Sailor et Lula aka
Wild at Heart de David Lynch - 1990
J'y vais aussi de mon petit hommage.
Il y a une frontière invisible, ténue et impalpable entre le nanard de compète à base de visions mal branlées issues d'un egotrip mal digéré, et l’œuvre touchante d'un artiste. Étonnamment, malgré toutes ses outrances, Lynch ne l'a pas franchie. Pourtant cette histoire pas bien originale mais parsemée de personnages au mieux tordus et au pire... ben encore plus tordus, de violence gore avec morts sanglantes plein cadre et détails crados (putain, la main!

) et de chicots pourris, arrive à rester dans les clous.
A vrai dire, j'ai du mal à cerner vraiment pourquoi. Le couple principal ne me convainc pas totalement. Cage semi-zinzin, ça va. Laura Dern en revanche, je suis plus circonspect. Mais finalement, c'est moins leur jeu que la façon dont leur couple est traité qui me gêne. Ajouter de l'horreur au glauque pour faire ressortir leur idylle, ça marche bien. Cependant je tique sur les scènes intimistes, qui sont franchement faiblardes et peinent à fonctionner. Lynch insiste peut être un peu trop sur le sexe et fait durer inutilement des scènes qui n'en méritaient pas tant. Les scènes au lit peuvent apporter de réels plus, celles d'
A Bout de Souffle ou d'
Alfredo Garcia amènent un vent de fraîcheur incroyable, qui crée un contraste dingue avec la noirceur du second. Mais Lynch continue à tirer sur l'ambulance à ces moments-là. L'histoire du cousin qui se colle des cafards dans l'anus ou le vomi, ça ne dénote pas avec le reste, mais c'est pas franchement "cosy".
Malgré tout, le ton et l'ambiance sont là. Cette chasse à l'homme qui va deux à l'heure reste prenante et on espère qu'elle va bien finir alors que tous les voyants sont au rouge. C'est difficilement explicable. Lynch se mue alors en sorte de magicien.
6,75/10