[Olrik] Eiga 2025

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Re: [Olrik] Eiga 2025

Messagepar Olrik » Ven 03 Jan 2025, 12:21

Mark Chopper a écrit:Carrément. Le running gag de l'engueulade Tora / Poulpe est un des grands plaisirs de la série d'ailleurs.

Le Poulpe qui est d'ailleurs plus chevelu dans cet épisode. Excellent personnage, jamais avare d'une pique pour se foutre de Tora, mais ce dernier parfaitement capable de l'envoyer dans les cordes. :eheh: Il est peut par ailleurs énerver aussi bien Sakura que l'oncle et la tante. Mais on l'aime bien quand même, il fait partie du décor, sa présence est rassurante.
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Re: [Olrik] Eiga 2025

Messagepar Mark Chopper » Ven 03 Jan 2025, 13:00

A noter que la fille du Poulpe, une fois plus grande, sera jouée par une actrice jusqu'alors connue pour des pinku à la thématique incestueuse.

C'est ça le Japon, du pinku à la franchise familiale par excellence, il n'y a qu'un pas.
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Re: [Olrik] Eiga 2025

Messagepar Olrik » Ven 03 Jan 2025, 13:04

Comme pour l'épouse de Jean Alési, ne me dis rien. Mais là, c'est pour le plaisir de la surprise.
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Akira - 9/10

Messagepar Olrik » Sam 04 Jan 2025, 10:18

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Akira
Katsuhiro Otomo - 1988


Combien de fois ai-je vu Akira ? D’abord une première séance au cinéma en 1991, suivie de l’acquisition de la VHS en VF chez TF1 Vidéo et de l’enregistrement de la VOST sur Canal+ (ZE version, celle avec les crédits japonais, remplacés depuis par un générique en anglais, même dans les récentes éditions japonaises), enfin de revisionnages en compagnie d’Olrik jr et Olrik the 3rd devenus ados, ça doit se chiffrer à une bonne quinzaine de séances. Avec à chaque fois le même constat : pour excitant qu’il soit, le résultat reste en même temps imparfait de par un rythme qui condense en deux heures un manga dont le développement prend d’autres détours et utilise d’autre personnages. À la décharge d’Otomo, il n’avait alors pas terminé son histoire, occupé qu’il était à réaliser ce film pharaonique (regroupant 31 studios d’animations). Le grand mérite du film était finalement d’offrir un grand spectacle et proposant une fin qui n’empêcherait pas de découvrir celle du manga.
Il n’empêche, si la deuxième heure du film a tendance à souffrir de la comparaison avec le manga (la destruction de Néo-Tokyo sent vraiment l’économie de moyen), il faut reconnaître que la première heure n’a pas été foirée, en particulier la séquence d’ouverture. On a d’abord ce plan photo réaliste devant le bar d’Harukiya, un client entre, on y voit quelques exemples de la faune qui le fréquente et très vite, le regard est capté par le blouson rouge d’un gus (Kaneda) occupé à chercher un morceau devant un jukebox. Va-t-il choisir Cream, Led Zeppelin ou les Doors (comme le suggèrent les pochettes devant lui) ? On le découvrira plus tard. Puis arrive un nouveau personnage qui vient lui dire que les Clowns ont été serrés dans un coin du périphérique. Le type au blouson rouge, dont on ne voit toujours pas le visage, choisit alors son morceau et quitte le bar avec son compagnon.
Pendant ce temps, dehors, un troisième personnage passer en revue les fonctionnalités d’une incroyable moto rouge. La couleur fait songer au blouson du type. Dès lors, voir ce nouveau personnage, vêtu de couleurs plus fades, juché sur ce somptueux destrier, paraît surprenant. Mais pour celui qui n’aurait pas lu Akira, l’incertitude ne dure pas longtemps puisque le propriétaire du blouson arrive enfin, cette fois-ci de face, et s’installe sur la moto qui est donc sa moto. Et juste à ce moment, retour sur le jukebox qui enfin joue le morceau choisi par Kaneda, morceau qui va accompagner la première scène de bataille à motos. Autrement dit, Kaneda choisit un morceau qu’il ne pourra entendre, puisqu’il aura quitté le bar, mais qui va quand même accompagner les exploits de sa bande. J’ai toujours trouvé l’idée cool, d’autant que Kaneda n’a pas vraiment des goûts de chiottes : il choisit carrément un morceau du collectif musical le Geinoh Yamashirogumi, morceau qui a pour titre… Kaneda.
Et quel morceau ! Depuis ce film, on n’entend plus de la même manière les jegogs balinais. Immédiatement, on ressent un petit frisson de plaisir et l’on est traversé pas de belles visions de batailles urbaines motorisées. Et quand retentissent les voix, on se sent transportés dans un matsuri d’une nature particulière. « Matsuri » est d’ailleurs prononcé à un moment par ces voix, mais aussi « rassera », scandé en crescendo à la fin et renvoyant à une formule souvent utilisé dans des matsuris. Pas facile d’ailleurs de le traduire, disons qu’il s’agit surtout de créer un sentiment d’exaltation, de communion. Ce qui est le cas dans cette scène, mais pour autre chose que pour voir défiler une parade. En fait, les motards sont eux-mêmes la parade et vont exalter leurs propres valeurs : « honoo » (feu), « arashi » (tempête), « gareki » (ruines), « machi » (ville), « tatsumaki » (tornade), « nakama » (camaraderie) et « hashiru » (courir) sont d’autres mots scandés par les voix, auxquels s’ajoutent « Kaneda », « Tetsuo », « Kai » et « Yamagata ».
La scène n’est pas bien longue, à peine deux minutes, mais a parfaitement su retranscrire la furie adolescente du manga, du moins de son début. Et quand les jegogs retentissent plus loins dans le film (scène du tunnel, de la course précédant l’accident de Tetsuo, Kaneda à la rescousse de Tetsuo et de Kaori, l’escarmouche dans les souterrains, enfin lors du générique de fin), à chaque fois il y a le souvenir de cette scène inaugurale, avec ce sentiment irrésistible de jeunesse et d’énergie. Le film peut bien avoir des failles, paraître ici et l’imparfait, il a dans ces scènes une sorte de colonne vertébrale graphique et musicale en parfaite adéquation avec les souvenirs du lecteur du manga, et qui saura à chaque fois magnétiser le spectateur qui verrait Akira pour la première fois (ça n’a pas raté hier avec Olrik the 3rd).

