[Alegas] Mes Critiques en 2024

Vos critiques de longs-métrages

Modérateurs: Dunandan, Alegas, Modérateurs du forum

Killer (The) (1989) - 8/10

Messagepar Alegas » Dim 10 Nov 2024, 21:38

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The Killer de John Woo
(1989)


Ancienne critique.

Le remake sort en salle, Madame n’avait jamais vu le film, ma première vision remontait à 12 ans, c’était la bonne occasion pour le revoir. Sans trop de surprise, c’est une revision à la hausse : non seulement il y a eu largement le temps pour assimiler la note d’intention de Woo sur ce film, mais en plus, à parcourir sa filmographie ces dernières années, je me rend compte que j’accepte plus facilement le traitement de l’émotion chez ce réalisateur, qui est souvent exacerbé au point qu’il peut paraître ridicule si on le regarde avec un tant soit peu de cynisme.

Si j’avais en plus gardé en mémoire tout ce qui touche à la chanteuse aveugle (hormis la fin, j’avais oublié à quel point ça se finit pas bien :| ), j’avoue avoir complètement redécouvert tout ce qui touche à l’amitié entre le tueur et le flic, le jeu de miroir qui s’installe entre eux (jusque dans leurs amitié respectives qui vont mal finir) et du coup la profonde connexion qui se crée au fur et à mesure, et qui trouve un pinacle dans le final apocalyptique. Est-ce que le scénario du film est simple ? Assurément, mais ça ne l’empêche pas de fonctionner pour autant : les personnages existent, les relations entre eux aussi, et j’ai envie de dire que c’est aussi cette forme d’épure propre à une partie du cinéma de Woo qui fait que ça marche. Le meilleur exemple à mon sens, c’est tout le jeu chorégraphique qu’il y a dans l’appartement de la chanteuse, avec les deux héros qui se jaugent tout en faisant en sorte que la demoiselle ne soit pas effrayée : c’est casse -gueule sur le papier, ça pourrait paraître ridicule au possible dans un film très écrit, ici c’est pur et ça fonctionne du feu de dieu.

Mais la vraie star du film, plus que Chow Yun-fat (excellent quand il est mutique, genre Delon asiatique, mais moins convaincant à mon sens quand il va dans l'expressionnisme) c’est clairement la mise en scène de Woo. D’une part parce qu’elle trouve un terrain particulièrement fertile pour s’exprimer (le début qui est une version bien violente du Samouraï de Melville, l’assassinat sur le port et la course-poursuite qui s’ensuit, les deux gros climax de la dernière demi-heure), mais aussi parce que Woo y trouve un parfait équilibre : on est pas encore la débauche jouissive de Hard Boiled, ici c’est de l’action qui, à quelques exceptions près, sert toujours l’histoire et permet de dire presque autant sur les personnages qu’une scène dialoguée. Du coup, contrairement à la première vision où j’avais trouvé qu’il y avait un gros contraste entre l’excellente première heure et la partie plus orientée action, je trouve désormais une homogénéité évidente à l’ensemble.

Et puis là où le film me fascine, c’est dans son montage qui est une véritable leçon : je pensais déjà, avec la découverte de la filmo de Woo, que 90% de l’efficacité de sa mise en scène dépendait de la qualité de son montage, mais c’est clairement un argument qui se confirme avec cette nouvelle vision (et d’autant plus avec celle du remake :mrgreen: ). Ainsi, ce n’est pas tant les angles de caméra qui font les scènes d’action (les meilleurs plans, ou les plus originaux, sont souvent des inserts d’à peine une seconde), mais tout se joue dans la façon dont les plans et les mouvements s’accordent et se répondent entre eux. Woo cite régulièrement les comédies musicales comme principale influence de sa manière de créer l’action, et on comprend aisément pourquoi. The Killer était déjà un film que j’aimais malgré les défauts que je pouvais lui trouver, avec ce revisionnage c’est désormais c’est un film que j’adore.


