♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦MandingoFilm de Richard Fleischer · 2 h 07 min · 17 septembre 1975 (France) — 8/10
♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦Mandingo me conforte dans mon sentiment que Fleischer était un artisan sacrément doué; je n'en doutais pas vraiment, vu que j'ai apprécié beaucoup de films de sa main, mais comme j'estime qu'il est à tort souvent oublié des listes de réalisateurs importants, ça me fait un nouvel atout à dégainer pour argumenter en ce sens.
Quelle fresque poisseuse il signe là avec cette illustration noire en diable des pires atrocités qu'ont pu commettre les hommes en réduisant leurs pairs à l'esclavage. On reproche souvent aux films qui traitent de ce sujet sensible de ne pas pousser le curseur assez loin, Fleischer ici ne prend pas de gants et passe en zone rouge à diverses reprises : de nombreuses séquences font littéralement froid dans le dos. Pour n'en citer qu'une, avant Tarantino qui reproduira le même malaise quelques années plus tard dans l'intimité d'un salon cossu de son Django, il met en scène un combat à mort d'un réalisme repoussant dont l'issue, horriblement marquante, annoncera une fin du même tonneau : radicale, violemment désespérante, absolument inhumaine.
Le reste du film navigue dans les mêmes eaux puisque même le blanc du coin qui ressent un peu d'empathie ne se rend pas compte que c'est un connard comme les autres, à une échelle un peu moindre, mais un salopard quand même. Les différentes séquences mises en scène par Fleischer pour illustrer le quotidien d'hommes blancs de pouvoir, qui considèrent leurs esclaves comme des bêtes, sont absolument dégueulasses. Qu'il s'agisse du droit de cuissage sur les jeunes filles à peine pubères, de ces marchés où l'on inspecte les hommes et femmes en vente sous la moindre couture, ou encore de cette passion du père pour la pure
race du titre, tout est efficace en diable pour rendre insoutenable la démonstration.
Si l'on ajoute à cette plume radicale une galerie d'acteurs sacrément inspirés ainsi qu'une mise en scène aux petits oignons, le résultat est sans appel : on ne voit pas passer les deux heures et on finit le film sur les rotules, la tronche en vrac, sacrément démoralisé parce que tout ceci n'est pas si vieux au final, et que sans aucun doute, ces horreurs sont encore une réalité quelque part sur terre. Ces démonstrations de la violence qui caractérise la nature de l'homme sont toujours un rappel à l'ordre d'une tristesse absolue et dans le cas présent un mal nécessaire contribuant à un devoir de mémoire qui ne l'est pas moins.