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Chime - 8/10

Messagepar Olrik » Dim 05 Jan 2025, 11:52

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Mine de rien, 2024 a été une année prolixe pour Kiyoshi Kurosawa, puisqu’entre son remake français de son Serpent’s path et Cloud (que je vais voir prochainement), il a trouvé le temps de réaliser un moyen métrage de 45 minutes, Chime (terme anglais qui signifie « carillon »). À vrai dire je n’en attendais pas grand-chose. Et c’est à tort car Kurosawa renoue ici avec le fantastique de films tels que Cure ou Kairo, autant par sa représentation du mal sous la forme d’une contamination qui gangrène la société que par sa manière froide et élégante à la fois d’illustrer les méfaits de ce mal.

Cela commence par un étudiant suivant les cours d’un professeur de cuisine (Takuji Matsuoka, joué par un excellent Mutsuo Yoshioka) qui explique à ce dernier deux choses : d’abord, qu’il entend au loin comme le bruit d’un carillon (son professeur, lui, n’entend rien). Ensuite qu’il est persuadé avoir eu autrefois une opération qui avait pour but de lui remplacer une moitié de son cerveau par une partie mécanique. Bon, le jeune homme a probablement trop lu Inuyashiki ! En tout cas il cherche à prouver ses propos en s’enfonçant un couteau de boucher dans le crâne et, bien sûr, en mourant aussitôt.

Et c’est le début d’une succession de scènes mi-étranges, mi-horrifiques. Car le professeur entendra lui aussi le carillon. Et dès cet instant, son quotidien ne va cesser de lui apparaître sous un jour parfois ubuesque. Ici j’ai pu lire certaines critiques négatives, déçues, trouvant que le film était parfois sans queue ni tête. Je pense que ces critiques ne connaissaient pas le travail ultérieur de Kurosawa et s’attendaient à une représentation plus conventionnelle de l’horreur. Or, c’est ici surtout une étrangeté mâtinée d’absurde qui l’intéresse, avec parfois des effets à la Ionesco. J’y ai songé en particulier lors des repas familiaux chez le professeur. On y parle de tout et de rien (enfin, le prof est tout de même persuadé d’avoir réussi un entretien d’embauche pour un restaurant alors qu’il n’en a pas vraiment donné l’impression quelques minutes plus tôt au spectateur) quand soudain son fils se met à ricaner bêtement et sa femme se lève pour déverser dehors, dans un bac, des sacs remplis d’un nombre impressionnant de canettes vides. Plus tard, le fils lui demandera de lui prêter rien moins que 200000 yens pour une raison bien incongrue. Bref, l'incohérence règne, tout semble se désagréger mentalement autour de lui… à moins que cette désagrégation était déjà présente bien avant, comme si le fait d’avoir entendu lui-même le carillon lui avait permis d’en prendre mieux conscience.

