[Alegas] Mes Critiques en 2025

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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2025

Messagepar Alegas » Sam 01 Fév 2025, 11:59

BILAN JANVIER 2025


Films vus :

1 : Dr. Jekyll and Mr. Hyde, Rouben Mamoulian, 1931, Ciné VOST : 7,5/10
2 : No country for old men, Joel & Ethan Coen, 2007, Blu-Ray VOST : 10/10
3 : En fanfare, Emmanuel Courcol, 2024, Ciné VF : 6,5/10
4 : The wrong trousers, Nick Park, 1993, Blu-Ray VOSTA : 9/10
5 : We live in time, John Crowley, 2024, Ciné VOST : 7,5/10
6 : Rio Lobo, Howard Hawks, 1970, TV VOST : 5,5/10
7 : Ulisse, Mario Camerini, 1954, TV VOST : 5/10
8 : Tout simplement noir, Jean-Pascal Zadi & John Wax, 2020, TV VF : 6,5/10
9 : Wallace & Gromit : Vengeance most fowl, Nick Park & Merlin Crossingham, 2024, TV VOST : 7,5/10
10 : The Aftermath, James Kent, 2019, TV VOST : 4,5/10
11 : Six jours, Juan Carlos Medina, 2025, Ciné VF : 2,5/10
12 : 2046, Wong Kar-wai, 2004, Ciné VOST : 8,5/10
13 : Liliom, Frank Borzage, 1930, DVD VOST : 4/10
14 : Les Visiteurs II : Les couloirs du temps, Jean-Marie Poiré, 1998, Truc VF : 6/10
15 : Smile, Parker Finn, 2022, Truc VOST : 7/10
16 : Kill, Nikhil Nagesh Bhat, 2024, Truc VOST : 5/10
17 : Bird, Andrea Arnold, 2024, Ciné VOST : 5,5/10
18 : Mon meilleur ami, Patrice Leconte, 2006, TV VF : 5/10
19 : Never let go, Alexandre Aja, 2024, Truc VOST : 6/10
20 : The great escaper, Oliver Parker, 2023, Truc VOST : 4/10
21 : My fair lady, George Cukor, 1964, DVD VOST : 5/10
22 : La habitación de al lado, Pedro Almodóvar, 2024, Ciné VOST : 6/10
23 : The Dead, John Huston, 1987, Ciné VOST : 6,5/10
24 : The Caine mutiny court-martial, William Friedkin, 2023, Truc VOST : 7/10
25 : Smile 2, Parker Finn, 2024, Truc VOST : 6/10
26 : Memoir of a snail, Adam Elliot, 2024, Ciné VOST : 8,5/10
27 : Rough night, Lucia Aniello, 2017, TV VOST : 3,5/10
28 : Laura hasn't slept, Parker Finn, 2020, Truc VO : 6/10
29 : Rebel Ridge, Jeremy Saulnier, 2024, TV VOST : 7/10
30 : Foe, Garth Davis, 2023, TV VOST : 3/10
31 : Les graines du figuier sauvage, Mohammad Rasoulof, 2024, Ciné VOST : 6,5/10
32 : Hundreds of beavers, Mike Cheslik, 2024, Blu-Ray VOST : 8,5/10
33 : Memory, Michel Franco, 2024, Truc VOST : 6/10
34 : Just visiting, Jean-Marie Poiré, 2001, Truc VF : 1/10
35 : The Lord of the Rings : The Fellowship of the Ring, Peter Jackson, 2001, UHD VO : 10/10
36 : Les Visiteurs : La Révolution, Jean-Marie Poiré, 2016, Truc VF : 2/10
37 : Città violenta, Sergio Sollima, 1970, TV VOST : 5/10
38 : Die Ehe der Maria Braun, Rainer Werner Fassbinder, 1979, Ciné VOST : 6/10
39 : Trois jours à vivre, Gilles Grangier, 1958, Ciné VF : 5/10
40 : That Christmas, Simon Otto, 2024, TV VOST : 3/10
41 : Galaxy Quest, Dean Parisot, 1999, UHD VOST : 7/10
42 : Sing Sing, Greg Kwedar, 2024, Ciné VOST : 7/10
43 : Wolfs, Jon Watts, 2024, Truc VOST : 5/10
44 : Les 11 Commandements, François Desagnat & Thomas Sorriaux, 2004, Truc VF : 0,5/10


Découverte du mois :

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Autres découvertes marquantes :

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Smile 2 - 6/10

Messagepar Alegas » Sam 01 Fév 2025, 14:36

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Smile 2 de Parker Finn
(2024)