8/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2024

Messagepar Mark Chopper » Lun 11 Nov 2024, 13:00

C'est autre chose que ton ancienne critique et sa conclusion ridicule :mrgreen:
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2024

Messagepar Jed_Trigado » Lun 11 Nov 2024, 13:03

J'espère qu'il en fera de même pour la filmo de Verhoeven.
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Fleuve de la mort (Le) - 2,5/10

Messagepar Alegas » Lun 11 Nov 2024, 13:17

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River's edge (Le fleuve de la mort) de Tim Hunter
(1986)


Une critique rapide avant d’oublier complètement ce film. Je n’en avais jamais entendu parler avant que Sean Baker ne l’évoque dans sa vidéo Konbini, et le bonhomme n’y allait pas avec le dos de la cuillère : le meilleur rôle de Keanu Reeves, l’un des meilleurs films sur la jeunesse, bref ça rendait carrément curieux. La déception est à la hauteur de l’attente, et je comprends désormais pourquoi le film m’était inconnu jusqu’ici, tant c’est particulièrement peu recommandable. Le début est tout de même assez intriguant, avec un jeune homme qui tue une de ses camarades et qui, pour une raison obscure, laisse le cadavre complètement à découvert sur la rive d’un fleuve, et va se vanter de l’acte auprès de ses amis. A partir de là, le récit ne fait que prendre des choix curieux, à l’opposé de ce qu’on attendrait d’une histoire semblable : certains personnages sont horrifiés par le crime, un autre souhaite protéger le meurtrier, mais au fond personne ne semble réellement avoir conscience de la gravité de la situation, le meilleur exemple étant avec le personnage de Keanu Reeves qui semble plus préoccupé par la disparition de la poupée de sa petite sœur que par l’assassinat d’une de ses amies. Et globalement, on pourrait arrêter le résumé ici, car tout le film c’est vraiment juste des jeunes paumés qui ne savent pas comment réagir, c’est un peu la version teubé d’un croisement chelou entre Twin Peaks et Stand by me :eheh: .

Il n’y a pas de réel fil rouge (un petit peu avec le perso de Crispin Glover, mais c’est assez ténu), et le métrage donne souvent l’impression d’être une succession de scénettes aléatoires. C’est franchement pas passionnant à suivre, on a assez peu d’attachement vis-à-vis des personnages (voire pas du tout) et du coup j’avoue avoir trouvé la séance particulièrement pénible. A la décharge du film, je peux comprendre qu’on puisse y trouver un intérêt dans l’univers qu’il présente : dépeindre avec réalisme l’Amérique profonde, avec que des rednecks dont la consommation principale est de la bière en canette, des jeunes sans éducation qui se droguent dès douze ans, et des cas sociaux (faut voir les persos, notamment celui de Hopper qui incarne un mec qui parle à sa poupée gonflable), c’est quelque chose de relativement peu courant dans le cinéma américain, et j’imagine que ça devait l’être encore moins dans les années 80. Mais c’est bien la seule chose que je trouve digne d’intérêt dans ce film (j’y pensais pendant le film, mais mine de rien c’est une partie de la population qui existe toujours quarante ans plus tard, et qui doit probablement être rassuré par le populisme de Trump), car côté réal c’est particulièrement anecdotique et la photo est tellement terne qu’on se demande s’il y a eu un chef opérateur. Même côté casting c’est la cata : personne ne semble vraiment à sa place, Keanu Reeves fait ce qu’il peut sans être vraiment convaincant, et Crispin Glover ne joue clairement pas dans le même film que les autres :eheh: . Tout ça donne un film qui ne m’a pas du tout convaincu et dont le visionnage a été une horreur à terminer.


2,5/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2024

Messagepar Alegas » Lun 11 Nov 2024, 13:20

Mark Chopper a écrit:C'est autre chose que ton ancienne critique et sa conclusion ridicule :mrgreen:


C'était de la provoc et ça marchait bien. :mrgreen:
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2024

Messagepar Dunandan » Lun 11 Nov 2024, 14:52

Et le remake en France? :chut:
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2024

Messagepar Alegas » Lun 11 Nov 2024, 15:39

Le remake j'ignore si c'est censé être de la provoc, à vrai dire je n'arrive toujours pas à comprendre pourquoi ce film existe. :mrgreen:
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Killer (The) (2024) - 2,5/10

Messagepar Alegas » Lun 11 Nov 2024, 19:38

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The Killer de John Woo
(2024)


C’est peu de dire qu’il n’y avait rien qui donnait envie dans ce remake, si ce n’est la perspective de revoir un film signé John Woo, d’autant que Silent Night avait été une plutôt bonne surprise, loin de la honte absolue qu’est Manhunt. Du coup, pas de réelle déception devant cette revisite du classique de Woo : c’est à peu près aussi nul que ce que j’attendais, mais il y a tout de même une réelle tristesse de voir le réalisateur aller aussi bas, surtout que ça pourrait potentiellement être la toute dernière pièce de sa filmographie. Déjà, on va dire que le bon point du film est de ne pas vouloir livrer une vulgaire copie de son illustre aîné : c’est un remake dont le script prend des directions assez différentes, le souci étant que chaque changement donne un résultat qui joue en sa défaveur :eheh: .

