A Spoiling Rain
Haruhiko Arai - 2023
Mouais. J'espérais mieux de ce Spoiling Rain.
D'abord parce que derrière la caméra se trouvait Haruhiko Arai, vieux briscard du scénario pour des roman porno. Il avait aussi assisté Adachi pour Prière d'extase, brûlot contestataire érotique de 1954.
Ensuite parce que... euh... certaines captures d'écran laissaient imaginer un chouette film érotique, peut-être dans la lignée de Call Boy.
Et en fait, non. Autant le dire : le film est à l'image de l'affiche où l'on voit les personnages sous la pluie du titre : c'est la douche froide. Pourtant, le début d'intrigue laisse présager du bon. Un ancien réalisateur de film érotique se rend aux obsèques d'une actrice, Shoko (une ancienne maîtresse à lui), et d'un autre réalisateur (ils se sont suicidés ensemble). Il fait peu de temps après la rencontre d'un aspirant scénariste, les deux hommes sympathisent et, le temps d'une beuverie, partagent chacun une histoire d'amour avec une femme, sans se rendre compte qu'il s'agit de la même personne, c'est-à-dire Shoko. On a ainsi tout le long du film une alternance de scènes monochromes avec des flashbacks en couleurs.
Comme l'histoire est tissée par quelqu'un pour qui les histoires érotiques ont constitué le fonds de commerce, on se dit qu'on va assister à un entrelacement d'intrigues erotico-amoureuses, avec force scènes intéressantes pour mettre en valeur la plastique de Honami Satô. Le souci, c'est que le ton est très sérieux et que l'ennui guette assez vite. Regardez bien l'affiche, vous voyez comme les personnages font la gueule ? Eh bien c'est ce qui vous attend. Arai a opté pour une direction d'acteur dépressive et franchement, ce n'était pas le meilleur choix. C'est dommage car en dehors de ses scénarios de roman porno, je remarque qu'il était aussi derrière l'histoire de Vibrator (non, ce n'est pas le titre d'une AV), excellent drame de Ryoichi Hiroki (avec quelques scènes de fesses). Ton sérieux là aussi, mais avec des personnages qui, dans leurs bavaradages et leurs affres, suscitaient quand même plus d'intérêt. Là, que ce soit les discussions entre les deux soiffards déprimés ou dans leur quotidien avec leur petite amie comédienne, on ne se sent guère concerné.
Alors à quoi s'accrocher? Aux scènes érotiques ? Même pas. Le film fait 2H17 et ce n'est pas la poignée de minutes légères et paresseuses qui vont permettre de retrouver le brio de Call Boy. Pire, de manière incompréhensible, Arai livre à la fin, comme pour se rattraper, un climax limite porno (y participe d'ailleurs la JAV idol Minamo), assez moche (le choix du monochrome délavé ne flatte guère la rétine) et incompréhensible. Vraiment je n'ai pas compris le but. Après avoir bâti patiemment un drame romantique, tout envoyer valdinguer avec une scène choc, comme à l'époque d'Adachi ou de Wakamatsu ? Ou alors faire un subtil écho (hum!) à la pluie qui surgit à la fin du premier quart d'heure en faisant jaillir différents fluides ? Dans tous les cas, cette scène wtf (j'ai oublié de signaler qu'elle était interminable) a achevé de me désintéresser des deux sinistres personnages.
Sinon, beau courage de l'acteur Tasuku Emoto qui, durant cette scène, accepte de se faire malmener par le doigt d'une des JAV idols. C'est malin, ça va être chaud maintenant de le revoir dans d'autre films, à chaque fois me reviendra l'image d'une prostate en train d'être stimulée !
Bref, pour faire court, derrière un aspect prometteur, le film devient assez mortifiant et donne envie de faire ce que les deux personnages pratiquent quasi durant tout le film : picoler.