J’étais curieux de découvrir le film car mine de rien le premier opus se suffisait largement à lui-même, notamment dans son exploitation du concept, et du coup j’avais beaucoup de mal à imaginer un second long sur le sujet qui ne tombe pas dans la répétition du schéma narratif, avec l’infestation, la découverte progressive du mal, la quête de compréhension du mécanisme, puis le piège qui se referme peu à peu. Pour le coup, même si le résultat aurait pu être pire, il y a vraiment la sensation de voir un décalque du premier film mais avec un budget plus confortable qui permet un contexte plus imposant (d’une employée dans un hôpital psychiatrique, on passe à une chanteuse pop célèbre). Le principal souci, c’est que les codes de fonctionnement de la malédiction sont exactement les mêmes qu’avant (seul ajout, la volonté de chercher à créer une mort artificielle pour s’en débarrasser) et du coup à partir de là c’est évidemment très difficile de proposer quelque chose de réellement neuf, surtout que pour des questions de logique on a un personnage principal qui réagit de la même manière que l’héroïne précédente.

Le résultat est toujours efficace, mais avec du coup cette sensation d’être déjà en terrain connu, là où le premier film baignait dans un mystère ambiant. Les ficelles se voient d’autant plus : on sait que la créature cherche à avoir des témoins pour passer d’un corps à l’autre, du coup, avec une chanteuse qui prépare un concert, on peut vite deviner la conclusion, et vu qu’on sait désormais que l’entité peut aussi créer des scènes entières qui sont fausses, on capte plus rapidement l’astuce, même si ces séquences sont plus conséquentes (la meilleure amie j’avais capté direct vu qu’elle n’a aucune interaction avec d’autres personnages). Bref, malgré une fin qui promet un troisième épisode différent, le script n’est pas la force de cette suite qui s’impose plus finalement par sa réalisation et la façon dont sont mises en scène certaines apparitions.

Cela se fait parfois au prix de choix douteux (la séquence dans la voiture avant l’accident j’ai trouvé ça assez moche) mais globalement Parker Finn confirme tout le bien qu’on pouvait penser de lui avec une mise en image pleine de qualités : le plan-séquence du début, les jumpscares qui jouent sur l’attente, le sound-design toujours aussi malaisant, les jeux de photographie, le passage dans l’appartement avec les fans en mode un deux trois soleil, etc… Entre ça et la prestation de Naomi Scott, ça fait pardonner en partie le manque d’originalité du film. Du coup, je suis quand même curieux de voir la direction que prendra le troisième film, mais après j’espère sincèrement que cette licence s’arrêtera car on sent déjà que les limites sont atteintes et que ça tourne partiellement en rond.


6/10
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Ce Noël-là - 3/10

Messagepar Alegas » Sam 01 Fév 2025, 23:38

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That Christmas (Ce Noël-là) de Simon Otto
(2024)


Critique rapide de ce film avant qu’il ne disparaisse complètement de ma mémoire, ce qui ne devrait pas tarder à arriver. Au premier abord, c’est une production animée Netflix comme tant d’autres, mais le fait est que c’est écrit par Richard Curtis, auteur que j’apprécie particulièrement pour bon nombre de films, et le voir sur un film d’animation de Noël paraît finalement assez logique vu le ton et l’univers du bonhomme. A priori, c’est un film adapté d’un livre pour enfants que Curtis a écrit un peu avant, avec plusieurs petites histoires séparées les unes des autres, et qui sont ici rassemblées pour faire une sorte de gros film choral avec, en guise de protagonistes, les villageois d’un petit village du fin fond du Royaume-Uni, et le Père Noël. Sur l’intention, why not, le souci c’est que dès les premières minutes on se rend compte que c’est vraiment une resucée totale des films de Noël classiques, avec morale bien-pensante, de l’humour censé plaire à tous les âges, des personnages hauts en couleur, bref de la part de Curtis, qui finit par s'auto-citer dans une scène gênante, j’avoue que je m’attendais à quelque chose d’un peu plus original.

Mais le pire, c’est que rien dans ce film ne fonctionne narrativement, que ce soit le côté choral qui ne sert à rien, les relations entre personnages, même les dialogues sont tout ce qu’il y a de plus imbitable. Si on rajoute en plus le fait que le film a un côté particulièrement désagréable, propre aux productions anglaises depuis quelques années, à vouloir rajouter artificiellement toutes les minorités possibles sans que ça n’apporte quoi que ce soit, tout ça donne un film qui donne plus l’impression de cocher des cases au fur et à mesure (sentiment renforcé par des choix de chansons pour se la jouer branché) plutôt que de raconter réellement une histoire de façon sincère. On ne peut même pas dire que la technique permet de faire passer la pilule : j’ignore le budget du film mais ça ne devait pas voler bien haut vu le résultat à l’écran, qui donne l’impression de voir une production d’animation 3D qui a facile quinze/vingt ans de retard, chose d’autant plus étonnante que la production se permet à côté d’aligner une distribution plutôt classieuse (Brian Cox, Bill Nighy et Fiona Shaw notamment) et d’avoir John Powell à la BO (malheureusement peu inspiré sur celui-ci). Bref, c’est vraiment pas ouf du tout, c’est même assez chiant et pénible à regarder. Pour un bon film de Noël sur Netflix, on continuera à préférer Klaus.