Ou bien ce carillon, comme une maladie (thème cher à Kurosawa) est entendu par de plus en plus de personnes et n’a pour effet de faire sauter des barrières mentales, livrant le plus naturellement du monde des désirs (la demande de 200000 yens), des colères (l’étudiante) ou des gestes meurtriers (ici, nous ne dirons rien).

Finalement, les personnes qui semblent le plus capables de rester imperturbables, de ne pas entendre le carillon, seraient les deux hommes faisant l’entretien d’embauche pour le restaurant. C’est bien normal : les affaires avant toute chose. Le monde peut bien crouler, s’enfoncer dans le délire, la stupidité, l’essentiel est de continuer à garder la tête froide pour faire du fric.

Avec ces incohérences qui deviennent de plus en plus fréquentes, il y a donc du Cure dans ce Chime, comme le souligne d’ailleurs une scène dans un restaurant intervenant vers la fin. Une des différences essentielles entre les deux films est que dans Chime, on est dans un Tokyo propre, lisse, aseptisé. Ainsi la salle dans lequel le professeur dispense ses cours. En revanche, nulle différence dans la maîtrise formelle. Ou alors, s’il y en a une, je dirais que Chime est l’illustration d’un réalisateur au sommet de sa maîtrise technique, aussi bien dans ses cadrages que dans son traitement du son.

Vraiment une belle petite réussite qui confirme que Kurosawa sait parfaitement gérer les formats mi-longs (il y avait déjà eu son Seventh Code) et qui, du coup, donne envie de voir sa nouvelle version de Serpent’s Path et surtout Cloud.
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Re: [Olrik] Eiga 2025

Messagepar osorojo » Dim 05 Jan 2025, 14:19

Moins enthousiaste que toi de mon côté même si je suis d'accord sur le point de départ, et je dirai la première partie dans son ensemble qui est glaçante et très réussie jusqu'au moment de découpe dont tu parles. Ensuite, alors que le film ne dure que 45 minutes, il m'a semblé qu'une certaine routine qui ne fait que répéter le début, en déplaçant, à moitié seulement, le point de vue, s'installe, ce qui me paraît quand même particulier sur une telle durée, en tout cas moi ça m'a un peu gonflé.

Je n'avais pas souvenir de trucs aussi déconnectés comme la femme et ses canettes, ou les conversations sans logique que tu évoques, dans ses autres films, ou alors ça m'avait moins gêné... parce que je suis client de son début de carrière.
Peut être que mes souvenirs datent et que j'accrocherai moins aujourd'hui si je revoyais tout ça, en tout cas dans mes souvenirs il ne me semble pas que les films partagent ça avec Chime. Le rythme lancinant, c'est ce qui m'empêchait déjà de monter plus à l'époque, donc là dessus, c'est raccord, mais vraiment l'illogisme poussé aussi loin, ça ne m'avait pas marqué à l'époque alors que dans Chime ça m'a vraiment sorti du film.
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Re: [Olrik] Eiga 2025

Messagepar Olrik » Dim 05 Jan 2025, 16:35

T'es dur quand même pour le sentiment de répétition puisque chaque scène fonctionne plus ou moins par paire (deux scènes violentes dans la salle de cuisine, deux scènes de repas familial, deux scènes d'entretien d'embauche). Ce n'est pas comme s'il répétait quatre ou cinq fois. Perso je n'ai pas vu le temps passer, et ça aurait pu durer 30 minutes de plus sans problème.