Déjà, gros malus sur toute la storyline de la chanteuse devenue aveugle. Le fait de ne plus avoir de romance amoindrit considérablement l’importance de ce personnage, la tueuse ne cherche à la sauver que parce qu’elle considère qu’elle se sent coupable et responsable, et je ne parle même pas de la fin heureuse qui me paraît être un non-sens absolu, surtout que ça sort vraiment de nulle part (c’est littéralement “je retrouve la vue d’un plan à l’autre” :lol: ). Autre problème : tout ce qui touche à l’amitié. C’était le cœur même de l’original, et là c’est complètement loupé, au point qu’on se demande si les scénaristes (parmi eux Helgeland) ont réellement compris l’intérêt du film de 89. La relation entre tueuse et commanditaire n’est désormais qu’une relation professionnelle, le flic a un collègue vaguement plus mis en avant que les autres, mais ça s’arrête là, et la relation tueuse/flic n’a désormais aucune puissance, mais ça, ce n’est probablement pas qu’un problème d’écriture.

Car bon, disons-le tout de suite : le casting est aux fraises. Nathalie Emmanuel en tueuse (rôle initialement prévu pour Lupita Nyong’o, qui aurait apporté une froideur bienvenue) c’est un grand non, elle est trop mignonne, trop innocente, on y croit pas du tout (les passages où on essaye de nous la vendre comme une clodo parisienne, c’est facepalm :lol: ), et après Megalopolis ça confirme qu’il faut arrêter de lui donner des rôles aussi importants. Pour Omar Sy, j’ignore à quel point le fait d’être français et donc de connaître sa carrière rend difficile le fait de l’accepter en tant que flic tête brûlée, mais clairement on peut dire qu’il n’a pas le charisme et la présence nécessaire pour un tel rôle. Quant au reste, ce n’est pas glorieux : Worthington qui joue un irlandais avec un accent à couper au couteau c’est vraiment une idée à la con :eheh: , et la distribution française donne l’impression qu’il fallait caster le moindre acteur qui a joué dans un film à l’international (Cantona, Taghmaoui, Karyo, quasiment tout le monde est là).

Formellement, c’est peut-être bien la déception la plus conséquente : contrairement à Silent Night, qui avait pourtant un budget quasiment trois fois moindre, ça fait vraiment film où l’âge de son réalisateur se ressent, l’action est filmée de manière très anecdotique malgré quelques rares plans signatures, et surtout le montage n’arrive jamais à rendre cohérent l’ensemble. Le choix de Paris comme lieu de tournage aurait pu être intéressant en partant dans une approche à la Frantic, Ronin ou tout simplement Le Samouraï, genre Paris réaliste crade et gris, mais non, on se tape un Paris de carte postale sponso Netflix avec vision de la Tour Eiffel dès que c’est possible, des quais de Seine jamais bondées, il y fait toujours beau, aucun intérêt donc :| . La photo est bien immonde dans son genre, j’ignore à quel point le film a été conçu dans la logique d’être diffusé majoritairement sur plateforme, mais là ça donne vraiment l’impression de regarder du Emily in Paris, c’est impersonnel au possible. Bref, c’est pas du film absolument honteux comme Manhunt, mais c’est quand même embarrassant de voir un résultat aussi loupé après un Silent Night qui avait, en ce qui me concerne, prouvé que Woo avait encore de beaux restes.