3/10
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Mémoires d'un escargot - 8,5/10

Messagepar Alegas » Dim 02 Fév 2025, 14:10

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Memoir of a snail (Mémoires d'un escargot) de Adam Elliot
(2024)


On aurait pu penser qu’après un film comme Mary & Max, la carrière d’Adam Elliot aurait décollé, et lui aurait permis d’enchaîner rapidement sur un second long-métrage. Outre le fait qu’il a des difficultés à monter le financement de ses films, c‘était sans compter sur le fait qu’il a fallu huit ans pour créer cette nouvelle bobine, mais très franchement l’attente en valait la peine vu le résultat final. Concrètement, on est devant un film à la sensibilité très proche du précédent opus du réalisateur : une oeuvre abordant des sujets difficiles, plutôt orientée pour les adultes (ceci dit, les gamins à ma seconde séance avait l’air d’apprécier), et surtout qui mixe avec beaucoup d’habileté l’humour (souvent noir) et le tragique. Faire rire son spectateur est un exercice compliqué, le faire pleurer également, Adam Elliot, lui, arrive à faire les deux en l’espace d’une seule et même scène.

C’est cet équilibre parfait entre drame et comédie qui fait la force de Memoir of a snail, dont l’histoire pourrait paraître clairement trop lourde avec une orientation totalement premier degré (c’est vraiment l’histoire d’une femme qui accumule les coups de sort, à priori en partie biographique puisque Elliot avoue s’être inspirée de sa propre mère) mais qui s’avère être finalement une très belle leçon de vie à travers les pires moments de l’existence. Le résultat est pour le moins efficace : durée courte, rythme soutenu, narration en voix-off qui ne donne pas l’impression de surligner l’action à l’écran (de l’aveu même d’Elliot, la voix-off est surtout une contrainte de budget, lui permettant d’avoir moins d’animation à faire), et surtout des personnages hauts en couleur adorables ou détestables à souhait. Il y a une réelle sincérité dans l’écriture qui rend l’ensemble particulièrement envoûtant, c’est rare de voir un film pareil taper aussi juste sans paraître simpliste ou donneur de leçon.

Formellement, c’est assez dingue tout en ayant un côté très humble dans la fabrication : c’est de la pur stop motion où tout est fabriqué et animé à la main, chose qui se fait de moins en moins dans les gros studios qui font encore ce genre d’animation. Ça donne quelque chose de très authentique visuellement, alors qu’il y a pourtant un character design très atypique comme toujours chez Elliot, là encore ça donne un mélange assez unique. Le côté humble se ressent aussi du côté de la mise en scène pure : stop motion à petit budget oblige, ça ne fait pas des grands mouvements de caméra comme chez Laïka ou Aardman, c’est très sage dans la réal mais ça colle complètement avec les personnages et l’histoire, et ça n’empêche pas les trouvailles de narration qui vont plutôt se faire du côté du montage. A l’arrivée, il n’y a ni plus ni moins qu’un des plus beaux films d’animation sortis ces dernières années, une petite merveille qui ne paye pas de mine mais dont on ressort grandi.


8,5/10
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Film: Mémoires d'un escargot
Note: 7/10
Auteur: logan

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# Pire soirée - 3,5/10

Messagepar Alegas » Mar 04 Fév 2025, 01:38

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Rough night (# Pire soirée) de Lucia Aniello
(2017)


Un énième film qui vient confirmer une tendance à la facilité à ce stade de la carrière de Scarlett Johansson : elle enchaîne alors les gros blockbusters et les voix dans des films d’animation, alors pourquoi pas céder aussi aux grosses comédies potaches de potes comme Hollywood sait les faire chaque année ? En soi, pourquoi pas, ça ne m’aurait par exemple pas déplu de voir Scarlett tourner dans une production Apatow, et ça lui aurait sûrement permis de jouer avec son image. Le truc c’est qu’on sent qu’on est ici devant un projet bas de gamme qui a soudainement pris en ampleur par le fait qu’une star de renommée mondiale est rattachée au projet, alors qu’en réalité rien ne justifie que ça se démarque du reste des productions de ce style. Le script était pourtant réputé à la base, ayant fait partie de la fameuse liste des meilleurs scripts non produits à Hollywood, mais le résultat fait peine à voir, pas tant pour ce que ça raconte, mais surtout parce que c’est fait sans panache, sans volonté de proposer un vrai divertissement borderline dans le ton (alors qu’il y a tout pour), bref c’est de la comédie qui devrait avoir un classement R et tout oser en termes de violence et de charme, alors qu’on se retrouve au final devant un film tous publics qui ne fait de mal à personne.