Sinon oui, il y a tout de même cet aspect décalé dans ses films. Pas dans tous, mais quand même un peu. Davantage dans ses courts et ses moyens, où il semble se permettre plus de choses. Si tu vois Beautiful New Bay Area Project, on a carrément une scène de kung fu :
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C'est dur d'être un homme : Maman chérie - 7,5/10

Messagepar Olrik » Lun 06 Jan 2025, 18:09

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Tora san 2
Zoku otoko wa tsurai yo (C’est dur d’être un homme : Maman chérie)

Yoji Yamada – 1969


C’est moins de trois mois après le premier opus que sort sur les écrans japonais Zoku otoko wa tsurai yo, aka dans sa version française : C’est dur d’être un homme : Maman chérie. Aucun rapport avec le titre original puisque « zoku » signifie « suite ». Initialement, il s’agissait juste de faire une suite au premier film, sans forcément chercher à aligner des dizaines d’épisodes. Mais comme le film aura un succès sensible au premier, il en ira autrement…
Entre le premier et le deuxième film, neuf mois au moins se sont passés puisque Sakura est désormais maman d’un charmant bébé que l’on verra grandir au fur et à mesure de la saga. Mais la présence de l’enfant est pour le moment anecdotique. Plus importantes sont trois rencontres que Torajirô fait. D’abord, celle avec Sanpo Tsubouchi, son ancien professeur d’anglais. Comme on imagine sans peine le cancre qu’a pu être autrefois Torajirô, on se dit que le professeur va le prendre de haut ou que Tora va se faire un malin plaisir à le faire enrager. Il n’en est rien puisque ce dernier mange littéralement dans la main de son rugueux et vénéré professeur, ce qui donne lieu à des scènes assez savoureuses.
Mais plus savoureuse est Natsuko, la fille du professeur et, on s’en doute, la « madone » de l’histoire (interprétée par Orie Satô). Clairement, Tora san n’en a pas conscience mais il a un truc pour charmer les bijins. Ça pourrait être la dernière des pimbêches qu’elle s’amuserait quand même de ses facéties. Dans tous les cas, le duo Tora/Natsuko fonctionne pleinement et donne lui aussi lieu à des scènes amusantes, seulement parasitées par Genko, l’employé que l’on voit souvent balayer devant le temple de Shimabata et qui sera l’apprenti de Tora, sidekick comique et souffre-douleur, interprété tout le long de la série par Gajirô Satô (une fois encore, excellent choix dans le casting).
Quant à la dernière rencontre du film, c’est celle indiquée par le titre français : rien moins que la mère de Tora, ancienne geisha à Kyoto et qui travaille dorénavant au « Grand Hotel » à Kyoto. Rien de luxueux dans l’établissement qui est soit une maison de passe, soit un love hotel dont la maman serait la propriétaire. Évidemment, la rencontre ne se passe pas très bien, la vieille ayant un foutu caractère du même niveau que celui du fils. Tora en reviendra affligé non, désespéré, mais genre vraiment quoi ! Les mauvaises langues pourraient suggérer que tout cela n’est que pour attirer l’attention sur lui, comme le suggèrent ses changements attitudes dès que la douce Natsuko apparaît, mais je ne serais pas comme ces langues de habu. Tora est incapable de jouer ce genre de basse comédie !
Petite déception dans cet épisode : l’absence relative de Monsieur Poulpe, qui n’apparaît que vingt secondes, juste le temps de commettre une gaffe qui conclut brillamment une excellente scène.
Cette (relative) réserve mis à part, ce deuxième est excellent, peut-être même légèrement supérieur au premier, ne serait-ce aussi parce qu’on y trouve pour la première fois un ingrédient que l’on retrouvera dans tous les épisodes à venir : celui du rêve inaugural. Pour ma part, après avoir visionné ce deuxième opus, je rêve déjà de passer au troisième. Ça ne saurait tarder.

7,5/10

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Re: [Olrik] Eiga 2025

Messagepar Mark Chopper » Lun 06 Jan 2025, 18:15

Le 3e, je me suis endormi devant :chut:

Ce n'est pas Yamada qui réalise (il revient pour le 5e).
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Re: [Olrik] Eiga 2025

Messagepar Olrik » Lun 06 Jan 2025, 18:27

Oui, j'ai vu cela. Je vais quand même les regarder, ils sont scénarisés par Yamada. Curieux quand même de voir ce que ça donne. S'ils s'avèrent qu'il s sont effectivement décevants, ça prouverait que Tora san n'est pas qu'une simple recette, qu'il y a quand même un vrai réalisateur derrière. Après, on le savait déjà, Les Mouchoirs jaunes était un excellent film.
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Cloud - 7/10

Messagepar Olrik » Mar 07 Jan 2025, 13:15

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Cloud
Kiyoshi Kurosawa - 2024


En 2020, vous faisiez peut-être partie des aigris qui, tout jouasses à l’idée de se procurer la PS5, se sont rapidement trouvés devant une pénurie, la faute à des profiteurs qui avaient fait main basse sur des stocks afin de revendre les unités à des prix déraisonnables.  