2,5/10
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Mon beau-père et nous - 5/10

Messagepar Alegas » Mar 12 Nov 2024, 17:20

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Little Fockers (Mon beau-père et nous) de Paul Weitz
(2010)


Troisième film et dernier volet en date. A priori un troisième volet n’était pas prévu, et il aura fallu le rachat du catalogue de Dreamworks par Paramount pour que ça se fasse, ce qui explique l’écart d’années plus grand entre le second et celui-ci. Du coup, il y avait moyen d’avoir un film bien opportuniste, mais au final, même si c’est effectivement le volet le plus faible de la trilogie, ça reste un minimum sympatoche à regarder. Narrativement, ça suit la même logique que les deux films précédents, mais avec cette fois l’emphase sur la question de la succession, le personnage de De Niro ayant eu une attaque cardiaque, et cherche donc à faire de Stiller le nouveau patriarche. Ça donne quelques passages plutôt rigolos, notamment quand Stiller essaye d’imiter son beau-père, mais globalement c’est une storyline qui paraît un peu forcée : le délire autour du GodFocker c’est marrant la première fois, mais ça devient un peu relou à la longue.

Le souci, c’est que le reste du film donne un peu une impression de vu et revu, et tout est bon pour donner une excuse au beau-père de se méfier de son gendre, pour aboutir sur un final où ils se mettent (enfin) sur la gueule. Tout ça donne au métrage un côté très fonctionnel, pas complètement déplaisant certes, mais il manque clairement un peu de fraîcheur et d’originalité pour prétendre à plus. Il y a en plus la sensation que le film est conscient de ça, et rajoute donc des éléments pour faire de la poudre aux yeux : on a Laura Dern et Harvey Keitel dans des rôles qui aurait pu être interprétés par des nobodys sans que ça ne change quoi que ce soit, Owen Wilson qui fait de nouveau un come-back, à la limite il n’y a bien que le personnage de Jessica Alba qui paraisse réellement justifié. Sinon, y’a un changement de réal : de Jay Roach on passe à Paul Weitz, le truc cool étant qu’on passe donc d’un yes man à un autre yes man, donc on ne voit pas du tout la différence ! :mrgreen: Bref, ça s’apprécie un minimum quand on est dans le mood en s’enquillant les trois opus, mais ça se termine quand même sur une petite déception.


5/10
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Amour ouf (L') - 7,5/10

Messagepar Alegas » Mer 13 Nov 2024, 17:23

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L'amour ouf de Gilles Lellouche
(2024)


J’avais beau suivre d’un œil le projet depuis longtemps, j’ignorais complètement à quoi m’attendre, d’autant que les infos étaient parfois contradictoires (à un moment, il était question d’une comédie musicale, et finalement pas du tout), mais l’effet a finalement été bénéfique tant c’est une très bonne surprise, à un niveau que je n’espérais pas. Ce qui est vraiment cool avec L’amour ouf, c’est que tout ce que j’avais cru apercevoir dans le précédent film de Lellouche, Le grand bain (chouette film là aussi), vient être confirmé avec cette nouvelle réalisation. Ça ne l’impose pas forcément comme un grand metteur en scène (ce n’est pas le cas) mais ça démontre clairement que le mec a des ambitions formelles et narratives, une volonté de mixer les genres, et surtout on sent que c’est un film fait avec le cœur avant tout, bref un combo auquel on a pas forcément l’habitude dans notre cinéma hexagonal.

C’est, en plus, un projet qui a de la gueule sur le papier : une grande fresque d’amour passionnel sur plusieurs décennies, et se déroulant dans les milieux populaires, ça ne court pas vraiment les rues, d’autant qu’ici on est très loin du film d’auteur façon Desplechin ou Dardenne, c’est peu de le dire :mrgreen: . Formellement, Lellouche n’a pas forcément la maturité nécessaire pour éviter de tomber dans certains pièges stylistiques/clipesques qui, selon les avis, passeront pour de la faute de goût (ce n’est pas mon cas), mais bordel que ça fait plaisir de sentir un mec qui se fait plaisir avec sa caméra et son budget. Y’a une belle photo, un montage dynamique, des parti-pris audacieux (la séquence de danse pour illustrer la rencontre puis les retrouvailles, ça aurait pu être kitsch mais ça marche), un mélange des genres qui se révèle naturel, des idées formelles qui arrivent de temps en temps (la fusillade en ombres chinoises éclairées par les tirs), bref qu’on aime ou pas il y a tout de même une envie de faire du cinéma, et pas un énième téléfilm tourné dans le Nord.