Du coup, on peine à s’intéresser à cette histoire pourtant assez farfelue (un enterrement de vie de jeune fille qui tourne mal alors que le strip-teaseur engagé meurt accidentellement au beau milieu de la baraque louée pour l’occasion), les péripéties s’enchaînent sans donner l’impression d’une escalade dans le grotesque et le rire, tout est désespérément plat. De plus, ça en fait beaucoup trop dans les stéréotypes de personnages (le perso de Kate McKinnon) et dans la volonté de détourner les habituels rôles entre hommes et femmes, là encore ça aurait pu marcher dans des contextes où le film irait assez loin dans le ton, mais ça ne fonctionne définitivement pas dans le cas présent (le passage avec le mari qui porte les couches ça donne vraiment l’impression de sortir d’un autre film du coup). C’est pas aussi nul que ce que j’avais pu en lire ces dernières années (c'est pas particulièrement détestable), mais c’est clairement une comédie particulièrement oubliable, et qui aurait sûrement eu plus de libertés de ton sans la présence de Scarlett, qui apporte pourtant un atout charme indéniable. Reste donc quelques rares gags qui fonctionnent, la robe de Scarlett, ses cheveux courts qui lui vont si bien, un caméo rigolo de Demi Moore, pour le reste je préfère largement revoir Bridesmaids qui s’assume bien plus dans ses intentions.


3,5/10
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Rebel ridge - 7/10

Messagepar Alegas » Mer 05 Fév 2025, 00:24

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Rebel ridge de Jeremy Saulnier
(2024)


Il s’est passé tellement de temps depuis le dernier film de Saulnier que j’avais fini un peu par oublier l’enthousiasme que j’avais à suivre sa carrière, lui qui m’apparaît comme un des récents réals à suivre de près. Son Hold the dark avait ses qualités, mais il y avait quand même un écart significatif avec Blue Ruin et Green Room, et puis c’est clairement à mes yeux un réal fait pour la salle de cinéma, et pas pour Netflix. Du coup, je n’avais pas forcément de grosses attentes sur celui-ci, mais malgré le fait de ne pas pouvoir le découvrir sur grand écran il y a quand même l’impression de voir Saulnier revenir en grande forme, j’irais pas jusqu’à dire que c’est son meilleur film, mais ça égale à peu de choses près le doublé déjà évoqué.

Sur un pitch de série B déjà vu des milliers de fois, Saulnier fait, comme souvent, le choix d’aller à contre-courant : pas question de refaire un First blood, nulle envie de partir dans un film violent avec un mec contre une petite armée, bref on est assez loin de ce que le synopsis peut laisser penser de prime abord. On a du coup une approche plutôt originale, une sorte de revenge movie (et encore, c’est pas réellement de la vengeance à proprement parler, c’est plus une recherche de justice) avec un héros qui se refuse à s’abaisser au niveau de ceux qu’il affronte, et qui agit donc par pure défense, en neutralisant ses ennemis plutôt qu’en les tuant (CQC powaaa !!! 8) ). Ça donne un film qui possède sa propre dynamique, qui ne cherche pas forcément à être divertissement pur et à posséder un rythme trépidant, mais à vrai dire c’est tant mieux car la lenteur apporte un réel plus à l’ensemble. Il y a vraiment l’impression de voir une bobine qui a sa propre identité, chose d’autant plus rare sur un film de plateforme où on a tendance à rendre tout le plus grand public possible histoire de viser large. Surtout que ce sont des choix qui ne se font pas au détriment de l’efficacité : les personnages fonctionnent, les relations entre eux aussi, l’intrigue qui se complexifie petit à petit fait son petit effet tout en restant une histoire à hauteur d’homme, bref ça ne pète pas plus haut que son cul et ça réussit ce que ça cherche à entreprendre.

On a en plus un héros méga cool, qui doit beaucoup à son comédien qui est, pour le coup, une petite révélation (reste à voir sur d’autres films car les deux autres où je l’ai vu c’était pas la même limonade :? ) : grosse présence à l’écran, physique massif qui contraste avec le calme impérial du protagoniste, limite je serais pas contre avoir d’autres films avec ce perso. Côté mise en scène, c’est Saulnier qui rappelle toutes ses qualités : la précision du montage, la photo qui met en valeur les décors naturels et les silhouettes sans aller dans quelque chose de trop léché, la violence sèche et rapide, les mouvements d’appareils utilisés seulement quand ils sont nécessaires, etc… Il y a une simplicité et une efficacité de réalisation qui m’a souvent rappelé le style finalement assez proche de Zahler, ce serait intéressant d’ailleurs de rapprocher les deux filmographies pour une analyse, j’ai l’impression qu’il y a beaucoup de points communs entre les deux bonhommes. En l’état, c’est pas un grand film, mais c’est quand même un métrage bourré de qualités, et que j’ai déjà envie de revoir alors que je l’ai découvert il y a deux semaines, ce qui est quand même plutôt bon signe :mrgreen: .


