#Réalisateur# Jean RENOIR

Les débats sur les réalisateurs, les producteurs, les acteurs...

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#Réalisateur# Jean RENOIR

Messagepar Alegas » Mer 29 Mai 2019, 11:09

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Jean Renoir est le deuxième fils du peintre Auguste Renoir. Le petit Jean se rend parfois au cinéma (né un an après lui) mais le bruit de l’appareil de projection fait peur à l’enfant qui lui préfère le théâtre de guignol. C'est en pension qu'il découvre vraiment, avec les projections du dimanche, le "cinématographe". Voulant faire une carrière militaire, Jean Renoir, son bac en poche, s’engage dans l’armée en 1913. La guerre va venir précipiter ses plans. Il y sert sous le capitaine Louis Bossut, modèle probable de son capitaine Boëldieu de La Grande illusion. En avril 1915, Jean Renoir a le col du fémur fracturé par une balle (ce qui le fera boiter toute sa vie) et est transféré en convalescence à l’hôpital du Val-de-Grâce à Paris. Sa mère morte, c’est son père qui s’attarde au chevet de son fils, ce qui les rapproche. Il découvre aussi les sorties au cinéma, et Chaplin bientôt, qui débarque d’outre-Atlantique avec les soldats américains. Mais l’inactivité lui pèse et en 1916, il parvient à se faire engager dans l'aviation, où sa mauvaise jambe ne le gêne pas. Il est affecté dans une escadrille de reconnaissance, et y apprend la photographie.

Après la guerre, il rentre à Paris où son père continue de peindre. Jean Renoir tombe amoureux d’un de ses modèles Andrée Heuschling qu'il épouse en janvier 1920, moins de deux mois après la mort de son père. Il devient céramiste mais ce métier ne lui convient pas. Sa femme, qui vient d’accoucher de leur fils Alain, s’ennuie. Marqué par la vision du film Folies de femmes d’Erich Von Stroheim (son cinéaste fétiche, qu’il fera tourner en tant qu’acteur dans La Grande illusion), il voit là un moyen de mettre de nouveau en valeur la beauté de sa femme et écrit pour elle Catherine - aussi appelé Une Vie sans joie (elle devient alors Catherine Hessling) qu’il finance et coréalise avec Albert Dieudonne. Il rencontre alors Pierre Braunberger qui sera son distributeur (et un fer de lance de la Nouvelle Vague). Le film ne reçoit pas un accueil chaleureux et Jean Renoir fait face à des difficultés juridiques, mais il ne se décourage pas : comme il le dit lui-même, « le démon de la mise en scène était en moi ».

Il réalise donc son premier long métrage en 1924, La Fille de l'eau, où l'on retrouve l’esthétique impressionniste de son père, et dans lequel il fait de nouveau jouer Catherine Hessling, ainsi que son frère Pierre. Le film ne trouve pas son public et Renoir commence à douter, mais, lors d’une projection au théâtre du Vieux-Colombier, l’excellent accueil réservé par des spectateurs amateurs d’avant-gardisme à la séquence du rêve lui redonne confiance. Il se lance en 1926 dans son premier film d'envergure, Nana, adaptation d’Emile Zola, pour lequel il fait jouer des vedettes de l’époque comme Werner Krauss ou Jean Angelo. Mais le film est un échec et il doit, pour rentrer dans ses frais, vendre la quasi-totalité des toiles de son père dont il avait hérité. Mais désormais, Renoir a décidé de ne pas se laisser impressionner par les résultats de ses films et se lance donc dans l’industrie cinématographique à bras le corps, film après film, se bâtissant peu à peu une bonne réputation de "faiseur". Ainsi, entre 1927 et 1931, il enchaine coup sur coup des réalisations de qualités diverses comme Sur un air de charleston (1927), La Petite marchande d'allumettes (1928) -dernier de ses cinq films dans lequel joue son épouse Catherine Hessling, Tire au flanc (1928) jusqu’à On purge bébé (1931), son premier film parlant, tiré d’une pièce de Georges Feydeau, avec Michel Simon.

