’est acté que dans la dernière ligne droite. Ce choix d’orientation marche plutôt bien, en grande partie grâce aux deux leads très en forme (Noiret est toujours bon lorsqu’il joue la nonchalance, et Serrault a une réelle facilité à jouer des enfoirés plus complexes qu’il n’y paraît) et aux dialogues d’Audiard qui se lâche bien (“la justice, c’est comme la Sainte Vierge, si elle n’apparaît pas de temps en temps, le doute s’installe” :mrgreen: ).

Cela contraste énormément d’une part avec l’ambiance visuelle (Bordeaux n’est vraiment pas montré sous son plus beau jour) mais aussi avec les sujets évoqués en parallèle puisqu’il est question de trafic de drogues. D’ailleurs, cette storyline est clairement de trop à mon sens, elle a bien son utilité sur la dernière demi-heure, mais sinon elle ne fait que parasiter un récit qui marche plutôt bien quand on se concentre uniquement sur la relation Noiret/Serrault. A la limite, la seule qualité que je lui trouve est de permettre une apparition de Jean Desailly, mais c’est peu, surtout qu’à côté de ça il faut se taper un Pierre Arditi pas convaincant du tout en flic, et Dorothée qui tente une carrière ciné en faisant tomber le haut. Du coup, une fois passée la surprise du ton, et avant l’excellente fin, j’avoue que le film ne m’a guère passionné, la faute à trop d’éléments qui viennent entacher l’essentiel, et pas aidé par une mise en scène où Enrico donne l’impression de faire le minimum syndical. Je pense sincèrement que le même film, avec moins d’éléments narratifs chez les flics, et uniquement centré sur la relation des deux personnages, aurait été bien plus efficace.


5/10
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Je suis toujours là - 7/10

Messagepar Alegas » Jeu 06 Mar 2025, 13:03

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Ainda estou aqui (Je suis toujours là) de Walter Salles
(2024)


Je ne partais pas conquis d’avance étant donné que les films de Walter Salles sont, à mon sens, au mieux sympathiques mais rapidement oubliables, mais la hype grandissante (qui a finalement abouti sur un Oscar du meilleur film étranger ces derniers jours) m’a convaincu de lui donner une chance. C’est effectivement un chouette film, sans doute le meilleur de son réalisateur, et même si je trouve qu’on en fait peut-être un peu trop autour (ça n’a pas, à mon sens, la marque d’un chef-d’œuvre, ni même d’un très grand film) ça reste suffisamment solide pour me convaincre, et je n’ai pas trop de doutes sur le fait que ça pourrait plaire à beaucoup de monde.

C’est donc l’histoire vraie d’une famille brésilienne plutôt aisée dans le Rio de Janeiro des années 70, et qui va complètement être chamboulée par la disparition soudaine du père, enlevé par les forces armées du gouvernement sous prétexte d’un interrogatoire. Ce genre de récit, on l’a déjà vu, et j’ai un moment pensé qu’on allait avoir une histoire de l’ordre du Missing de Costa-Gavras, avec une enquête de la mère sur la situation de son mari, mais le film fait le choix d’abandonner assez rapidement cet aspect pour se concentrer sur le vide que crée l’absence du père au sein de la famille, et ce sur plusieurs années vu que le film se déroule jusque dans les années 2010. Du coup, là où dans ce genre de film on se concentre sur celui qui part, on préfère ici parler de ceux qui restent, et c’est clairement ce qui fait la force du métrage, d’autant que c’est particulièrement bien traité. C’est écrit et interprété avec beaucoup de justesse, ça ne tombe jamais dans le drame qui forcerait trop à vouloir émouvoir, et j’aime bien le fait qu’on a autant le point de vue de la mère (qui se doute rapidement qu’elle ne reverra jamais son homme) que celui des enfants (qui vont espérer très longtemps le retour) alors que Salles aurait pu faire le choix d’un point de vue unique.

Fernanda Torres, actrice que je découvre ici, porte le film sur ses épaules, et est assez impressionnante en femme qui doit prendre le contrôle de son foyer du jour au lendemain pour qu’il puisse continuer à aller de l’avant, pour le coup c’est vraiment une prestation qui mérite les louanges qu’elle a pu avoir ces derniers mois. Au final, c’est un film sur un deuil progressif, qui va être d’autant plus difficile à faire étant donné que la famille va rester très longtemps dans le manque total d’informations, et vu la séquence finale on peut même se demander si le deuil a réellement une finalité pour le personnage de la mère, qui va rester marquée à jamais par ce moment décisif de sa vie. Un beau drame, ni plus ni moins.