7/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2025

Messagepar Jimmy Two Times » Mer 05 Fév 2025, 07:29

J'avais envie de l'adorer celui-là. Mais le script s'emberlificote pour pas grand chose. Une approche un peu plus sèche et épurée aurait été la bienvenue. Et le lead féminin est relou.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2025

Messagepar Alegas » Mer 05 Fév 2025, 11:13

Ah bah moi j'ai bien aimé ce perso féminin justement. Perso utile, fragile mais pas trop, et l'actrice est mimi.
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Remplaçant (Le) - 3/10

Messagepar Alegas » Mer 05 Fév 2025, 23:18

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Foe (Le remplaçant) de Garth Davis
(2023)


Le couple en tête d’affiche et le pitch me laissaient imaginer un film assez prometteur, malheureusement il n’en est rien, mais l’avantage est qu’on s’en rend compte assez vite. On est donc là face à un film de couple quelque peu maquillé en fable de science-fiction, avec une base narrative qui rappelle un peu un des épisodes de la seconde saison de Black Mirror, puisqu’il est question d’un membre d'un couple remplacé pendant son voyage dans l’espace par une copie de lui-même afin que sa femme puisse compenser son absence. L’histoire est un peu plus compliquée que ça, avec un petit twist à la clé (qu’on peut deviner néanmoins car il y a quelques indices évidents, notamment dans les relations entre personnages), mais ça se voudrait être un film qui remet en question la place de l’individu, de l’attache émotionnel qu’on peut avoir envers une personne précise. Si on rajoute le fait que ça se passe dans un futur proche où la Terre est sur le point de mourir et que les humains cherchent de plus en plus à la fuir, ça aurait pu donner un film intéressant, mais Garth Davis ne fait finalement que gratter la surface de son histoire.

Un résultat d’autant plus déroutant que le film dure quand même presque deux heures, et donc ne donne jamais l’impression de manquer de temps pour approfondir ses sujets, mais au final on a surtout le sentiment de regarder un moyen-métrage qui aurait été étiré au-delà du raisonnable. Le couple ? Les prestations de Paul Mescal et surtout Saoirse Ronan ont beau être sincères, l’écriture et la façon de les mettre en scène n'aident pas à s’attacher à eux. Le contexte SF ? Hormis quelques idées comme le fait de tourner en Australie pour une action se déroulant dans des USA de plus en plus désertiques, et quelques jolis plans d’ensemble pour vendre le concept, c’est plus gadget qu’autre chose. A l’arrivée, il y a donc une jolie coquille vide, qui peine à créer de l’émotion et donc de l’intérêt. En ce qui me concerne, les deux heures se sont bien faites sentir.


3/10
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Graines du figuier sauvage (Les) - 6,5/10

Messagepar Alegas » Jeu 06 Fév 2025, 16:27

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Les graines du figuier sauvage de Mohammad Rasoulof
(2024)


Je ne savais pas du tout de quoi ça allait parler avant d’entrer dans la salle, et j’avoue que ce n’est pas plus mal. C’est pas tant que le film soit étonnant, mais dans la mesure où je m’attendais à un simple drame social et familial, le fait de me retrouver devant une oeuvre à forte résonance politique et féministe m’a quelque peu surpris. Concrètement, ça raconte l’histoire d’une petite famille iranienne dont le père est nommé, après des années à gravir les échelons, à un poste assez particulier puisqu’il est celui qui signe, et donc approuve, les mises à mort demandées par le régime, un poste évidemment où on lui demande de poser le moins de questions possibles, et qu’il doit garder secret pour protéger sa famille d’éventuelles représailles.

Là où le récit prend une tournure particulière, c’est dans le choix de ne finalement que peu adopter le point de vue de cet homme, et ce qui va intéresser le plus le réalisateur est le reste de sa famille, à savoir sa femme et ses deux filles. La première prend très au sérieux l’annonce du poste et tente de préserver la sécurité de la famille et l’image du père auprès des filles, ces dernières en revanche, dans un contexte où la parole des jeunes et des femmes se lèvent contre le gouvernement, sont déjà plus dans le doute et la remise en question de la moralité de leur paternel. Arrive ensuite l’élément perturbateur, à savoir l’arme de service du père qui disparaît soudainement, et à partir de là c’est une lente descente aux enfers, avec le père qui se met à douter de sa femme et de ses filles, au point de fouiller leur lieu de vie, de les faire interroger, et ça va aller encore plus loin dans un dernier acte que je ne spoilerais pas.