La durée peut paraître exagérée à la vue du pitch, mais en vrai ça passe tout seul, il n’y a bien que la séquence d’introduction que je trouve un peu gratuite et qu’on pourrait enlever sans que ça ne gêne quoi que ce soit, le reste du récit est clairement justifié, et j’aurais même tendance à dire que j’aurais apprécié voir certains passages rallongés (toute l'ascension de Clotaire une fois une fois le mafieux éliminé paraît trop simple avec un montage, et certains seconds rôles donnent l’impression d’être plus de l’ordre du caméo, genre Bajon, Quenard et Zadi). A côté de ça, le film fonctionne très bien d’un point de vue émotionnel : on y croit à cette histoire d’amour, on s’attache à ces personnages, et il y a bonne poignée de séquences qui fonctionnent super bien grâce à ça : l’au-revoir la main sur la vitre au tribunal, les retrouvailles, ou tout simplement la moindre scène starring Alain Chabat (peut-être bien l’un des meilleurs papas du monde dans un film :love: ).

Le casting XXL faisait peur et envie à la fois, envie parce que c’est tout simplement la réunion d’un bon paquet de supers acteurs, qu’ils soient de l’ancienne génération (Poelvoorde, Chabat) ou de la nouvelle (Exarchopulos :love: , Civil, Quenard, Bajon, Zadi, Lacoste, Leklou, et puis big up aux deux jeunes qui sont les leads pendant plus de la moitié du film et que je ne connaissais pas du tout), mais peur parce que ça aurait pu tomber aisément dans l’étalage de carnet d’adresses. Au final, si certains ont vraiment des petits rôles (voir plus haut), le reste est vraiment bien géré, avec quelques solides prestations à la clé (Adèle et Alain, cœur sur eux :love: ), et le seul gros défaut que je trouve sur ce point serait le fait que Civil se fait un peu bouffer par l’acteur qui interprète son personnage plus jeune, ce qui est mauvais signe. A l’arrivée, même si c’est un film qui a ses imperfections, il est fait avec tellement de bonne volonté, de cœur et de passion que je pardonne aisément les quelques défauts qu’il peut avoir. En attendant, ça fait du bien de voir un film pareil trouver son public (quasiment quatre millions d’entrées à l’heure où j’écris ces lignes), et ça m’a donné au passage l'envie de tenter la toute première réalisation de Lellouche.


7,5/10
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Blue Giant - 6,5/10

Messagepar Alegas » Jeu 14 Nov 2024, 18:41

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Blue Giant de Yuzuru Tachikawa
(2023)


J’avais loupé la sortie en salle parce que je n’avais tout simplement pas entendu parler (ce qui est d’autant plus étonnant qu’il était pourtant passé à Annecy) mais heureusement j’ai pu trouver une séance de rattrapage sur cette fin d’année. C’est pas plus mal de l’avoir découvert sur grand écran : on sent que les séquences musicales sont pensées pour l’expérience salle (on est pas loin de la transe par moment), d’ailleurs c’est clairement l’aspect du métrage que j’ai préféré, plus que le script que j’ai trouvé assez conventionnel. Jamais lu le manga donc impossible de comparer, mais il manque à mon sens quelque chose pour rendre cette histoire aussi passionnante qu’un Whiplash (comparaison difficile à éviter vu le sujet, même si les deux films ne partagent pas la même ambiance ou propos).

Ça se joue énormément sur l’écriture des personnages : on a un héros plutôt consistant, mais les deux autres protagonistes, qui vont avoir une importance capitale dans le récit sont clairement moins approfondis, notamment le pianiste alors qu’il a un tournant dramatique sur la fin. Je n’aurais pas craché sur un film un peu plus long (ça n’aurait pas été un souci tant ça passe vite) pour remédier à ce défaut, et rendre peut être l’ascension plus ardue, car finalement tout se passe à peu près bien pour ce trio, on ne peut pas dire qu’ils rencontrent beaucoup de difficultés. Heureusement, ça se rattrape par le fait que c’est toujours passionnant à suivre, et que les séquences musicales valent réellement le coup : elles possèdent une véritable énergie, tant rythmique que visuelle, sont accompagnées d’une soundtrack très cool, et ça va assez loin dans son délire avec des expérimentations qui n’auraient pas dénotées dans Mind Game.