7/10
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Monde perdu (Le) - 6,5/10

Messagepar Alegas » Ven 07 Mar 2025, 00:02

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The lost world (Le monde perdu) de Harry O. Hoyt
(1925)


Un film d’aventure assez fascinant à découvrir, notamment parce qu’il préfigure, huit ans avant sa sortie, un certain King Kong. En le regardant, c’est à se demander si Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack n’ont pas clairement eu l’intention d’en reprendre non seulement le créateur des effets visuels (Willis O’Brien, qu’on pourrait qualifier de Harryhausen avant l’heure), mais aussi la construction narrative (et donc celle du roman de Arthur Conan Doyle), avec un voyage qui se met en place, des escapades dans la jungle qui entraînent des complications, et un final où l’on ramène une créature pour l’exposer mais qui finira par s’enfuir. Alors clairement, c’est un film moins marquant que King Kong, ne serait-ce que parce qu’on sent que le script est un peu trop relégué au second plan (les personnages sont particulièrement fonctionnels ici), mais franchement, pour un film de 1925, tout le côté aventure marche encore super bien, et c’est dingue de constater à quel point les effets visuels fonctionnent toujours autant.

Pour le coup, à défaut d’avoir une histoire et des personnages qui tiennent vraiment la route, le métrage assure dans sa volonté de délivrer un grand spectacle : les trucages optiques sont à la point de ce qui se fait à l’époque (et j’aurais même tendance à dire en avance sur leur temps dans certains cas), la stop-motion des dinosaures garde un charme indéniable, et le film possède quelques séquences qui étonnent de par leur complexité technique, à l’image de tout ce passage où un volcan en éruption vient incendier une jungle luxuriante. Alors oui, le film a aussi quelques éléments qui prêtent à sourire, à l’image de ce singe hostile dont le design tranche avec le reste de la faune, mais franchement c’est peu par rapport aux qualités du film. Bref, une bobine intéressante aussi bien sur le plan historique que technique ou culturel, et qui se regarde encore très bien grâce à une bonne dose de spectacle visuel.


6,5/10
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Terreur sur le Britannic - 4,5/10

Messagepar Alegas » Ven 07 Mar 2025, 10:56

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Juggernaut (Terreur sur le Britannic) de Richard Lester
(1974)


Un film qui, au premier abord, donne l’impression d’être la réponse anglaise à tout un pan du cinéma catastrophe américain de l’époque, et très franchement, quand je l’ai lancé, j’étais persuadé de voir une variante de Poseidon avec un casting et contexte british. Pourtant, ça s’avère en fin de compte assez loin d’être un film catastrophe, le bodycount est finalement peu élevé et la destruction y est très rare (deux explosions dont les conséquences sont seulement décrites), et on est finalement plus dans le thriller qu’autre chose, avec un terroriste qui prend en otage un paquebot entier (en fait, c’est un peu Speed 2 avant l’heure :mrgreen: ).

Si je devais expliquer pourquoi le film ne marche pas, je pense que je viserais principalement son metteur en scène, à savoir Richard Lester. Plus je découvre ses films, plus je me demande ce qui poussait autant de producteurs à lui confier d’importants projets, et j’en viens à me dire que toute sa carrière s’est basé sur les succès de ses films avec les Beatles. Ce Juggernaut est à l’image des autres blockbusters que Lester a réalisé dans sa carrière : toute la mise en scène donne l’impression d’être improvisée le jour-même, on ne sent jamais une envie de proposer une belle image, et on a un paquet de scènes à fort potentiel qui sont complètement loupées dans l’exécution. Ceci dit, le film a aussi quelques moments pas trop mal, mais dont la réussite vaut surtout grâce au casting et une tension narrative plus que formelle, je pense notamment aux séquences de double désamorçage avec Richard Harris qui élève le niveau.

