R100
Hitoshi Matsumoto - 2013
Le responsable du rayon literie d’un grand magasin, quasi veuf du fait de sa femme dans un état végitatif, essaye de pimenter son quotidien en s’inscrivant à un club SM dont le concept est particulier : les dominatrices n’agissent pas dans un lieu privé mais n’importe où, dans la rue, un resto, au travail du client voire carrément chez lui. Et comme il est un peu chaud de justifier le concept sur une heure quarante ans, Matsumoto saupoudre d’un peu de méta : on apprend que le film est le fruit de l’imagination déviante d’un réalisateur centenaire (ressemblant d’ailleurs à Seijun Suzuki) qui estime qu’il faut justement avoir dépasser la centaine pour comprendre les subtilités du film…
Mouais. Alors tout de suite, je précise que j’avais beaucoup aimé
Symbol et que je ne dédaigne jamais un de ces films totalement décalés comme le Japon est capable de nous offrir (Executive Koala, Hentai Kamen…), mais là, sans aller jusqu’à dire que je n’ai pas décoincé un sourire, j’ai trouvé la première partie chiante, répétitive, et la deuxième, avec l’annonce de l’arrivée de la PDG du club bondage et les délires qui s’ensuivent, finalement pas si drôle.
Un coup d’oeil sur la filmo de Matsumoto : surprise ! plus rien depuis R100. Et ce n’est pas près de s’arranger puisque, englué qu'il est dans une histoire d’harcèlements sexuels, j’ai l’impression que son retour derrière la caméra n’est pas pour tout de suite. Du reste, faut-il le souhaiter ? On s’est souvent gaussé de certains films de Kitano (Getting Any ?, Glory to the Filmmaker), mais au moins ce dernier est-il parvenu à bâtir une filmographie consistante. Ce qui n’est pas le cas de Matsumoto, cet autre trublion de la TV japonaise (avec son fameux Gaki no tsukai, émission faisant aussi dans le punitif, parfois drôle, souvent chiante), qui semble avoir fait pschitt ! juste après quatre films pondus en six années.
Dans le genre film bondage décalé, j’ai largement préféré le sans prétention
Safe Word, sorti en 2023. Sans doute moins « hénaurme » et WTF, mais finalement moins suspect. C’est ce que je reprocherais à R100, cette impression que le film a été bâti sur une idée et que Matsumoto s’est contenté de résonner en saynètes (pour être raccord avec les types de divertissements que ses émissions proposent) à empiler, en se disant que de toute façon, le n’importenawak permettait tous les délires. Eh bien non, j’ai trouvé le film sans âme et soporifique.