Si c’est le cas, vous vous retrouverez forcément en terrain connu en matant Cloud. Ici, le profiteur s’appelle Ryôsuke. Au début simple employé dans une entreprise de repassage à sec, il ne tarde pas à lourder son travail pour se consacrer à ce pour quoi il dispose d’un instinct : l’achat et la revente de biens en ligne. Il est tellement doué qu’il n’hésite pas à déménager pour occuper une grande maison dans la campagne, maison qui lui servira aussi pour entreposer ses stocks de marchandises. Problème : assez vite il fait de plus en plus de mécontents (vendre très cher une simple imitation d’un sac de marque, forcément, c’est un peu risqué), mécontents qui, grâce aux données du « cloud », parviennent à identifier le vendeur et même le lieu où il habite. Dès lors, le mot d’ordre pour les plus exaspérés est simple : faire une visite surprise chez lui façon Orange Mécanique pour le buter.

Le film est scindé en deux parties. Dans la première, on suit la montée en puissance du commerce de Ryôsuke. Comme toujours, on y retrouve des symboles qui rappellent certaines thématiques chères à Kurosawa. Ainsi celle de la maladie, du virus qui se propage, ici représenté par l’écran du site de la plateforme marchande qui est peu à peu contaminée par des cases rouges indiquant qu’un bien a trouvé preneur. C’est pour Ryôsuke une sorte de spectacle, il s’installe devant son écran et attend patiemment pour contempler le rouge qui se répand, sans se douter que cette contamination renvoie en même temps à celle de l’esprit de ses acheteurs qui vont bientôt lever une cabale contre lui.


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Mais ces derniers sont-ils tous exaspérés parce que mécontents de la qualité de la marchandise ? On s’apercevra dans la deuxième partie que ce n’est pas évident. Tout se passe comme si, au bout du compte, Ryôsuke était un bouc émissaire cristallisant tout le ressentiment de la poignée d’individus qui débarquent pour le buter. On est aussi, bien sûr, dans la confrontation entre virtuel et réel. Dans le cloud, ce n’est pas vraiment la réalité, allez, on peut bien y aller de sa petite menace de mort ! Sauf que là, il y a bien passage à l’acte, avec d’abord une chasse à l’homme, ensuite un escape game pour Ryosuke qui essaiera de sortir des griffes de ses agresseurs. Ce sera le programme de la deuxième partie, partie que j’ai trouvée un peu longue mais cohérente dans son propos. Effleuré ici et là par quelques scènes, le thème du jeu vidéo revient finalement en force durant cette heure, les scènes de poursuite ou de gunfight pouvant rappeler des jeux vidéo de survie ou de tir à la première personne. C’est que pour ces tarés, verser du virtuel guerrier dans leur réel est peut-être la meilleure solution pour faire passer la pilule de leur acte. En tout cas, Ryôsuke devra très rapidement trouver une solution dans ce « monde ouvert punitif » s’il veut survivre.


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L’histoire ne serait pas complète s’il n’y avait pas une femme, une forcément habillée de couleurs chaudes comme les aime Kurosawa. C’est un personnage à la fois fantômatique et charnel qui en dit long sur ses motivations.

Sinon, pour les amateurs de l’acteur, Yutaka Matsushige refait une apparition dans la filmo de Kurosawa. Juste le temps d’une brève scène par contre, mais de quoi s’apercevoir que « Goro » a bien blanchi.

S’il ne m’a pas fait une aussi forte impression que Chime, Cloud confirme que Kurosawa est toujours inspiré quand il s’agit de mettre en place ses thématiques avec des variations. Le film a d’ailleurs été sélectionné pour représenter le Japon aux prochains oscars. Peut-être un peu excessif, même si le choix n’a rien non plus d’aberrant.


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Carmen revient au pays - 7/10

Messagepar Olrik » Mer 08 Jan 2025, 11:59

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Salut, c’est Olrik. Comme je fais partie de l’élite cinéphilique qui goûte fort les films muets, permettez-moi aujourd’hui de vous dispenser une petite leçon d’histoire du cinéma, avec ce…


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Carmen revient au pays (Karumen kokyo ni kaeru)
Keisuke Kinoshita – 1951



Dans un petit village, c’est l’effervescence : une ancienne habitante, désormais appelée « Lily Carmen », revient pour s’y reposer quelque temps avec une amie. Comme elle vit à Tokyo où elle pratique le métier de strip-teaseuse,le train-train quotidien du village va forcément être un peu perturbé…


