Une interview de Gareth Evans à l'occasion de sa carte blanche à l'Étrange Festival.F.M. : Havoc doit arriver prochainement sur Netflix. Que pouvez-vous nous dire à ce stade pour nous faire saliver ?
G.E. : Nous travaillons encore pour terminer le film. Nous avançons pas à pas. Nous l’avons tourné en pleine pandémie. Quand nous avons fini le film et l’avons présenté, nous avons pu bénéficier d’une semaine supplémentaire de photographie additionnelle afin de faire quelques remaniements. Actuellement, nous devons caler un créneau pour de nouveau réunir tout le monde. Entre temps, les acteurs et les techniciens ont travaillé sur plusieurs films dans des endroits différents donc c’est difficile de trouver un créneau commun. De plus, on parle d’un tournage de cinq ou six jours. Mais c’est bénéfique car cela permet de retoucher ou d’améliorer des éléments de votre film. On va trouver un créneau, mais il faut aussi tenir compte des grèves de la WGA et de la SAG-AFTRA. Je suis solidaire de ce mouvement et nous ne ferons rien avant que cette situation soit résolue. Mais j’ai hâte que le film sorte. Il comporte de fabuleuses séquences. Quand j’y repense, il a été élaboré il y a déjà plus de trois ans. C’est une situation inhabituelle, mais nous devons être solidaires des syndicats américains.
Et au passage il parle d'une version 4K pour The Raid qui, selon lui, améliorera considérablement le rendu colorimétrique du film en vidéo :
F.M. : Sur votre compte Instagram, vous avez posté quelques visuels de la nouvelle version 4K de The Raid, qui proposera un étalonnage différent. Pouvez-vous nous en parler ?
G.E. : Pour moi, The Raid n’était réussi que dans sa copie 35 mm. Elle était superbe et j’en étais fier. Mais quand il s’agissait du DCP et des versions vidéo, donc la version que vous avez vue en DVD et Blu-ray, le résultat m’a toujours semblé bleu, magenta ou trop désaturé. Nous voulions arranger ça, mais nous n’y sommes jamais parvenus. Il faut savoir que nous avons fait la post-production en Thaïlande, avec une excellente compagnie. Mais l’étalonneur ne parlait que le thaïlandais et par conséquent, nous avions des interactions assez limitées. C’était « plus sombre », « plus clair », « plus de couleur », « moins de couleur ». Ce genre de choses… Cela devient compliqué quand vous devez élaborer l’identité visuelle de votre film. Du coup, quand je suis retourné en Indonésie il y a deux ans environ, j’ai pu retrouver tous les disques durs avec le matériau source du premier film. Tous les rushes étaient là. Nous avions tourné le film avec une Panasonic AG-AF100. Nous avons tout enregistré sur des cartes SD dont le contenu a été transféré sur des disques durs. J’ai donc pu retrouver tous mes masters et nous avons pu reconstruire l’intégralité du film en récupérant la matière et les effets visuels d’origine. Et pour les plans aux effets visuels manquants, nous avons fait revenir les techniciens qui ont travaillé sur le film pour leur demander de refaire ces effets. Nous avons donc remonté le film à l’identique en partant de zéro. Mais nous n’avons rien modifié ou altéré. Nous n’avons pas remplacé les armes à feu par des talkies-walkies [rires]. Mais cela nous permettait de retrouver les couleurs d’origine élaborées par mon chef opérateur Matt Flannery et Dimas Imam Subhono. Depuis, nous avons gagné en expérience grâce à l’étalonneur avec lequel nous travaillons à Cinematic, une société de post-production basée au Pays de Galles. The Raid ressemble enfin à ce qu’il devait être à l’origine. Il est prévu que nous montrions cette nouvelle version 4K dans quelques festivals. Ce n’est pas encore tout à fait prêt. La semaine prochaine (semaine du 11 septembre 2023), je vais vérifier le DCP final. J’espère organiser quelques projections dans des festivals projetant des œuvres de patrimoine. Le but est de le sortir en UHD 4K. Nous sommes en discussion avec les distributeurs de plusieurs territoires et je suis très heureux de pouvoir enfin montrer le film dans ces conditions.