Le reste, entre l’enquête toute molle avec Anthony Hopkins (et sa conclusion qui tombe à plat :| ), et la veine tentative de rendre sympathiques les passagers du paquebot (la storyline du mec qui essaye de mettre de l’ambiance sur le navire, c’est consternant et inutile :roll: ), alterne entre le regardable et le nul. Le film n’est pas complètement déplaisant pour autant, et franchement dans le genre j’ai vu bien pire, mais ce qui est emmerdant c’est cette constante impression de voir un film qui aurait pu être bien meilleur avec un réalisateur plus investi, car ici non seulement on a matière à mieux par le concept, mais c’est aussi dommage de voir un casting pareil (Omar Sharif, Richard Harris, Anthony Hopkins, Ian Holm, David Hennings) sous-utilisé, pour un résultat très moyen.


4,5/10
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Vincent Lindon - Cœur sanglant - 6,5/10

Messagepar Alegas » Ven 07 Mar 2025, 19:45

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Vincent Lindon - Cœur sanglant de Thierry Demaizière & Alban Teurlai
(2025)


Un film que je ne comptais pas regarder initialement, sentant le projet égo-trip à fond les ballons, mais vu qu’on me l’avait chaudement recommandé, ne serait-ce que pour l’originalité de l’exercice, j’ai tout de même tenté. Effectivement, ce n’est pas le genre de documentaire que l’on voit tous les jours : Vincent Lindon semble avoir permis à une équipe de le suivre dans son quotidien pendant plus d’un an, et il permet au passages aux réalisateurs d’utiliser des vidéos qu’il tourne au gré de ses envies via son smartphone. Du coup, là où on a généralement des documentaires très carrés et organisés autour de leur sujet, ici on a vraiment l’impression de voir un homme se livrer corps et âmes, quitte à montrer face caméra ses défauts, ses pétages de plomb, et ses contradictions, et dieu sait qu’il y en a avec un mec comme Lindon :eheh: .

J’ai eu personnellement l’occasion de rencontrer deux fois l’acteur, et à chaque fois il ne m’a pas paru être un modèle d’humilité, loin de là :mrgreen: . C’est, sans surprise, quelque chose qui se confirme ici, il l’avoue lui-même en lisant ce qu’il considère être ses plus gros défauts, et on capte vite que c’est un mec qui se pose un niveau d’exigence très haut, au point qu’il devient prisonnier de ce besoin inassouvi d’être le meilleur acteur possible. Une réalité d’autant plus étonnante qu’à côté de ça, le bonhomme a l’air particulièrement lucide sur la possible vacuité de son propre métier, au point de se demander s’il n’a pas foutu en l’air sa vie en devenant comédien. Concrètement, le film n’est que ça : un flot continu d’énormes contradictions qui finissent par rendre Lindon souvent pathétique, parfois touchant (cette scène où il se met à chialer juste parce qu’il voit un arbre solitaire à l’horizon), mais du coup terriblement humain aussi.

On sent que l’exercice du documentaire l’agace autant qu’il le fait travailler (le temps d’une scène, on a une compilation des monologues où il remet en doute l’utilité même du doc, craignant qu'on y voit un moyen pour lui de s'apitoyer sur son sort), mais ça permet aussi d’avoir une fenêtre assez rafraîchissante sur Lindon : difficile d’imaginer, lorsqu’on le voit, qu’il vénère des films comme Equalizer, Taken ou Rocky, qu’il se rêve acteur américain pour distribuer des bourre-pifs sur pellicule, ou qu’il devient comme un gosse lorsqu’il découvre la suite qu’il occupe lorsqu’il est président du jury à Cannes. En l’état, le film n’a rien d’un grand documentaire, mais il est d’une sincérité évidente, et la forme/concept est assez originale pour créer un complexe portrait d’homme et d’acteur.


6,5/10
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Jack Reacher - 7,5/10

Messagepar Alegas » Ven 07 Mar 2025, 23:32

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Jack Reacher de Christopher McQuarrie
(2012)


Première revision depuis la sortie ciné et c’est toujours aussi bien, et mine de rien le fait de ne pas l’avoir revu depuis douze ans fait que j’avais oublié pas mal de points de l’intrigue, et j’ai donc en grande partie redécouvert le récit comme si c’était la première fois. N’ayant pas lu les livres (malgré de chaudes recommandations, peut-être que je m’y mettrais un de ces jours), je ne pourrais pas faire le jeu des comparaisons, mais le fait est qu’avoir Tom Cruise dans un rôle qui, au premier abord, ne lui correspondait pas du tout (le mec est censé être une armoire pas loin des deux mètres) marche finalement bien, notamment parce qu’il y a un vrai travail d’adaptation pour que le physique de Cruise ne soit pas gênant. Du coup, au lieu d’avoir un personnage qui en impose direct, on a plutôt un mec qui joue sur son côté average pour surprendre l’ennemi, et on a même un petit jeu sur l’image de Cruise, qui séduit évidemment facilement les femmes mais qui va complètement éviter la moindre love story alors qu’on aurait pu en avoir une avec le perso de Rosamund Pike.