Visuellement c’est plutôt joli, ça manque peut-être de personnalité pour prétendre à mieux (pas fan du chara design, genre pendant un bon moment je confondais le héros et celui qui l’héberge) mais ça a globalement de la gueule grâce aux parties musicales déjà citées, ainsi qu’avec les environnements qui sont vraiment réussis pour le coup. Par contre, gros malus sur les prestations animées en motion-capture : j’entends la volonté de retranscrire au mieux les mouvements des musiciens, mais ça dénote trop avec le reste qui est animé traditionnellement (d’autant que ce qui est animé à la main a finalement bien plus de gueule) et surtout ça donne un rendu très cheap, genre rotoscopie sur laquelle on aurait passé peu de temps :? . Bref, c’est pas sans défauts, mais c’est probablement le film d’animation que je trouve le plus réjouissant depuis le dernier Hosoda.


6,5/10
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Maison des otages (La) (1990) - 4,5/10

Messagepar Alegas » Ven 15 Nov 2024, 16:07

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Desperate hours (La maison des otages) de Michael Cimino
(1990)


Sans surprise, ce n’est pas terrible, même si je dois avouer que je m’attendais à bien pire. Globalement j’ai été surpris de trouver ça assez divertissant pour que je ne m’emmerde pas, mais pour autant c’est un film qui n’est jamais passionnant, qui se révèle particulièrement anecdotique du début jusqu’à la fin, et qui, surtout, paraît clairement indigne d’un réal comme Cimino : passer de Heaven’s Gate à ça en l’espace d’une décennie, c’est chaud :| . C’est donc un remake du film de Wyler (que je n’ai pas encore vu) au pitch intriguant, avec un criminel qui, après une évasion, prend refuge dans une maison occupée par une famille, et forcément tout ne va pas se passer comme le brigand le souhaite. Je ne sais pas comment est traité le film original, mais ici on ne peut pas vraiment dire que ce soit convaincant, notamment avec le personnage de Rourke qu’on nous décrit comme quelqu’un de malin et calculateur, et donc capable d’une certaine patience, alors que Rourke le joue comme un psychopathe imprévisible, j’ignore si c’est uniquement du fait de l’acteur mais le résultat est qu’on a un bad guy principal pas ouf. Les sous-fifres ne sont pas beaucoup mieux, et la famille s’avère inintéressante au possible passé le fait que le personnage d’Anthony Hopkins soit en froid avec sa femme.

Bref, il y a un gros souci d’écriture, avec des personnages auxquels on a pas envie de s’attacher, et une intrigue qui tient rarement debout (le plan de Rourke est complètement con quand on y pense), et je doute que le cut original de Cimino (2H30, soit presque une heure supplémentaire) aurait complètement supprimé ces défauts. Le pire, c’est que même formellement c’est moyen au possible, à l’exception d’une scène (la fuite de David Morse et sa conclusion tragique) et de quelques plans en extérieur on a jamais l’impression d’avoir Cimino derrière la caméra, ça aurait pu être réalisé par n’importe qui et ça a souvent une gueule de produit télévisuel avec quelques scènes honteuses au passage (genre y’a une vingtaine de mecs du SWAT qui visent la façade de la maison et pas un seul n’est capable de toucher Rourke quand il sort). C’est pas la honte absolue, mais vu le réal c’est tout de même un film assez triste à regarder, en plus d’être particulièrement oubliable.


4,5/10
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Rêveurs (Les) - 5/10

Messagepar Alegas » Ven 15 Nov 2024, 23:39

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Winterschläfer (Les rêveurs) de Tom Tykwer
(1997)


Si j’ai été convaincu par ma découverte de la carrière de Tom Tykwer jusqu’ici, je ne pourrais pas en dire autant de ce métrage qui a pourtant pour lui de bonnes intentions. C’est le film que Tykwer signe juste avant la consécration que lui apportera Cours Lola, cours, donc à une époque où il cherche encore à faire le film qui va le faire reconnaître à l’international, et on sent bien qu’il a tenté autant que possible avec celui-ci. En plus, sur le papier, il y a déjà un peu les prémices de son cinéma à venir, avec un récit à multiples personnages qui ne sont pas initialement connectés les uns aux autres, et qui ne vont pas forcément se croiser durant le récit, mais où les évènements à venir (notamment le vol d’une voiture et un accident de la route) vont faire qu’ils vont tous voir leur vie chamboulée, le tout dans une histoire où la fatalité prend le pas sur le reste. Problème : on sent que Tykwer n’a pas encore la maturité nécessaire pour faire tenir un récit aussi ambitieux (le côté choral rappelle forcément Cloud Atlas même si, pour le coup, l’ambition est moindre), ce qui le fait provoquer plusieurs erreurs.