Sur tout le film, on sent évidemment le parallèle politique, avec d’un côté la figure d’autorité qui veut bien faire mais qui ne remet pas en question ses méthodes, et de l’autre les personnes qui subissent le pouvoir jusqu’à un point de non-retour, et c’est évidemment amplifié par le fait que tout le film se déroule durant des manifestations de plus en plus violentes, qui sont souvent évoquées hors-champ puis vues à travers des footages réels pris par différents téléphones portables. C’est pas forcément le traitement le plus subtil du monde, mais le fait est que ça fonctionne, et si on ajoute à ça le fait que le film est aidé par des prestations impeccables et une atmosphère assez pesante (très peu de musique notamment), on a quand même un résultat convaincant à l’arrivée. Dommage donc que le métrage possède, à mon sens, deux défauts majeurs qui viennent noircir le tableau.

D’une part, il y a la longueur. C’est clairement ce qui me faisait peur avant d’aller le voir, et le fait est que le film ne justifie jamais réellement le fait de quasiment durer trois heures (qui se font sentir), d’autant que toute la première heure c’est quasiment que de l’exposition qui aurait pu être accélérée. L’autre souci, c’est la mise en scène : ça fonctionne, mais ça ne cherche jamais à faire plus. Résultat : on a une réalisation de drame social basique sur un film qui se veut pourtant un brin plus ambitieux que ça, notamment dans la dernière heure où on a des morceaux de tension, et c’est triste de constater que le réal n’en fait pas grand chose. Le meilleur exemple à mon sens est le climax dans le petit village abandonné : chez un réal conscient du potentiel de la scène, genre un mec comme Sorogoyen, on aurait pu avoir une fabuleuse séquence de cache-cache mortel, avec trois personnages qui doivent fuir un quatrième, mais au final on a juste une succession de plans aléatoires qui font qu’on a jamais une lisibilité claire du lieu. Ça n'empêche pas le film de réussir ce qu’il cherche à faire, mais à côté de ça j’ai trop souvent l’impression de voir un réal qui préfère mettre en avant son discours politique plutôt que de faire du cinéma.


6,5/10
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Hundreds of beavers - 8,5/10

Messagepar Alegas » Mer 12 Fév 2025, 22:09

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Hundreds of beavers de Mike Cheslik
(2024)


Le film a eu une sacrée hype qui a grimpé de mois en mois sur toute l'année 2024, mais malgré tout ce que j'avais pu en lire je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre, si ce n'est un hommage complètement assumé à un cinéma burlesque qui n'existe plus trop de nos jours. C'est effectivement le cas, mais c'est aussi bien plus, et sur ce point le métrage n'a pas manqué de surprises, c'est le moins qu'on puisse dire. Globalement, on dirait vraiment un film fait avec trois fois rien, le genre qui pourrait être conçu par des passionnés sortis d'écoles de cinéma, ou qui enchaînent les courts-métrages depuis plusieurs années. Mais malgré la volonté affichée de faire un film qui joue sur une imagerie cheap, il y a derrière un divertissement bourré d'idées géniales, et surtout qui est fabriqué avec beaucoup de professionnalisme.

Le grain très prononcé et le noir et blanc pourraient être simplement des effets stylistiques pour mettre en avant l'hommage au cinéma muet, mais c'est finalement plus un moyen pour le réal de faire beaucoup avec peu, notamment du côté des effets visuels qui sont parfaitement intégrés alors qu'on se doute que le budget du film ne devait pas être énorme. Du coup, c'est un film que je rapprocherais visuellement au Speed Racer des Wachowski : ça a beau être des bobines que tout oppose visuellement et financièrement, il y a pourtant dans les deux une volonté de s'inspirer de l'animation dans la manière de fabriquer l'image, et ce sont donc tous deux des films qui se font en grande partie au compositing, avec notamment beaucoup d'effets 2D pour simuler une profondeur de champ alors que, concrètement, on regarde juste des gens se déplacer sur un fond vert (sur ce point, tout le passage des rondins dans l'usine est assez dingue, ça n'a pas dû être évident à créer).