Côté script, c’est très solide, avec une histoire intéressante dès les premières minutes et qui le devient d’autant plus quand le complot prend forme. C’est un film qui n’est pas avare en retournements de situations, il y a vraiment un côté plaisant dans le déroulement, et même si j’imagine qu’une partie du crédit revient au livre adapté, je pense que Christopher McQuarrie a aussi son importance dans l’affaire. Car pour le coup, le métrage est régulièrement une bobine de mise en scène : toute l’introduction muette où on a un paquet d’informations à l’image, l’analyse du déroulement de la fusillade, la course-poursuite en bagnole (probablement l’une des plus marquantes de ces dernières années, c’est d’une lisibilité exemplaire :love: ), le simili-fight dans la baraque (avec un aspect comique inattendu via le décor étroit :mrgreen: ), le climax final, autant de passages qui en mettent plein la vue via une mise en scène carrée et un découpage nickel, et qui ont sûrement motivé Tom Cruise à choper McQuarrie pour le reste de la saga M:I.

Si je devais trouver quelques défauts au film, ce serait probablement sur quelques éléments qui dénotent un peu, genre le bad guy joué par Herzog qu’on nous présente comme un mal absolu, et qui ne sert finalement à pas grand chose si ce n’est répéter son passé de prisonnier, ou encore le perso du flic ripou dont on ne pige pas trop les motivations, mais franchement c’est accessoire et on les oublie bien vite tant le reste est bien exécuté. Pas un grand film, mais franchement parmi les petites bobines divertissantes et sans prétention des années 2010 c’est pas loin d’être dans le haut du panier, et McQuarrie atteignait là un niveau de qualité qu’il réitérera, à peu de choses près, sur ses films suivants.


7,5/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2025

Messagepar Mark Chopper » Ven 07 Mar 2025, 23:36

Mais il est mortel Herzog ici.

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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2025

Messagepar Alegas » Sam 08 Mar 2025, 00:21

Je dis pas le contraire, il a une vraie présence menaçante.
Mais passée sa première apparition, il sert à que dalle en vrai.
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Nightbitch - 3/10

Messagepar Alegas » Dim 09 Mar 2025, 19:44

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Nightbitch de Marielle Heller
(2024)


Je partais plutôt curieux sur celui-ci, d’une part parce que ça faisait un petit moment que Amy Adams n’avait eu le lead d’un film intéressant, mais aussi parce que j’avais bien aimé le film que Marielle Heller avait réalisé sur Fred Rogers, bref si on ajoute à ça le pitch plus qu’intriguant je m’attendais à quelque chose d’un minimum potable. Et c’est la douche froide. Je me retrouve devant une situation où il y a deux possibilités : soit je suis passé complètement à côté du propos du film, soit je l’ai bien pigé et dans ce cas je trouve l’ensemble complètement pété en termes d’écriture. Sur ce que j’ai cru comprendre, c’est un film sur l’angoisse de la maternité, d’une femme qui n’arrive pas à concilier la liberté de sa vie d’artiste avec celle, faite d’obligations, de mère au foyer, et cette angoisse va se traduire par des hallucinations de la part de l’héroïne, qui pense se transformer peu à peu en chien, ce qui lui permet d’évacuer toutes ces névroses.

