We live in time (L'amour au présent) de John Crowley
(2024)
Très joli film que voilà. C’est plutôt conforme à ce que j’espérais à la vue de la bande-annonce par contre je ne m'attendais clairement pas à être aussi touché par le traitement du métrage. Concrètement, ça m’a beaucoup fait penser au About time de Richard Curtis, j’y retrouve à peu de choses près la même sincérité émotionnelle lorsqu’il s’agit de parler du couple, de son évolution à travers les années, et des aléas de l’existence, d’autant qu’ici nul élément fantastique, on est réellement dans l’histoire d’un couple étalé sur plusieurs années. Un couple qui possède quelques choix d’écriture étonnants et bienvenus : ça fait du bien de voir un quasi homme au foyer pendant que c’est la femme qui possède une carrière et une ambition, c’est pas très courant mine de rien et ça permet d’avoir une relation et des rapports de force qui changent par rapport à d’autres films du même genre.
Comme dit plus haut, c’est assez bien écrit pour toucher en plein cœur (surtout côté dialogues), alors que ça use de ficelles qui sont pourtant, sur le papier, assez éculées, mais pour le coup je pense que c’est aussi l’interprétation qui fait beaucoup et qui permet de vendre ces aspects sans qu’on soit particulièrement regardant. Sur ce point, Florence Pugh se mange une grosse part du gâteau, vu que le film est majoritairement centré sur son personnage (ce qui n’est pas un défaut je trouve, là encore c’est cool de voir le personnage féminin mis en avant). Rien à redire sur sa prestation qui est très juste, idem pour Andrew Garfield qui, décidément, se fait au fil des années une jolie petite carrière alors qu’il y a encore dix ans je n’aurais pas beaucoup parié sur lui. Formellement, à l’image de Brooklyn du même réal, ça ne souhaite clairement pas mettre la caméra en avant, bien au contraire. C’est typiquement le genre de film qui préfère laisser la place à l’histoire et aux comédiens, et autant ça peut être quelque chose qui me gonfle quand c’est mal fait, autant ici je ne trouve ça jamais gênant, il y a une volonté de naturalisme qui fonctionne très bien.
Par contre, et c’est peut-être bien ma seule grosse réserve sur le métrage, j’avoue que je ne pige pas trop la volonté de raconter l’histoire dans le désordre. Il y a bien quelques moments où on sent que c’est pour faire résonance d’une scène à l’autre (genre Pugh qui ne veut pas d’enfants et la scène d’après on la voit pleine d’amour pour sa fille), mais dans l’ensemble j’ai trouvé que le procédé n’était pas vraiment justifié, et je me demande même si le film n’aurait pas été un peu plus efficace dans un ordre linéaire. Sinon, je note une jolie musique, rien de fou mais il y a un petit thème minimaliste qui s’avère efficace dès les premières minutes. Une belle bobine donc, qui m’a touché en plein cœur, et j’avoue que si le film s’avère aussi efficace sur une seconde vision, il pourrait y avoir possibilité que la note augmente avec le temps, un peu comme ça me l’avait fait avec About time.
7,5/10