Avec La Chienne (1931), la carrière de Jean Renoir prend une autre tournure. On décèle dans ce film, la fibre sociale du réalisateur. On y retrouve aussi Michel Simon (après Tire au flanc et On purge bébé) qui s'illustrera également dans son film suivant, Boudu sauvé des eaux (1932). L’acteur, qui vient du théâtre, est populaire, et le réalisateur l’est, lui aussi, de plus en plus. Jean Renoir semble maintenant faire des films plus travaillés, plus personnels. Plus politiques aussi : Boudu confronte un couple de bourgeois à un clochard, Le Crime de M. Lange (1936) oppose des employés de bureau à leur patron malhonnête, Les Bas-Fonds (1936) suit une troupe de marginaux (dont Louis Jouvet, en aristocrate ruiné) qui s’unissent face à l’adversité, La Vie est à nous (1936) est tourné à l’initiative du Parti Communiste pour vanter la cause ouvrière et La Marseillaise (en partie financé par la CGT en 1937) est une apologie de la Révolution Française… La politisation de Jean Renoir voit son origine dans sa vie privée. Il s’est séparé d’Andrée Heuschling en 1931 et rencontre Marguerite Houlle, fille de militant communiste qui sera monteuse de ses films des années 1930. Elle le présente au Groupe Octobre (Jacques Prévert, Roger Blin, Maurice Baquet). En outre, 1936 marque aussi l'avènement au pouvoir du Front Populaire, qui va porter avec lui des enthousiasmes et des espérances que partage Jean Renoir.

Les années 1930 marquent également le début de l'époque « réaliste » de Renoir avec des films tels que Madame Bovary (1933), Une Partie de campagne (1936) ou La Bête humaine (1938), trois adaptations littéraires (Flaubert, Maupassant, Zola) dans lesquelles on devine clairement la volonté de retranscrire le réalisme et le naturalisme des auteurs. Cette époque est enfin celle des grands chefs-d’œuvres réalistes et réalistes-poétiques : Toni, film précurseur du néoréalisme italien (Luchino Visconti y est assistant-réalisateur) par son sujet, son style (les tournages en extérieur notamment) et ses faibles moyens ; La Grande illusion (1937), ode à la paix pendant la Première Guerre mondiale qui montre qu’il y a plus de distance entre les différentes classes sociales qu’entre les nationalités (et qui sera récompensé au tout jeune festival de Venise en 1937). Puis surtout, en 1939, La Règle du jeu qui, s'il est un échec au moment de sa sortie, est considéré aujourd’hui comme l'un des plus grands films du patrimoine mondial. Le film, qui se veut un « drame gai », fait une radiographie sans concession de la société française.

Jean Renoir part ensuite en Italie tourner La Tosca. Mais entre temps la guerre a éclaté, et il devient préférable pour lui de quitter l’Europe. Il abandonne donc le tournage (le film sera terminé par le réalisateur allemand Carl Koch) pour partir aux États-Unis avec sa nouvelle compagne Dido Freire, qu’il épousera sur place avec pour témoin ses amis les acteurs Burgess Meredith et Charles Laughton. Son arrivée à Hollywood est difficile mais il parvient à obtenir la réalisation de L' Etang tragique (1941). A l’image de ce film, ses œuvres hollywoodiennes seront un compromis entre sa réflexion sociale et les impératifs de l’industrie américaine. Bien que mal à l’aise face à cette intrusion des studios dans son travail, il réalisera là-bas plusieurs films comme Vivre libre (1943), L' Homme du Sud (1945), Le Journal d'une femme de chambre (1946) ou encore La Femme sur la plage (1947). Malgré une nomination à l'Oscar du meilleur réalisateur pour L' Homme du Sud, ses films ne trouveront jamais alors leur public ce qui fera dire à Daryl F. Zanuck « Renoir a beaucoup de talent, mais il n’est pas des nôtres ». Le cinéaste décide donc de mettre fin à son aventure américaine. Il part en Inde tourner Le Fleuve(1951), qui sera son premier film en couleur et qui aura une véritable influence sur le cinéma indien.