Voilà, si j’ai bien pigé le film se résume à ça, et à la limite que le pitch soit WTF n’est pas vraiment gênant, on a vu bien pire, mais alors le traitement lourdingue, la métaphore pas subtile pour un sou, le surlignage excessif sur le fait qu’être mère c’est difficile, tout ça fait que j’ai trouvé l’ensemble très pénible à regarder. J’aimerais dire que le film est sauvé par la prestation d’Amy Adams, mais quand bien même elle a l’air investie dans son rôle (elle semble avoir pris du poids spécifiquement pour ce film), je la trouve à des années-lumières de ce qu’elle pouvait faire il y a une dizaine d’années, faut dire qu’elle est pas aidé par l’écriture de son personnage, où on ne sait jamais vraiment à quoi s’en tenir, ce qui complique pas mal l’empathie qu’on pourrait créer avec elle. Dans le rôle du père trop absent, j’ai trouvé Scoot McNairy nettement plus remarquable. Je n’ai malheureusement pas grand chose d’autre à dire sur le métrage, tant il m’a complètement laissé sur le côté. Pour le coup, je laisse le bénéfice du doute, ainsi que le soin à d’autres de se faire un avis sur un film clairement atypique.


3/10
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Île aux pirates (L') - 6,5/10

Messagepar Alegas » Lun 10 Mar 2025, 19:04

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Cutthroat Island (L'île aux pirates) de Renny Harlin
(1995)


Un film à la réputation peu flatteuse, et dont il a du mal à se défaire. Et pour cause, puisque c’est ni plus ni moins que la bobine qui sera le dernier clou du cercueil pour le studio Carolco, la faute à un flop particulièrement imposant (moins de 20 millions de recettes pour un budget s’approchant des 100). Il aura fallu un bon moment avant que j’en entende parler en bien (comme souvent avec les gros échecs pas mérités, le temps vient corriger les choses), et franchement à la découverte je me demande vraiment comment un film pareil a pu autant se vautrer alors que, huit ans plus tard, le Pirates of the Caribbean de Verbinski défonçait tout sur son passage. Parce qu’au fond, on est vraiment dans le même type de divertissement qui ne se prend pas la tête : les pirates sont une excuse pour exploiter à fond le filon, et livrer un film d’aventure qui a à la fois un pied dans le passé en invoquant moult références, et un pied dans le présent en faisant tout péter dès que c’est possible.

Ce défi, Renny Harlin le remporte de très belle façon. Certains pourront toujours dire que ça en fait des tonnes, et que ça va à fond dans la surenchère, mais j’ai l’impression que le film l’assume totalement. Franchement, s’il n’y avait pas toute la séquence sur l’île qui vient un peu ralentir le rythme, je pourrais dire que le métrage est une succession de climax assez dingues. Ça commence déjà bien avec la grosse course-poursuite sur le port (qui n’a aucun sens narrativement mais que c’est bonnard de voir autant de destructions en dur, et la cascade avec le passage par la fenêtre pour arriver sur la diligence en bouche un coin :shock: ), ça continue avec la baston dans la taverne (avec là encore une cascade qui fait mal, puisque Modine se prend un tonneau sur la tête et ça se voit que c’était pas prévu :shock: ), ça se calme un peu avec la tempête qui a le défaut d’utiliser un peu trop de ralentis pour faire durer inutilement, mais ça se rattrape ensuite avec un énorme dénouement sur deux bateaux, où la moindre partie du décor est exploitée, et qui se termine sur une des explosions les plus impressionnantes vues sur un écran :shock: .

Bref, entre ça et la production design qui en met plein les yeux, on ne peut pas dire qu’on ne soit pas devant un spectacle généreux. Alors forcément, ça se fait au prix d’un certain déséquilibre : la menace peine à exister au delà du surjeu de Frank Langella, Geena Davis a du mal à tenir le film sur ses épaules, on sent un truc étrange en termes d’écriture sur Matthew Modine qui est un simili Errol Flynn mais qui passe pourtant tout le film en état de détresse, les personnages secondaires ont du mal à exister, et comme je l’ai dit plus haut il y a tout le passage sur l’île qui vient un peu endommager un rythme jusqu’ici effréné. Pour autant, ça reste un blockbuster jouissif à plus d’un titre, bien mené, sublimé par un score de John Debney qui est on fire ici (peut-être bien son meilleur boulot ?), et sur lequel chaque centime se voit à l’écran. A l’heure où les gros divertissements d’aujourd’hui sont souvent sans âme, ternes, et donnent l’impression qu’on a vu mieux ailleurs, ça fait du bien de voir un tel film.