Tourné en 1951, ce film a pour particularité d’être le premier long métrage japonais en couleur. La Shochiku fit pour cela le choix du Fujicolor mais, comme on n’était pas vraiment sûr de la qualité du résultat, exigea qu’une version en noir et Blanc soit filmée pour chaque scène. De fait, c’est surtout cette version que les salles japonaises, pas toutes équipées pour montrer celle en couleurs, choisirent de diffuser. Pour les chanceux qui virent le film paré de ses belles couleurs flashy, on se doute que ça a dû être un sacré émerveillement, et l’on comprend le choix de cette contrée située dans la région de Karuizawa : un magnifique ciel bleu, des prairies verdoyantes et, au milieu de tout cela, Carmen et Akemi dans des robes les faisant ressembler à de belles perruches. On sent d’ailleurs que les costumes ont été choisis avec l’idée que leurs couleurs allaient être visibles. De même pour le maquillage qui a été très différent que pour des tournages de films en N&B, allant jusqu’à mettre mal à l’aise les acteurs, trouvant qu’ils étaient un peu too much : par rapport à la restitution des couleurs sur Fujicolor, il semble qu’il ait été nécessaire d’alourdir le maquillage pour avoir un résultat convaincant.

C’est flashy, donc, mais c’est chouette, positivement charmant. Faisant partie des cent films japonais les plus importants aux yeux d’Akira Kurosawa, on pourrait ajouter qu’il s’agit aussi d’une brillante comédie qui fait gentiment la satire d’une époque faisant l’éloge de la frivolité après des moments plus difficiles, moments incarnés par un personnage parti à la guerre et revenu aveugle – tout un symbole, lui n’aura pas la chance de se repaître de la plastique des deux strip-teaseuses. Autre personnage intéressant : le directeur de l’école, qui ne jure que par les bienfaits de l’art et qui se félicite à l’idée de voir venir une « artiste » (il déchantera quand il comprendra la nature de son art). Citons enfin le père de Lily qui lui sera franchement désespéré à l’idée que sa fille se donne en spectacle ainsi car oui, les deux strip-teaseuses seront bien décidées d’offrir aux gentils villageois un aperçu de leur art dans la salle de spectacle du village.

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La satire est gentille, ménageant la chèvre et le chou même si, au bout du compte, le film semble pencher en faveur de la frivolité incarnée par les deux filles. Ajoutons que le film se teinte de comédie musicale avec l’insertion de passages chantés assez brefs dans lesquels Carmen évoque les plaisirs de Paris ou de Monte-Carlo. Rien de comparable aux grandes comédies américaines mais, là aussi, le tout n’est pas sans distiller un certain charme. Le film connut bien sûr du succès, à tel point qu’une suite fut réalisée… mais en N&B. Pour la couleur, d’autres réalisateurs allaient s’empresser de prendre le relai.

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Re: [Olrik] Eiga 2025

Messagepar Mark Chopper » Mer 08 Jan 2025, 12:09

Hideko Takamine est l'actrice japonaise de l'âge d'or que je préfère avec Ayako Wakao, mais rien ne m'attire dans ce film...

Trop flashy pour mes yeux amateurs d'images prétentieuses en n&b.
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Re: [Olrik] Eiga 2025

Messagepar Olrik » Mer 08 Jan 2025, 12:38

Filmographie monstrueuse que celle de Takamine, on ne sait pas par quel bout commencer. Tiens, je tenterai peut-être prochainement Vingt-quatre prunelles (toujours de Kinoshita). Chef-d'oeuvre apparemment.

Mark Chopper a écrit:Trop flashy pour mes yeux amateurs d'images prétentieuses en n&b.

Oui, je puis comprendre cela. Moi-même j'ai hésité avant de poster cette critique. D'un côté il y a l'aspect historique de la chose, de l'autre, toutes ces couleurs... tss, trop facile ! J'ai presque honte. Du coup je ne vais peut-être pas mater ce soir le Norifumi Suzuki qque j'avais inscrit à mon programme.
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Re: [Olrik] Eiga 2025

Messagepar Mark Chopper » Mer 08 Jan 2025, 13:15

Vingt-quatre prunelles (toujours de Kinoshita). Chef-d'oeuvre apparemment.


Excellent film en effet. Je te conseille également La Place de la femme de Naruse.

Très différent de Norifumi Suzuki en tout cas. Moins de couleurs. Pas de boobs.
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