Côté script, on s'inspire très ouvertement des codes vidéoludiques : c'est littéralement l'histoire d'un personnage qui doit d'abord traverser un tutoriel qui va lui apprendre les règles du monde dans lequel il évolue, qui va devoir upgrader son équipement (via un marchand d'items :mrgreen: ) en terrassant des ennemis de plus en plus nombreux et puissants, qui va aussi devoir apprendre de ses erreurs et reprendre à son compte les règles précédemment évoquées pour les détourner, et enfin qui va devoir combattre un boss final afin de récupérer sa bien-aimée (qui fait du pole dance :eheh: ). Une simplicité qui fait la force du film, puisque ce sont des principes universels qu'on capte rapidement, et qui permet de se concentrer très vite sur toute l'ingéniosité visuelle déployée. Une ingéniosité qui doit beaucoup à un grand nombre de références : quand on regarde Hundreds of beavers, on pense forcément au cinéma burlesque muet en général, aux RPGs, à Jackie Chan (dans une scène de baston démentielle en termes d'idées :love: ), au cartoon, bref c'est un gros festival, sans tomber dans l'étalage gratuit puisque les références sont ici parfaitement digérées pour aboutir sur un résultat qui n'a finalement pas beaucoup d'équivalent.

L'écriture comique est super bien gérée, avec beaucoup d’éléments pas drôles au premier abord mais qui le deviennent de plus en plus à force d'être réutilisées pour des raisons qu'on ne soupçonnaient pas (les chutes dans les trous de lapins qui deviennent finalement une part importante de la stratégie du trappeur), et il y a une escalade dans le n'importe quoi qui fait qu'on accepte peu à peu la grandiloquence progressive du métrage (car bon, c'est pas évident de faire accepter à son spectateur une base de méchant de James Bond construite par des castors :mrgreen: , ou le délire des pièges à vent :eheh: ). Comme dit plus haut, le film est bourré d'idées visuelles qui lui permettent d'avoir sa propre identité : les animaux qui sont soit de l'animation, soit des acteurs dans des costumes :mrgreen: , la façon de créer la profondeur via plusieurs layers superposés, les gags typiquement cartoons transposés dans du live action, tout ça donne l'impression de voir un Buster Keaton dans un film écrit par Tex Avery, chose que je n'avais jamais vu auparavant. Franchement, je n'avais pas vu un film aussi original et réjouissant depuis longtemps, et se dire qu'une telle proposition peut encore arriver dans un paysage cinématographique qui manque singulièrement d'audace, ça redonne de l'espoir.


8,5/10
Critiques similaires
Film: Hundreds of beavers
Note: 7,5/10
Auteur: pabelbaba

"Our films were never intended for a passive audience. There are enough of those kinds of films being made. We wanted our audience to have to work, to have to think, to have to actually participate in order to enjoy them."

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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2025

Messagepar pabelbaba » Mer 12 Fév 2025, 22:51

Pas mieux. :super:
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Sinon, oui, j'aime les nibards. :chut:
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Memory - 6/10

Messagepar Alegas » Jeu 13 Fév 2025, 12:52

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Memory de Michel Franco
(2024)


Ça commençait à faire un moment qu'on avait pas vu Jessica Chastain en lead dans un film de qualité : faut remonter à plus de cinq ans, ce qui est un peu dommage pour une actrice qui a eu une carrière assez impressionnante sur le début des années 2010. Ici, on est pas en face d'un film qui fera date ou qui marquera sa filmographie, mais il y a du mieux, et quand bien même j'ai mes réserves sur le film en lui-même, ça se suit sans déplaisir et c'est déjà pas mal. Sur le papier, ça a tout du drame misérabiliste à souhait, avec deux personnes complètement paumés dans leur existence (une ancienne alcoolique qui a été victime de plusieurs abus sexuels dans sa jeunesse, et un homme souffrant d'une mémoire immédiate dégénérescente) qui vont se rencontrer, tomber amoureux, et tenter de se guérir l'un et l'autre, mais ça se révèle finalement assez juste dans l'écriture, notamment parce que ça se refuse à l'émotion.

C'est un peu l'effet double tranchant du métrage : ce qu'il gagne en subtilité, il le perd complètement en intérêt du spectateur vis à vis des personnages. Résultat, on suit cette relation avec beaucoup de distance, sans se sentir réellement impliqué dans ce qu'on cherche à nous raconter, et c'est d'autant plus vrai que la mise en scène s'accorde complètement avec cette envie de distance. Quasiment aucun gros plan, une caméra toujours éloignée des personnages, zéro volonté de plonger le spectateur dans leurs tourments en créant une approche, j'avoue que je ne pige pas vraiment ce choix dans le cadre d'un drame à hauteur d'homme, et qui est censé créer un lien entre des protagonistes torturés et le public. Du coup, on surtout l'impression que le film tient debout grâce aux prestations des comédiens. Sur ce point, Chastain livre sa plus belle performance depuis un moment (depuis A most violent year je dirais) et Peter Sarsgaard s'en sort avec les honneurs dans un rôle finalement pas évident à jouer, car simple en apparence alors que le personnage doit communiquer un certain mal-être juste avec sa façon d'être. A l'arrivée, il y a un drame avec un beau potentiel, mais qui manque singulièrement d'émotion pour le rendre plus marquant, ce qui fait qu'on a un résultat sympathique mais vite oublié.