Le film est trop long pour ce qu’il raconte, toute la storyline autour du prof de ski et de sa copine ne sert finalement pas à grand chose, et globalement le film aurait mérité de se concentrer plus sur les deux personnages qui portent le récit narrativement et émotionnellement, à savoir le père de la gamine et le conducteur amnésique. Du coup, on s’emmerde souvent dans ce film qui bénéficie pourtant d’un point de départ intéressant et qui donne envie de voir comment ça va se conclure. A côté de ça, Tykwer montrait déjà de quoi il était capable avec un budget un minimum conséquent : côté réal, c’est très élégant avec beaucoup de mouvements de caméra complexes, des effets assumés (la chute à la fin) et une scène d’accident très bien découpée, on pourra juste reprocher quelques choix un peu gratuits avec, par exemple, des mouvements de grue qui sont plus là pour montrer qu’il est capable d’en faire, mais rien de bien méchant, et ça n'empêche pas le film d'être formellement solide pour un second long. Et super boulot de photographie aussi par Frank Griebe qui continuera à être un fidèle de Tykwer. Il y a beaucoup de bonnes choses dans ce film, mais le résultat global est pour le moins mitigé, l’avantage est que l’échec du métrage forcera Tykwer à rebondir sur un film moins cher et plus inventif, qui fera cette fois décoller sa carrière.


5/10
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Deadpool & Wolverine - 5/10

Messagepar Alegas » Sam 16 Nov 2024, 17:59

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Deadpool & Wolverine de Shawn Levy
(2024)


J’y allais clairement à reculons sur celui-ci : déjà les deux premiers opus, sans être détestables, sont des films que je ne reverrais jamais, mais en plus la perspective de voir le film violer la superbe fin de personnage qu’avait réussi Logan ne m’enchantait guère. Le fait d’avoir eu le film spoilé en large et en travers via les réseaux sociaux n’aide pas, même si à la limite je m’en fous un peu, je ne suis pas le genre de personne qui se serait enjaillé devant le retour de Jennifer Garner en Elektra :mrgreen: . J’avais tout de même envie d’y croire un peu, surtout vu le début du métrage qui évite pas mal de pièges, notamment en partant du principe que Wolverine est bel et bien mort, et donc qu’il va falloir trouver une autre version de lui dans un univers alternatif. Si on ajoute à cela le fait que le film exploite plutôt bien le côté méta du personnage pour parler du rachat de la Fox, questionner la place de Deadpool au sein d’un MCU trop sage, et au passage faire une lettre d’amour à tout un pan super-héroïque du début des années 2000 (qui me parle forcément un peu, ayant été ado à cette période, mais d’un autre côté c’est super weird de célébrer aujourd’hui des films qui étaient en grande partie des grosses merdes :eheh: ), il faut avouer que ce troisième film a quelques atouts pour lui.

Mais voilà, si je ne peux dénier avoir eu du plaisir pendant la séance, il a suffit de quelques minutes après la fin du métrage pour que je commence à avoir le même ressenti que je peux avoir devant plus de 90% de la production Marvel, un peu comme un Big Mac qu’on a apprécié sur le moment, avant de se rappeler que c’est pas terrible en fait. Déjà, ça a cet habituel défaut d’être un film qui se suffit difficilement à lui-même : ceux qui n’ont pas vu les films Fox de l’époque se sentiront largués (est-ce que les jeunes d’aujourd’hui, quand ils matent ce film, ont vu auparavant Blade, Elektra et Fantastic 4 ?), et tout le délire de compagnie gérant le multivers issu de Loki m’est complètement passé au-dessus, étant donné que je n’ai pas maté la série. Ensuite, l’aspect lettre d’amour à une époque est contredit par le fait que, au final, on se contrefout pas mal des personnages qu’on ramène à la vie : ils sont soit sacrifiés de façon humoristique (ça, à la limite, dans un Deadpool, je peux comprendre), soit sont de l’ordre du caméo. Et vient l’éternel souci du multivers, qui donne le sentiment que la mort d’un personnage n’est finalement pas si grave puisqu’il y a forcément des alternatives ailleurs : ça vient casser tout le principe même de dramaturgie et d’iconisation du super-héros, qui est finalement désacralisé, et il n’y a bien que la saga Spider-Verse qui a réussi à éviter ce problème jusqu’ici.

