A 76 ans Murakami livre ce qui s'apparente à une œuvre testamentaire à plus d'un titre. Déja à cause de sa volonté de donner une réécriture à la fin des temps (que je n’avais pas aimé) à travers ce postulat de départ sur cette cité aux murs incertains, de son propre aveu dans la postface il n'était pas satisfait de la nouvelle de base (jamais paru sauf au japon dans un magazine). Mais également car il revient un peu à une structure de trilogie à la "course du mouton sauvage" avec ce même personnage qui vit des aventures bien distinctes (le bouquin est en trois parties.)
Enfin car il est impossible de ne pas voir la volonté de Murakami d'évoquer la (sa) mort et toute la transmission, la continuité et surtout la trace qu'on laisse après son départ, c'est sur ce point que j'ai trouvé l’œuvre vraiment intéressante.
C'est un drôle de livre pas facile d’accès, je ne vais pas mentir j'ai pas du tout aimé la première partie qui se concentre essentiellement sur le narrateur alternant un futur dans cette cité et un présent parsemé de rencontres avec un amour de jeunesse dépressif, si la partie présent n'est pas désagréable, tout ce qui se passe dans cette cité est vraiment pas engageant.
Heureusement la seconde partie (le gros du livre, plus de 300 pages sur les 550) revient à ce que sait faire Murakami de mieux et compile un peu les obsessions de l'écrivain, avec cet homme qui se retire du monde pour changer de vie, la rencontre amoureuse avec un personnage féminin mystérieux et l'amitié avec un homme bienveillant. Sur ce point on est en terrain connu mais ca fonctionne.
Malheureusement le livre se casse un peu la gueule sur la fin avec une finalité abrupte de la seconde partie, on sent que Murakami ne sait pas trop comment conclure et on retourne le temps de cinquante pages dans cette cité et je vois ce que veux faire l'écrivain mais honnêtement je n'adhère pas, limite j'aurai préféré que tout se qui se passe dans cette cité soit rapporté par les personnages et non "vécu" dans le livre, ça aurait rendu la métaphore de la mort encore plus puissante (on pense au suicide d'ailleurs mais bon tout ca reste nébuleux.)
Au final je ne regrette pas la lecture et ca a le mérite de raconter des choses intéressantes sur la fin de carrière de Murakami, c'est moins bien que le meurtre du commandeur mais c'est cent fois mieux que l'incolore merde