Jean Renoir revient par la suite en Europe où il tourne encore quelques chefs d’œuvre comme Le Carrosse d'or (1953), French Cancan (1955) dans lequel il retrouve Jean Gabin pour leur quatrième collaboration, plus de quinze après la précédente (Les Bas-Fonds, La Grande illusion, La Bête humaine) et enfin Le Testament du docteur Cordelier (1959). Avec Le Déjeuner sur l'herbe (1959) (titre homonyme du tableau d’Edouard Manet), il rend hommage aux peintres et bien sûr à son père. Il tourne son dernier film de cinéma en 1962, Le Caporal épinglé, film en noir et blanc qui se passe pendant la seconde guerre mondiale et qui, avec son ton à la fois léger et grave et son histoire de soldats prisonniers qui tentent de s’évader pendant la Seconde guerre mondiale, rappelle beaucoup le réalisme-poétique des années 1930 et La Grande illusion. Il tournera encore, pour la télévision, Le Petit Théâtre de Jean Renoir (dans lequel il joue, comme dans plusieurs de ses films tels que La Bête humaine ou La Règle du jeu) qui sont en réalité quatre sketches courts, diffusés en 1970 et exploités en salles à partir de 1979. Le cinéaste, las des difficultés qu’il a à produire ses films, se tourne alors plutôt vers l’écriture et s’éloigne du cinéma. Il reçoit en 1975 un Oscar d’honneur pour l’ensemble de sa carrière. Il meurt le 12 février 1979 à Beverly Hills et est enterré près de son père, à Essoyes, dans l’Aube, où il avait l’habitude, enfant, de passer ses vacances.

Rare cinéaste français à ne pas avoir été décrié par la « Nouvelle Vague », Jean Renoir aura, par ses films, grandement influencé le cinéma français et mondial et est considéré aujourd’hui comme un cinéaste majeur. Jean-Luc Godard dira de lui qu’il est « l'Art en même temps que la théorie de l'art. La beauté en même temps que le secret de la beauté. Le cinéma en même temps que l'explication du cinéma. »





Filmographie :

1925 : La Fille de l'eau
1926 : Nana
1927 : Sur un air de charleston
1927 : Une vie sans joie
1927 : Marquitta
1928 : La Petite Marchande d'allumettes
1928 : Tire-au-flanc
1928 : Le Tournoi dans la cité
1929 : Le Bled
1931 : On purge bébé
1931 : La Chienne
1932 : La Nuit du carrefour
1932 : Boudu sauvé des eaux
1932 : Chotard et Cie
1933 : Madame Bovary
1935 : Toni
1936 : Le Crime de monsieur Lange
1936 : Partie de campagne
1936 : La vie est à nous
1936 : Les Bas-fonds
1937 : La Grande Illusion
1938 : La Marseillaise
1938 : La Bête humaine
1939 : La Règle du jeu
1941 : L'Étang tragique (Swamp Water)
1943 : Vivre libre (This Land Is Mine)
1945 : L'Homme du sud (The Southerner)
1946 : Le Journal d'une femme de chambre (The Diary of a Chambermaid)
1946 : Salut à la France (Salute to France)
1947 : La Femme sur la plage (The Woman on the Beach)
1951 : Le Fleuve (The River)
1953 : Le Carrosse d'or
1954 : French Cancan
1956 : Elena et les Hommes
1959 : Le Testament du docteur Cordelier
1959 : Le Déjeuner sur l'herbe
1962 : Le Caporal épinglé
1971 : Le Petit Théâtre de Jean Renoir
"Our films were never intended for a passive audience. There are enough of those kinds of films being made. We wanted our audience to have to work, to have to think, to have to actually participate in order to enjoy them."

