Megalopolis
Francis Ford Coppola - 2024
Francis Ford Coppola - 2024
Pas mal d’anecdotes circulent sur l’incompréhension qui a pu régner sur le plateau de tournage de Megalopolis. On peut bien le concevoir car pour le spectateur, c’est un peu la même chose. J’ai vu la bête hier et, sans aller jusqu’à dire que je n’y ai rien compris, j’ai été bien incapable de dire si j’avais aimé ou pas. On est devant un de ces films proposant une expérience, film qui plus est réalisé par un artiste de 85 ans connu pour n’avoir pas fumé que des gitanes maïs durant sa vie. Du coup, dire « j’ai tout compris » ou « j’ai rien compris » n’a guère de sens tant l’expérience appelle un autre visionnage pour un peu mieux saisir ce que Coppola a voulu entreprendre. Peine perdue, pourra-t-on rétorquer, il n’y a rien à comprendre parce que le film est raté. Mais à cela on pourra répondre que ça fait du bien, aussi, de tomber sur un artiste qui n’en a rien à foutre des standards actuels et qui décide de filmer ce qu’il rêve tout en refusant de donnée la becquée au spectateur.
À un moment, un plan nous montre des personnes montant en accéléré six escalators placés côte-à-côte, citation directe de Koyaanisqatsi, film qui avait été produit par Coppola. En y réfléchissant, je me suis demandé si le film de Godrey Reggio ne pouvait pas être vu comme le lointain cousin de Megalopolis puisque lui aussi présentait une réflexion sur le lien entre urbanisme, bonheur et futur de l’homme. Dans tous les cas, subsiste l’impression d’avoir été plongé dans une fête foraine visuelle et truffée de références que l’on pourra taxer d’absconses et de prétentieuses si l’on n’entre pas dans le trip mais qui, si l’on goûte le jeu de l’interprétation, appellera inévitablement d’autres visionnages. Je pense que ce sera mon cas.