6/10
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Visiteurs en Amérique (Les) - 1/10

Messagepar Alegas » Jeu 13 Fév 2025, 19:18

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Just visiting (Les Visiteurs en Amérique) de Jean-Marie Poiré
(2001)


Un film que je n'avais pas revu depuis sa sortie cinéma, qui avait été d'ailleurs l'objet d'une déception de taille à l'époque : du haut de mes dix ans, je n'avais alors aucune idée que c'était un remake à destination du marché américain, et j'étais donc allé le voir en étant persuadé que c'était bel et bien la suite officielle :eheh: , que Godefroy et Jacquouille allaient, d'une façon ou d'une autre, se retrouver aux États-Unis après un passage à la Révolution Française. Je vous laisse alors imaginer la désillusion totale devant les premières minutes du film :mrgreen:  : les personnages qui ont changé de noms pour être plus facilement prononçables outre-Atlantique (Godefroy devient Thibault de Malfète, Jacquouille devient André le Paté :shock: ), l'intrigue qui est exactement la même que celle des Visiteurs, mais en moins bien, et avec quelques changements pour justifier la présence accrue d'anglais à l'écran (Thibault doit désormais épouser une princesse anglaise pour prolonger l'entente entre les deux pays). Bref, c'est la débandade, et à revoir le film aujourd'hui je me demande vraiment ce qui s'est passé dans la tête des producteurs de Gaumont pour avoir pensé qu'un tel projet était une bonne idée (lancé initialement par John Hughes qui avait aimé le premier opus).

Car finalement, se formater au marché américain, avec Hughes qui vient accompagner l'écriture, c'est aussi supprimer tout ce qui faisait le sel du premier film : c'est moins osé dans la confrontation entre deux époques, le duo est désormais presque sobre par rapport à leurs précédentes prestations, la mise en scène de Poiré s'assagit complètement (le fait qu'il signe le film un pseudonyme en dit probablement long sur ce qu'il pense du résultat final), et surtout c'est beaucoup moins drôle. C'est d'ailleurs rigolo de lire des reviews de spectateurs américains sur le net, qui trouvent généralement le film plutôt marrant, sans doute parce qu'ils n'ont aucune conscience que c'est un remake et qu'ils n'ont jamais vu la moindre image de l'original pour comparer :eheh: . En l'état, le remake aurait pu partir dans d'autres directions, et bien exploiter le nouveau lieu en ajoutant des gags sur l'opposition entre culture américaine et culture européenne, mais c'est triste de constater que cet aspect n'est pas du tout exploité : ça se passe aux States, mais concrètement on pourrait transposer le scénario dans n'importe quel pays sans que ça ne pose problème (qui sait, c'était peut-être une ambition chez Gaumont en cas de succès du remake d'avoir un script interchangeable).

On sent que le film cherche quand même à approfondir la relation entre chevalier et sa descendance, mais c'est fait à la va-vite, ce qui donne quelques scènes vraiment gênantes comme celle de l'apprentissage de l'épée en pleine rue. Globalement tout ce qui touche à l'équivalent du personnage de Lemercier est devenu bien naze et pénible à suivre :? . Du coup, ça donne un résultat qui pue l'opportunisme à plein nez, et qui se révèle d'une fadeur assez incroyable, à l'image du casting anglo-saxon qui est soit particulièrement embarrassant (Malcolm McDowell qui, le temps d'une scène, se prend pour le T-1000 :shock: ), soit juste complètement nul (j'entends que le budget, énorme pour un film français mais pas ouf pour une grosse comédie US, ne permettait pas forcément un gros casting, mais on ne pouvait vraiment pas trouver mieux que Christina Applegate et Matt Ross ? :eheh: ). Un résultat catastrophique donc, où il y a vraiment très peu de choses à sauver pour quiconque ayant vu l'original, mais c'est quand même un projet qui a permis des aspects dignes de Kamoulox, comme avoir un certain John Powell signant la BO d'un film de Jean-Marie Poiré :shock: , ou le fait d'avoir Christian Clavier qui flirte en anglais (quel dommage que je n'ai pas pu mettre la main sur la VO :mrgreen: ) avec une Tara Reid qui sortait tout juste d'American Pie. Une maigre consolation pour une bobine très embarrassante qu'on préférera oublier (même aujourd'hui Gaumont semble avoir très honte du film). Se dire qu'on potentiel troisième opus a été mis de côté à l'époque pour un tel truc est vraiment plus que frustrant :( .


1/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2025

Messagepar Jed_Trigado » Jeu 13 Fév 2025, 19:27

Rho l'affiche. :eheh:

En tout cas, ça soulève un point très juste du cinéma US, leur prétention a croire qu'en imitant un succès étranger en l'expurgeant de ses différences culturelles en feront de bons films.
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