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Re: #Réalisateur# Jean RENOIR

Messagepar Alegas » Ven 31 Mai 2019, 10:39

Vu que le topic déchaîne les foules, je me lance :mrgreen: :

1937 : La Grande Illusion : 7,5/10
1938 : La Bête humaine : 6/10
1939 : La Règle du jeu : 6,5/10
1954 : French Cancan : 5,5/10

Un réal dont j'ai un peu de mal à comprendre la très haute réputation : hormis La Grande Illusion, je ne m'attache jamais aux personnages qu'il me présente, et ne rentre jamais dans les histoires qu'il me raconte.
Globalement, je trouve que c'est un ciné assez froid, hermétique, et même du côté de la mise en scène j'ai bien du mal à y voir du génie.
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Re: #Réalisateur# Jean RENOIR

Messagepar Mark Chopper » Ven 31 Mai 2019, 12:46

Je ne vais pas poser de notes, mais j'ai vu La Grande Illusion, La Bête humaine et La Règle du jeu...

Comme toi, je suis resté à distance, je ne me suis jamais senti concerné. J'ajoute même que La Bête humaine est peut-être le seul film dans lequel Gabin m'a paru mauvais (et j'ai dû voir 40 de ses films environ).

Pas motivé pour en voir d'autres.
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Re: #Réalisateur# Jean RENOIR

Messagepar osorojo » Jeu 05 Déc 2024, 21:49

Je sors de La règle du jeu, je me suis ennuyé comme pas possible en me disant toutes les 10 minutes "putain mais c'est naze". Je crois donc ne pas avoir trop aimé :mrgreen: Je dois être passé complètement à côté vu la répute de malade que se trimballe le film, mais vraiment j'ai fait l'effort d'aller au bout pour assister à ce fameux drame final censé terminer la satire de la plus noire des manières. J'ai trouvé ce dénouement au mieux cavalier de mon côté, même si l'absurdité des circonstances y menant est finalement à l'image du film. Pas du tout mon truc, tous les personnages sont en représentation, jamais naturels, et antipathiques au possible, je comprends la note d'intention, mais je n'y souscris pas pour le coup.
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Re: #Réalisateur# Jean RENOIR

Messagepar Mark Chopper » Jeu 05 Déc 2024, 22:27

Je dois être passé complètement à côté vu la répute de malade que se trimballe le film,


Même expérience.
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Re: #Réalisateur# Jean RENOIR

Messagepar osorojo » Jeu 05 Déc 2024, 22:59

La critique d'Alegas m'a un peu rassuré aussi, mais ouais, ce film est régulièrement cité dans les top meilleurs films français de tous les temps, et a une moyenne de dingue sur SC/IMDB etc donc il doit avoir quelque chose qui touche les gens. Mais perso dès le début j'ai su que j'allais souffrir :mrgreen: Et pourtant j'avais plus apprécié que vous La bête humaine, du coup je partais plutôt confiant.
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Re: #Réalisateur# Jean RENOIR

Messagepar Mr Jack » Ven 06 Déc 2024, 20:57

osorojo a écrit:Je sors de La règle du jeu, je me suis ennuyé comme pas possible en me disant toutes les 10 minutes "putain mais c'est naze". Je crois donc ne pas avoir trop aimé :mrgreen: Je dois être passé complètement à côté vu la répute de malade que se trimballe le film, mais vraiment j'ai fait l'effort d'aller au bout pour assister à ce fameux drame final censé terminer la satire de la plus noire des manières. J'ai trouvé ce dénouement au mieux cavalier de mon côté, même si l'absurdité des circonstances y menant est finalement à l'image du film. Pas du tout mon truc, tous les personnages sont en représentation, jamais naturels, et antipathiques au possible, je comprends la note d'intention, mais je n'y souscris pas pour le coup.


J'ai eu une expérience similaire devant La Belle et la Bête de Cocteau. Quand Jean Marais sort du bois pour accoster la meuf j'ai eu un rire nerveux. :eheh:
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Re: #Réalisateur# Jean RENOIR

Messagepar Olrik » Sam 07 Déc 2024, 19:11

Un peu le même ressenti pour La Règle du jeu. Pas de problème par contre pour La Belle et la Bête. On est sur le registre du conte, c'est différent.
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