Je ne l’avais pas revu depuis une éternité, et à vrai dire j’étais persuadé que j’allais déchanter en le lançant, comme ça a pu le faire sur bon nombre de comédies françaises vues quand j’étais gosse, mais en réalité ça a été tout le contraire et ça s’avère encore mieux que dans mes souvenirs
. Et pour le coup, ça doit beaucoup au concept qui est absolument mortel, d’autant qu’il est ici complètement assumé dans tout ce qu’il peut avoir de plus grandiloquent, par un Jean-Marie Poiré qui y va à fond les ballons. Et pourtant, le début n’est guère encourageant, avec la reconstitution moyen-âgeuse qui a ses limites (bon après j’imagine que pour un spectateur de 93 ça avait plus de gueule
) et le montage trop cut (c’est simple, chaque plan de l’intro donne l’impression qu’il manque une seconde tellement tout va vite
), mais dès que l’intrigue se met en place et que l’enchanteur arrive, c’est parti pour de bon pour ne plus s’arrêter jusqu’au générique de fin.
Alors clairement, je peux comprendre qu’on puisse ne pas adhérer au délire, de trouver le film too much, de prendre en grippe le traitement, mais c’est clairement tout ça qui fait la force de cette comédie qui semble n’avoir que peu de barrières. A chaque fois qu’on se dit que ça va loin, ça pousse encore plus le bouchon
, et cela tout en restant une comédie qui peut se montrer à toute la famille (j’ai dû découvrir le film sur mes 7 ou 8 ans, et ça me faisait marrer
), mine de rien ce n’était pas ce qu’il y avait de plus évident et le pari est réussi. Et c’est dingue de constater qu’encore aujourd’hui c’est un film qui enchaîne les scènes, situations et répliques cultes à une vitesse vertigineuse, genre le passage chez Lemercier on frôle l’overdose de rigolade tellement c’est généreux, et peu de comédies peuvent se targuer de réussir cela. La mise en scène de Poiré s’accorde en plus très bien à ce côté déchaîné, ok c’est bourré de faux-raccords, de fautes de goût, et de focales courtes bien gratuites, mais c’est aussi cet aspect très libre jusque dans la forme qui donne au métrage une réelle identité, quitte à ce qu’elle en rebute certains.
Après, il faut avouer que la majorité des qualités du film dépendent aussi grandement du casting, et autant je peux avoir des réserves sur Jean Reno et Christian Clavier dans plein d’autres films, autant là il y a un alignement de planètes qui fait qu’ils sont parfaits chacun dans leur rôle, c’est malheureusement à partir de ce moment là que ça partira en couille pour Clavier qui ne fera quasiment que jouer la même chose. Mais à vrai dire, s’il y a une personne à retenir, ça serait plutôt Valérie Lemercier qui est juste extraordinaire en bourgeoise coincée qui s’avère être très très patiente avec ses invités, une réplique sur deux qui sort de sa bouche c’est le rire assuré (le César était clairement mérité pour le coup). Franchement, j’ai assez peu de réserves, si ce n’est peut-être sur la musique qui est un gros n’importe quoi, certes agréable à l’écoute, mais assez dérangeant quand on a les thèmes de Michael Kamen pour
Robin Hood en tête
(à ce stade, ça ne s’en cache même pas, c’est le syndrome
Cyrano de Bergerac). Clairement l’une des meilleures comédies françaises des années 90, et dont l’incroyable succès d’époque me paraît clairement mérité.