6,5/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2025

Messagepar pabelbaba » Lun 10 Mar 2025, 19:40

Pour les causes du flop et le film en général, la vidéo de Meea est très bien.
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Sinon, oui, j'aime les nibards. :chut:
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pabelbaba
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David Golder - 6/10

Messagepar Alegas » Mar 11 Mar 2025, 00:21

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David Golder de Julien Duvivier
(1931)


Un film important dans la carrière de Duvivier, d’une part parce qu’il marque sa rencontre avec Harry Baur, avec qui il entretiendra une collaboration fructueuse dans les six années à venir (pas moins de sept films, nul doute qu’ils se sont bien entendus) mais aussi et surtout parce que David Golder n’est ni plus ni moins que le premier film parlant du cinéaste. A ce stade de sa carrière, Duvivier s’est brillamment imposé comme un réalisateur talentueux, livrant un dernier film muet aux grandes qualités (Au bonheur des dames), mais doit prouver qu’il est capable de faire avec l’évolution technologique, et donc d’adapter sa mise en scène et sa direction d’acteurs avec le parlant. Un passage difficile qui, on le sait bien, a signé l’arrêt de quelques carrières, mais dans le cas de Duvivier on peut dire que le pari est plutôt réussi.

Alors clairement, on sent que c’est un métrage de la transition, que Duvivier expérimente un peu tout en restant prudent, et surtout qu’il doit faire avec un matériel plus que contraignant : si, au début des années 30, le parlant est technologiquement au point aux États-Unis, ce n’est pas vraiment le cas de la France, qui connaîtra encore quelques balbutiements et devra attendre plutôt la seconde moitié de la décennie pour livrer des parlants où les dialogues sont parfaitement audibles et où les effets sonores ne sont pas pour la plupart stridents. Du coup, oui, le film a les défauts de son époque, mais très franchement, pour comparer avec d’autres films français sortis la même année, Duvivier s’en sort avec les honneurs et livre un film formellement intéressant et qui se tient plutôt bien.

Le film est bourré de petites idées qui font la différence, Duvivier pose le niveau dès les premières secondes avec un montage qui rappelle son travail dans le muet, mais auquel s’ajoute des informations parlées : Duvivier ne repense pas sa mise en scène, il la réhausse avec le parlant, ce qui fait toute la différence, et c’est quelque chose qui va se voir notamment sur le fait qu’il n’hésite pas à laisser de longs moments de silence, et n’utilise les dialogues que pour transmettre des informations qu’il ne peut pas forcément donner par l’image. Si on ajoute à ça le fait que Duvivier s’ajoute volontairement des difficultés, avec des scènes dialoguées en extérieur, ou des séquences de foule, on voit que le bonhomme voulait tenter le maximum dès son premier parlant pour être opérationnel par la suite.

Si le film arrive à me convaincre sur tout cet aspect formel, c’est néanmoins moins le cas sur ce qu’il raconte. Peut-être que cela vient du fait qu’il fallait un récit simple en guise de première tentative de parlant, mais je n’ai pas pu m’empêcher de penser que tout va trop vite, que tout est trop en ligne droite dans ce film, et donc qu’on devine rapidement où cela va nous mener. On y suit un riche homme d’affaires cruel et égoïste (le mec provoque le suicide d’un de ses partenaires sans que ça ne lui fasse quoi que ce soit) qui remet toute son existence en question alors qu’il apprend qu’il pourrait bientôt mourir s’il continue ses activités, chose qui va être très mal vue par son entourage, qui ne voit en lui qu’une possibilité d’amasser rapidement et facilement de l’argent facile.

Bref, un simili récit de rédemption (c’est pas complètement ça mais on s’en approche sur certains aspects) qui permet à Duvivier de brosser un nouveau portrait sombre de la société humaine, où l’argent prend le pas sur les hommes, la morale, et les sentiments. En soi, pourquoi pas, mais je n’aurais pas craché sur un récit un peu plus élaboré, d’autant qu’à côté de ça Duvivier prend un peu trop son temps pour raconter son histoire, ce qui donne un métrage au rythme dont la lenteur m’a un peu décontenancé. Harry Baur porte le film sur ses épaules et le fait plutôt bien, c’est pas encore avec ce film que j’y verrais le plus grand acteur français de son époque (car c’est sa réputation à ce moment-là) mais on le sent clairement investi dans ce personnage au bout du rouleau. Peut-être un film que je reverrais à la hausse lors d’une éventuelle revision, une fois la simplicité du récit mieux digérée, mais en l’état ça reste un film intéressant à plus d’un titre.


6/10
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