The Getaway (Guet-apens) de Sam Peckinpah
(1972)
Je vais décidément de surprise en surprise avec Peckinpah : autant ses films les plus réputés ont tendance à me laisser froid, autant je préfère largement des films généralement moins cités dans son œuvre. C’était le cas avec Ride the high country, et c’est désormais le cas aussi de The Getaway. Déjà, gros plaisir de découvrir un tel film dans une salle de cinéma, où les effets du montage très particulier se fait particulièrement ressentir, et ce dès le tout début avec cette longue introduction/générique qui permet de mettre en image de façon originale le quotidien en prison, et un gros travail sonore qui vient accentuer la monotonie de l’endroit. Ensuite, on part sur un script assez classique, avec un ancien détenu expert en braquage engagé pour un dernier coup, évidemment ça va mal se passer, et le film va donc être une fuite constante, pour échapper aux forces de l’ordre évidemment, mais aussi à l’un des braqueurs qui a tenté de doubler le reste de l’équipe.
Si le pitch donne un sérieux sentiment de déjà vu, c’est le traitement de Peckinpah qui fait la différence : c’est bien plus un film d’ambiance et d’action qu’un réel film qui se repose sur son script, et ça permet au réalisateur, avec des personnages simples, d’aller à l'essentiel et de se dérouler en termes de mise en scène. Plus que ses autres films, je trouve que c’est vraiment celui-ci qui s’impose comme le plus abouti formellement, la moindre scène est l’occasion pour Peckinpah de balancer un gros morceau de montage et de tension (le braquage, la rencontre avec les flics dans le bled où McQueen essaye d’acheter une radio, le passage dans le camion-poubelle, le climax final dans l’hôtel), mais sans trop en faire non plus, on sent une certaine maîtrise qui fait que le métrage n’est pas non plus une succession de séquences in your face. Globalement, le film m’a beaucoup fait penser à du No country for old men avant l’heure, avec ce même côté cruel où tout peut arriver, mais aussi dans le fait qu’on a vraiment l’impression de sentir l’odeur et le côté poisseux des lieux visités, je serais surpris que les Coen n’aient pas vu ce film avant de faire leur chef-d’œuvre.
Finalement, là où le film perd en impact, c’est quand il essaie de mettre en avant des personnages qui pourraient finalement rester des figures avec peu de contexte derrière elles. On sent l’envie de Walter Hill (qui signe le script) de développer le lien dans le couple principal, mais ça n’apporte finalement pas une grosse plus-value, je pense sincèrement que le métrage aurait pu être plus minimaliste et en serait devenu encore plus efficace. Par contre, le gros problème qui en découle, c’est tout ce qui touche au traitement de la femme : d’ordinaire, chez Peckinpah, je ne suis pas gêné par cet aspect, mais là elles ont vraiment une sale image, et ce de façon particulièrement gratuite. Entre Ali MacGraw qui se contente de suivre et d’obéir (le jeu de l’actrice n’aide pas, elle se fait complètement bouffer par McQueen), et toute la storyline avec l’autre braqueur qui kidnappe un couple et se tape la femme, cette dernière appréciant d’être baisée devant son mari ligoté, c’est vraiment pas la joie et ça n’apporte strictement rien au film. Heureusement, ça reste du défaut mineur face aux nombreuses qualités du métrage, mais c’est ce qui m’empêche de monter un peu plus la note.
7,5/10