Tout ça fait que ce Deadpool est finalement à la Fox ce qu’était Spider-Man : No Way Home aux productions Sony : un gigantesque produit fan-service qui joue faussement sur la nostalgie, mais dont le réel but est de mieux imposer ce qui va venir. Il y a du coup une réelle tristesse à voir Hugh Jackman revenir incarner Wolverine, quand bien même il a l’air de s’amuser : toute la blague autour du fait que Disney va le forcer à jouer ce personnage jusqu’à ses 90 ans est certes traité de façon humoristique, mais on se doute que la réalité n’est pas loin, alors qu’il avait été celui à avoir eu la plus belle porte de sortie. Et puis formellement, hormis le générique de début bien foutu, c’est franchement pas dingo pour un film qui a coûté aussi cher, et on remarque même pas mal de scènes assez moches (pas aidé par une photo terne au possible), genre le plan-séquence avec les centaines de Deadpool, une scène qui se voudrait un équivalent de Old Boy mais qui tombe à plat. Globalement, si le film est efficace, c’est surtout grâce à son humour (même si faussement subversif) et à sa violence, éléments qui font office de cache-misère face à une mise en scène de yes-man et une écriture ultra basique (le final en mode l’important c’est d’avoir des amis, please… :roll: on sent que le passage chez Disney se fait au prix d’une certaine morale). Bref, je ne suis pas déçu car j’en attendais rien, mais le fait qu’un film pareil connaisse encore un tel succès montre bien qu’on en a encore pour quelques années à bouffer du Marvel insipide.


5/10
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Transformers : Le Commencement - 6,5/10

Messagepar Alegas » Sam 16 Nov 2024, 22:41

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Transformers One (Transformers : Le Commencement) de Josh Cooley
(2024)


Bonne surprise dans la mesure où, il y a encore quelques mois, je me foutais complètement du projet, c’est vraiment à partir des premiers retours à Annecy que j’ai commencé à m’y intéresser. Après la saga de Bay et les deux tentatives filmiques par d’autres, Paramount relance la franchise sous une forme animée, et avec une note d’intention tout à fait louable, à savoir retrouver l’esprit (au moins visuellement) de la série d’origine, et partir sur un prequel qui expliquerait l’origine des héros et bad guys avec lesquels le public est habitué. Du coup, plus grand chose à voir avec les films live action sortis depuis plus de quinze ans, et tant mieux : la formule tournait en rond depuis déjà trop longtemps, et il fallait bien un virage violent pour cette licence qui paie encore aujourd’hui sa réputation pas terrible : ce Transformers One ne va pas être un flop, mais ne va pas pour autant être particulièrement rentable. C’est d’autant plus dommage que c’est, à mon sens, probablement le meilleur film Transformers qu’on a pu avoir, et si le film a des défauts, c’est surtout parce qu’on sent que le budget n’a pas les hauteurs de l’ambition du métrage.

Ainsi, c’est un film d’animation qui a du mal à trouver sa patte visuelle, coincé entre une volonté de coller à la série d’origine tout en partant dans quelque chose de stylisé, mais faut avouer que le résultat, sans être moche, a du mal à convaincre face aux mastodontes de l’animation. Mais le film arrive à se rattraper sur bien d’autres points : une réalisation plutôt efficace de Josh Cooley (qui avait signé le sous-estimé Toy Story 4), un rythme qui fait qu’on ne s’emmerde jamais, des ambitions narratives évidentes (surtout sur le dernier tiers), et un casting vocal plutôt cool. Là où le film m’a agréablement surpris, c’est sur son écriture qui est nettement plus engageante que les autres opus de la licence, avec les Transformers qui sont enfin des personnages avec des émotions et auxquels on peut s’attacher, et à ce titre toute l’évolution de D-16 en Megatron est clairement le point fort du script, ou comment, dans un film pour enfant, expliquer qu’une personne avec les meilleures intentions possibles (le film parle beaucoup de lutte des classes) peut tout de même devenir un être sanguinaire. Ça donne un film qui n’est certes pas parfait, mais la séance était clairement agréable, au point que, si suite il doit y avoir, j’irais la voir pour sûr.


6,5/10
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